Récit de la course : Les Gendarmes et les Voleurs de Temps 2003, par Marc_T

L'auteur : Marc_T

La course : Les Gendarmes et les Voleurs de Temps

Date : 8/6/2003

Lieu : Ambazac (Haute-Vienne)

Affichage : 4231 vues

Distance : 32km

Matos : Sac à eau

Objectif : Pas d'objectif

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Le récit

Trail des Gendarmes et les voleurs de temps.
Récit d'une expérience à vivre.

Que diriez-vous d'aller participer à la course des gendarmes et les voleurs de temps?
Cette proposition, Dominique nous la fait lors du retrait des dossards de Marseille - Cassis en Octobre dernier.
Faut dire que cette course semble avoir de l'ambiance!!

Quelques mois plus tard, au village du Marathon de Paris, une vidéo nous présente les images de cette épreuve.
On y voit un coureur, le pied enfoncé jusqu'au mollet dans la boue, essayer désespérément de récupérer sa chaussure.
Je ne sais pas pourquoi mais cela fait beaucoup rire Claudette qui me voit bien dans cette situation.
Faut dire qu'après Marseille-Cassis, ou j'avais involontairement goûté l'eau du port de Marseille, tout semble possible.

C'est décidé, nous irons donc à Ambazac.

Comme ce Trail connaît un succès important, bien entendu, impossible de nos loger à moins de 20 Km.
Heureusement, nous ne sommes que 6.

Nous seront donc basés à St Léonard de Noblat, berceau de de notre Poulidor national.
Cette ville chargée d'histoire (certaines maisons dates du 8iéme siècle!) voue un véritable culte à son idole.
Son frère y est souvent visible, et n'hésite pas à l'occasion à s'y faire passer pour son illustre frère pour quelques touristes crédules.

Direction Ambazac pour le retrait de nos dossards. Après un petit tour en ville, histoire de demander notre chemin nous nous retrouvons direction du domaine de Muret.
Vu le nombre de gendarmes présents et les barrières installées, demain, ce ne sera pas facile de stationner. Nous arriverons donc tôt, d'autant plus que nos 3 féminines feront la randonnée de 20 Km qui part à 8 heures.
Un rapide calcul nous indique qu'il nous faudra petit déjeuner vers 6h 30. Pas facile quand on est couche tard comme moi.

Munis de nos dossards, nous partons maintenant en direction du lac de Vassivière pour un peu de tourisme.
Comptant y trouver de quoi se restaurer, nous seront bien déçus, la saison touristique n'étant pas encore commencée. Pas facile d'y trouver autre chose qu'un sandwich jambon, qui à la dégustation nous paraît daté de la saison dernière. Nous nous rattraperons ce soir à la table d'hôtes.

Dimanche matin, 8 heures, nos féminines , munies de leur foulard , vert pour le 20 km, bleu pour le 10, se rendent vers la ligne de départ. Il y a du monde. Probablement autant que pour le raid de tout à l'heure.

Cette possibilité pour nos conjointes de participer à leur niveau à cette épreuve est un vrai plus, car bien souvent il leur faut rester sur la touche pour admirer leurs sportifs.

Claudette, en sportive accomplie, fera le 20 Km en courant. Catherine et Jeaninne prendront un rythme plus tranquille.

Quelques 2 heures 30 plus tard, nous récupérerons Claudette, très remontée, un balisage du 20 Km, enlevé par un indélicat, lui aura fait ajouter, à elle et aux coureurs qui l'accompagnaient, quelques 6 Km de plus.
Catherine et Jeaninne arriveront un peu après midi, à temps pour nous voir partir vers la ligne de départ du 32Kms.

Pour m'hydrater durant la course, j'avais choisi le Camel bag. Ce choix je le regretterai finalement assez vite, cette épreuve étant fort bien pourvue en ravitaillement. Le Camel Bag étant en fin de compte plutôt gênant à porter (plus de 2 kg avec le plein) et va m'occasionner une brûlure au niveau de la sangle.

Pendant que nous finissons nos préparatifs, Dominique Chauvelier, son échauffement terminé, se prête avec complaisance au jeu des autographes.

Nous sommes vraiment très nombreux à nous élancer et nous piétinons beaucoup avant de prendre un peu de champ dans les rues d'Ambazac.

N'étant pas, Dominique et moi, coureurs expérimentés de ce type d'épreuve, nous avions décidé de rester sagement avec Jean-Louis pour les premiers kilomètres. En ce début de course, nous adoptons donc une allure sage de 10 Km/h environ, ce qui nous permettra de nous faire doubler par quasiment tout le monde.
Malgré ma faible préparation mes sensations sont bonnes et il me faut beaucoup de volonté pour ne pas lâcher les freins et prendre de la vitesse. L'euphorie du départ aura raison, elle, des bonnes résolutions de Dominique, et nous le perdons rapidement de vue dans ce tour de ville.

Après cette exploration de la ville et de ses côtes, nous voici de nouveau dans le domaine ou une foule très dense nous applaudi. Pas facile de retrouver nos conjointes pour la photo souvenir.

Au premier ravitaillement Jean-Louis ralenti le temps de boire quelque chose. Moi tout content je continu mon allure et attrape le tube de mon Camel Bag pour une gorgée d'Isostar Rouge. N'ayant jusqu'à maintenant utilisé ce système qu'en vélo, je vais rapidement déchanter car je ne suis pas capable d'aspirer ce P.. de liquide et de chercher ma respiration en même temps dans les côtes. De plus rapidement mon tube se bouche et j'aurai beau presser ma poche à eau, plus rien n'en sortira. Me voici maintenant avec un Camel Bag à moitié plein à trimballer pour des prunes!!

Ce premier Trail au décor magnifique me rappelle un peu mon premier Marathon, à Paris, il y a une dizaine d'année. Il y faisait un temps magnifique et je n'avais pas assez de mes deux yeux pour profiter du spectacle du centre du monde rendu aux piétons. J'en viens à regretter mon petit appareil photo numérique qui tenait dans une poche et qui a fini ses jours quelques mois auparavant dans le port de Marseille (lors du bain forcé conté plus haut).

Comme à mon habitude sur Marathon, je mange beaucoup et je décide d'attaquer la plus grosse de mes barres énergétiques. Si je n'ai plus une goûte de liquide qui coule de ma poche à eau, au moins je ne manquerai pas de carburant: il me reste 3 barres énergétiques dont une grand format plus le gel fourni avec les dossards. Avec cela j'ai de quoi tenir. Les ravitaillements fourniront le liquide.

Voilà un bon bout de temps que nous courons et je n'ai pas la moindre idée du kilométrage parcouru. Bizarrement, les points de ravitaillement me semblent trop proches les uns des autres pour être placés tous les 5 Km Je ne les compterai pas.

Depuis le début, Jean-Louis et moi nous retrouvons côte à côte, lui prenant de l'avance dans les descentes, moi, plus prudent, préférant les côtes pour refaire mon retard. Un membre de l'organisation nous annonce le 14ième Kilomètre. Nous en sommes à 1h 20 de course, un rapide calcul nous indique une moyenne de 10 Km /h. à laquelle j'ai du mal à croire, tant les difficultés dans les côtes sont grandes.

Nous croisons à contre-courant un drôle de coureur, équipé d'un casque bizarre sur lequel est monté une camera vidéo. Nous l'avons rencontré déjà au départ, et cet attirail ne semble pas le gêner beaucoup pour courir, car en plus il courre!
Il s'est spécialisé me dit Jean-Louis dans la réalisation de vidéo sur les épreuves sportives. Bonne idée car cela permet de voir la course de l'intérieur.

Le chemin parfois se fait (plus) difficile, et il n'est pas rare que je prenne appui sur mes mains pour monter les raidillons.

Les descentes, je les abordent avec prudence, souvenir d'une entorse à la cheville droite qui ne demande qu'à me poser des problèmes dès que le terrain devient chahuté. La rencontre d'un concurrent ensanglanté vient également me confirmer que ces descentes peuvent être dangereuses.

Un coureur me bouscule en me dépassant et me cogne le coude gauche, opéré d'un hydromat il y a un mois à peine.
Le choc réveil une douleur, le coude étant resté encore sensible. Est-ce la fatigue qui s'installe? en tout cas ce qui en temps normal serai passé inaperçu me perturbe durant plusieurs kilomètres. Je n'arrête pas de me frotter le coude, craignant une récidive de mon problème. Jean-Louis qui me voit râler tout seul me secoue un peu. Je me reconcentre de nouveau sur le parcours, l'avenir me prouvera que cela est nécessaire.

Certaines côtes que nous abordons ne permettent pas de marcher à 2 de front. Nous prenons notre mal en patience et en profitons pour souffler un peu.
D'après mes calculs, nous sommes probablement dans la côte du moulin de l'âne, un des temps forts de l'épreuve.
La fatigue se fait sentir de plus en plus, heureusement le paysage et l'ambiance sont là pour nous soutenir.

Nous abordons alors une longue série de descentes, exercice que je n'apprécie pas trop. Jean-Louis semble voler de difficulté en difficulté et me distance sensiblement. Je me reconcentre, fait un effort et m'accroche.
Jean-Louis commence à ressentir un problème d'ampoule sous le pied gauche, moi, j'ai les pouces qui talonnent dans mes chaussures (des New Balances de type 714). Celles-ci sont bien accrocheuses mais j'ai bêtement oublié de faire un noeud intermédiaire à mes lacets, afin de bloquer l'avant de mes pieds.
Je profite d'une partie plus roulante pour donner tout ce que je peux, essayant de bien anticiper les difficultés du sol.

Cet exercice ne pardonne pas les erreurs et ce qui devait arriver arrive: une racine pousse brusquement devant mon pied gauche qui donc se précipite dessus. MERDE.... je pousse le cri du coeur en me vautrant de tout mon long dans les cailloux et les rochers. Comme de bien entendu, la seule partie de mon corps qui cogne le sol est mon fameux coude gauche. Au moins je vais maintenant avoir une bonne raison de le frotter et de râler, après moi-même cette fois ci.

Jean-Louis me rattrape et m'aide à remettre un peu d'ordre dans ma tenu, mon dossard est arraché et nous le raccrochons avec ce qui reste d'épingles.

Je repart prudemment et laisse Jean-Louis prendre un peu d'avance dans cette longue descente qui nous amènera vers le 22 ième Kilomètre. Pour le moment nous n'en sommes pas là et un membre de l'organisation que je croise m'indique le 19 ième kilomètre. Je regarde ma montre: 1h50 de course. Si je ne me trompe pas cela confirme notre train de 10 Km /h. Nous devrions finir dans les 3h15 mn!

Autre descente, autre chute, sans raison cette fois. Je me relève, pas de bobos. Il va vraiment falloir que je fasse attention. Je commence un peu trop souvent à oublier de lever les jambes!

Je rattrape un peu plus loin J.L. au lieu d'épongeage suivant. Il est en train de se nettoyer un peu: il vient de se vautrer à son tour dans un virage, glissant sur une zone sableuse cachée par des feuilles mortes. Pas trop de bobo non plus: sa hanche est un peu râpée, bah! une douleur de plus ou de moins cela ne changera plus grand chose.

Je m'hydrate maintenant copieusement à chaque ravitaillement, mon Camel Bag n'étant plus qu'un poids mort inutile.
Je sort mon gel d'Overstim qui me redonne un peu de ressources. Je me fais l'effet de taper le mur, comme cela m'arrive parfois aux alentours du 35 ième Km d'un Marathon. Nous ne sommes qu'au 22 ième Km! On n'est pas arrivé!!

Nous entrons maintenant dans un petit hameau, lieu d'épongeage probablement du 25 ième Km: nous rattrapons notre Dominique, en perdition, tous warnings allumés. Il a tapé dans ses réserves et a maintenant les jambes en plombs. Nous lui proposons de s'accrocher à nous , mais devant la tête qu'il nous fait, nous comprenons qu'il vaut mieux le laisser se débrouiller seul.

Je ne suis pas très frais non plus et j'avale consciencieusement 2 gobelets de super à chaque ravitaillement. Cela me donne un coup de boost mais l'effet ne dure pas longtemps, à peine de quoi attendre le ravitaillement suivant.

Mes pouces me font souffrir dans les descentes et mes cuisses commencent à être douloureuses aussi.
Nous abordons maintenant une grande descente bien large et à peu près propre ou je lâche tout. De toute façon, je suis dans l'incapacité de ralentir et entre les douleurs des pieds et les cuisses qui refusent de me ralentir, je choisi: je fonce.

Bientôt nous passons sous une banderole tendue entre deux arbres dans la forêt: la flamme rouge. Si je ne me trompe pas cela doit vouloir dire plus qu'un Kilomètre. J'en saute de joie et frappe la flamme rouge de ma main droite comme un gosse. On y est enfin!

Plus loin nous entendons des cris et des encouragements, nous découvrons des marches d'un escalier de pierre qui monte vers l'arrivée: un dernier effort, la foule nous encourage, on y est!

J'entends Claudette qui m'encourage, va y t'es le premier! (des 3 je présume...)

La plaine d'où nous sommes partis s'offre à nous sur la droite. Un instant je crains que l'on nous oblige à un tour de parc avant l'arrivée. Non l'arche est là, je passe le tapis : l'affichage indique 3:13:02. Je me retourne et cherche J.L. Dans mes efforts des derniers kilomètres je l'avais perdu de vue. Il arrivera 50 secondes plus tard, lui aura choisi de marcher dans cette descente infernale ou j'ai choisi de tout lâcher.

Nous nous restaurons d'une pomme et de gâteaux, une assiette de limoge en trophée calée sous le bras. Pourvu que je ne la fasse pas tomber. Dans l'état où je suis, j'en serai bien capable.
Finalement Dominique nous rejoint, 4 mn plus tard, dans un état de fatigue avancé.

Nous y retournerons l'année prochain. Serrez-vous du voyage?

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