Récit de la course : Championnat du monde de 24 heures 2004, par Papy
Le récit
Bonjour,
Je l'ai fait... Ca y est...
J'ai accompagné la Bibi aux Trophée Européen et Mondial des 24h de course à pied...
Le bilan qualitatif en résultat est extraordinaire pour l'équipe de France.
Mon bilan personnel est plus en demi teinte.
On m'avait prévenu qu'être sélectionné ce n'était pas facile à vivre, que l'environnement n'était pas des plus hospitalier, mais j'ai toujours pensé que mes interlocuteurs exageraient. Qu'il suffirait de quelques échanges pour aplanir les différents pouvant exister...
J'espérais qu'il y ait cause commune...
Je me trompais...
J'ai été dépassé par les évènements... Tout s'est enchainé comme si je n'avais aucune action sur le déroulement de la dramatique, comme si j'étais transparent.
Heureusement cela n'a eu aucune influence sur le résultat, au contraire, ceux ci furent excellents.
La cohésion des garçons leur ont permis de d'avoir de beaux succès, et tous peuvent être associés à la récolte des lauriers. Pour les filles, ce fut surtout leur courage qui leur a permis d'avoir un accessit au niveau européen.
Mais comment cela s'est déroulé ?
Vendredi 22 Octobre 2004
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Que de problèmes se sont abattus sur nous depuis que nous savons que Bibi est sélectionnée pour ce trophée mondial et européen de BRNO. Il était prévu que nous soyons cinq à encadrer, les cinq même de Brive, Les "Claudes et Loulous" et moi même...
Malheureusement des soucis divers et variés empéchèrent mes vaillants acolytes d'être présent et c'est le Shadock, trouvant des solutions pour garder ses enfants, qui m'accompagnera.
Les recherches de logements paraissent difficile et le club d'Auxerre m'avoue ne pas avoir trouvé de chambre à un prix raisonnable. A moins de 3 semaines de l'échéance, la chance vient s'assoir à coté de moi. Elle me rappella les contacts "usenet"(*) avec le PAM, sur fr.rec.sport.football...
Celui ci, fervent supporter Sochalien avait des réparties très intéressantes et j'ai jonglé souvent avec lui sur des supporter parisiens. Je le croyais informaticien (sic)... L'intérêt pour nous ???
Il se trouve que le PAM était déjà, en 1998, résidant Tchèque, maitrisant la difficile langue du pays...
Fébrilement je tente d'envoyer des messages par différentes adresses connues (vrai ou fausse) pour finalement avoir une réponse. La chance étant toujours assise à coté de nous, il accepta de s'occuper de notre cas et trouva une chambre... Dans l'hotel de l'équipe de France !
Nous voilà rassuré et, après avoir pris contact avec Yves Jehanno mari de l'athlète Véronique, fait les 1100kms de route, nous voilà à BRNO.
L'architecture tchèque rappelle bien son passé communiste. Peu de pavillon, pratiquement pas d'immeuble à 2 ou 3 étages, par contre, moults cités immenses qui rappelle quelques coins de banlieue parisienne ou lyonnaise.
C'est d'ailleurs au milieu de l'une de celle ci, Vinohrady, au sommet d'une colline que le 24h va avoir lieu. Peu avant 18h nous arrivons dans ce quartier de BRNO.
Un coup d'oeil circulaire nous fait apercevoir le bus des français, nous nous garons à coté et pénétrons dans la cantine du collège qui accueille la manifestation.
Une atmosphère lourde me saisit de suite. Des problèmes d'organisations semblent pertuber le staff technique et met les coureurs mal à l'aise. Peu à manger, une logistique de "l'a peu près" habituelle en Tchéquie(sic), des voyages en bus sans directive précise, des horaires changeantes, rajoutent un stress supplémentaire...
En fait, il faut être attentif au mouvements de foules pour savoir si le moment de se déplacer est arrivé. Interdiction d'aller aux toilettes sans prévenir les autres, sous peine de se retrouver tout seul à dialoguer en Tchèque pour savoir ou est le groupe.
Mauvaise nouvelle pour nous, notre chambre a été loué par des néo-zélandais !
La même chose se passe pour l'équipe Nantaise venue supporter Dominique Provost.
L'inquiétude devient envahissante...
La foule se déplaçant, nous suivons jusqu'au lieu de la course ou, après une courte cérémonie protocolaire, nous apprenons que le parcours ne fera plus 2250 m, mais peut être 1350 m, voire 400 m si les voitures qui entravent le passage ne sont pas enlevées d'ici au lendemain.
C'est la confusion totale pour les coureurs, mais aussi pour nous car nous n'avons pas de quoi dormir !
Mon ami le PAM, apprenant notre situation, a contacté l'organisateur pour lui expliquer "sa façon de penser". Première solution proposé par celui ci, que les "maris" dorment avec leur femme, l'hotel est d'accord. Mais avant que je ne trouve la solution pour moi, le staff France met son véto. Nous revoilà au point de départ...
Mon ami recontacte "gentiment" l'organisateur qui, O miracle, nous trouve enfin une chambre qui est, cerise sur le gateau, juste à coté de l'équipe de France, magiiiique non ?
Tout ces atermoiements, qui sont loin du sport, et dont j'ai résumé à quelques faits marquants, montrent que les athlètes ne sont pas dans le meilleur état d'esprit. Surtout la Bibi qui, contrairement à Brive, montre des signes d'énervement certains. Je pressens que les échanges seront plus difficile, brouillé par la cacophonie ambiante. A aucun moment nous n'avons pu échanger sur les différentes stratégies à mettre en place.
Nous allons nous coucher, suite au débriefing technique, la nuit portant conseil, on verra bien demain de quoi il retourne...
Samedi 23 Octobre
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A ce point du récit, je vais me permettre un parallèle. Pour moi, le couple coureur de 24h/Ange Gardien (selon les propres termes de la Bibi) se comporte comme le couple Boxeur/Manager. C'est ce dernier qui explique au boxeur la stratégie la meilleure à appliquer (même s'il se trompe) et la direction à prendre, et non le contraire. Bien sur, le boxeur peut n'en faire qu'à sa tête, mais il est rare qu'il réussisse par manque de lucidité évidente ou alors il faut qu'il change de manager !
J'y reviendrais périodiquement dans mon récit...
Au petit déjeuner je retrouve une équipe de France masculine plus détendue, Momo a le sourire, Manu se concentre, Loïc est volubile, La Gazelle plus sereine, Claude concentré a oublié sa bière de la veille, il n'y a que l'Dom qui est inquiet car ses supporter ne trouve pas Vinohrady. Il me faudra plusieurs aller/retour dans le quartier pour les diriger vers notre colline sportive, mon échauffement était fait.
Les filles sont moins en train, Nathalie, comme à son habitude, anime bien la conversation, mais Joëlle et surtout Colette sont soucieuses. Véronique et Bibi semble mieux que la veille, même si le rythme verbale de cette dernière est encore trop rapide.
Nous nous déplaçons sur le lieu de course ou Yves Jehanno nous installe juste en face du Staff France. Après s'être mis d'accord avec Bernard Pelletier sur l'organisation des ravitaillements, je tente de plannifier une stratégie avec Bibi. Impossible d'avoir un échange de plus de quelques minutes, impossible de faire se ressourcer la Bibi, impossible de conceptualiser un quelconque shéma tactique, la tension est trop grande.
A ce moment là, l'inquiétude m'envahit. Je ne maitrise rien et le dialogue n'est pas établi. Je commence à imaginer le funambulisme qu'il va me falloir être pour imaginer les réactions de la Bibi au travers du prisme qu'elle voudra offrir aux autres. Je n'en dis mot, mais je tente de lui faire prendre quelques minutes apaisantes. Peine perdue, je parle dans le vide, emportée qu'elle est par le tourbillon ambiant.
Je tente de me rassurer, essaye de lui rappeler qu'il ne faudrait pas qu'elle parte en plus de 10,5kms/h et commence quelques prières :-)
Je prépare les bidons, tente de me concentrer et... Bibi revient, commente avec moi les actions à faire en cas de coup dur et me sort un nouveau produit, que je n'avais pas prévu, des acides aminées . Autant les "ballons de rugby" de Brive ne pouvaient, au pire, n'être qu'inéfficace, autant la... Je fais valider par Armand, le médecin de l'équipe de France, les différents produits prévus, puis range ce dernier, pensant l'oublier pour la course. Je n'ai même pas bien compris de quoi il s'agissait... :-(
A ce moment là, pour moi, il est clair que la Bibi est seule. Elle est en forme physique, mais surexcité sur le plan mental, n'écoutant personne, impatiente de courir. Il est clair qu'elle va jouer le "ça passe ou ça casse" qu'elle a déjà réalisé avec un certain succès. Que vais je pouvoir faire pour l'aider ?
Tout le monde se prépare au départ, le temps est correct, on tente de se motiver et... C'est parti...
1/ L'euphorie... (0h-8h)
La course est partie et un italien se fait plaisir en faisant un tour en tête, à la manière de Kouros... Il ne sera pas longtemps le premier, devenant rapidement raisonnable. J'attend l'arrivée de Bibi pour évaluer sa perception.
Le test du premier contact sera négatif. La Bibi ne m'écoute pas, marche nerveusement et repart plus vite qu'elle n'est arrivée. Elle même m'expliquera, au bout d'une heure être pertubée et ne pas arriver à rentrer dans la course. Le tourbillon ne s'est pas calmé, il me reste à reprendre mes prières.
Malgré ces grosses inquiétudes, il faut quand même savoir que la Bibi est physiquement au point. La préparation s'est effectué sans anicroche, la pointe de volume effectuée en stage fut bien absorbée et la préparation musculaire optimisée. C'est donc sur un physique de haut niveau que la Bibi s'appuie. Il faudra donc tenter de la faire rentrer dans sa course avant que le physique n'explose. Je la regarde donc tourner et, finalement, c'est moi qui suivrais sa stratégie et non le contraire.
J'ai donc arrété de lui expliquer qu'elle allait trop vite, tenté de garder la stratégie d'alimentation prévue et positiver tous ses tours au maximum.
Nous avons donc passé d'excellents moments durant les premières heures. La Bibi remonta rapidement au classement avec une vitesse supérieure à 11 kms/h. Bien que cela me semblait suicidaire, son sourire semblait exprimer un bien être lorsque les spectateurs l'interpellaient. J'ai même, par bribes, retrouvé des contacts comme avec ceux de Brive.
J'ai cru, un moment, avoir le plaisir de m'être trompé.
Elle passa les 50kms sous la barre des 4h30', toujours avec le sourire pour les spectateurs et reva à un possible accessit final. Il est vrai que nous pouvons faire dire ce que l'on veut au chiffres, mais à ce stade de la compétition, Bibi avait 1km d'avance sur Ehret (qui finit 3ème), parti aussi un peu vite, mais qui ralentira dès la 5ème heure, 2kms sur Inagaki (future championne du monde) et plus de 2kms sur Edit Berces (4ème)...
Alors, je préférais croire que Bibi avait accroché le bon wagon des russes, Eremina (2ème) et Reutovich (6ème), qui caracolaient en tête.
Peu après les 50kms, l'allure déclina un peu, mais pas la position au classement. Celle ci continua de monter pour se stabiliser à la position 3. Le staff et les maris commençaient à s'enflammer car parallèlement à la course en tête de Momo Magroun, les filles, par équipe, talonnaient les russes, avec Bibi et Véronique en 3 et 4...
Bibi joua encore longtemps la sérénité de façade, mais cela commençait déjà à être une bagarre. Autant elle continuait à sourire, autant elle commençait à m'apostropher nerveusement, me demandant même, de décaler le point de ravitaillement (pour être plus tranquille ?), ne permettant plus les changements de dernière minute. J'ai tenté de nié ces soucis, me permettant quelques sprints mémorables pour la soutenir du mieux que j'ai pu, mais au fil du temps la façade s'est lézardé.
Que s'est il passé à ce moment là ? Pourquoi la Bibi s'est enfermé dans sa logique de continuer coute que coute, au lieu de calmer un moment, comme Erhet, et de repartir moins vite mais plus surement ? Le débriefing n'est pas fait, mais la pression énorme qu'elle s'est mise sur elle, combinée à une troisième place de rêve peut expliquer son manque de lucidité et son enfermement. Qui ne l'aurait pas fait à sa place ?
Dans le parallèle fait avec la boxe, je voyais mon boxeur tenter de gagner par KO, se découvrant, à mon gout, beaucoup trop, mais n'intervenais pas avec force, de peur de mettre le doute et souhaitant me tromper dans mon diagnostique.
Durant cette période, chez les filles Joëlle Semur est également partit très vite, mais déclina rapidement, Véronique Jehanno resta avec Bibi, juste derrière après avoir fait les premières heures devant. Quand à Colette Musy et Nathalie Firmin, il apparut rapidement que cela n'allait pas être leur course. Chez les hommes, Momo était toujours avec le peloton de tête, me signalant souvent son bien être par une blague, un clin d'oeil ou un sourire, Manu restait concentré, L'Dom' encore vaillant fidèle à sa tactique de départ rapide, Claude régulier, mais Loïc et La Gazelle grimaçant...
2/ Le doute (8h-16h)
En tout état de cause, la première alerte sérieuse arrive dans la 9ème heure... Tout à l'euphorie de la position, je ne me suis pas rendu compte que la Bibi ne communiquait pas comme à Brive. Au lieu de me décrire ses soucis, ceux sont des demandes multiples et variées d'alimentation en tout genre et l'oubli de la stratégie de base sur la digestion. Comme énoncé ailleurs, lorsqu'un coureur d'ultra commence à agir ainsi, cela dénote l'expression d'une souffrance inavoué, comme le grignotage du sédentaire qui veut calmer une angoisse.
La soupe, également, fit son entrée plus rapidement qu'à Brive...
Je n'y ai pas fait attention, souffrant moi aussi, à ce moment là d'autisme grave.
J'ai bien rappelé, timidement, que cela faisait un moment que les ballons digestifs n'étaient pas sortis, cela fut écarté d'un simple revers de main. J'ai même failli oublier les sporténine spécial Bibi, base de ses courses...
Le chrono, lui fut implacable... Bien que passant les 100kms en 9h28' (peu ou prou), la Bibi pris 1' à chaque tour. La nuit apporta un peu d'apaisement et un sursaut dans la 10ème heure, mais elle se renferma de plus en plus.
Les deux premiers détails qui me montrèrent que je ne m'étais pas rendu compte de l'état réel de la Bibi furent sa demande de ce fameux médicament, décrit précédemment et son besoin d'électrolytes... Ces deux expédients sont, pour moi, a utiliser soit en cas de souci soit dans la seconde partie des 24h pour accompagner les moments difficile.
Si réellement, le besoin d'électrolyte existait, c'est que la Bibi commençait une déshydratation. Or, elle bue correctement jusqu'à la 6ème heure, de l'ordre de 0,5 l/h, mais plus vraiment suffisamment depuis. Par contre, contrairement à ses prévision, elle ne boit quasiment pas de StYorre, n'acceptant que la maltodextrine avec de l'eau pure. On est quand même loin de la déshydratation. Le cola ne passe pas très bien au contraire de la soupe dont l'absorption nuit à la prise de maltodextrine.
Les heures passent et Bibi tient encore la route. Elle rétrograde légèrement au classement, mais tient une position encore largement honorable. Le rève est passé en individuelle, il faut tenter de faire quelque chose par équipe. Elle semble maitriser, ses seules paroles de doute concerne l'alimentation... 1 tour le coca est bon, un autre elle ne l'avale plus... 1 tour elle veux de la soupe, le tour suivant c'est non... C'est imperceptible, mais sa réflexion est constante car elle sent de manière indéfinissable que la fin est proche. Comme elle s'est peu appuyé sur moi, c'est elle qui maitrise la ligne directrice de la stratégie. Et ses idées s'embrouillent... Le chrono est toujours correcte, mais la tête n'y est plus... Il y a bien la fameuse "décharge d'endorphine" qui lui permet de ne pas s'écrouler dans la 14ème heure puis de tenir un peu dans la 15ème, mais la lassitude devient de plus en plus grande.
Je vois la Bibi souffrir, être broyée par l'épreuve qu'elle avait magnifiquement survolée au mois de mai, ne sachant plus quoi faire pour relancer la machine. Les divers et variés essais fait dans les heures précédentes commencent à faire leur dégats et au bout de 15h45' de course la Bibi est prise de violents spasmes... Elle régurgite tout un élément liquide, bloqué dans son estomac. Il y a peu de solide, car ceux ci sont avalés avec parcimonie. Mais la réduction de prise de boisson à faible osmolarité a fait que le peu pris est resté "coincé" dans l'estomac.
C'est un moment difficile à vivre pour la Bibi qui voit tout s'écrouler d'un coup. La vérité faisant face, il devient difficile d'imaginer de faire les 8 heures de course qu'il reste dans cet état là. Il va falloir faire une pause pour reprendre pied et tenter de repartir...
Mon boxeur venait de froler le KO, mais le gong venait de le sauver. Il va falloir profiter de la minute de repos sur le tabouret pour tenter de remettre les idées en place.
Chez les filles, la messe était dite, Colette souffrant trop arréta, malgré quelques tentatives, Nathalie jugea qu'elle n'était pas en forme, Joëlle assura pour le classement par équipe et le couple Véronique/Bibi tentait d'attraper leur graal. Chez les hommes, Momo s'accrochait devant, le sourire étant moins présent mais pas absent, Manu commençait à récolter les fruits de son départ prudent, L'Dom' s'accrochait, Claude remontait... Loïc et La gazelle ayant préféré arréter les frais, ne voulant pas se blesser.
3/ La souffrance (16h-24h)
150kms au bout de la 16ème heure, c'est un bon résultat, mais quand on sait que l'on a fait 5kms depuis 1 heure, l'inquiétude est grande...
La Bibi accepte de faire une pause, de se faire masser et tente, avec Nathalie Firmin de repartir à la marche. Contrairement à Joëlle Semur qui marche très très vite, la Bibi avance lentement, sous les encouragements constants de sa coéquipière qui, périodiquement, l'attend.
La Bibi est un zombie, il n'y a plus que sa force morale qui l'a fait avancer. J'ai un doute... La différence de diagnostique entre un problème de carburant et un problème d'hydratation est tellement ténu que je n'ose m'avancer.
De plus, un nouveau paramètre inquiétant apparait. Si la Bibi n'est plus l'ombre d'elle même, c'est que le sommeil l'a prend. Or, il a 2 réponses à cette symptomatique. Soit l'athlète est en déficit grave de sommeil, ce qui pourrait être le cas de la Bibi sous pression, soit la déshydratation vient de bloquer les reins et l'urée dans le sang endort l'athlète. Je ne sais que penser et je suis à 2 doigts d'arréter les souffrances de Bibi pour travailler le diagnostique.
D'autant plus que, "last but not least", la Bibi se prend les pieds dans une rambarde et se... "Casse la figure"... Elle se crée multiples hématomes et plaies au coude, à la main et sur d'autres parties du corps. La malchance s'abattrait aussi sur elle ? C'est complètement désorientée qu'elle vient se faire soigner par le médecin de l'équipe de France. Elle repart, malgré tout, en titubant, gérant ses nouvelles douleurs tant bien que mal. J'ai déjà connu cet enfermement sur 24h, mais sans les douleurs actuelles qu'endurent la Bibi, alors je lui repose la question de l'utilité de continuer à tant souffrir...
Devant son désir très fort de continuer, malgré une nouvelle série de spasmes, je prie pour que cela soit vraiment le manque de carburant qui ralenti son cheminement. J'espère qu'elle coure sur la filière lipidique et non protéique. Je tente alors de trouver une solution pour qu'elle accepte enfin de boire une boisson à faible osmolarité avec du carburant.
Ce n'est pas évident car tout la dégoute... Le Shadock nous trouve de la vitamine C, mais l'impact sur son sommeil, à mon grand regret, ne semble pas évident. Malgré tout cela tendrait à vouloir expliciter la cause du manque de carburant, et j'essaye de me rassurer comme je peux.
La Bibi arrive a formuler le désir d'un thé... Même si cela augmente la diurèse, je me dis que je préfère prendre ce risque qui fera marcher les reins et tenter d'augmenter les volumes tout en alimentant en carburant... En carburant ???
Je vous assure que si je vous préparais un thé façon "Bibi à BRNO", vous le rejetteriez immédiatement... En effet, il me souvient la publicité du regretté "Monsieur Plus" de Balshen dans mon enfance et lorsque je mis le sucre dans le thé, je fus l'un de ses apotre... 8-)
En effet, au minimum 2 cuillères à soupe par tour, je mis dans le thé de la Bibi... Je fus surpris de la voir en prendre plus que de la soupe ou autre boisson qu'elle acceptait auparavant. Elle tourna pendant presque 1h avec cela, et elle eu un léger coup de fouet qui lui permis de tenir un rythme correct.
Elle se répétait l'objectif des 200kms, mais, d'irréel, celui ci redevenait dans le domaine du possible grace à ce sucre semoule tchèque. 162kms à la 18ème heure, entre 6 et 7kms/h, comme elle a réussi à faire avec le thé, c'est jouable, mais il ne faut pas de baisse de régime...
Malheureusement, le sucre semoule est un sucre... rapide ! Et donc, si l'impact est "rapide" son action l'est aussi et l'arrêt de celle ci aussi ! :-(((
C'est donc une 19ème heure difficile que nous entamons. Je n'arrive toujours pas à lui faire boire suffisamment de maltodextrine, et refus total de la StYorre. Un cola permettra à la Bibi de surnager, mais elle s'endort de nouveau... :-(
Le sommeil devient tellement prégnant que de nouveau, dans la partie sombre du parcours, elle rechute. C'est un bel oeuf de pigeon, dorénavant, qui orne son coude gauche, et un moral de plus en plus atteint. Mais sa pugnacité n'est pas ensommeillé et c'est mélé de hargne que celle ci s'exprime encore pour tenter de relancher la marche...
167kms à la 19ème heure, à cette allure là, elle n'y arrivera pas. Et je n'ose imaginer, en terme de récupération, si autant de sacrifice ne trouvait pas récompense. 33kms en 5 heures, il faut faire plus de 6kms/h, alors qu'elle est en dessous.
Depuis la pause du massage, je tente de remettre en place la stratégie de base qui marchait bien, en combinant Malto+Sporténine. La Bibi a du mal à l'accepter et je ne propose même plus les "ballons", leur pouvoir psychologique étant réduit à néant. Pourtant, malgré que je me fasse rabrouer, je propose à chaque tour d'y revenir. Pour contrer une toujours possible déshydratation, je lui fais prendre des électrolytes. Elle n'en boiras que la moitié, refusant énergiquement le reste...
Malgré tout, elle arrive à absorber un peu de soupe, après son thé, mais comme précédemment, la conséquence sur son allure est la même et les 200kms disparaissent, à moins d'un miracle ?
Je tente une première bouteille spéciale malto à 120gr/l pour abaisser encore l'osmolarité et tenter, par le peu absorbé, de nourrir au maximum la Bibi...
174kms, presque 7kms/h, c'est mieux et il reste 4h pour y arriver. Mais le peu de maltodextrine avalé, malgré une nouvelle vitamine C, ne l'a réveille toujours pas. De plus elle me fait de nouveau un refus devant ma bouteille spéciale...
Heureusement le Shadock intervient en tentant de relancer doucement sa femme. Il observe, encourage doucement sa remise sur les rails et calcule sa vitesse.
Il l'accompagne en lui parlant "du pays", en incitant Bibi à faire le geste de la course, plutôt qu'une marche rapide "au cas ou la forme reviendrait".
180kms au bout de 21h, le rythme baisse de nouveau, il faut tenter quelque chose d'autre...
Je fais le bilan de ce qu'il me reste. Des électrolytes, de la StYorre, un reste de préparation Papy... Que fais je ?
Je prends un shaker et je mélange tout cela, rajoute de la Malto, un peu de StYorre et goute régulièrement pour obtenir quelque chose qui me semble gustativement nouveau par rapport à tout ce qu'elle a avalé jusqu'à présent, avec une concentration qui dépasse allègrement les 130gr/l...
Avec Caloreen, j'ai déjà essayé avec succès des solutions à plus de 120gr/l, avec cette malto là qui a un léger gout sucré, j'ai des doutes. Mais ce n'est plus le moment de reculer et au tour suivant je lui passe la nouvelle bouteille. A son questionnement de savoir ce que c'est, j'ai péremptoirement répondu "La boisson spéciale Papy que tu dois prendre"... A mon grand étonnement c'est plusieurs gorgées qu'elle avala... J'avais enfin ouvert une brèche, la Bibi m'écouta... Elle repris plusieurs fois de cette solution, puis accepta de reprendre avec Sporténine et malto à taux normal, elle se réveilla... Heureusement car à la 22ème heure son total s'élevait à presque 188kms. Si l'on prenait en compte son accélération depuis une trentaine de minutes, cela indiquait que juste avant elle s'écroulait...
Le Shadock était toujours présent, oubliant que son sac lui ballotait les cuisses, et que ses pieds étaient gonflés de son 24h de la semaine précédente.
la résistance nerveuse de la Bibi nourrit enfin de sucres, son tempérament repris le dessus et elle s'enferma, de rage, de nouveau dans sa course. Elle refusa obstinément tout arrêt, changeant encore de lieu de ravitaillement, commençant de nouveau à refuser les apports énergétiques.
Heureusement cette rage de vaincre, tout en consommant le surplus de sucre apporté, lui permis de faire plus de 8kms dans la 23ème heure... L'objectif des 200kms était de nouveau en ligne !
Je n'avais plus qu'à me concentrer sur le minimum de prise de la bouteille spéciale, que Bibi jetait toujours aussi rageusement après le pointage puce...
La dernière heure fut presque aussi rapide, la Bibi étant définitivement réveillée, le Shadock poussant encore, le spectre de ne pas faire la distance minimum envolé et c'est avec plus de 203kms que la fin de la 24ème heure arriva...
Chez les filles l'accessit européen est obtenue et les garçons, qui ont fait preuve d'une belle cohésion et d'un fort esprit d'équipe, ont les titres mondiaux et européens. Les places de troisième mondial et second européen de Momo Magroun ajoute encore de l'éclat à ces beaux résultats.
4/ L'après course.
Je dois avouer que je n'ai pas pris part aux joies de la remise des prix. J'étais trop secoué par le déroulement de la course. J'avais déjà vu la Bibi souffrir comme cela et, à Brive, j'étais venu pour ne plus que cela recommence... A BRNO comme j'ai été transparent, cela a recommencé...
Pour terminer le parallèle avec la boxe, désespéré de voir mon boxeur saoulé de coups, refusant d'abandonner, ou tout du moins, de se faire compter, il m'a fallu user de stratagème psychologique pour faire adopter une tactique salvatrice. Mais nous n'auront pas toujours cette chance là...
Heureusement, au vu des résultats, la Bibi est rassérenée et comme il apparait bien que c'est une panne de carburant qui est la cause de ses tourments, les séquelles seront minimisées.
Elle a effectivement de beaux espoirs dans cette discipline des 24h, et les podiums européens ou mondiaux pourraient ne plus être inaccessible. Mais pour cela, un bon débriefing est nécessaire et une meilleure approche de la course semble devoir être. Si la panne de carburant semble être à l'origine du fort ralentissement, le pourquoi de cette panne est à déterminer.
AMHA, les américaines et, surtout les japonaises, ont montrés le chemin...
Encore bravo au Shadock qui fut le catalyseur de cet happy end, trouvant les mots qu'il fallait pour relancer sa Bibi au moment opportun... Expérience à renouveler dans d'autres conditions, tous les espoirs sont permis.
Pour ma part, je m'en vais aux Caracoles, chez nos Zamis Belges de Namur, voir si le plat pays a toujours ses vaches moisies ! (CF L'Bandit d'honneur de Gedinnes)
L'Papy_ki_en_ressort_différend
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A Dopu...
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