Récit de la course : 100 km du Ponthieu-Marquenterre 2005, par chacal
L'auteur : chacal
La course : 100 km du Ponthieu-Marquenterre
Date : 5/6/2005
Lieu : Nouvion (Somme)
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Distance : 100km
Matos : temps fait
Objectif : Faire un temps
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Le récit
100k de Nouvion. Le CR du Chak
Engagés dans des discussions avec le shadok et quelques autres, le coup du départ nous surprend, alors que le monde n’était pas encore tout à fait reconstruit..
Le temps de demarrer le chrono, et je pars derrière le shadok, qui cause toujours …
272 au départ, ça fait du monde sur les petites routes de ce circuit de 25 km, dont la variété pour une course sur route a finalement quelque chose d’exceptionnel. Apres une descente rapide sur le 1er km, que je gèrerai par la suite en accélérant carrément pour ne pas freiner, on attaque 5km de faux plat qui nous emmènent au premier ravito. C’est là que je vais perdre le shadok, que je pensais suivre un peu à condition qu’il s’adapte à mon rythme régulier, parce que le fractionné sur ultra, c’est pas trop mon truc. Pour atteindre le 5eme il faut monter la première vraie côte du parcours, où j’accélère un peu pour rattraper le shadok, que je ne vois plus .
A la deuxième portion de 5 km, toujours en faux plat montant, on fait connaissance avec le grand invité de cette journée : Le vent ! Je verrai plusieurs abandons dans cette portion, à partir du 50eme, quand les ambulances et autres voitures balais vont commencer à tourner sur le circuit . Au 10eme , on rejoint les accompagnateurs vélo après un aller retour de 2 ou 300 mètres, si pratique pour ajuster les distances . C’est aussi l’occasion de voir les concurrents devant , dont le groupe compact qui entoure Bibi et ses 2 adversaires du jour, et les coureurs derrière, dont le shadok que je cherchais devant …
Quelques photos, et l’électron est en selle pour une cavalcade de 8h à la poursuite de Dieu sait quel temps perdu. Je compte rouler dans les 5’/kilo, ce qui est facile à compter. Pour l’instant on est 5 a 10s plus rapide, ce qui n’est pas dramatique. Ayant assez évolué par rapport au début de ma préparation, je suis plus souple aujourd’hui quant à l’objectif du jour. C’est mon premier 100 bornes, ce sera donc mon record à condition de l’emmener au bout, et je veux surtout le réussir afin d’avoir une référence sur la distance. Il faut donc essayer de maintenir le rythme le plus longtemps possible, et gérer l’usure si et quand elle se produira, car il n’est pas question non plus de foncer dans un mur, quel qu’il soit.
Vers le 13e kilo, on attaque le passage « Trail « comme le baptise vite l’Electron : Une descente sur un chemin caillouteux, qui fera bien mal aux articulations dans le dernier tour , puis retour sur la route pour rejoindre le 15eme km sur une petite route en creux de vallon, , ou l’effet Venturi produit un très fort vent de face. Juste derrière c’est la 2eme côte, la plus raide mais aussi la plus courte, relativement facile à gérer car sans vent, et menant directement au ravito ou j’attaque les premières rasades de potion magique choisie pour la circonstance (désolé pour ceux qui cherchent des secrets, c’était de l’Isostar standard). Ensuite, c’est la forêts et ses 8 km de lignes droites a l’abri du vent, que j’aurai à chaque fois plaisir a retrouver. Elle me rappelle mes terrains d’entraînements, et je n’ai jamais eu de gros souci à gérer les lignes droites à perte de vue qui ne mènent nulle part, à l’image de la vie.
Ce terrain sera le siège d’une petite joute avec 2 ou 3 autres concurrents à la fin du 2e tour, avec petite accélération à la clé. Heureusement pour moi, je renoncerai très vite à ce petit jeu passablement suicidaire.
Dans ce premier tour, ou on reconnaît le parcours, on échange beaucoup avec les autres participant(e)s, surtout dans la forêt, ou le vent et le dénivelé nous laissent en paix.
Les 2 derniers km du circuits sont très durs, avec à nouveau un effet venturi plein face, puis la longue montée sur l’arrivée, agrémentée il est vrai par le passage devant la zone de stationnement des véhicules coureurs, ou les encouragements fusent. Ce passage, avec la zone de départ /arrivée au bout, sera propice je crois à pas mal d’abandons.
2eme Tour. Avec mon Electron de suiveur, qui s’occupe consciencieusement du ravitaillement et des temps de parcours, nous allons mener ce deuxième tour rondement, avec un passage au Marathon en 3h26 et très vite la mi-parcours, où les choses sérieuses vont commencer.
3eme tour
Voilà, j’y suis. En plein dedans. C’est mon retour à l’ultra après pratiquement 18 mois, depuis un début de saison 2004 raté ou des blessures m’ont tenu a l’écart. J’aurai pris mon temps pour revenir, avec un long passage sur des distances plus courtes ( mais néanmoins attractives et conviviales). J’ai un peu mal aux genoux et mes cuisses manifestent leur désaccord, mais ma préparation, avec des entraînements sur fatigue, m’ont appris à gérer cette condition, que j’identifie désormais comme associées à l’ultra, et à m’en détacher mentalement pour essayer de me concentrer sur mon rythme et ma foulée. J’écoute d’une oreille distraite l’Electron qui m’annonce un léger ralentissement. Ce n’est pas grave, on était de toute façon un peu vite, et surtout il s’agit de trouver la « bonne » cadence, celle qui me mènera au bout. Le peloton a commencé à ralentir sérieusement, et après un passage curieux dans la forêt ou on ne voit pas un chat sur 1 km devant, on revient maintenant constamment sur des concurrents. Malgré les encouragements de l’électron, je commence à rechigner dans les passages difficiles, peut-être simplement par esprit de contradiction. Les 60 km, que j’appréhendais un peu sont passé sans coup de pompe particulier, si bien que ma tête est déjà dans le 4eme et dernier tour. L’Electron parle au téléphone, je crois avec patate de « gérer le dernier tour ». Oui, on verra bien, mais moi je n’ai pas particulièrement l’intention de lever le pied. La fin du tour est bouclée encore une fois dans ce passage venteux à souhait et la montée vers l’arrivée. Une petite voix à l’arrière me souffle que je pourrais m’arrêter là. Mais elle est bien trop ténue pour être autre chose qu’un murmure vite emporté par les rafales de vent.
4eme tour .
Je dévale la première descente sans ralentir, et c’est le faux plat . L’électron sort toute sa panoplie de combines mentales pour faire passer les derniers km . Moi je me concentre surtout sur l’allure, pour résister à l’envie de ralentir. On a commencé maintenant à doubler les attardés, et je souris intérieurement en pensant à l’objectif partagé avec le shadok : Ne pas se faire dépasser par les premiers au 3e tour. Celui-là en tout cas est déjà atteint pour moi, j’espère aussi pour le shadok.
Il faut tout de même morceler le parcours en tranche, pour tenir jusqu’à la forêt ou je sais que ce sera gagné : Les 10 derniers km , avec pour seule difficulté les 2 derniers du final , qui sont justement … à la fin ! Mais là, avec les encouragements des ami(e)s et du public, je ne vois pas bien ce qui me ferait lâcher !
La ligne est passée en 8h30. J’ai la chance de trouver une table de massage ( et une masseuse) libre, ce qui me permet tout de suite de m’allonger et de récupérer. L’électron repart dare dare pour chercher Bottle et l’accompagner sur la fin du parcours. J’ai un peu d’appréhension en pensant à certaine fin de course ou j’avais un peu défailli après la ligne mais non, tout se passe bien cette fois-ci. On dirait que le dieu des chacals était de sortie …
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