L'auteur : Sagarmatha
La course : Trail du Bugey - 54 km
Date : 14/9/2008
Lieu : Belley (Ain)
Affichage : 3220 vues
Distance : 54km
Objectif : Terminer
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Il est 5h, le réveil sonne en ce dimanche 14 septembre. Aujourd’hui je me rends au trail du Bugey dont le départ se trouve à Belley dans l’Ain. Les derniers préparatifs puis je prends la route.
Comme la veille toute la journée durant, il pleut. Je me dis que ce trail va être un sacré chantier et que les chemins vont être très humides…
J’arrive à Belley sous un ciel chargé mais sans pluie. Le temps de retirer mon dossard et je me prépare pour prendre le départ d’une épreuve « test » car je suis en pleine préparation pour le grand rendez-vous des templiers.
Il est 8h30, le départ est donné dans la convivialité au son de la cloche traditionnel du Bugey, après un long et bon discours de l’organisateur.
Celui-ci nous expliquant que c’était aujourd’hui l’ouverture de la chasse et qu’il fallait faire attention aux nombreux sangliers présents dans le massif du Bugey et de surcroît sur les sentiers du parcours. Les chasseurs pour cette occasion ayant reporté l’ouverture des hostilités pour le bon déroulement de l’épreuve et la tranquillité des coureurs, respect !
C’est un peu plus d’une soixantaine de coureurs qui s’élancent pour le grand parcours des 54 km avec 1500 m+, dont certains ayant déjà un beau palmarès.
Dis comme ça, on pourrait penser que le parcours est très roulant, mais en fait il n’en ai rien, vous comprendrez très vite pourquoi.J’ai souvent pris la mauvaise habitude de partir vite sur les trails que j’ai effectué ces derniers mois, et pour en avoir tiré des leçons constructives, j’en ai conclu que cela ne m’avait pas toujours apporté que du bien au fil des épreuves. Donc aujourd’hui, je prends un départ prudent. En fait, il ne sera ni lent ni rapide mais à mon train.
Je me retrouve entre la 16e et 20e position dés le départ. Visiblement quelques coureurs veulent rapidement prendre la poudre d’escampette. Moi je les laisse bien faire, car c’est tout de même 54 km qui nous attendent au menu, et à en voir le relief autour de nous, j’ai tout d’un coup l’impression, sans avoir trop étudié le tracé de la course au préalable, que des surprises sont à venir ! Bien m’en a pris de penser ainsi car des surprises il y en aura…
Les premiers kilomètres sont plutôt faciles avec des portions de parcours assez roulantes. J’apprécie beaucoup cette première partie de l’épreuve car elle m’a permis de bien me mettre en jambes pour les difficultés à venir.D’habitude, je fais des trails type « montagne » et cela se met à grimper dès le départ, or là ce n’était pas le cas. Donc quelques kilomètres se sont effectués comme ça. Et puis nous sommes très vite rentrés dans le vif du sujet.
De gros sentiers plats, nous sommes passés à des terrains très variés et vallonnés pendant plusieurs kilomètres en single track. Les sentiers étaient magnifiques à courir au milieu des buis, enfuis dans les bois au pied des montagnes. Puis nous avons pris rapidement de l’altitude.
Au niveau du « lac d’arnaille », nous sommes rentrés dans une espèce de « fougeret » ressemblant étrangement aux paysages que l’on peut rencontrer sur les templiers, c’était vraiment étonnant ! On s’y croyait presque… Ensuite, nous avons pris la direction de la « croix de innimont », plus grosse difficulté de la journée sans aucun doute. Un fort dénivelé positif en très peu de km, entre la vallée par laquelle nous l’accédions et le sommet des crêtes. Environ 700 m+. Tous cela par des sentiers escarpés et très humides. Dans cette difficulté, j’ai de bonnes sensations. Je suis en plein effort, et me rassure sur l‘état de forme que je présente à cet instant. Je remercie le ciel d’avoir su gérer jusque là ma course à un train qui me convenait. Ce qui n’est visiblement pas le cas pour tous le monde puisque je rattrape quelques coureurs avant l’arrivée sur la crête qui paraissaient en difficultés.
Arrivés au sommet, la météo nous rappelle combien il fait froid, car la température ne dépasse pas les 5°C. Là haut, c’est le 2e ravito où je ne m’arrête pas comme pour le premier.
Sur la crête de innimont, je relance à une allure soutenue pour enfin voir venir la première véritable grosse descente, mon exercice favori !
Dans cet exercice périlleux, de part l’humidité au sol et les roches glissantes, je rattrape avec beaucoup de plaisir quelques coureurs. Mais encore une fois, j’ai bien retenu la leçon, et je n’abuserai pas de « folie » au point de me « casser la figure » comme au trail de la dent du chat, en savoie.
S’en suit après une longue portion vallonnée dans les forêts. Ces portions sont en fait très techniques et usantes physiquement car on se doit de courir à une belle allure mais en même temps avoir conscience de ne pas y laisser trop de force ! C’est un circuit « casse patte » !
Les ravitos se suivent tout le long du parcours, mais je ne m’arrête toujours pas. Cela fait maintenant 3h30 que je cours, et je commence à ressentir une baisse de régime qui va durer un petit moment. Je décide de bien m’alimenter et de bien m’hydrater, chose à laquelle j’ai toujours été assidu depuis le départ de ce trail. Mais le coup de moins bien durera quand même une dizaine de kilomètres. En fait, j’avais l’impression que la fatigue commençait à m’emporter quelque peu. Malgré cela, mon rythme est toujours bon, et je ne cesse de courir même dans les montées. Les difficultés principales sont en fait les sentiers glissants et boueux, dans lesquelles on laisse beaucoup d’énergie, car on a souvent l’impression de piétiner dans « la semoule ».
Les kilomètres passent, et ça va pour moi de mieux en mieux, malgré l’apparition de quelques furtives crampes aux mollets qui ne m’ont pas gêner tant que cela. Je remarque que c’est sur les portions les plus dures que je rattrape mes concurrents, et le moral ne va désormais que s’accroître.
En fait, autant le dire tout de suite, j’ai couru 4/5e du parcours entièrement seul. Et dès que je rattrapais un coureur, ce dernier ne me tenait pas la foulée. J’aurai pourtant bien aimé parfois, ne serait-ce que pour avoir une compagnie. Je ne discute pas en course car je n’aime pas ça, mais parfois avoir une compagnie avec soi n’est pas des plus désagréable…
Bref, … je fais ma course comme je le sens, et voilà que je me retrouve à 10 kilomètres de l’arrivée. A ce moment là, le plus dur est passé se dit-on, mais en fait non !!!!!
Je commence à avoir les jambes dures, ma vitesse de jambes ne diminue pas fortement mais quand même assez pour que je m’en rende compte. Les bosses deviennent pénibles, et le moral flanche légèrement. A ce moment là de la course, je sais seulement que je suis à une dizaine de kilomètres de la ligne d’arrivée à Belley, mais je ne sais pas dans quelle position je me trouve par exemple. Ce n’est pas biensur la première de mes préoccupations, car je suis essentiellement là pour me tester en vue des templiers, mais quand même j’aimerai bien savoir tout de même. Et là, comme par enchantement, un vieux personnage sur le bord de la route qui tenait un carrefour, me dit mot pour mot : « Allez petit gars, tu es dans les bons là, t’es 6e !!! Vas-y petit ! Lâche rien !!!! ».
Cette phrase aura fait l’effet d’une bombe dans ma tête. 6e me dis-je !! Comment est-ce possible ? Je ne me suis vraiment pas rendu compte en courant de la perf que j’étais en train de faire, et encore moins des coureurs que j’avais doublé…Alors, je n’ai rien lâché jusqu’à belley. Nous arrivons au compte goûte évidemment, et à la flamme rouge, j’entendais déjà le speaker, car le vent portait assez bien ses paroles. Le fait de me savoir aussi prêt du but me remplissait de bonheur. Je passe les derniers virages, et boucla sous les applaudissements du public chaleureux (que je remercie !) les 54 km en 5h00 soient presque 11 km/h de moyenne à le 6e place / 70 coureurs (environ pour le grand parcours).
Conclusion : La première chose qui me vient à l’esprit c’est qu’il n’existe pas de petit trail dans le sens facile ! Tous les trails sont des épreuves exigeantes, qu’il ne faut pas négliger, et qu’il ne faut pas juger le niveau de celui-ci à sa cote de popularité. On entend bien souvent parler de grosses épreuves dans le monde du trail, où beaucoup de monde se ruent sur la ligne de départ, mais je pense personnellement que nous devrions se pencher un peu plus sur des épreuves comme ce trail du Bugey qui a su réservé bien des surprises à tous ses participants. Je n’ai biensur pas manqué de remercier l’organisateur principal Monsieur QUENIN Stéphane pour cette « grosse et sérieuse » organisation autour de ce parcours grandiose, dans une région qui ne mérite qu’à être doublement connue… Sur un plan plus personnel, j’en sais désormais un peu plus sur mon niveau actuel en vue du grand rendez vous des templiers le 26 octobre prochain à Nant. Je tire beaucoup d’enseignements positifs de ce trail du Bugey sur ma performance sportive, et je suis ravi de voir que le travail effectué commence à porter ses fruits…
Le but n’étant pas d’être en forme trop à l’avance, mais bien le jour J. Néanmoins, je sais qu’il me reste encore pas mal de boulot sur « la planche » mais une chose est désormais certaine : je suis sur le bon chemin…
Je tiens à saluer tous les Kikous présent sur cette épreuve, grand et petit parcours.
5 commentaires
Commentaire de Grain de sel posté le 15-09-2008 à 19:29:00
Bravo Romain pour ta super perf' dans des conditions qui n'avaient pas l'air faciles !
Tout ça est de bonne augure pour les Templiers...
A+
Laurine
Commentaire de GrandSteaKikour posté le 15-09-2008 à 20:30:00
Belle performance ! et merci pour ton récit.
Belle leçon aussi que de faire une bonne place en ne suivant que son allure sans se préoccuper de celle des autres.
Je te souhaite de maintenir ta forme jusqu'à ton objectif des Templiers !
Commentaire de lulu posté le 15-09-2008 à 21:45:00
Bravo pour ta course !!!!!!
En effet, j'ai dû te voir passer puisque j'étais 8ème au sommet.
Comme dirais l'autre, j'ai un peu craqué au 30ème.
En tout cas, tu as raison..un trail qui mérite un peu plus de succès !!
Atchao
Commentaire de lolo' posté le 16-09-2008 à 23:53:00
Un bon petit trail comme on les aime !
Bravo pour ta course; quand on délaisse un peu le chrono pour faire son chemin on a trés souvent de bonne surprise.
Bon courage pour le Templiers; superbe région egalement !
Commentaire de seapen posté le 18-09-2008 à 14:46:00
Bravo et merci pour ce récit passionnant. Il nous tient en haleine du début à la fin. que de choses se passent au cours d'un trail ! et tu le montres bien. Salut.
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