Récit de la course : Le Balcon de Belledonne 2005, par eabecassis
L'auteur : eabecassis
La course : Le Balcon de Belledonne
Date : 10/4/2005
Lieu : Allevard (Isère)
Affichage : 1285 vues
Distance : 65km
Objectif : Pas d'objectif
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Un premier balcon
Un balcon 2005
Eté 2004, je commence un entraînement avec course longue. J'ai décidé de passer la barre du semi pour aller vers les longues distances. Marathon ou ultra, je suis partagé. Le marathon, c’est souvent courir en ville et cela ne me plait pas trop. Un collègue me parle du balcon de Belledonne et voilà l'occasion à saisir. Ce sera donc Ultra.
Avec ses 65km et 1500 de dénivelé, je ne sais pas vraiment à quoi m'attendre. Histoire de fixer un objectif, je me donne 7 heures pour atteindre la ligne d'arrivée mais au fond de moi j'espère pouvoir faire mieux. Insensé ou réaliste, l'avenir le dira. Il faut dire que depuis l’été, j’avais maintenu un entraînement au environ de 60km par semaine avec de temps en temps une sortie longue alors j’espère…
Renseignement pris, je mets au point mon entraînement de course. 60km par semaine pendant 4 semaines puis 6 semaines à 80km avec sorties longues et enfin deux semaines de calme avant le jour J. En consultant sur Internet, je m'aperçois que mon objectif est un peu ambitieux mais mon entraînement me permet d’y croire. Jusqu'à 10 jours de la course, tout se passe sans encombre, j'améliore régulièrement mes temps sur sortie longue et je ne sens pas trop la fatigue et surtout aucun problème mécanique. C'est vers la fin que cela se dégrade. Avec le stress qui augmente, je parodie le malade imaginaire mais heureusement tout se finit bien. J'arrive donc la veille de l'étape, bourré de sucres lents et prêt à affronter l'épreuve.
Nouvelle difficulté imprévue: l'hivers qui s'était fait oublier en ces temps printaniers revient en force. La route est enneigée et le froid glacial. Heureusement, les chasse-neige nettoient la route juste avant la course et c'est donc sur une route pratiquement sèche que se dérouleront les balcons de Belledonne 2005.
7h00: départ au coup de pistolet dans un froid bien hivernal. J'avais bien révisé mon programme et j'entame tranquille en direction de Saint-Pierre d'Allevard. Début de montée vers le Barioz et rapidement les coureurs s'étalent. Devant moi se trouve le "fameux" coureur déguisé. C'est la seule foi durant la course où je le vois juste devant moi. J'apprendrai plus tard qu'il vise moins de 6h, je ne cherche pas à le suivre. En montant vers le col, j'échange quelques mots avec Dédé, un de ces sympathiques coureurs qui donnent au balcon son ton chaleureux. Je suis heureux de voir que les chasse-neige ont fait un super boulot. La route est humide et quelques plaques de neige traînent ici et là mais rien à voir avec la veille lorsque j'ai fait la séance de repérage sur le Barioz. Me voilà arrivé au Premier col (Barioz) en 1h10 et quelques 15 minutes d'avance sur mon planning. Est-ce que je force trop ? Cette question me poursuivra tout au long de l'épreuve.
Au col après une pause de quelques minutes pour relaxer et pour prendre quelques photos, je retrouve Dédé. J'entame alors une descente rapide vers Theys en essayant de profiter pour gagner sans effort quelques minutes supplémentaires. Pendant la descente, je cours en compagnie d'une fusée, un habitué des ultra qui vient ici pour faire un entraînement. Décidément je suis entouré d'ultra habitués de l'ultra. En descendant, je passe devant chez des copains qui habite "Les Vincent" mais pas de signe de vie dans la maison en ce dimanche matin glacial. Je file en compagnie de la fusée en me sentant en parfait forme, tout va bien et le premier col est avalé sans souci. Un instant je me prends à rêver mais le départ du col des Ayes me ramène à la réalité. Toujours conscient de mon dicton "Courir doucement, c’est courir longtemps” je laisse la fusée et reprend mon rythme tranquille pour aborder la montée. D'autant plus qu'avant de me quitter, il me lâche un conseil: si tu arrives frais au deuxième col, tu pourras profiter des descentes pour accélérer. Je vais m’accrocher à ce nouveau dicton.
Voici le col des Ayes et toujours en forme, aucun signe de faiblesse ni mécanique ni musculaire. Mais je suis toujours en avance sur mon planning. 2h05 et 13 minutes d'avance sur le planning. Est-ce un résultat d’un bon entraînement ou une conséquence de mon inexpérience ? La question est toujours là mais même si je sens encore des réserves, je ne vais surtout pas toutes les utiliser maintenant. Sur le chemin, les habitants des communes nous soutiennent de leur bravo. Je les reçois avec plaisir mais au fond de moi, j'attends l'après marathon pour pouvoir en profiter. A cette étape de la course, je sais que rien n'est joué et je ne suis pas encore sûr de pouvoir finir.
Troisième col et toujours en bon état, j'arrive seul au col du Prabert. Les dépassements dans un sens ou dans l’autre se font maintenant plus rares et à quelques ajustements prêts l’ordre des coureurs est déjà établi.
9h45, arrivée au col des Mouilles où m'attend Olivier, mon accompagnateur vélo. L’arrivée rime avec une furieuse envie de toilette. Mais voilà, seul point noir de l'organisation (à coté d'une foultitude de points positifs), ils ont oublié les toilettes au col des Mouilles. Donc petit tour dans la forêt et me voilà prêt à repartir. A partir de maintenant Olivier va pouvoir me porter mon sac, c'est un petit plus mais ça m'aide et je me sens quand même plus léger.
Je repars après quelques instants de détente vers 9h55, cette fois-ci en phase avec mon planning. Horreur, un peu plus d'un kilomètre après le col, je m'aperçois que j'ai oublié mon gel à l’étape. Heureusement, Olivier file immédiatement vers le col pour récupérer ma potion magique. J'aborde la descente à "grande vitesse" mais bientôt rejoint par une coureuse "relais couple". Elle fonce dans la descente et je m'aligne sur sa foulée. Encore quelques minutes gagnées à peu de frais. Mais encore une fois, je la laisse filer au premier faux plat. Là Olivier (qui a sué pour remonter au col) me rejoint. Je suis encore en forme mais l'énergie est en diminution, il faut que je m'économise pour la fin. A partir de là, j'oublie les chronos et je me fixe comme objectif de terminer. La foulée se ralentie et le geste se fait plus difficile. Les prochaines côtes vont être difficiles.
Et voilà le marathon atteint en 4 heures et 5 minutes. Pas trop mal, considérant le reste à faire et les quelques mille mètres de dénivelé déjà encaissés. Je suis content et cette fois-ci j'y crois. Je sais que je vais finir et si pas de pépin avec un temps honorable.
Ca remonte un peu et je suis en compagnie d'un coureur à la jambe dévissé. Mais il tient le rythme et si je le lâche un peu par moment, il remonte et va même finir par me passer. En discutant, je demande si le Rousset est proche mais il me démoralise en me disant que l'on est encore bien loin. Les kilomètres défilent maintenant au ralenti. Plus j'avance, plus cela va doucement, pourtant je n'ai pas l'impression d'être si lent ?
J'aborde le Rousset mais maintenant dès que cela monte un peu raide, je passe au pas rapide. C'est un peu de temps perdu mais beaucoup d'énergie économisée. Je me concentre sur les 7km de descente à la fin. J'espère garder de quoi les faire à bonne allure. A chaque relais, je m'arrête environ une minute, le temps de m'hydrater et de prendre un peu de gel. Chaque relais, c’est un pas de plus vers la fin de l'épreuve.
Maintenant les bravos me font chaud au cœur et je ressens leur encouragement pour m'emmener vers la fin. Je sens de plus en plus le froid qui me glace dès que le vent souffle. Je suis juste à l'équilibre thermique mais plutôt par en bas, donc dès que ça se refroidit, c'est un peu dure.
Un sympathique relais m'attend à Sarrazine où une gentille petite fille me tend un verre de thé glacé. A partir de maintenant, je vais boire du thé glacé en souvenir de la petite fille.
Encore un effort et je sais que le Rousset est au bout. La voilà enfin, cette descente tant attendue. Et c'est là que je fais une erreur de course. Je croyais qu'il y avait encore un col après le Rousset. Du coup, dès que cela monte, je ralentis à l'extrême pour m'économiser mais au final pas de col et j'arrive au Pinet après un long faux plat sur lequel j'aurais pu aller plus vite. Enfin c'est maintenant la descente finale et je vais pouvoir me lâcher. Mais là c'est la panne. Dès que je dépasse les 11 ou 12 km/h, je ressens une boule se former dans les mollets: la crampe ! C'est vraiment pas de chance car les économies d'énergie ont bien marché et je me sens encore capable d'attaquer la descente à grande vitesse. Mais rien à faire, en dessous de 11km/h tout va bien, au-delà ça se gâte. J'ai peut-être fait l'erreur de ne pas faire une pause pour me masser un peu les mollets mais c'est ça l'inexpérience, tu ne sais pas quoi faire en situation. La descente est interminable mais en regardant le chrono, je suis bien parti pour faire moins de 6h30.
Vers la fin, le chemin s'éloigne de la route et s'aventure à travers bois. Mon accompagnateur vélo me laisse alors pour rejoindre l'arrivée et se préparer pour l'ultime photo. Enfin le dernier kilomètre, je me laisse aller. Je fonce à toute vitesse vers l'arrivée mais je n'ai pas vu le tour d'honneur autours de la pelouse. Quand j'y arrive, les crampes me dévorent les jambes. Je fais presque tout mon tour en me tenant les jambes mais j'arrive enfin à passer la ligne d'arrivée: 6 heures et 27 minutes. Objectif atteint. J'ai fait mon premier ultra et je me sens bien. A quand le prochain...
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