L'auteur : schoupie
La course : Cross International du Sud Ouest
Date : 30/11/2008
Lieu : Gujan Mestras (Gironde)
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Distance : 10km
Objectif : Pas d'objectif
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Le cross sous la tempete
Ce n'est tout de même pas une tempête, certes une vraie, qui allait les laisser au vestiaire. Et tandis qu'avant le lever du jour, au plus fort du vent, quelques fantômes s'agitaient pour débarrasser Chante-Cigale de quelques branches, démonter des tentes tordues par le vent, relever des centaines de mètres de barrières meurtries par la nuit, assurer qu'en dépit de quelques mauvaises voix, que le « Sud Ouest » n'allait pas « baisser les pattes pour ça », il y avait assez de jambes vigoureuses et frétillantes pour entretenir l'espoir et mener au front des intempéries des bataillons de coureurs plus ou moins aguerris.
« J'ai connu quelques coups de vent sur les plaines bretonnes et ce ne sont pas celles du fond du Bassin qui allaient nous faire rebrousser chemin » marmonnait un Brestois qui ne partageait pas plus l'inquiétude que l'ostréiculteur gujanais, surtout préoccupé par l'heure de « la pleine mer ». Précieuse et déterminante indication qui allait transformer un parc des sports dévasté par la tempête en un théâtre réaménagé dans l'urgence, épongeant les craintes et les menaces, tandis que les pelotons, échines courbées et godasses pleines d'eau, filaient face au vent, un regard plein d'eau et de sueur vers cette borne d'arrivée inaccessible, si lointaine et si douloureuse à atteindre, but ultime du défi d'un jour.
Bardelle mène d'entrée
C'est bien pourquoi, entre deux beaux et vrais grains, ces cinq bons milliers de coureurs, gamins aux joues rosies et aux pantalons de survêtement crottés et bons pour le jardinage, vétérans pataugeant dans les flaques, stigmates d'une nuit d'épouvante, adolescents euphoriques osant l'aquaplaning, à plat ventre, dans « la barrière d'eau » à 120 mètres de l'arrivée étaient autant de signes d'un plaisir qui outrepassait, quelques minutes, ce que d'ordinaire on appelle, le bon sens. Ceux de Gujan l'avaient trouvé. Jusqu'à faire payer la tournée à la plus inattendue des championnes, Christine Bardelle sorite du peloton dès le départ menant grand train ensuite pour se mettre à l'abri des Kenyanes menaçantes et tenant le comptoir sans fléchir. Le moins qu'on puisse attendre de cette championne, internationale depuis longtemps, médaillée de tous les championnats mais pas souvent tout en haut de l'affiche, habituée des sentiers de Chante-Cigale sans y avoir trouvé la route d'un podium et brusquement poussée sous quelques nuages à l'avant du paquet. Très à l'avant.
Une tranche de vie
« Quand on gagne il fait toujours beau » répétait-elle entre deux lignes droites qui lui permettaient de récupérer sous le regard d'un contrôleur de l'antidopage. Ce qui ne l'empêchait pas de s'amuser de la situation. « J'avais envie de m'investir encore quelques mois après ma déception de ne pas m'être qualifiée pour les JO. Je suis alors partie au Sénégal et à l'automne je suis allée en Afrique du sud pour savoir si j'étais vraiment capable de réussir un truc. » Oui. Hier. À Gujan-Mestras pour lever son verre avec un Keyan rigolard, Joseph Maregu, plein de drôleries et de farces. Deux beaux champions qui clôturaient une belle et exquise tranche de vie. Celle de 35 ans de cross et de courses. Pour soi et avec les autres.
1 commentaire
Commentaire de agnès78 posté le 01-12-2008 à 11:12:00
superbe texte d'une discipline que j'adore... merci pour cette tranche de vie sur un champ de cross.
agnès
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