Je suis venu :

• Comme d'autres personnages habillés d'un coupe vent rouge, ou d'un gilet jaune à bande réfléchissantes ; baptisés couramment bénévoles,
• Comme d'autres, personnages aux tenues bigarrées, chaussures au pieds, poche à eau bien ajustée sur le dos et la prévision d'une belle journée en tête ; baptisés couramment de trailleurs et trailleuses*.

 J'ai vue :

• Toutes les fourmis rouges s'activer de droite et de gauche, tout comme les trailleurs et trailleuses mais chacun à sa façon,
• Des centaines de voitures se garer comme on leur demandait pour ne pas trop perturber la circulation dans le village (du moins pour 95% d'entre elles, merci quand même à 100%),
• 1000 coureurs ne laissant tomber pratiquement aucun emballage de nourriture sur les sentiers qu'ils empruntaient. En témoignent les dizaines de sac poubelles ramenées des ravitos au point de départ (merci à 100%),
• Des sportifs, sportives heureux de suivre des chemins qu'ils n'auraient pas empruntés si on ne les avaient pas emmenés sur ce parcours de rêve** et de profiter de multiples paysages (** version officielle et/ou édulcorée),
• Des Kikoureurs camouflés en UFO, des UFO camouflés en Kikoureurs, des Kikoureurs camouflés en bénévoles, des coureurs pas camouflés du tout, tous s'activant ou trottinant à leur rythme,
• Et bien d'autres choses encore.

 
J'ai vaincu :

• Le froid, l'humidité, la boue, les ruisseaux, la grêle et même pour certain la neige,
• De multiples "petites bosses", dont la particularité extrême est que la dernière est toujours l'avant dernière,
• Le fait que ce parcours est trop long, trop court, pas suffisamment roulant, trop plat par moment, trop ceci et pas assez cela,
• Ce parcours en terminant "dans un fauteuil", ou pour d'autres dans "un fauteuil sans accoudoirs". A vrai dire quelques fois en terminant aussi dans "un fauteuil un peu branlant" mais en terminant quand même,
• Et bien d'autres choses encore.

En réalité, je suis venu, j'ai vue, j'ai vaincu… j'ai gagné

J'ai gagné :

• De terminer cette journée, que je sois un personnage en coupe vent rouge ou en tenue bigarrée, fatigué et de bonne humeur pour toute la semaine,
• Le fait de courir à une allure plus lente que je ne souhaitais, et de pouvoir discuter avec les suiveurs débaliseurs, et de quand même continuer à avancer,
• Le plaisir d'être persévérant mais raisonnable***, et de couper la boucle de Maincourt ou de me faire rapatrier pour ne pas mettre tout le monde à la peine (*** malgré la bonne préparation physique et matérielle que j'avais faite),
• Une journée vraiment pas comme les autres, avec purée saucisses et choupe chaude,
• Que ce trail est "trop…"  et qu'il faudra revenir l'année prochaine,
• Des centaines de bonjour, salut, s'il te plais, merci, @+…
• Et bien d'autres choses encore.

 
Moi, l'arbre de la forêt d'Auffargis j'ai effectivement vue tout cela et c'est bien agréable. A tel point que lorsque j'ai tout raconté dans le détail à mon copain le rhododindron du jardin il en a passé une nuit blanche !

 
* quand les termes trailleurs, coureurs ou formulations similaires sont employés seulement au masculin on voudra bien y associer systématiquement la formulation féminine.