Récit de la course : Grand Raid du Cro-Magnon 2004, par etiennef
L'auteur : etiennef
La course : Grand Raid du Cro-Magnon
Date : 5/6/2004
Lieu : Cap D'Ail (Alpes-Maritimes)
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Distance : 106km
Objectif : Pas d'objectif
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Le récit
Juin 2003, la saison est déjà bien avancée avec un gros entraînement en début d'année pour le raid de la Transmassif, suivi d'une belle rando-course de 4 jours pour faire le GR20 dans sa totalité. Malgré un petit manque de fraîcheur, je suis donc en bonne forme pour m'attaquer au premier objectif de trail de l'année (l'énorme UTMB suivra en Août). Sans l’annulation de la Fortiche, je tentais un joli petit triptyque ...
Vendredi 14 Juin, après un petit saut de puce en avion (merci les miles d'Air France), j'atterri tranquillement à l'aéroport de Nice et rejoins la plage de Cap d'Ail le point d’arrivée pour retirer mon dossard et partir en bus vers le point de départ. L'ambiance estivale de cette plage est carrément décalée par rapport à ce qui m'attends demain dans la montagne de l'arrière pays Niçois. C'est l'un des charmes de cette course: une longue chevauchée en montagne qui se finit sur la plage sauf que les nymphes en maillot de bain ne seront plus là pour nous attendre au milieu de la nuit L. Cette course constitue la finale des Grands raids FFME 2002 et il y a pas mal de pointures dans le coin dont quelques Réunionais venus tâter de la montagne française, Marco Olmo sur l'une de ses courses fétiches et le mythique Daichiri Dawa Sherpa et sa merveilleuse bonhomie. Après les formalités d'usage, nous montons tous dans le bus qui va nous faire grimper petit à petit les niveaux pour rejoindre le point de départ et ses 1300 m d'altitude. Les conversations s'animent entre ceux qui ont déjà participé et les petits nouveaux. L'un d’eux clame haut et fort que finalement, un grand raid comme la Réunion, c'est plus facile qu'un marathon !!! Euh, là faut pas exagérer quand même.
Samedi 15 Juin Lever tranquille au petit matin avec un grand soleil, une belle journée qui s'annonce avec de belles températures en perspective. Va falloir tâter de la tétine J. Je discute tranquillement avec Sonia Furtado que j'ai rencontrée hier soir avant de m'élancer pour cette belle aventure. On rentre tout de suite dans le vif du sujet pour ce début de parcours et une montée bien raide vers le fort central au cole de Tende. Les jambes et le cœur qui se sont bien entraînés sur le GR20 sont bien au rdv et je me régale. Au col, il faut continuer sur une partie un peu plate puis montante sur la crête pour arriver au fort de Pernante puis de Giaure. Ah, nos frontières sont bien défendues J. C'est toujours un exercice de haute voltige de décrire un beau paysage et je n’y excelle clairement pas. Alors, ben c'est simplement beau quoi et pour plus de détails, il y a quelques photos sur le site de la course. Après une descente rapidement avalée, nous arrivons au ravito Marie-Madeleine. La première féminine, Christine Rischard, vient de partir du ravito et je vois Sonia se manier pour remplir son camel et repartir à sa poursuite. Attention, pas de négligence, le prochain ravito est assez loin en raison d'une traversée de parc naturel et, avec la chaleur, mieux vaut éviter la panne sèche. Un petit faux plat descendant sur la route et je me retrouve dans la deuxième grosse difficulté de la course, le pas du col de Rousse. Sonia est partie à la poursuite de Christine Rischard et après l'avoir aperçue en haut du col, je ne la reverrai plus. Je prends tranquillement mon rythme de montée. La chaleur commence à se faire sentir et il ne s'agit pas de péter une durite. Je me fais bien plaisir dans la dernière portion très raide et hop, je bascule dans la descente suivie de quelques montagnes russes. C'est un peu long mais on oublie la fatigue qui commence à se faire sentir pour regarder le paysage grandiose. La distance entre les concurrents s'est maintenant bien espacée et j'ai parfois la sensation d'être seul en montagne dans une rando-course. En vue du fort de l’Authion, mon euphorie laisse place à un sérieux coup de barre. J'ai en général des problèmes de déshydratation dans les fortes chaleurs et je crois que j'en ai encore repris pour un tour. Une dernière descente et j'arrive au ravito de camp d’Argent en 7h20. C’est à peu près la mi-course, donc, je suis plutôt parti sur de bonnes bases. L'essentiel du dénivelé positif est maintenant fait mais il reste tout de même une longue distance jusqu'à l'arrivée. Je m'enfile un peu de riz en salade (pas sur que ce soit une bonne idée ça ...) et après avoir rempli mon camel, je repars tranquillement. Il faut maintenant que je ménage la bête en attendant que la chaleur retombe. Dans la première montée qui suit, on m'annonce ma place, 32 eme, ce qui me regonfle le moral. Je retrouve un peu mes jambes dans la descente suivante après la cime de la Calmette mais je suis obligé de m'arrêter souvent de courir en raison d'un poing de côté persistant et d'une inflammation à un endroit que je ne nommerai pas ici probablement due à ma petite déshydratation. Le parcours qui suit jusqu'au prochain ravito est on ne peu plus déprimant: une large piste presque plate à flanc de coteau qui n'en finit jamais. Le moral en berne, j'essaie de courir au maximum pour ne pas perdre trop de temps mais je me fais tout de même dépasser par quelques concurrents plus frais que moi. Le calvaire continue après la Faea : le parcours devient un peu plus varié avec quelques petites montées et descentes mais ce n’est souvent que du faux plat et de larges pistes. La bande des Réunionnais trouvera le parcours trop roulant à la fin, ce que je comprends. J’arrive enfin au ravitaillement du col de Braus ou la chaleur des bénévoles me remonte le moral. Je n’ai maintenant plus que quelques kilomètres à avaler sur ce type de terrain et en plus le soleil commence à descendre à l’horizon. Mes forces reviennent à l’arrivée au col des Banquettes. Heureusement parce que je dois maintenant me taper la dernière grosse difficulté du parcours, le pic de Baudon. La nuit est en train de tomber mais je n’aurai à allumer ma frontale qu’au sommet de la difficulté que je parviens à monter à un bon rythme. Je trouve en haut un bénévole qui va passer la nuit à contrôler les participants tout seul à côté de sa petite tente en cas de malaise d’un concurrent. Chapeau bas monsieur !!! Moi qui me réjouissais de me lancer dans une descente tranquille, il a la gentillesse de me prévenir de la technicité de cette descente. C’est en effet un champ de cailloux et, surtout de nuit avec ma petite lampe à leds, ce n’est pas une sinécure. Le croisement de la route arrive à mon grand soulagement. Il faut ensuite faire une petite montée vers un plateau ou se trouve le prochain contrôle. On a en général tendance à oublier ces petites montées en étudiant le profil mais vu mon état de fatigue, je galère un peu dans le faux plat d’autant plus que j’ai un peu de mal à suivre le fléchage en haut. Enfin, le contrôle et un peu de coca que j’apprécie parce que je n’arrive plus à manger normalement. C’est dans ces moments qu’on se rend compte de l’énorme quantité de sucre qui est diluée par verre de coca. Allez, zou, me voilà reparti tranquillement dans cette descente. La nuit est maintenant tombée mais la température reste asse haute car je me rapproche du niveau de la mer. Après une traversée un peu surréaliste du Golf de MonteCarlo, la descente reprend vers la Turbie et le dernier ravitaillement. Je pense être assez près de l’arrivée mais on m’annonce encore une heure, arghhhh. Pour couronner le tout, je perds encore un peu le balisage à la sortie de la Turbie. La dernière descente un peu caillouteuse rappelle un peu la fin du grand raid de la Réunion d’autant qu’on devine aussi la ligne d’arrivée. Et voilà, 18h30 que je suis parti et je franchis la ligne d’arrivée en 35 eme position, heureux comme un pape de ma course même si j’aurais pu faire un peu mieux sans ma déshydratation. Sonia est arrivée depuis 3 heures et première féminine tandis que l’extra-terrestre Marco Olmo est arrivé en 11h35 Je ne rêve que d’une chose : aller faire trempette dans la mer pour fêter ça mais on me conseille d’y renoncer en raison des multiples méduses qui y barbotent. Bon, ben je vais me contenter de la douche suivie d’un bon somme pour finir cette nuit. Je m’endors serein en pensant à cette belle course qui devrait bien me préparer pour l’UTMB mais un peu angoissé à l’idée qu’il faudra repartir de Champeix avec à peu de choses près la même distance dans les jambes.
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