Récit de la course : Trail des Citadelles - 40 km 2008, par Cawito46

L'auteur : Cawito46

La course : Trail des Citadelles - 40 km

Date : 23/3/2008

Lieu : Lavelanet (Ariège)

Affichage : 2913 vues

Distance : 40km

Objectif : Terminer

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Trail des Citadelles -Bornéo in Ariège !




il ne manquait plus que les crocodiles...encore que..avec mes 1m63, on aurait pû me prendre pour un pigmée.
Samedi matin. Il pleut quand je pars de Cahors. 3 heures plus tard, il pleut encore quand j'arrive à Lavelanet.
Le temps de trouver le camping, de me présenter à l'accueil, une éclaicie arrive..miracle ou illusion ?
Je me dépêche de monter ma Family tente.
Trop tard, la pluie a repris sont lancinant floc, floc. On ne reverra plus d'éclaircie du weekend.

Je pars au centre ville pour récuperer mon dossard, faire une ou deux courses, puis je rentre préparer consiencieusement mes affaires pour être sûr de ne manquer de rien.

Il pleut. Parfois fort. Il fait froid.

Je sais maintenant que l'on va patauger dans la boue (peut être la neige) et que je ne
verrais pas les paysages pyrénéens. Je me pose même la question de plier bagage ou non, car je ne suis plus sûr de prendre du plaisir dans de telles conditions.
Mais, avoir autant rêver devant les profils des parcours, les récits sur Kikourou, avoir essayer à mon humble niveau de garder le contact avec la préparation...avoir fait le chemin pour venir, et maintenant repartir sans prendre le départ...non ! Je reste.
Je verrais bien.


La nuit sera courte.

6h30. Le teléphone reveil sonne. De-boue !!! Nan ! je veux rester au chaud dans mon petit duvet t'à moi !
De-boue ! faignasse !

Je me lève.
Bien sûr, il pleut toujours. Je prépare le thé et sort le gatosport.
Je me prépare. Je suis plutôt en forme.

A 8h, je rejoins par un chemin, le centre ville et le départ.
La tension est à son comble. Les visages souriants mais tendus. Quelle journée nous attend ?

Les traileurs se rassemblent pour le départ dans une sorte d'enclos. Je suis au milieu de la masse.
J'ai envie de reculer mais trop tard, la harde sélance ! Je rue dans les brancards !
Les gens ammasser le long des barrières veulent nous encourager mais on
n'entend plus rien que les pleurs des enfants et les cris des femmes. J'ai peur. Où allons nous ?
j'espère que la vielle brehaigne ne va pas nous amener dans un cul-de-sac ! 
L'atmosphère est lourd, les nuages bas.
Nous sommes dans une montée maintenant. C'est boueux, c'est flaqueux, c'est baveux. C'est horrible !
Mais où allons nous ?
Que se passe t il ? Il y a un ralentissement. et cette montre qui n'arrête pas de sonner.
Que se passe t il ? Nous sommes dans un entonoir, nous ne pouvons pas fuir.
Les chasseurs sont au bout et nous attendent,  ça va ête un carnage !
Je regarde cette montre qui n'arrête pas de sonner....il est 6h30, c'est mon reveil.
C'était un cauchemar ! Il faut vraiment que j'arrête de lire Nicolas Vanier !


La course peut commencer.

J'avais prévu de voir venir jusq'au Chateau de Montségur. Finalement, La pente, malgré la boue, est moins dûr que je pensais.
Je gère. Tranquilos. Quand la pente devient plus raide, je sors les bâtons, pour ne plus les quitter.
Je bois. Je m'alimente régulièrement, conciensieusement.

Arrivé à Montségur, nous croisons les collègues vaillants. La neige est bien là, tombant par rafale. Je me protège comme je peux avec le bandana.

Nous partons maintenant vers Roquefixade. Nous commencons à subir les montées et surtout les descentes glissantes.
Je suis content d'avoir
les bâtons, car pour ceux qui en n'ont pas c'est encore plus galère.
Je veux parler des tricards comme moi, car quand je me fais doubler par le premier des 73 kms dans la montée après Silence, il n'à pas l'air gener d'être sans. Respect.

La descente vers Silence est dantesque. Bourbiers, rivières de boue, boue gluante, boue liquide. On va pouvoir écrire une thèse.
Nicolas Vanier (encore lui) explique dans un de ses bouquins, qu'avec beaucoup d'habitude, on est capable de distinguer la bonne de la mauvaise glace.
Suivre une rivière gelée sans risquer de tomber dans l'eau.
Je pense qu'au terme des Citadelles, beaucoup d'entre nous serons capables de distinguer  la boue où l'on peut passer et celle qu'il faut mieux éviter.

Finalement la montée vers Roquefixade, sera pour moi plus dure que celle de Monségur. Alors que j'avais cru comprendre que les traileurs avertis, redoutaient
plus Monségur. Mais bon, je gère toujours. A mon rythme. J'essaye de ne pas perdre trop de temps dans les descentes. Je fais les montées façon marche nordique.
Le chateau de Roquefixade nous fait le plaisir de sortir du brouillard quelques minutes. Cela doit être magnifique...en Eté.
Mais la descente sera encore plus éprouvante. Des traileurs se font mal. On évacue même une trailleuse bléssée à l'épaule. Respect pour elle et ceux qui l'ont pris en charge sur ce chemin particulèrement difficle.

Je prend le temps d'admirer les cascades.
Aux ravitaillements, je prend 5 minutes pour avaler une bonne soupe chaude, manger un ou deux trucs qui trainent. Je met des gants secs.

La dernière partie, depuis Roquefort sera plus dure car mon Garmin s'est arrêter (maudite touche démarrer/arreter sur le dessus-j'ai du appuyer dessus lors d'une glissade).
Je ne sais plus trop par conséquent où j'en suis. D'autant que les informations des concurents ou des bénévoles sont très aléatoires.
Je passe les bosses les unes après les autres. Moitié course, moitié marche. Enfin, quand je dis "course", cela veut dire "trot" en langage tricard.
Mais j'avance. Je double même. Super.

Je suis maintenant sur la route, en descente. Je ne vois toujours pas Lavelanet. Mais par contre, j'aperçois tout d'un coup, des traileurs là bas, de l'autre coté du vallon..dans un mur...
P'tain ! c'est ca la dernière montée ?...Censured.
Celle là, elle fait mal. Au moral. Pour le physique, je sens les crampes prêtent à resserer leur étau. Mais je soulage le plus possible avec les bâtons.
Je bois, je mange et ça passe.

Nous sommes maintenant en falaise et j'aperçois les premiers bâtiments Lavelanetiens. Cependant, le terrain reste difficle et j'alterne toujours marche-trot.
Des pierres, de la boue. Ce qui m'étonne, c'est de voir maintenant Lavelanet en contrebas mais nous ne descendons jamais. Bizarre. Je surveille bien les balises. Je suis pourtant
bien sur le bon chemin. 
Je me tord la cheville. Une fois. Deux fois. Merde ! fais gaffe pascal, tu vas finir par te faire vraiment mal ! (ben oui, je me parle ! Après près de 40 km dans ces conditions, ajouté à mon âge avancé, on a plus toute sa tête). 
D'un coup, après un grand sanctuaire, nous descendons directement sur la ligne d'arrivée. Certain sur les fesses. Moi, je m'agrippe aux grillages.
Je n'ai pas envie de me salir...! nan mais !

J'ai faim. Je rentre dans le batîment d'arrivée.
Je le cherche désespéremment. Où est il ? Je vide les poches de mon camelbak. Je me rappelle. Je l'avais mis dans la petite poche devant.
Ayééé ! je l'ai trouvé. J'ai le petit papier qui me donne le droit à une 'tain de bonne biere fraiche de derrrière les fagots ! Yes !
M'sieur, m'sieur ! j'ai le sésame. Aboule la biere ou je t'étripe !

Du coup, j'enquille sur le repas.J'ai faim. Pour me changer et prendre une douche, il faut que je retourne au camping. A pied. Non, pas possible, j'ai trop faim.
Tant pis, je fais le crado et je vais chercher mon plateau repas. Certaines personnes déjà à table, lavées, douchées... me regarde bizarrement. Mais qu'il est sale ce manant !
M'en fous, je mange déjà mes carottes et bois ma bière. Je l'ai bien mérité n'est il pas ?

Résultat :
7h40. Pas de crampes. Et plutôt encore la pêche. (faut dire qu'à 5km/h de moyenne, je ne me suis pas foulé non plus).

Allez, merci aux organisateurs, merci aux bénévoles très nombreux, toujours aimables et souriants. merci aux traceurs, le balisage était exemplaire. Et merci au soleil (non, j'déconne !)

J'ai pas fait de photos, car j'ai oublié l'appareil chez moi (mais quand bien même qu'aurais-je pris en photo ?).

Par contre je propose cette photo pour le concours :

mais non, ce n'est pas une image truquée, quelle idée !



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