" Sur la place du claux ... la traditionnelle couronne de lauriers. Il chavire vers le ciel. Aérien. Exalté. Lumineux. Un ange passe. Les larmes coulent ".
Voici des mots qui ne doivent pas vous être inconnus et qui m'ont ému au point de franchir le pas pour venir découvrir votre fameuse Grande Course des Templiers.on pour la gloire ou autre reconnaissance ( plutôt une renaissance ) quand on sait que tout est éphémère, impermanant comme la neige si blanche peut en une fraction de seconde, fondre et devenir si pourpre. Ni pour mettre les choses au point ou régler des comptes.J'estime que trailers ou montagnards, nous avons le même état d'esprit, la même éthique, avec un point commun et fédérateur, notre terrain de jeux et de rencontre qu'est le milieu naturel. Voici donc les deux raisons qui m'ont amené aux Templiers :
- La première, pour vivre une grande aventure humaine, un défi personnel. A la mi-septembre, après les championnats du monde de montagne en Italie, encore en bonne condition physique, motivé, je me demandais comment clore en beauté une saison déjà riche en événements. En particulier mes doubles sélections sous le maillot tricolore. Un rêve de gosse, déjà vécu en cyclisme, 10 ans avant, qui reprenait forme à 34 ans !
Comme le disait très bien J.B. Jaouen dans le V02 de septembre " la montagne et son air pur l'ont depuis largement consolé "... A côté de cet article, un bulletin d'inscription.Celui des Templiers.Il me fallait une course d'envergure, hors normes, qui fasse rêver.Je l'avais trouvé ! Ou était-ce peut être l'inverse ? Je ne pensais pas y aller dès cette année, même si je l'avais notée sur mon cahier des épreuves àdécouvrir dans les années à venir.
Me revint alors l'image de cette magnifique photo de Patrick Renard, dans Endurance de déc. 97 que j'ai recherché, les bras levés, rayonnant de bonheur, sur fond de vert et de bleu. J'ai ressenti toute l'émotion et le bonheur qui pouvait naître en franchissant cette porte de rameaux, la couronne de lauriers autour du cou. Je pense que c'est à cet instant que ma course vers la victoire débuta. J'ai d'ailleurs recherché et fait recherché les articles des différentes éditions, histoire de me plonger mentalement dans l'épreuve. Si je l'ai emporté, ce dimanche 28 octobre, c'est moins grâce à ma bonne préparation physique pour ce type de course que par ma volonté de vivre jusqu'au bout une telle aventure. Je dois vous avouer que, plus l'échéance arrivait plus je me disais : 67 km à pied, c'est dingue, ça me ferait peine de les faire à vélo ! Ne t'es-tu pas lancé là-dedans un peu à la légère, sans réfléchir ? Mais bon, je ne suis pas du genre à faire marche arrière et puis je n'ai rien à perdre, même si on " m'attend au tournant".
e matin, au petit déjeuner j'ai rencontré Christophe Basson, ancien cycliste lui aussi, nous avons discuté de ce qui nous attendait, histoire de nous rassurer certainement et de nous donner un peu plus de courage pour le défi naissant. De plus, lorsque Serge Moro Sibilo, mon tout nouveau président à Velay Athlétisme découvrit mon bilan annuel d'entraînement, il resta perplexe sur mes chances de faire bonne figure et tenir la distance, mais avoua, en bon psy, qu'avec moi il semblait ne pas y avoir de logique préétablie.
Et tant mieux, preuve qu'il reste encore dans ce monde de plus en plus normalisé, un peu de place à l'improvisation, à l'inconnu et au rêve voir à la douce folie...
Alors, je me suis nourri et imprégné des émotions, de la quiétude, de la sérénité offerte par un parcours somptueux, de l'ambiance et de l'atmosphère qui régnaient ainsi que cette rencontre fugace, mais ô combien importante avec les spectateurs, à la croisée des chemins. Mais aussi des précieux conseils de Karine, Bruno, Serge et au petit jour, des copains retrouvés Manu, Christian et bien d'autres...
Lorsque je suis parti en solitaire dans la montée sur le Causse Noir, rien n'avait été prémédité.mais disons plutôt inspiré dans la descente précédente sur Trêves, peut-être par le nom de ce petit village et par ce beau soleil éclairant le versant comme un projecteur indiquant la voie où entrer en action. Il est vrai que j'aurais pu faire une course d'attente, sans prendre de risque, moi qui n'avais jamais franchi la barre des 2h47 et 30 km de course, pour ne faire la différence que dans le final.
Mais, je cours moins avec ma tête qu'avec mon coeur, d'ailleurs un proverbe Chinois le dit bien : " l'esprit a beau faire plus de chemin que le coeur, il ne va jamais aussi loin ". J'aime également rajouter un peu de panache et m'offrir sans trop compter. C'est aussi ma façon d'exprimer ma satisfaction et les Templiers me l'ont bien rendu.
Je vous avoue que j'ai trouvé le temps parfois un peu long, là haut sur les plateaux des Causses et guetté les signes annonçant une route, un village, des visages. Heureusement, j'avais ma petite chanson dans la tête, découverte pour la première fois à la radio (ce n'était pas l'horoscope ! ) en rentrant de m'équiper 15 jours avant l'épreuve.
Et, si la veille du départ, certains ont pu me voir déambuler avec les écouteurs, plutôt que de potasser en détail le parcours, c'était afin de bien mettre cet air et ces paroles de J.J. Goldman dans la tête :
"...je ne me souviens que d'un mur immense, mais nous étions ensemble, ensemble nous l'avons franchi..." Vous organisateurs, vous bénévoles, vous public, vous qui n'avez pas la chance de pouvoir connaître ce bonheur simple de courir. A tous, je dis un chaleureux merci. A plusieurs reprises, j'ai eu la gorge nouée et les yeux troublés, cela bien avant l'arrivée, rien que de penser suivre les traces de Patrick et des autres, bientôt lever les bras au ciel qui était devenu si bleu. J'ai dû me ressaisir, la victoire n'étant pas encore acquise, de plus s'alimenter et lire le terrain dans ces conditions n'est pas la meilleur des façons de poursuivre son chemin !
Par contre, une fois la ligne passée, certainement par pudeur et par le fait de retomber si vite dans l'effervescence et la foule, mes larmes n'ont plus été qu'intérieures. Je regrette presque d'en avoir fini si vite, de ne par avoir pris un peu plus mon temps dans les dernieres longueures !
Je vous avoue que cette victoire, je la rêvais aussi et surtout pour une seconde raison. Car, si j'avais une mélodie, qui m'est bien revenue des dizaines de fois dans l'esprit, j'ai également une amie dans le coeur qui m'a porté jusqu'au bout. Et que si dans l'ensemble je n'ai pas vu les heures passer, c'est que j'ai pu m'évader. Alors, je voudrais par ces mots, l'intermédiaire de votre magazine lui dédier ce succès.
Par votre épreuve, vous m'avez donné les moyens de lui offrir un cadeau des plus symboliques, à la hauteur de son talent, de sa volonté et de son courage que j'admire chez elle comme chez les femmes qui se consacrent à leurs passions, dans un contexte pas toujours des plus favorables et encourageants. D'ailleurs, je parie que vous la verrez débarquer, un beaujour à Nant et affoler les pronostiques ! Nous sommes faits de la même fibre. Je dois vous dire que sa rencontre, en juin, aux 4000 marches dans les Cévennes, puis tout au long de notre saison commune, que ce soit dans les montagnes Slovènes, Alpestres ou Pyrénéennes m'a mené vers les sommets. Que, même si nous sommes liés un peu plus que d'amitié, son coeur reste encore un sommet à conquérir, quoique je préfère et de loin, le mot découvrir, et quel sommet !
Jette ton coeur loin devant toi et cours pour l'attraper " voila bien résumé par ce proverbe Arabe la recette de ce succès. Le temps, la patience, la passion et l'espoir sont les ingrédients qui permettent de réaliser ses rêves. Gide a dit : "II y a bien des rêves qui ne paraissent impossibles que tant qu'on ne les a pas tentés." Selon cette pensée Bouddhiste : " Le chemin vers le bonheur n'existe pas, le bonheur est le chemin." Alors, coureurs de tous horizons, de tous niveaux, sachez que " j'ai besoin de nos chemins qui se croisent, quand le temps nous rassemble, ensemble tout est plus joli."
Et toi, Muvrinette, "souviens-toi, était-ce mai, novembre, ici ou là, était-ce un lundi, je ne me souviens que d'un mur immense, mais nous étions ensemble nous l'avons franchi".
Je voulais, par ces mots, transmettre un soupçon de mes émotions et de ce bonheur que vous nous avez offert.
" Car, si la tristesse peut se vivre seule, pour apprécier toute la valeur de la vie, de la joie on a besoin de quelqu'un avec qui la partager " (M. Twain).
Gil Besseyre-Endurance N° 30- Décembre 2001
Venez me retrouver sur mon blog ici : http://sandgil.sport.fr/
1 commentaire
Commentaire de Piloumontagne posté le 02-07-2008 à 21:04:00
Fais de ta vie un rêve, et de tes rêves, la réalité... je pense que cela te rappelle quelque chose. Merci beaucoup pour ce magnifique récit.
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