Récit de la course : 100 km de Millau 2004, par poussman
100 KM c'est déja long en voiture!
4 avril 2004, je viens de franchir la ligne d’arrivée du Marathon de Paris. La barrière magique des moins de 3 heures est tombée, l’objectif est atteint. Il m’en faut donc un autre ! En quelques secondes la décision est prise, cela sera un 100 km ! Mais lequel ? Le plus célèbre mais aussi le plus dur de tous cela sera Les 100 km de MILLAU pour sa 33 eme édition.
La préparation spécifique fut longue, prés de 14 semaines, 1200 km en courant, quelques sortie de vélo pour se reposer, mais des superbes routes montagneuses de haute corse à celles écrasées par la chaleur des calanques de Sormiou (prés de cassis) j’ai égrené les kilomètres comme on enfile des perles avec à chaque instant un objectif : « Me préparer pour affronter cette épreuve mythique »
Quel plaisir de sentir son corps accumuler les kilomètres sans fatigue, pourtant l’incertitude restera durant toute ses semaines la même : ‘serais je capable de me mesurer à ce monstre’
Vendredi 24 septembre 2004, me voici à Millau à moins d’un jour du départ, j’ai récupéré mon dossard le N° 184 ainsi que celui de mon suiveur à vélo. Bon ok je n’ai pas de suiveur à vélo mais j’ai quand même son dossard !
La forme est excellente, .mon poids de corps parfait, je suis en parfaite santé et pourtant je suis tendu.
Mon pari de finir Millau en moins de 10 heures est loin d’être gagné. Le parcours est difficile, Bruno Heubi un de spécialistes français de la distance et entraîneur de pascal Fetizon (Champion du monde des 100 km) me disait dans un mail il y a peu de temps : ‘ Tu peux rajouter 50’ à ton temps sur un 100 plat si tu veux calculer ta perf à Millau !’
Vers minuit après les retrouvailles avec mes amis les coureurs des sites Runirina.com et Ultrafondu.com, je rejoins mon lit de camp dans le gymnase mis à disposition par l’organisation (Qui sera parfaite durant la totalité de l’épreuve). J’essaie de trouver le sommeil mais ce ne sera pas facile au milieu des ces vieux grognards de l’ultra qui ronflent en cadence. Je vérifie mentalement 100 fois les affaires que j’ai préparé pour le lendemain avant se sombrer dans un sommeil peuplé de bornes kilométriques
25 septembre, 9 heures salle de pointage.
La tension est palpable, nous attendons tous le départ, encore une heure avant la libération.
Les communauté des Irinautes et des Ufos se regroupent pour quelques photos souvenir.
Tanko, Charlotte, koline, Leonard, Pypardo, Phil, Mmi mes amis du Web sont là, certains pour courir d’autres pour servir d’accompagnateur à vélo (Bravo charlotte! Bel exploit), d’autres encore uniquement pour nous encourager.
Le départ est un peu plus loin nous nous y rendons en traversant une grande artère de Millau sous les encouragements d’un public nombreux. Je m’isole, j’ai besoin de rentrer déjà dans la course. Je réussis à me placer sur la première ligne pour éviter les bousculades du départ.
10 heures c’est parti !
Je m’élance sans peur mais conscient de ce qui m’attend 100 Km avec 1000 mètres de D+ et D- (Pour les sudistes un peu comme enchaîner 5 Marseille-Cassis d’affilé !)
Je m’efforce de ne pas courir trop vite, mon objectif est de parcourir chaque portion de 10 km jusqu’au 45 eme kilomètres sur un parcours presque plat en environs 50’.
Le paysage est magnifique, je suis suffisamment ‘en dedans’ pour apprécier la beauté du parcours. Le passage au 10 eme km en 51 minutes me confirme que j’ai respecté mon tableau de marche.
Km 15 Michael le web master d’ultrafondu me rejoint, une grande discussion de 15 km va s’ensuivre. Ce spécialiste des courses de grand fond venu à Millau pour préparer un 24 heures (course ou il faut parcourir le maximum de distance en 24 heures) va m’abreuver de judicieux x conseils pour la suite de la course. Encore merci Michael !
Je vais passer au 30 eme kilo en 2h 31, toujours sur le rythme prévu. Tout va bien si ce n’est que la douleur que j’ai au mollet gauche depuis quelques km devient de plus en plus présente. Après avoir tout fait pour la faire passer (étirements, hydratation…) je comprends que je vais devoir faire avec. Je décide de lui donner le nom de ma dernière fille qui elle aussi ne sait pas s’arrêter quand elle commence à être pénible !
Je vais passer 10 km à dialoguer intérieurement avec mon mollet gauche !
- « Manon arrêtes toi »
- « Non je ne te lâcherai pas » répond inlassablement ma contracture à chaque foulée !
Elle finira par me laisser tranquille juste avant le passage au marathon en 3h31
La vraie course va bientôt commencer, on m’avait dit ‘tu verra le 100 km c’est 70km facile et 30 difficiles’, c’est faux pour moi ce fut dur dés le 50 eme !
La première vrai difficulté de la journée se dresse devant moi, elle mène au superbe viaduc qui surplombe la vallée. Cela monte dur mais j’ai des jambes de feu, je reprends plein de coureurs déjà en perdition suite à des départs trop rapides. A ma grande surprise je rattrape un des cadors des courses sur route de ma région, toujours placé, souvent vainqueur des courses auxquelles je participe, Franck Trani qui est scotché sur la pente ! Il est au plus mal, son suiveur vélo n’ose même pas l’encourager, je n’ose pas l’encourager moi non plus.
J’atteints le 50 eme km en 4h15, quand tout à coup mon genou gauche refuse de se plier. Je panique, j’ai peur de ne pas pouvoir continuer. Je me rappelle les paroles de Michael, tu auras des moments durs, puis cela ira mieux et cela durera jusqu’a l’arrivée. Je réussis à repartir, doucement, puis plus vite, ouf rien n’est perdu !
Cela fait maintenant 10 km que je cour en compagnie de Katell Corne qui à gagné la course Féminine en 2003. Elle me rattrape avant chaque ravitaillement, mais y reste plus longtemps que moi. Je lui servirai de lièvre pendant prés de 50 km (elle finira d’ailleurs par me rattraper et finira à la 2 eme place de l’épreuve 4’ avant moi).
Km 60, la fameuse côte de Tiergues, prés de 6 km
Avec de fort %. Pour la première fois je marche un peu, cela me parait plus raisonnable. Puis je me fixe des objectifs à court termes : Courir jusqu’au virage, jusqu’au panneau suivant. Alors que je m’approche du sommet je vais croiser Christophe Buquet le vainqueur 2003 qui est déjà sur le chemin du retour. Son visage est incroyablement marqué par la souffrance…
Me voila au sommet j’attaque la longue descente vers St Afrique , savoir qu’il fa falloir tout remonter est terrifiant.
Je suis parti depuis 6h25 environs et il me reste encore 30 km !
A partir de ce moment là je suis sur le retour, la particularité de cette course fait que les 30 derniers km sont les même que ceux fait dans l’autre sens. Je vais donc croiser un à un les milliers de coureurs que je précède. Pas un n’oubliera de me féliciter, je les saluerai tous !
La remontée est longue, j’alterne marche rapide et course, je maudit Jack un autre super coureur de 100 km qui m’avait dit ‘Au 75 eme kilo, Millau c’est dans la poche’
J’ai envie de lui dire Jack je suis au 75 eme et cela monte encore ! Enfin le sommet et bientôt le 80 eme kilomètres.
Après un ravitaillement rapide j’aperçois Charlotte qui me secoue un peu en me disant
Que je suis super bien, j’aimerai lui faire plaisir, mais franchement je ne suis pas si bien que ça !
Je suis dans la descente, je vais croiser tous les Irinautes et Ufos qui sont derrière moi. Ils me booster avec leur encouragements, je me dis que j’ai de la chance d’être si prés de l’arrivée par rapport à eux.
Je ne sais pas comment je réussis encore courir mais pourtant je cours, dernière montée celle qui nous ramène vers le viaduc avant l’ultime descente. Le 90 eme km est franchi après 8h40 de course, j’ai passé prés de 10 mn arrêté sur les ravitaillements du parcours, cela fait donc 8h50, il me reste 1 h 10 pour effectuer les dix derniers km et franchir la barrière des 10 heures. La côte est encore longue au moins 2 km, j’essai de courir, c’est dur. Je bascule au sommet, je suis prêt du but. Les km défilent à vive allure (enfin si on veut !) 98, 97, 96, 95,94, j’essai de savourer le moment les derniers instants de cette course, j’ai du mal. 99 eme kilo, l’entrée du parc, les 300 derniers mètres. La rampe d’accès, dernier supplice mis en place par les organisateurs, la ligne d’arrivée sous le chrono géant, le speaker qui annonce mon nom est mon temps . Je serre les poings
9h53 pari réussi
Il était prés de 20 heures quand j’ai franchis la ligne, je ne partirai me coucher que 5 heures plus tard, car Millau on reste pour applaudir les autres arrivants. Un immense bravo à Koline, Pypardo, leonard pour leur belle course. Et un immense coup de chapeau à Alain qui finira une nouvelle fois Millau après 23h30 d’effort et à plus de 71 ans !
Le parcours devrait pour des raisons d’autorisation changer l’année prochaine, je ne sais pas si je referai cette course mais en tout cas bien content d’avoir pu participer au moins une fois à cette course légendaire avant qu’elle change .
Merci à ceux qui m’ont encouragé, à ma petite famille qui a du accepter mes nombreuses heures d’entraînement. Et notamment à ma petite femme toujours derrière moi voire même a coté si elle n’a pas un pied dans le plâtre, sa grande spécialité !)
Pour terminer je vous confirme que comme le dit ma mère, 100 km c’est déjà long en voiture alors à pied !!!
1 commentaire
Commentaire de alain141 posté le 28-09-2004 à 21:58:00
Bravo La Pluche et Poussman de vos compte-rendus si vivants et où je retrouve beaucoup de sensations que j'ai moi aussi éprouvées cette année.Je prépare aussi mon compte rendu, celui d'un vieux marcheur au clair de lune.
Alain141
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