Récit de la course : 100 km de Vendée 2007, par andre

L'auteur : andre

La course : 100 km de Vendée

Date : 19/5/2007

Lieu : Chavagnes En Paillers (Vendée)

Affichage : 1791 vues

Distance : 100km

Objectif : Pas d'objectif

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Chavagnes, mon CR

Chavagnes, je savais que ce serait dur, très dur. Je savais que je n’avais pas complètement récupéré de la Mauritanienne, et que depuis 2 mois mes entraînements ne constituaient que des sorties de récup, et non pas une préparation spécifique pour un cent bornes. Ce n’est pas avec 50 à 60 kilomètres par semaine que je me préparais sérieusement à une telle épreuve.

Conscient de cela, je prenais le départ avec l’idée bien arrêtée de juste renouer avec le 100 kilomètres que j’avais zappé l’an dernier, uniquement pour le plaisir, pour les sensations, pour retrouver les potes. En fonction de ça, je décidais de partir sur un objectif qui me paraissait raisonnable : mes trois premiers ayant été tournés autour de 12 heures, c’est le but que je me fixais.

Et puis, pêché de gourmandise, puisque mon quatrième et dernier cent bornes, à Chavagnes également, avait été couru en 11h16, je décidais malgré tout de partir sur des bases de 11 heures, en partant du principe que ça passe ou ça casse. Ça a cassé !

De fait, au départ je me cale bien sur le bon rythme, je couvre bien la première tranche de 5 kilomètres dans les temps prévus, en 32’01’’, la seconde est un poil plus rapide, en 31’46’’, les sensations sont bonnes, je me sens bien, la mécanique roule bien.

Les sensations sont tellement bonnes que je continue à accélérer légèrement, sans même m’en rendre bien compte, sauf lorsque je regarde le chrono tous les 5 kilomètres. Vingt et un ans de course à pied ne changent rien à la connerie, il me faut attendre les 40 kilomètres pour me décider enfin à lever un peu le pied. Encore était-ce sûrement davantage la fatigue que la raison qui m’a incité à ralentir !

Dès le départ, j’ai pris le parti de zapper les boissons glucosées, énergétiques et autres Isostar, pour me contenter, à chaque table de ravitaillement, d’un verre de Coca pour le sucre, et d’un verre de St Yorre pour les minéraux.

C’est vers le 40ème kilomètre que je suis rejoins par Denis, le métronome du cent bornes, qui va m’accompagner pendant quelques kilomètres. On discute agréablement, et c’est là que je commence à m’apercevoir que j’ai un peu de mal à suivre son rythme, qui était le mien jusqu’alors. Ce qui signifie que je commence à accuser un coup de fatigue qui risque fort de m’être préjudiciable pour la fin de l’épreuve.

Finalement, je me laisse décrocher à la faveur d’un ravitaillement, pour me permettre d’adopter une allure un peu moins soutenue. Je parviens ainsi déjà bien entamé à la fin de ma seconde boucle, c’est-à-dire aux cinquante kilomètres. Je me sens vidé de mes forces, les cuisses douloureuses. Là, le doute est largement installé en moi, et la question de l’abandon se pose avec insistance à mon esprit. Je me trouve d’ailleurs rapidement toutes sortes de bonnes raisons pour ne pas repartir, j’ai froid, mon maillot est trempé de sueur, j’ai un début d’ampoule à l’intérieur du talon droit (tiens, on peut avoir des ampoules à cet endroit là ?) et je n’ai plus envie.

Mais je me fais violence, je vais récupérer mon sac, que j’avais déposé à la consigne, près de la ligne, je change de maillot, je change de casquette, et avec un léger semblant de mieux-être, je repars pour la troisième boucle. Mais, dans mon esprit c’est clair, cette troisième boucle sera la dernière. D’ailleurs, je commence à croiser quelques coureurs qui font demi-tour, et une furieuse envie de les imiter me prend.

Mais quand on est borné, on ne se refait pas, je continue malgré tout, lentement, péniblement, en veillant, à chaque ravitaillement, à m’alimenter régulièrement, consciencieusement, un verre de Coca, voire deux, un verre de St Yorre. Mais rien n’y fait, je suis toujours à la ramasse, je me traîne lamentablement sur les petites routes vendéennes, quand je me fais doubler par deux coureurs et leurs deux accompagnateurs à vélo. L’un de ces derniers reste un moment à ma hauteur, et m’encourage gentiment, d’une voix très calme et très posée, à repartir. Ce que je finis par faire au bout de quelques instants, et à ma grande surprise je parviens à retrouver quelques forces pour maintenir un semblant de rythme. Je vais les suivre ainsi jusqu’au ravito suivant, d’où je repartirai d’ailleurs avant eux, sans jamais les revoir avant l’arrivée. Si cet accompagnateur me lit et se reconnaît, qu’il soit mille fois remercié !

Malgré tout, la galère continue, et je ne cesse de me marteler que la fin de cette troisième boucle signifiera la fin de l’épreuve pour moi ; je ne m’imagine absolument pas repartir pour un quatrième tour dans ces conditions. D’ailleurs, je retrouve un peu plus loin l’ami Jeff à vélo, qui s’émeut de mon sort, qui essaie de me réconforter, de me relancer, mais qui finit par se ranger à mon idée de l’abandon, et qui me conseille donc de rentrer tranquillement jusqu’à la fin de ce tour.

A la fin de la boucle, je rencontre encore quelques copains et connaissances qui m’encouragent, parmi lesquels Diogène à qui je confie, la mort dans l’âme, ma décision d’arrêter. Dans la dernière ligne droite qui précède la ligne d’arrivée, les encouragements et applaudissements du public me redonnent un ultime coup de fouet, et lorsque Jeff m’exhorte sur la ligne à continuer, une énergie nouvelle s’empare de moi. Je m’alimente rapidement, sans m’éterniser pour ne pas trop cogiter, et repars immédiatement sur la quatrième boucle.

A nouveau, pendant quelques kilomètres, je croise des coureurs qui viennent de renoncer, et qui rentrent, le dossard à la main. Le moral est tout de même un peu meilleur, même si les forces ne sont plus là, je sais que ce passage sera le dernier. Un peu avant le 80ème kilomètre, me semble-t-il, je suis rejoins par Jean-Pierre Renaud, le spécialiste des 48 heures, qui accompagne à vélo Didier, son coureur. Avec gentillesse, il m’aide à maintenir le rythme, et me soutient activement.

Du coup, je m’accroche à ce tandem coureur-accompagnateur, ce qui me fait le plus grand bien, et me donne un regain d’énergie. Nous allons ainsi alterner marche et course, avec également d’autres rencontres de circonstance, d’autres galériens du bitume, jusqu’à la fin de cette épreuve. Un dernier sursaut d’énergie ne nous permettra malgré tout pas de passer sous la barre des treize heures, à deux minutes près, mais qu’importe, nous avons bouclé ce cent bornes, et nous sommes ravis de l’avoir fait.

En fait, ce n’est que 2 jours plus tard, en lisant le compte-rendu de Momo13VH3, que je réalisai ce qui pouvait être d’une des causes de mon échec : le Coca que j’ai bu consciencieusement tout au long de la course était… light ! Je me suis tapé mon cent bornes à l’eau pure ! Bien sûr, ce n’est sûrement pas la seule cause, mais la conjugaison de ces différents facteurs, restes de la Mauritanienne, préparation très allégée, ont fait que toutes les conditions de l’échec étaient réunies.

Bon, j’ai encore une barre à 11 heures à vaincre, moi…

1 commentaire

Commentaire de calimero posté le 23-05-2007 à 18:27:00

Faire et terminer un cent bornes dans ces conditions et parler d'échec!!!!!!!!!!! Tu es un peu dur avec toi, non?
Bravo pour ton courage et ta volonté! Et à bientôt pour les 10h59'59''

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