Récit de la course : Le Tour du Plateau d'Emparis 2003, par Mathias
L'auteur : Mathias
La course : Le Tour du Plateau d'Emparis
Date : 24/8/2003
Lieu : La Grave (Hautes-Alpes)
Affichage : 4113 vues
Distance : 21.1km
Matos : Mini bidon
Objectif : Battre un record
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Le récit
Chaque année depuis que je me suis mis à la course à pied (soit 3 ou 4 ans),
je vais au Chazelet pour le tour du plateau d'Emparis, un trail de 21kms et 800m de D+,
en altitude et dans un cadre fantastique, avec le magnifique paysage de La Meije en
tableau de fond...
Ce trail est organisé par des amis.
Du coup, cette année aussi je me rends au Chazelet, malgré ma participation à
Embrun une semaine avant. J'ai complètement coupé depuis Embrun, mis à part
un petit trot de 30 minutes dans la semaine, pour voir si la machine fonctionne encore...
mais je n'ai pas de courbature, pas de bobo. Juste une grande fatigue...
J'arrive donc au Chazelet le samedi soir, avec l'idée de courir, au minimum
sur le 10 kms. Enfin, quand je dis 'courir', je pense plutôt à 'trottiner'.
On me regarde de travers quand je parle de courir demain, mais je ne trouve pas
cette idée farfelue. Tant qu'on y va mollo...
Je me décide finalement pour le 21 kms : on verra bien !
Les années précédentes, j'ai couru en 2h00, 1h58 et 2h14.
Le dimanche, on mange une bonne pasta vers 11h30 (le départ est à 15h).
Et qui voit-on arriver ? L'Toro avec sa dulcinée et son bérêt.
Ils sont partis pour courir sur le 10, tranquillement, tous les deux.
A 15h, le départ est donné. Le temps est splendide. J'ai préféré prendre une casquette,
et une ceinture porte-bidon avec un petit bidon de 200ml. Il y a 3 ravitos sur le
parcours. Je me souviens trop bien d'il y a 2 ans, je m'étais déshydraté, avais très mal
terminé, et étais resté couché jusqu'au lendemain matin sans pouvoir bouger...
Pan !!!
Je pars dans le peloton. J'ai décidé de partir vite et voir ce qui se passe.
Après 200m de descente, ça commence à monter, sur un chemin large.
Au taquet, je remonte peu à peu le peloton, et au bout de quelques minutes, je retrouve le groupe de tête.
Je m'accroche ainsi durant 2-3 kms à ce groupe, en 8 ou 9ème position (sur 70-80 inscrits).
Je pense que ça n'est pas parti très vite en tête de course...
Au km 4 en 19'05'', le coeur est à 182 de moyenne, ce qui est beaucoup trop.
Je relâche donc un peu. Je papote avec un coureur du 10kms (la séparation
se fait au 5ème km), qui me détaille son palmarès et ses 82 de VO2max.
Puis on a droit à une petit descente, on quitte les coureurs du 10, et je me retrouve
en 7 ou 8ème position de ceux qui restent.
Au km 5 en 23'25'', on arrive au 1er ravito. J'ai bu la moitié seulement de mon petit bidon.
Je ne 'perds' pas de temps à le remplir, et me contente d'un gobelet de sirop et d'un autre
d'eau, dont la moitié me sert à me rafraîchir la nuque.
Ca commence à monter, et le 7ème km est couru en 6 min.
Au km 7 en 33'48'' (et 270m de D+), on arrive à la 'vraie' partie trail.
On traverse une rivière, et on entame la vraie montée, par un petit sentier qui monte très raide droit
dans la pente. Oh hisse, on se sert des bras pour appuyer sur les cuisses...
Les gentils zorganisateurs nous préviennent : 1,4kms à 16% !
Ouf ! 2 kms en plus de 9 min chacun, et 270m de D+ plus tard, on arrive en haut de la côte, sur le plateau
d'Emparis (km 9 en 51'59''). J'ai perdu 2-3 places dans la montée, sans chercher à m'accrocher. Je vais
trop vite, je vais exploser...
Je me sens complètement séché par l'effort que je viens de fournir, à 180 BPM de moyenne.
Je me sens faible. Est-ce l'altitude ? On est à 2100m tout de même...
Et je dois fournir un gros effort pour relancer sur le plat et les enchaînements de
montée/descente du plateau. Il faut faire attention où on met les pieds, le sentier est très
étroit.
Je fais un gros effort pour recoller un coureur et essayer de me protéger
du vent. Raté, je le dépasse assez rapidement.
Cette partie de la course est vraiment sympa, on court sur le plateau, parmi les moutons...
Au km 11 en 1h00'10'', on arrive au 2ème ravito, à Rif-Tort, qui tombe très très bien. Je suis bien déshydraté,
je bois 2 gobelet, me rafraîchit un peu la tête, et remplit mon petit bidon (vide).
Je ne mange rien, le rythme est trop élevé pour que je puisse avaler du solide.
Le changement de direction pour revenir sur Le Chazelet, nous offre le spectacle impressionant de la
Meije et de ses glaciers. Fantastique. Beau. Mais il faut tout de même faire attention où tu
mets les pieds, banane !
Encore 2,5kms de presque-plat (km 13 en 1h09'20'' et 555m de D+ depuis le début), et ça remonte.
Je fais l'effort et je relance sans cesse. Je me motive comme je peux en essayant de tenir les coureurs
devant moi. Grosso modo, je tiens ma place.
Alerte, un échauffement commence à me faire souffir, sur un doigt de pied. Rien à faire... j'essaie
de crisper les pieds pour éviter que ça ne frotte, mais ça ne marche pas. J'essaie d'oublier la
douleur, et me concentre sur mes descentes... à fond !
Je suis 10ème, mais à force de bourriner dans les descentes, je finis par rejoindre les 2 coureurs devant moi. J'en double un, mais en côte ce n'est pas la meme histoire, et je n'arrive pas à approcher l'autre...
Presque 2kms de montée assez rude, km 15 en 1h21'23'', et on arrive au point culminant de la course,
le Col Souchet, peu après le km 15 : 1h25'00'' et 760m de D+ depuis le début.
C'est aussi le dernier ravito. Je prends un gobelet à la volée : il ne reste plus que de la descente,
j'ai mal à mon échauffement (on peut dire brulure), et je vais tous les pourrir dans la descente !
km 16 en 1h31'14'' : je sais maintenant que je vais exploser mon meilleur temps, même si la descente est
dangereuse et qu'on ne peut pas vraiment se lâcher.
Encore une lichette de faux plat pour briser la 'monotonie' de la descente, et peu avant le km 17 en 1h36'08'',
on arrive en surplomb de la descente en lacet, avec Le Chazelet tout en bas.
J'aperçois le 7ème à 100m. Je descends beaucoup plus vite que lui, et le double rapidement.
Je sais que je ne ferai pas le poids sur la fin, car on termine par 300m de côte à 15% dans les rues
du Chazelet. Habituellement, après une descente à fond la caisse, je suis pris de crampes dans cette
côte.
Je donne tout ce que j'ai dans la descente, en oubliant ma brulure. Non, ça ne fait pas mal.
Penser à autre chose...
Exactement comme il y a 2 ans, j'ai dévalé ces 460m de dénivelé en 13 minutes.
Le km 20 est passé en 1h48'45''. Je pense que je suis plutôt au km 20,7, d'ailleurs. Bizarre.
Le 300m le plus difficile de la course : rahhh qu'ils sont difficiles ces 50m de D+ !
En assant le fameux 'petit pont de bois', je me retourne : mon poursuivant est loin, je ne le vois pas,
peut être à 300m dans la descente. Est-ce que ça va suffir ? Non pas que je fasse une grande différence
entre terminer 8è ou 9è, mais c'est mon petit jeu à moi, en cette fin de course.
Je me rends compte dès les 1ers mètres, que je vais vraiment en baver : je suis cloué au sol, j'ai
jeté mes dernières forces dans la descente, et maintenant, je n'ai plus de jus. Plus rien, vidé.
Je passe le panneau '100m' au ralenti, mais non, je ne marcherai pas.
Un spectateur m'encourage à ne pas me faire doubler, vite, il te rattrape, allez quoi, plus que
100m, bouges toi !!!
Il est marrant lui, j'aimerai bien l'y voir !
Et voilà, je me fait doubler par un avion : je suis absolument incapable de sprinter.
Du moins en ai-je l'impression...
Et je franchis la ligne d'arrivée 10 sec après l'avion, en 1h52'13'', pour 21,1kms et 825m de D+.
3'30'' pour monter les derniers 50m de D+ !!!
Je termine en très bon état : après avoir récupéré 30 sec, je vais boire un verre d'eau. Je tiens
sur mes jambes, pas de problème. Cardio à 178 de moyenne, c'est très haut pour moi, mais ça va,
j'ai bien encaissé.
Du coup, je m'interroge : pourquoi ai-je été incapable d'en remettre une couche sur les 100 derniers
mètres ? Etais-je vraiment mort à ce moment là, ou bien la lassitude psychologique qui suit l'IronMan
a-t-elle joué ? Je ne sais pas.
Je termine 9è, à 18 min de Ludovic Pelle, qui exploce le record de l'épreuve détenu par Thierry Icart.
Je rejoins la table de chrono, où ma copine est chargée de prendre les temps : non, non, elle ne m'a
pas enlevé des secondes ;-)
J'attends l'arrivée du Toro, qui a promis de terminer dernier du 10kms.
Promesse tenue !
Il est acclamé par la foule : MONSIEUR L'Toro arrive avec son sac à dos rempli des pancartes de
balisage du 10kms ! Mouarf, sacré lui ;-)
Vous trouverez d'ailleurs cette photo (plus quelques autres), temporairement, sur http://mathias.en.finlande.free.fr/tmp/
L'Boeuf
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