L'auteur : Antoine3.14
La course : Les Drayes du Vercors - 58 km
Date : 1/6/2008
Lieu : La Chapelle En Vercors (Drôme)
Affichage : 2840 vues
Distance : 58km
Objectif : Pas d'objectif
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**** la motivation ****
Mais pourquoi Diable traverser la France sur un week end, aller courir dans un coin perdu, et qui plus est, dans un terrain fortement accidenté? Parce que je sais pas si vous avez remarqué, mais ça grimpe pas mal par la bas!
Eh bien il y a mille raisons : l'envie de découvrir ce qu'est le trail, le goût de la nouveauté, le plaisir du défi et de courir en liberté, dans les forets, sur les crêtes, de gravir les montagnes, l'envie de revoir une région superbe , l'attrait des paysages, un mélange de rando et de course à pied, l'intuition d'une ambiance de course conviviale, un ami également motivé par cette course...
C'est donc pour ce genre de raisons qu'on se retrouve un dimanche matin à la Chapelle en Vercors, en petite tenue de coureur sous une pluie fine qui assurela présence d'une bonne boue bien fraiche et bien glissante sur l'ensemble du parcours.
**** la preparation ****
Un mélange de rando et de course à pied vous dites? Ben je me sens plutot confiant alors, fort de mon premier marathon il y a deux mois, et d'une courte mais intense semaine de rando 3 semaines auparavant. Du style de confiance qui fait dire que 3h c'est un temps envisageable, même si on c'est une première et qu'on n'a pas d'entrainement spécifique.
Erreur! Monumentale erreur!
Gazelle81 avait prévenu sur le forum :
"si tu es un peu entrainé avec la course de côtes, tu seras prêt pour un bon temps !! (pour qq réferences : mon 1er marathon en oct en 3h48 et un trail de 26kms il y aura 2 semaines dimanche en 2h32)"
Il fallait noter l'importance de "entrainé avec la course de côtes"... J'ai longuement médité ces paroles alors que je finissais d'achever la montée du Serre Plumé en soufflant et en rampant, tel le lombric achevant l'incroyable traversée de l'A6 par une chaude journée du mois d'aout. Sur cette course, il y a clairement deux aspects à prendre en compte : la distance, et le relief. Il faut y consacrer à peu près autant d'énergie et de réserves. A courir trop vite sur le plat on s'use pour la cote et surtout, à trop forcer dans la cote on s'use pour le plat...
**** le materiel ****
Avant le départ, nos préoccupations étaient à mille lieues du coeur du sujet, on se demandait plutôt s'il fallait mettre le short ou le fuseau? le maillot long ou court? est-ce que je prends le KWay dans le sac?...
Je pense que parmi l'ensemble du peloton, je devais avoir un des sacs les plus garnis avec :
* mon litre et demi d'eau,
* ma courverture de survie et mon sifflet (obligatoires),
* la carte du parcours (c'est quand meme plus prudent)
* mais aussi mes barres,
* mon KWAy (inutile),
* un maillot manches longues (inutile),
* mon appareil photo (inutilisé, mais c'est dommage),
* mon telephone portable (si jamais un copain veut me proposer un ciné, on ne sait jamais hein?)
Ca fait bizarre quand on a ça sur le dos, et qu'on voit passer des gens avec rien, mais rien hormis deux petites fioles à la ceinture. Comme gazelle81 par exemple, qui sans en avoir l'air nous litéralement déposé dans la montée du Serre Plumé! J'en suis toujours admiratif.
**** le trail ****
8h30 : les fauves sont lachés!
On n'est pas nombreux, à peine 300. Alors on ne se marche pas sur les pieds, c'est pas la cohue qu'on a sur les marathons de Paris et autres Blockbusters internationaux. Qu'est ce que ça fait du bien d'avoir la place de courir!
Mais vite il faut se mettre en ordre avant à la première montée. Le chemin est raide, on ne passer qu'à un de front, pour doubler ou etre doublé, faut se serrer dans les buissons.
Après les premières prairies et les deux premières cotes, le peloton de coureur est bien étiré, on peut à présent gérer sa course et le terrain chacun à son rythme.
La solitude relative qu'on a par moment est une de richesses de ce genre de courses. Mais dont la contrepartie est une relative vigilance pour ne pas se tromper de chemin. Car on n'a pas toujours dans le colimateur un coureur à suivre pour nous indiquer le chemin. Ca nous est arrivé de nous planter et de nous faire rappeler par des coureurs derrière nous, ça nous est arrivé de rappeler des coureurs devant nous qui se sont plantés, et on a même vu des concurents rater le podium pour un aiguillage raté!
Encore heureux que ce ne soit pas de la CO!
Dans cet univers de boue, de prairies, de branchages et de cailloux, on n'a pas les panneaux du bord de course qui indiquent leskm parcourus. Les repères se font plus rares.
Il faut avoir à l'esprit que la course se fait en 3 dimensions, et c'est très important de bien mémoriser le profil de l'epreuve : pour anticiper les coups de cul, savoir à quel endroit on est et quelle difficultés restent à franchir pour mieux gérer son effort.
A ce petit jeu là, j'ai pas été bon: je m'attendais à trouver une descente alors qu'il n'y avait que de la cote, je pensais que le point d'eau bien plus proche de la mi course alors qu'il était quasiment à la fin, et donc comme je ne le voyais pas arriver j'imaginais que la distance restante était d'autant plus longue... Bref, on peut le dire : j'ai été un peu faible au mental.
Parmi les rares repères de la courses, en plus des sommets, il y en a un qui était absolument fabuleux : c'était le ravito caché dans le foret!
On ne le voit pas venir, mais on entend petit à petit en s'en rapprochant un bruit enfler à travers les tunnels de verdure qu'on emprunte, et guidé par ce bruit, on avance jusqu'à découvrir la fanfare installé à côté du ravito!
Passé le ravito, les chemins se séparent. A noter que le choix est toujours possible de continuer soit sur le 28km soit sur le 58km. Perso, la question ne s'est pas posée longtemps, et la suite du programme m'a prouvé que mon choix était le bon.
Dès la bifurcation, on entame la longue ascension du Serre Plumé. Petit à petit on voit venir de derrière la deuxième féminine, ultra légère avec ses deux micro fioles à la ceinture, et au taquet. A relancer sur le moindre faux plat, a marche soutenue dans les cotes plus raides... Bref, on l'a vu filer comme elle était arrivée, petit à petit, et on ne l'a revue qu'après la ligne d'arriver. Il s'agit rien moins que de notre kikou gazelle81!
Devant tant de splendeurs (je parle du paysage, et pas de notre gazelle, envers qui je ne me permettrai pas tant de familiarité ;) ), et la difficulté de l'ascension que j'ai finie en laissant passer une quinzaine de coureurs, en marchant, avec la tête qui cognait, avec un bon début de fringale, il m'a semblé fort à propos de stoppper non élan (qui n'en était plus) et de profiter de la crête et de l'amorce de la descente pour admirer le paysage, marcher, manger mes barres et souffler.
Antoine, avec qui on se motivait réciproquement depuis le départ, à réussi quant à lui à relancer une fois arrivé au sommet et est à son tour parti devant. Du coup je me suis dit, "Tant pis, si je finis en 4h en marchant c'est pas grave, de toute manière j'veux juste aller au bout".
Puis la gravité aidant, j'ai pu reprendre un peu de rythme dans la descente, jusqu'à courir franchement, en m'accrochant aux arbres pour prendre les virages, en ne controlant que les appuis pour ne pas me peter les chevilles... C'était un peu risqué peut etre, mais qu'est-ce que c'était sympa!
J'ai pu recroiser deux trois coureurs qui m'avait eux memes doublé dans la montée. Et arrivé au bas de cette belle descente, je retrouve Antoine qui m'a attendu 3-4min au point d'eau, et qui s'est fait une pause pruneau en chemin.
Revoila ma mobylette qui m'a tiré sur la montée et à laquelle je compte m'accrocher pour filer vers La Chapelle en Vercors! Malheureusement, la mobylette n'a plus beaucoup de jus, et ne parvient pas à garder le rythme. Je prends le relais en me calant sur la féminine qui nous précède (la troisième féminine, elle a du nous passer dans la montée, mais je ne voyais rien à ce moment là, à part mes chaussures). Sacré Françoise!
Elle lache rien elle non plus. Elle relance encore et toujours, meme à bout, sur le moindre petit bout de plat.
Je pensais l'accompagner jusqu'à l'arrivée pour l'encourager, mais c'est au moins autant le contraire qui s'est produit. Parce que sans elle, j'aurais certainement abdiqué à quelques kilomètres du but!
On passe grandes lignes droites à travers champs, des bosses, et des bosses, sans jamais apercevoir la chapelle. Mais tant bien que mal, on atteint finalement le but! La chapelle en Vercors surgit presque au détour d'un virage, et heureusement que c'est pas grand, on est quasiment aussitôt à l'arrivée!
Youhou!! On bombe le torse, on accélère le pas comme on peut et on fait les fier pour ces derniers metres et clac! Fini!!
**** l'epilogue ****
Le repas d'après course dans la salle polyvalente, c'était un vrai régal. C'était peut etre pas Ducasse, mais ça fait vraiment plaisir (surtout avec la bouteille de rosé) et c'est sympa de manger tous ensemble!
En plus on a le temps de voir arriver les deux premiers du 58km. C'est des athlètes, c'est impressionnant! D'autant plus qu'avec la fatigue et la douleur au genou que je ressens, je peut d'autant mieux mesurer leur performance!
Je reste certes un peu frustré d'avoir du marcher dans les cotes, mais surtout d'avoir été autant épuisé pour ne plus pouvoir relancer sur les faux plats!
Mais je suis extrêmement content de l'expérience. Malgré un manque de préparation évident, je finis pas en si mauvais état. J'ai profité d'un superbe week end, et les sensations en course incitent toutes à recommencer dès que possible, avec de l'entrainement cette fois ci!
Félicitations aussi aux autres coureurs, et en particulier aux féminines : gazelle81 (2eme SEF) et Françoise (1ere VEF) :
ps: Merci aussi à tous les papa et les mamans qui participent à la course. Car on profite aussi, nous autres, des encouragements de leurs ptiots, et ça fait rudement plaisir. "Allez Monsieur!"
2 commentaires
Commentaire de philkikou posté le 04-06-2008 à 21:39:00
Bienvenue dans les trails...je suis sur, vu ton récit que tu vas apprendre et apprécier très vite !!!
marcher dans les montées, ca surprend au début, mais après on s'y fait (aussi efficace que la course quand c'est "pentu".
Bravo pour ta course et ton récit plein d'humour !
Commentaire de gazelle81 posté le 04-11-2008 à 21:03:00
Je découvre ton récit ce soir seulement, en voyant les photos que tu as mis dans l'album commun !
Merci pour ce joli récit qui m'a fait revivre cette beau trail avec le sourire, et ces clins d'oeil à mon égard... ce n'est que ma 1ere saison de trail, je ne pense pas que mes conseils étaient à prendre à la lettre ;)
C'est vrai que vous aviez la papate à l'arrivée, après avoir partagé cette aventure ! c'était chouette a voir !
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