L'auteur : Verger
La course : Saint-Pol - Morlaix
Date : 28/10/2007
Lieu : Morlaix (Finistère)
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Distance : 21.1km
Objectif : Pas d'objectif
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28 octobre 2007. Date à marquer pour moi d’une pierre blanche. Ce fut en effet ce jour-là que je participais à mon premier semi-marathon.
Pour la circonstance, j’avais choisi de m’en remettre à mon cher neveu Marino que j’avais donc désigné pour être à la fois mon chauffeur, mon soigneur, mon photographe et mon directeur sportif.
En sa qualité de chauffeur, sans boussole et sans GPS, Marino se montra nettement à la hauteur, me conduisant par la bonne route depuis Yffiniac (22) où il demeure, jusque sur le parvis même de la cathédrale St Paul Aurélien, à deux pas des guichets-dossards et à une distance raisonnable de la ligne de départ.
Comme soigneur, Marino fit de son mieux aussi, ayant même prévu les pommades aux huiles essentielles qui devaient rendre leurs muscles de vingt ans à mes vieilles jambes.
Bravo aussi au photographe, paparazzi d’un jour, sans cesse à l’affût des mimiques et des gestes les plus expressifs.
Son quatrième rôle, celui de directeur sportif, Marino l’assuma enfin avec la même ferveur, commettant cependant une grave omission qui me mit un temps hors de moi. N’avait-il pas dit en effet, Marino : « Tu verras, c’est facile. Une côte assez longue à la sortie de St-Pol. Ensuite, c’est la balade jusqu’au viaduc de Morlaix. » Je l’avais cru. Je n’avais d’ailleurs aucune raison de ne pas le croire, puisque même Odile, sa chère épouse, multi-récidiviste dans cette course, n’avait jamais démenti une telle présentation en raccourci.
Avec confiance, le long du mur du cimetière de St-Pol, nous nous groupons donc autour d’un ballon vert, gage, si nous le suivons, d’atteindre l’objectif en deux heures maximum. Notre ambition, il est vrai, reste modeste, mais elle répond à nos capacités.
Postés ainsi, nous attendons sereinement le décollage...Les derniers concurrents ayant fini de soulager leur vessie sur les chardons du pré voisin, nous entendons bientôt le signal. Quatre, trois, deux, un, partez ! Dans nos rangs d’abord, personne ne bouge. Il faut attendre que s’ébranle le flot de ceux qui nous devancent. Un peu de sur-place, puis le franchissement de la ligne de départ. Le sort en est jeté !
Je ne me souviens plus dans le détail du profil de la route, mais les premiers kilomètres se déroulent bien. Le temps de prendre la bonne allure, de se glisser au bon niveau, de laisser passer les plus pressés, de doubler les plus lents...Et puis, voici la côte annoncée par Marino. Une longue grimpette, il est vrai, mais gentiment pentue. Si c’est cela la seule difficulté du parcours, gardons le rythme et préparons-nous à la balade promise...Monter, descendre, remonter encore un peu. Un nouveau ravitaillement. Les vivats des spectateurs. Le panneau Kerlaudy. Tout va bien. Les jambes tiennent. Le moral est au beau fixe.
Une descente.
Mais bientôt, au sortir d’une grande boucle, une nouvelle côte se profile, bien marquée celle-là. On approche sans doute de Taulé. Allons-y. Ne baissons pas la garde. Oui mais, ça continue à monter ! Après le virage là-haut, peut-être la descente. Eh non, toujours pas. Après une ligne droite qui monte, une autre ligne droite qui monte. Et j’escalade. Et encore. Et toujours ! Et un autre virage là-haut. Et après ce virage, une autre pente. Et après celle-là, encore une autre. On se croirait en plein alpage. Gros troupeau bariolé en transhumance gravissant en cadence les contreforts de la montagne... Et tout à coup, derrière moi, un tintement de clochette. Cette fois-ci, on y est vraiment dans la montagne ! Je me retourne. Tudieu ! c’est Mario, qu’il ne faut pas confondre avec Marino. C’est Mario, notre super-Mario qui talonne tout le monde en poussant son vélo paré d’objets hétéroclites!...
Enfin, voici le sommet. Respirons un peu.
Marino, pourquoi ne pas m’avoir parlé de cette côte de Penzé, morceau de choix du St-Pol/Morlaix, obstacle à mi-parcours placé là exprès par le créateur, qui du haut de son paradis doit jubiler à nous voir ainsi ahaner sur le bitume ?
Je ne t’en veux pas, Marino, mais cette côte de Penzé m’a scié les pattes.
Je me laisse descendre ensuite, allongeant la foulée afin de reprendre quelques précieuses secondes au chronomètre. Enfin, voici les kilomètres ultimes. Il va falloir conclure. Cependant mes jambes refusent d’aller plus vite. Elles me font mal. Très mal. Je vais donc finir en douceur. Car il faut finir. Si près du but, on n’abandonne pas.
Enfin le tapis rouge apparaît ! Et, en prime, une Marseillaise qui retentit. Mais cette Marseillaise, si elle n’est pas pour quelqu’un d’autre, elle est sûrement pour moi et ceux qui arrivent avec moi ! Alors voilà de quoi nous donner des ailes et, oubliant les douleurs, je me mets à sprinter comme un coureur de 400 mètres !
Temps officiel nettement sous la barre des deux heures. L’honneur est sauf et la mission accomplie. Marino est aux aguets sous un pilier du viaduc. Photo finale et retrouvailles ! Une sacrée aventure quand même !
Odile aussi précède le ballon vert. Quelle famille ! Je crois qu’on reviendra !
signé : Le 6713, VH3 récemment reconverti à la course à pied.
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