L'auteur : arthurbaldur
La course : Trail des Trois Châteaux
Date : 7/3/2009
Lieu : Le Creusot (Saône-et-Loire)
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Distance : 52km
Objectif : Pas d'objectif
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Les courses passent mais ne se ressemblent pas …
Le CR en image : Le Trail des 3 Châteaux, les 7 et 8 mars 2009
Après une Piste des Seigneurs menée d'une main de maître il y a deux semaines, j’ai vécu, ce week-end, un Trail des 3 Châteaux en demi-teinte avec un abandon sur blessure à la clé. Verdict : une tendinite du releveur du pied droit.
Une blessure pas trop méchante a priori car j’ai su m’arrêter à temps. Enfin, j’ai su … on va dire surtout que la douleur me l'a très fortement suggéré en m’imposant rapidement un rythme de sénateur. Ce ne fut pas une grosse surprise. Mon tendon me faisait des misères depuis mon retour de Millau.
Je pense que c'est dû en grande partie au trajet de retour sur Lyon. Une fatigue supplémentaire de trop après les 10h00 d'effort à crapahuter dans les causses de l'Aveyron. La douleur s'était manifestée lors d'un footing de 30 minutes effectué avec ma fille ainée au début de la semaine précédent le trail Creusotin. La seule séance que j'ai effectuée dans les deux semaines qui ont suivi La Piste des Seigneur. La veille de l'épreuve, la douleur avait presque totalement disparu à grand renfort de glace et d'anti-inflammatoire. J'ai eu beau croiser les doigts et me vouer à tous les saints de la création, l'inflammation de mon tendon s'est rappelée à mon bon souvenir dans la nuit de samedi à dimanche et n'a fait qu'empirer au fur et à mesure que les kilomètres passaient lors de l'épreuve du dimanche matin.
Et pourtant tout avait bien commencé …
Le Trail des 3 Châteaux proposent plusieurs épreuves. Une épreuve nocturne de 18km et 650m de D+ le samedi soir (19,7km en réalité), une épreuve de 20km et de 34 km et 1000m de D+ le dimanche matin. L'épreuve retenue par mes compères et moi-même n'est rien de moins qu'un combiné de l'épreuve nocturne du samedi et de l'épreuve la plus longue du dimanche. Quand on aime, on ne compte pas !
Je suis invité avec Taz le Diable par mon vassal Biscotte, sur les terres de ses ancêtres. Je ne serais probablement jamais aller courir sur les hauteurs du Creusot. Un a priori sur cette cité industrielle. On ne pense pas forcément à cette ville comme destination pour gambader dans la nature le temps d'un week-end et pourtant ... Il faut croire que mon compère Biscotte est doué pour mettre en avant les qualités de ce Trail des 3 Châteaux. Une épreuve en deux temps, des châteaux, des conditions météo souvent dantesques ou du moins hivernales, de la boue Bourguignonne de qualité et cette fameuse envolée de 150 marches, tant citée par mon compère, qui vient sanctionner les organismes fatigués avant la délivrance du finish sous le porche d'entrée du Château de la Verrerie. Comment voulez vous résister à de tels arguments ?
Me voilà donc inscrit bien que l'épreuve soit un peu trop proche à mon goût de la balade précédente.
Notre hôte, Biscotte, sera également notre chauffeur tout au long de ce week-end sportif.
Le carrosse est bien chargé, disciples, enfants et bagages trouvent chacun leur place à côté de notre mentor trailer. Après un voyage sans histoire, les enfants de Biscotte seront confiés aux mains intentionnées de leur mamie et de leur jeune tante. Tout le monde est content, les enfants voient leur mamie et leur tantine et vice versa, madame Biscotte a les mains libres pour travailler efficacement et notre mentor peut se concentrer en toute sérénité sur la pâtée qu'il compte nous administrer sur ses terres. Un monde parfait.
Je découvre le Creusot et ses environs, le fameux Marteau Pilon, emblème industriel d'un passé révolu qui trône à l'entrée de la ville, le château de la Verrerie qui accueille les structures d'accueil ainsi que les points de départ et d'arrivée de la course et le fameux escalier qui permet de rejoindre le Château depuis la partie basse de la ville. C'est un escalier d'environ 150 marches avec une dizaine de paliers intermédiaires histoire de bien casser le rythme … J'ai hâte d'en découdre.
Nous retirons les dossards et récupérons une belle polaire grise en guise de cadeau. Le rapport qualité prix est vraiment imbattable. Une course en 2 étapes (18 km nocturne + 34km dimanche) , le lot spécial (la polaire citée), une pasta party le samedi soir, le petit déjeuner, un repas chaud après la course du dimanche et même la possibilité d'un hébergement gratuit dans une grande salle à 300m du départ ! Ajouter à cela un parcours attrayant, des bénévoles sympa (bon, c'est très souvent le cas), une organisation bien rodée et il est alors difficile ne pas tirer son chapeau au club organisateur : l'Entente Athlétique Le Creusot.
A défaut de château, nous serons hébergés pour la nuit comme des princes dans un Novotel. Il y a quelques avantages indéniables à travailler dans la place et nous avons la chance de bénéficier gracieusement d'une chambre spacieuse pour la nuit. L'hôtel n'est pas situé au Creusot même mais nous avons le temps de prendre possession de notre chambre et de nous préparer tranquillement pour l'étape nocturne du week-end. Décidément, avec la CCC, la SaintéLyon et la Piste des Seigneurs, je passe plus de temps à courir la nuit que dans la journée !
Les préparatifs avancent, le temps tourne, il est grand temps de se rendre au Château de la Verrerie.
Samedi soir, course nocturne de 19,7km et 610m D+ :
Nous arrivons sur la place à proximité du Château un peu avant 19h30. Pas très en avance mais nous avons le temps, le départ est à 19h45. Enfin, c'est ce que l'on croyait … Alors que nous nous dirigeons vers le départ, le coup de feu du starter retentit et quelques instants plus tard nous voyons passer sous nos yeux surpris le peloton des coureurs toutes lumières allumées : nous avons raté le lâcher des fauves. On forme vraiment une fine équipe ! Bon tant pis, on se passera des feux de Bengale rouge du départ. Pas grave, j'en ai suffisamment profité lors du départ de la Piste des Seigneurs. Nous nous joignons au coureurs en queue de peloton en trottinant tranquillement histoire de s'échauffer. Il n'y a pas grand monde derrière d'autant que nous avons fait rapidement une petite pause pour laisser le temps à Biscotte de ramasser les piles de sa frontale. Ce n'est pas le moment idéale pour les perdre.
Nous quittons rapidement la ville pour emprunter des larges sentier qui nous emmènent dans les collines avoisinantes. Je suis d'abord plutôt sage, attendant que la machine chauffe. Je me sens bien. Ma tendinite ne me fait pas souffrir. Alors, j'accélère un peu pour doubler. « ça y est, il est parti » s'exclame en rigolant Biscotte histoire de me chambrer. Les compères ne sont pas bien loin, juste un peu en retrait. Ils me rattraperont un peu plus tard avant que je ne réaccélère à nouveau pour tenter de m'échapper. Je me rappelle de cette traversée d'un champ légèrement en descente et d'une franche accélération tous ensemble, Biscotte rigolant et s'exclamant : « vous allez comprendre votre douleur demain, bande de malades ! »
Je creuserai encore l'écart peu après mais plus longtemps cette fois. C'est assez facile de distancer quelqu'un si l'on s'en donne la peine. Il suffit de doubler les coureurs que l'on a devant soi. Pas de raison de douter de soi. Si le coureur est juste devant vous alors vous êtes plus rapide que lui.
Après, il suffit d'accélérer un peu et de creuser l'écart pendant que vos compères doublent à leur tour.
J'arrive au ravitaillement. Je pense tout d'abord ne pas m'arrêter pour creuser un peu l'écart avec les compères mais en me retournant je m'aperçois qu'ils sont très proche. Autant, les attendre et en profiter pour récupérer un peu. Le temps d'une photo pour la prospérité et nous repartons de plus belle.
De toute évidence, Taz a décidé de nous semer. Il a accéléré une première fois mais a dû juger qu'il était un peu trop tôt et nous l'avons rattrapé mais cette fois c'est parti pour de bon. Je me contente de coller au basque de Biscotte. Plus de Taz. Cœur fidèle qu'ils disent chez eux … mon oeil, il a nous lâché le bougre ...
Je fais le reste du chemin avec Biscotte, tantôt devant, tantôt derrière. Pour le moment, il est juste derrière moi. La pente s'est bien accentuée. Je n'ai pas de jus. Rien dans les jambes, du coton. Je m'efforce de marcher rapidement dans la pente mais mes guiboles protestent.
Mon compère accuse également le coup. Il m'en fait part et me voilà rassuré. Je ne suis pas le seul à en chier ! Je me retourne. Le temps est clair, la vue pleinement dégagée sur les lumières de la ville en contrebas. C'est beau.
Le sentier est souvent matérialisé par des lumignons disposés dans des bouteilles rouges. Le rougeoiement de ses petites lumières donne un aspect féérique aux espaces traversés.
Nous aurons même droit à un passage sous une arche illuminée en arrivant probablement au point le plus haut de notre parcours.
Il est temps de redescendre sur le Creusot. Biscotte est passé en tête. Il a nettement augmenté l'allure dans la descente. Le bougre, je le soupçonne de vouloir me semer et de profiter des parties techniques pour tenter de faire l'écart. Pas question. J'ai déjà laissé filer Taz bien malgré moi. Il n'est pas question de se laisser distancer par le second compère. J'ai une couronne à défendre.
OK, il veut mener au train. Pas de problème, je resterai sagement derrière lui et on réglera ça plus tard. Ah, si seulement j'avais eu un peu plus de peps, je l'aurais lâché dans la dernière montée … non mais ! Aller, pour le moment, il faut juste s'accrocher, se laisser entraîner sans trop subir.
L'avantage, c'est qu'il connaît bien le parcours, je n'ai pas besoin de faire attention au balisage. Je n'ai qu'à regarder où je mets les pieds.
Nous avons rejoint le bitume depuis un moment. Un coureur semble vouloir nous accrocher pendant un moment mais nous réussissons à maintenir l'écart. Nous arrivons au pied des escaliers juste avant l'arrivée.
Biscotte s'attend à ce que je ralentisse pour trottiner et gravir les marches une par une comme lui. Mais non, je tente le forcing et j'attaque celles-ci deux par deux. Un, deux, trois paliers … c'est dur. Trop dur. Je passe en mode marche mais je continue à franchir les marches par deux. Biscotte est à côté et trottine avec un rythme plus lent mais plus régulier. J'accuse le coup, il passe devant moi au sommet. Il faut longer un trottoir étroit, tourner à 90 degrés pour traverser la route et rejoindre l'arrivée après une centaine de mètres sur des pavés.
Je ne pense qu'à un truc, sprinter et laisser sur place un Biscotte ahuri … hum, il va l'apprécier la surprise du disciple … Je suis aux aguets juste derrière lui, impossible de doubler maintenant, il faut attendre le virage, encore un peu, ça vient. Ca y est, c'est le moment. Je coupe le virage et part à fond en laissant Biscotte sur ma droite. Une mine d'enfer, le bitume chauffe, ça sent la gomme brûlée, toute ma niaque y passe … et merde, il suit ! Nous sommes au coude à coude. Je relance, il faut passer dans le bon couloir, c'est étroit, je tire sur les bras, on se touche presque des épaules, ne pas se faire passer, je donne tout ce qu'il me reste … ça y est on a passé le porche du Châteaux … c'est l'arrivée. Nous terminons ex æquo !
Je m'affale littéralement sur une barrière de sécurité. J'entends les organisateurs crier : « leur dossard ? C'est quoi leur numéro de dossard ? ». Des spectateurs applaudissent, d'autres rigolent en nous traitant probablement de barjots. On a fait le spectacle, j'adore. Un beau sprint, il restera dans les anales du GCO celui là. Tu vois bien que c'était possible de faire un sprint aux 3 Châteaux ma Biscotte …
Je disais que nous étions arrivés ex æquo ? Et non pas tout à fait. On s'apercevra en consultant les résultats officiels que mon compère Biscotte a franchi l'arrivée une seconde après moi. Hé, oui Biscotte, tu as décidément trouvé ton maître. Après l'ultra et une victoire indiscutable sur la Piste des Seigneurs, c'est le tour du sprint … l'élève dépasse une nouvelle fois le maitre. Bon, en fait, j'ai toujours eu la couronne dans cette discipline. Il faut rendre grâce aux officiels d'avoir su nous départager avec discernement. Quand à Taz, il est certes arrivé deux ou trois places avant nous mais on ne peut pas dire que ce soit vraiment significatif car il bénéficie d'une fraîcheur physique forcément meilleure que la nôtre. On récupère quand même plus vite d'un 10km que d'un ultra. Bref, je pense que l'on peut considérer que j'ai emporté haut la main cette première étape.
Moi, de mauvaise foi ? Si peu ...
Un peu de réconfort :
Après avoir enfilé des vêtements secs, nous sommes allés faire le plein d'énergie pour le lendemain à la Pasta Party. Nous sommes à l'abri du vent sous une tente marabout dans la cour du château en train de déguster une soupe à l'oignon avec des croutons et les pâtes traditionnelles de rigueur.
En guise d'allégeance à son seigneur Aveyronnais, et parce que celui-ci a réussi l'exploit de vaincre son mentor sur son format de course préféré, Taz nous a apporté, comme promis, quelques présents Ardéchois : une bouteille de Crozes-Hermitage et un Saint Félicien qui n'aurait pas eu à rougir en prenant place dans la réserve de Miaou à côté de son plus fameux Saint Nectaire. Il faut dire qu'on l'a pas mal promené le Félicien … Euh, non, quand même pas pendant notre balade nocturne.
Imaginez vous un moment le sieur Biscotte débouchant tranquillement un Côte du Rhône en plein cœur du pays Bourguignon … Une véritable provocation, de quoi enflammer toute la Bourgogne.
D'autant qu'il faut ajouter à cela le fumet puissant, envahissant, de feu notre ami Félicien qui contribuait à nous faire remarquer et à attirer une envie bien compréhensible.
Merci Taz pour ces instants de douce félicité.
Repus, nous quittons les lieux. Il se fait tard, il est grand temps de prendre une douche (notre odeur n'a rien a envier à celle de notre ancien compagnon) et il faut penser à dormir pour reprendre quelques forces.
Le binôme Biscotte/Taz se tiendra chaud dans le lit double et votre serviteur occupera le canapé-lit, un privilège dû à mon âge. En l'absence de Jeanmik, je suis le doyen du GCO du haut de mes 44 printemps. Nous pensions pouvoir dormir longtemps avec Biscotte, la course débutant à 10h30. Une vraie grasse matinée. C'était sans compter sur Taz. Il s'est réveillé à 7h00 le bougre ! La peur d'être à la bourre, vous connaissez la rapidité légendaire de Taz quand il s'agit de se préparer pour une course …
Biscotte est allé nous chercher quelques viennoiseries pour le petit déjeuner. Il s'agit de se remplir un peu l'estomac avant d'affronter le parcours du jour. C'est d'autant plus vrai pour Taz, qui a été malade hier soir. Il a monopolisé les toilettes une bonne partie de la soirée. « oh, taz, tu te magnes ? » Remarquez, je n'étais guère mieux. Peut-être une nourriture trop riche pour un estomac fatigué par la course …
Je me tartine le tendon avec du Voltarène. J'ai eu un peu mal hier soir mais dans l'euphorie de cette fin de parcours endiablée, la douleur ne m'a pas trop dérangée. Ce matin, ma cheville est raide, pas forcément douloureuse mais je suis gêné. J'ai quelques doutes quant au bon déroulement du programme mais je garde ça pour moi. Je ne peux pas me résoudre à rester sur la bas côté, j'aurais l'impression d'être privé de dessert alors je décide de tenter le coup. Peut-être que ça ira mieux après avoir chauffé la machine.
Dimanche matin, course de 34 km et 1000m D+ :
Nous ne sommes pas en retard pour le départ cette fois ! Derniers préparatifs, recherche habituelle des satellites pour mes compères et c'est le départ par les jardins du Château de la Verrerie.
La douleur est immédiate, pas très forte mais bien présente. Bon il faudrait que je me chauffe rapidement parce que ce n'est pas très agréable. « Pas en forme Arthur, on l'entend pas ! » lâche Biscotte.
Un petit tour en ville et nous la quittons par un escalier étroit qui forme un goulot d'étranglement. Je récupère un peu. Allez c'est reparti. On longe une voie ferrée. Le chemin est large, roulant. La cheville se fait oublier, la douleur s'estompe, je reprends espoir et puis subitement ça revient. L'alternance des sensations, du bien et du mal.
Je me fais distancer peu à peu par mes compères, je n'avance pas, mon esprit est focalisé sur ma cheville, mon tendon. Ils savent que j'ai mal. Mes compères m'attendent un peu plus loin. Biscotte me tend les clés de la voiture. « Tu as mal, tu risques d'en avoir besoin … Tu peux bifurquer également sur le 20 bornes … Tu vois. ». J'essaie de suivre pendant une centaine de mètres mais le corps ne suit pas. Je les regarde s'éloigner. Ce n'est pas mon jour.
Heureusement, le parcours est magnifique, très varié avec un tracé sinueux le long de nombreux sentiers forestiers. On traverse des pâturages, on longe des étangs, on franchit des ruisseaux et on barbote par moment dans une boue épaisse, profonde … Un vrai régal.
Je m'accroche et arrive à la porte de séparation du 20km et du 34km. J'ai signé pour le grand, alors je fais le grand. Il n'y a pas à tergiverser. C'est tout droit, on descend. Allez on y croit, la douleur va se stabiliser. Je vais finir lentement mais je vais le finir ce doublé.
Mais, non ça ne veut pas, la douleur s'intensifie. Je rends les armes dans la longue ligne droite qui mène au Château de Brandon. Je suis tout seul. Peut-être le dernier. Ah non, je me fais encore passer par un groupe de coureurs et puis plus tard par quelques coureurs isolés. J'arrive au Château. C'est sympa chez toi ma Biscotte. Le ravitaillement est dans une petite salle à l'abri. Il y a un peu de vent sur la hauteur. Je vais rester longtemps sur place. Je n'arrive pas à me décider à l'abandon, à lâcher prise. J'attends, j'admire le paysage et je retourne goinfrer quelques gâteries. Ce n'est pas souvent que je prends le temps de profiter d'un ravitaillement. C'est l'occasion ou jamais.
Et puis je me décide à continuer. Je traverse le château, et ressors de celui-ci par un couloir étroit qui mène à une grille. J'ai adoré le parcours dans le bois qui a suivi. Je suis en mode marche la plupart du temps, parfois je me force à trottiner. Seul au monde. Enfin presque. Un concurrent me rattrape et me demande si on peut faire un bout de chemin ensemble. On papote un peu. Il est V3 et fait des courses pour le plaisir de profiter de la nature sans regarder le chrono … un peu par la force des choses, il faut être honnête, car notre allure s'apparente plus à la vitesse de la tortue qu'à celle du lièvre. J'arrive quand même à alterner le petit trot et la marche avec, il est vrai, une propension assez forte pour cette dernière.
Je jette l'éponge :
La douleur est assez forte, particulièrement lors du passage de la marche à la course. La marche devient d'ailleurs peu à peu tout aussi douloureuse. Je laisse filer mon compagnon de route. Nous arrivons à un croisement avec la départementale 43. J'aperçois des bénévoles qui sécurise la traversée de la route. Je prends mon temps pour les rejoindre en marchant. Je jette l'éponge. J'ai fais le deuil de cet espoir insensé de terminer, je suis amer, la tristesse m'envahit et une forme de soulagement aussi. Le soulagement d'avoir sû s'arrêter, le sentiment d'avoir pris la bonne décision.
Les secours sont prévenus. J'attends leur arrivée au chaud dans la voiture des signalisateurs. Je ne suis pas fier. J'aurais préféré ne pas les déranger, rentrer en stop par exemple mais les deux bénévoles ont insisté. Finalement, il y a encore quelques concurrents derrière moi. Ils vont certainement avoir du mal à finir dans les temps. Je suis pris en charge par les secouristes et rapatrié sur Saint-Cernin dans un 4x4. Sur place, on me fait monter dans une ambulance pour m'examiner. Je ne suis pas trop rassuré, les questions du médecin me font penser qu'il craint une fracture de fatigue. Mais non, après m'avoir ausculté, le verdict tombe : une bonne tendinite. Allez, une bonne tartine d'anti-inflammatoire pour m'éviter de trop jouer au canard boiteux et 10 jours de repos avec la panoplie habituelle pour calmer l'inflammation et accélérer la guérison.
Je profite que l'ambulance rentre sur le Creusot pour faire le trajet avec eux. Encore merci.
Un super week-end malgré ma tendinite :
Un des frères de Biscotte est à l'arrivée. Je papote un moment avec lui avant de filer me changer.
Timing idéal, je reviens vers le Château suffisamment tôt pour filmer l'arrivée triomphante de Biscotte puis celle de Taz qui n'a pas démérité et c'est même offert le luxe de rajouter une petite boucle au parcours en loupant une balise. J'ai un petit pincement au cœur en les voyant passer mais je retrouve vite le sourire. Rien ne vaut une bonne douche et un repas copieux avec ses compères pour retrouver le moral après un abandon.
Après un crochet pour récupérer la descendance de Biscotte et remercier sa mère nous avons repris le chemin de Lyon pour terminer le week-end. Bilan : un super week-end avec les copains, une course qui mérite d'être connue et un ticket gagnant pour une dizaine de jours de repos tendinite oblige. Mon premier bloc de charge compétitif se termine. Le second sera plus costaud avec les gros morceaux de l'été que seront la Montagn'Hard et l'UTMB. Que du bonheur le trail.
Merci Biscotte de m'avoir transmis le virus.
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