Récit de la course : Semi-Marathon Paavo Nurmi 2003, par Mathias
L'auteur : Mathias
La course : Semi-Marathon Paavo Nurmi
Date : 29/6/2003
Lieu : Turku (Finlande)
Affichage : 2338 vues
Distance : 21.1km
Objectif : Battre un record
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Le récit
Yo l'zoo,
Ben, avec votre folie des grandeurs, Chavagnes, Mercantour, maintenant Grand Duc et bientôt UTMB !, ça fait longtemps qu'on n'a pas vu passer un CR de (petit) semi !
Turku
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J'ai voulu faire un peu de tourisme ce WE. Au choix, 2 villes à 1 ou 2h de train d'Helsinki. Mmmmm laquelle choisir ? Tiens, y'a de la CàP à Turku ? Noooonnn ? 10, semi, marathon ?
Allez zou, c'est décidé, direction Turku, à 170 kms à l'Ouest d'Helsinki.
Je me pointe à Turku avec mon vélo le samedi. Après un peu de tourisme, mon vélo me permet de reconnaître
un peu le parcours. Oups, je la sens mal, la côte du 19ème kilo...
Je crois que c'est la 1ère fois que je fais ça avant une course. J'ai du temps pour me préparer, et gamberger. J'ai l'impression de préparer la course sérieusement, j'ai pas l'habitude ;-)
Alors, 10, 21 ou 42 ?
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En me promenant en vélo, j'ai un mauvais feeling. J'ai les jambes lourdes. J'ai peu être un peu forcé l'entraînement, ces dernières semaines. 28h de sport ces 2 dernières semaines, dont 7 CO. Même en montant les escaliers, ça me flingue les cuisses. Je me sens lourd. Ca ne présage rien de bon...
C'est décidé, un 10 sera bien suffisant.
Mais le matin, à l'inscription, je me rends compte que le 10 kms est un 8,860, alors que le semi et le marathon sont mesurés. Je change mon fusil d'épaule. Allez, va pour le semi. J'ai un peu de mal à avaler la pilule du prix : 46 euros !!! Je cours 2 courses sur route par an, pour pouvoir "m'étalonner" de temps en temps, alors c'est pas pour faire un 8,86kms. Par contre, je sens pas le marathon.
Objectif : battre mon record (1h29'34). Après mes 3h25 au marathon de la Drôme avec 800m de D+, et mon entraînement de ce dernier mois, je serais déçu de ne pas passer sous les 1h30. Après, c'est l'inconnu le plus total... J'ose rêver à 1h25, bien que à mon niveau ça semble complètement extraterrestre.
J'oscille donc entre 2 sensations : je suis naze, pas dans de bonnes conditions, le parcours est valonné, et je vais m'écrouler en 1h40. Ou alors, j'ai une caisse d'enfer, je suis pas si fatigué que ça, le parcours est presque plat, il fait 12 degrés c'est idéal, je vais exploser mon score en 1h25.
Plan : partir comme pour un dix, et voir si ça tient. Je n'ai absolument aucune idée de comment courir un semi à 4 min au kilo... Si je m'écroule, tant pis, je finirais en essayant de profiter au max.
Je me prépare : en plus de la reconnaissance d'hier, je repère les difficultés du parcours. Je me prépare une petite grille de temps de passage... J'ai fait un ptit déj finlandais : saussisses, jambon, fromage, céréales, lait, café, jus de fruit. Mais le départ est à 13h. Pas le temps de faire un vrai repas. Je mange donc une barre maxim et m'enfile une dose de poudre (750ml). Rahhh ça va mieux.
Pan !
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A 13h00'02'' (sont précis les finlandais), le départ du marathon "Paavo Nurmi" (le finlandais volant, est-ce que les anciens se souviennent ? ;-). Les quelques 1 800 concurrents du semi et du marathon s'élancent en même temps. Ca part vite, sur la piste cyclable qui longe la rivière Aurajoki.
On double Paavo Nurmi en personne, statufié en plein effort au bord de la rivière. J'en profite pour lui adresser une prière ;-) (comme la plupart des autres coureurs, je présume : Nurmi est natif de Turku, il y est vénéré).
Je suis parti assez vite. Déjà, je sens que les jambes vont mieux que ce que je supposais hier. Je sais que le tps du 1er kilo va me donner beaucoup d'infos. Comme je suis parti un peu au taquet, j'espère que le chrono me dira "trop vite". Comme ça je pourrais ralentir ;-)
3'55 : c'est bon j'ai compris, je ne tiendrais pas. Habituellement quand je commence comme ça, je continue en 4'20. Ok, j'ai une autre idée : je vais tenter de passer sous les 40 min sur 10kms. Amusons nous ;-)
2ème kilo en 3'48, oulala trop vite. Je suis au taquet. Mollo. Je ralentis sensiblement l'allure.
3ème kilo en 4'06.
On court toujours sur le plat, mis à part un pont. Long passage sur le port, agréable côté Marina, pas franchement rigolo côté industriel.
Puis on arrive dans le parc de Ruissalo. J'ai étudié le parcours, je sais que ça va être valonné à l'aller, et tout plat au retour. Adieu les 4 min/kilo ?
Chaud !
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Je me fais doubler par un gars avec le maillot de Pelé. Il m'a l'air en forme, je vais essayer de suivre. Arg ça fait mal aux cuisses d'accélérer. Et puis il se passe un truc bizarre. Je suis bien. C'est un peu comme si un moteur venait de se mettre en marche. C'est plus facile. j'ai déjà eu cette sensation. Je sens que je suis au taquet, mais ce n'est pas dur. Ca roule...
ravito : 1 gorgée d'eau.
kms 4 et 5 en 3'51 et 3'49. Yaou ! 19'31, je n'ai jamais été aussi rapide sur un 5kms !
Au cardio, je suis à 170. Je sais que je peux tenir un semi à ce rythme. Je me prends à rêver, sans trop y croire. Je suis trop rapide, je ne peux pas tenir.
Je lâche Pelé, et m'abrite derrière un "nokia roadrunner", qui a l'air très facile. Régulier. Un bon pacemaker.
kms suivants : 3'51, 4'02, 3'52, 3'46, 3'55. Ce n'est pas très régulier, mais ça dépend surtout du terrain. Car au cardio, je suis très régulier : entre 170 et 172. Décidemment, mon "nokia roadrunner" est vraiment bien tombé !
ravito : encore 1 gorgée d'eau. Il y a du maxim, mais j'ai l'estomac un peu en vrac, et je le sens pas le maxim.
Je passe le 10 en 39 min tout rond. J'ai de la peine à y croire. Mon record était à 40 min 13... Je consulte mon petit papier, et je vois que je suis dans les temps de 1h22. Incroyable.
J'attends le coup de bambou d'une minute à l'autre. J'ai toujours fini mes semi un peu en travers, mais là je me dis que ça va être méchant. Et puis non, rien ne vient. Je me sens même bien. Je ne vois pas passer les kilo, ça avance tout seul.
Chemins
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Ca se corse un peu sur le chemin du retour : on a retrouvé le plat, mais la vitesse reste la même. La fatigue, ou peut être le fait qu'on soit maintenant sur un chemin gravilloné ? C'est plus agréable, mais la foulée est moins efficace.
kms suivants en 3'54, 3'49, 3'54, 3'57, 3'52. km 15 en 58'28.
Ravito : 1 gorgée d'eau. Je commence à avoir chaud, et je m'asperge un peu. Nouveau pour moi : il y a des douches après le ravito. C'est plus efficace qu'un épongeage ! Mais je n'ai pas chaud à ce point.
Je suis sur un petit nuage. Un peu trop peut être. En me disant que je fais une grosse bourde, je double "nokia road runner" avant de revenir sur le port. Pourtant, je sais que je vais prendre le vent. Mais je me sens invincible...
Je fais 2-3 kms comme ça, avant de me ranger et de reprendre sa roue.
km 16 : 3'56.
Je suis toujours bien. Maintenant, je sais que je vais faire un bon temps, même si je m'écroule. Je m'efforce de ne pas y penser, il me reste 5kms à couvrir.
Je suis en super forme, mis à part l'estomac qui remue, et des petites douleurs, comme des courbatures, sur le dessus de la cuisse droite et sous la cuisse gauche. Etrange... je crois que ça a commencé comme ça, mon calvaire du marathon de Lyon...
km 17 : 3'57. On est revenu en centre ville, on longe la rivère de tout à l'heure. Il y a plein de spectateurs. Ca me conforte sur mon petit nuage...
Tenir !
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km 18 : 3'57. Mon pacemaker est très efficace...
km19 : 3'48. Je vais finir. Je ne réalise pas. C'est fou. Je fais mes petits calculs, je suis dans le tps de 1h22, mais avec la montée du 19è, ça pourrait faire 1h23. C'est dingue...
Ayé, voici la petite côte tant redoutée. Aïe. Ma locomotive ne ralentit pas, et produit son effort pour conserver une bonne vitesse. Je me laisse décrocher de 10 m. C'est curieux : je n'ai pas l'impression de souffrir. Pas comme d'habitude en tout cas : je n'ai pas mal, je ne grimace pas, je n'ai pas l'impression d'être complètement vidé... Mais je sens que je ne peux pas aller plus vite. Curieux.
Je me force un bon coup, pour ratrapper mon "ballon des 1h23".
Je dois tenir. Mon image mentale à moi, à ce moment là : c'est peut être la seule et unique fois de ma vie que je peux réussir une telle perf'. J'ai la chance d'être en forme et de pouvoir m'entraîner correctement. Il suffirait de qques problèmes, de santé ou de boulot, pour ne plus pouvoir courir comme ça. Je ne peux pas me ménager alors que j'ai une telle chance.
km 20 en 4'02 malgré la côte. Aïe, ça m'a séché. Je me laisse distancer. Je ne suis pas si mal, mais j'ai l'estomac qui refuse de continuer à cette vitesse, et qui menace de renvoyer les saussisses de ce matin. Ca me plait moyen, j'obtempère.
Arrivée
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On arrive sur le stade "Paavo NUrmi". Toujours cette ambiance formidable de l'arrivée. Des gens partout. Je remonte sur mon petit nuage. Je venais de me faire doubler, 300m avant la ligne. Je pousse une accélération, ça avance tout seul. Je suis porté par le public (qui, si ça se trouve, applaudit le copain marcel qui termine son 10 kms, mais je ne peux pas le savoir ;-), et je suis aussi porté par le chrono. J'en reviens toujours pas. Je dépose proprement le gars qui venait de me doubler, et termine en sprint.
1h22'29sec.
Bilan
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Je n'ai pas l'impression d'être fatigué. C'est cool d'être entraîné ;-)
J'ai l'impression d'être sur une autre planète. J'ai beau ne pas sentir trop la fatigue, j'ai bien forcé sur la fin, en fait, et je ne suis pas très lucide.
C'est bizarre, encore une fois : je suis super content de mon temps, j'en reviens pas. Mais, paradoxalement, je ne suis pas ému comme j'ai pu l'être à l'arivée d'autres courses à l'arrach'. Etant donné que je pulvérise mon record, pour moi 1h25 ou 1h22 c'est pareil.
Je suis aussi content de la régularité de ma course : les temps au kilo varient de 3'46 à 4'06, mais le cardio est très régulier : entre 169 et 173 à partir du 4ème kilo. Je n'ai pas eu de réelle baisse de régime.
Le ravito s'est aussi bien passé. Une gorgée d'eau tous les 5kms, par 12-14 degrés, c'est largement suffisant. Par contre, mal de bide sur la fin. Ca vient peut être des saussisses du matin, ou bien du maxim ingurgité avant la course?
Je vais me faire masser les cuisses, je suis un peu déçu de ne pas avoir de repas à l'arrivée étant donné le prix de l'inscription :-(, et je fais même des étirements. Si si.
Je pense que je ne referais pas de course sur route d'ici quelques mois. Mais c'était bon. La prochaine fois que je m'inscrirais à un semi, ce sera pour faire moins de 1h20. Donc, peut être pas d'ici qques années... C'est l'inconvénient des courses sur route : pour moi, ça perd un peu de l'intérêt si on n'a pas un record à faire tomber. Ou alors il faut faire des courses de village, un peu originales, ou des ultra. Ou des trails, bien sûr. Enfin, une course où il se passe quelque chose de nouveau...
En attendant, ce résultat renforce encore ma motivation et mon mental en vue d'Embrun. Merci, cher M. Paavo Nurmi.
Je vais tous les pourrir !!!
L'Boeuf
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