L'auteur : LTDB
La course : Signes Trail Salomon - 42 km
Date : 19/5/2007
Lieu : Signes (Var)
Affichage : 4409 vues
Distance : 42km
Objectif : Pas d'objectif
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Il est 8h, sous l'arche de départ à Signes, lorsque Samuel Bonaudo nous fait le petit briefing d'avant-course. On y apprend que le parcours a été bouclé 2 jours avant et qu'il y a une huitaine le préfet avait envoyé un fax demandant l'annulation du trail. Tout ça parce que certains sentiers prévus traversaient une zone venant d'être classée zone protégée à cause d'une espèce d'aigle rare qui niche aux alentours. Le parcours a donc été amputé de ces jolis sentiers qui furent remplacés par des pistes plus roulantes. Mais vu que la zone se situe dans la forêt primaire au nord de la Ste-Baume ça n'est pas dramatique, l'environnement rendant le passage sur ces pistes moins fastidieux.
Quelques minutes après 8h le départ est donné. Pour ma part le plan de marche est simple, du moins sur le papier : rester avec ma tendre & douce qui fait le trail court jusqu'à la séparation des parcours (vers 10-11 km), puis essayer de rejoindre la Souris pour cheminer en sa compagnie. Cette dernière a décidé de faire on ne peut plus simple pour ce trail : rythme cool, équipement minimum (pas de bâtons), eau plate dans le camelbak et quelques barres énergétiques.
Je reste donc dans la roue de ma tendre et douce en m'obligeant, comme promis, à ne lui faire aucune remarque du style "tu pars trop vite" ou "bois davantage", ses deux pêchés mignons !!! Et évidemment, elle se laisse aspirer par le rythme des coureurs autour de nous (pas loin de 900 sur les 2 parcours), et évidemment, elle ne bois pas assez. Au premier ravito je me gendarme un peu afin qu'elle boive un verre d'eau en sus de son 1/2 verre de coca. Et sitôt fait elle prend la poudre d'escampette alors que je n'avais pas terminé mon gobelet. Arrive la grosse montée sur la crête et là ma tendre et douce accuse le coup et chemine fort lentement. Je dis rien mais n'en pense pas moins, à vrai dire je peste en mon for intérieur tout en me mordant les lèvres pour ne rien lui dire de désobligeant (car je n'aurai certainement pas pu m'empêcher).
Un peu plus de 2h de course et nous sommes à la séparation des parcours. J'embrasse ma femme et prend la direction du 42km. Comme la montée effectuée à un rythme de sénateur ne ma pas entamé je décide de courir toute cette portion de crête (hormis le final sur la croix des Béguines). Je rejoins quelques coureurs sur cette portion, tout en admirant le paysage : Ste-Victoire d'un côté et mer de l'autre. J'arrive au col du St-Pilon où un pointage est effectué sur mon dossard, juste à l'instant où un coureur arrive en face moi. Il a une boucle d'avance sur ma pomme ;-))) Qu'à cela ne tienne, j'entame la descente et à cet instant quelques contractures musculaires au niveau des quadriceps se manifestent. Etrange tout ça vu que je n'ai absolument pas forcé en côte et qu'il n'y a pas encore eu de descente significative...
Chemin faisant j'arrive au second ravito et lorsque je sors mon camelbak du sac pour le remplir j'hallucine en voyant le peu de liquide ingéré depuis le départ. Cela fait presque 3h que je suis parti et il ne doit manquer que 60cl dans ma poche à eau de 2l :-(((((( Et ce ne sont pas les 2 gobelets bus au ravito précédent qui vont rattraper le coup : je suis en déficit hydrique, même si je n'en ai pas encore subit les effets. Je n'ai pas de mots assez durs à mon encontre à cet instant. Quand je pense qu'une heure auparavant je pestais intérieurement contre ma tendre & douce car elle ne buvait pas assez !!!! Je viens de faire une erreur d'âne batté débutant et je sais que je vais le payer cash...
Je mange 2 tranches de saucisson, bois 2 ou 3 gobelets (coca puis eau) et repars en courant, le chemin s'y prêtant. Et ce qui devait arriver arriva : je prends un coup de bambou XXL et la seconde montée sur la crête par le vallon de Betton est un véritable chemin de croix. Arrivé en haut je m'enquiers auprès de la personne qui pointe de la position de la Souris et j'apprends qu'elle est passée il y a 35mn. Vu mon état il n'est pas envisageable, même en rêve et gavé de stupéfiants, de pouvoir la rejoindre. Je décide donc de ne pas courir sur cette portion de crête et de beaucoup boire, afin de reconstituer le stock hydrique... les crampes aux mollets commençant à me titiller. Chemin faisant je téléphone à ma femme pour savoir si elle est bien arrivée et lui indique dans quel état j'erre. Si au prochain ravito j'ai pas repris du poil de la bête il est fort probable que je mette la flèche.
Je me traîne lamentablement mais je rattrape tout de même un concurrent, perclus de crampes et qui claudique. Il me dit qu'il va stopper au ravito. Je l'incite à boire beaucoup, tout comme je fais depuis quelques dizaines de minutes déjà. J'arrive à la chapelle du St-Pilon, tout près du col du même nom où je dois faire pointer mon dossard pour la seconde fois. Et là, à la faveur d'une petite descente, je me laisse aller... et les jambes répondent. Les sensations reviendraient-elles ?
Pointage au col, puis descente par le même itinéraire que précédemment afin de rejoindre le ravito. Cette fois la descente se passe nettement mieux : pas de douleur musculaire aux quadris. Au deux tiers du parcours un organisateur nous indique qu'il n'y a plus d'eau au ravito et qu'il faut recharcher à la source se trouvant un peu avant. Lorsque j'y arrive je vois que j'ai quasiment bu mes 2 litres en 2h, ce qui est nettement mieux !!!
Au ravito je décide d'attendre un coureur qui était sur mes talons afin, pourquoi pas, de terminer en sa compagnie. L'approche du pas de l'Aï s'effectue sur une piste roulante, en faux-plat montant. Nous partons en trottinant mais mon compagnon se met rapidement à marcher. Je décide de rester avec lui et nous discutons de tout et de rien afin de faire passer le temps. Sur ces entrefaites un autre coureur nous rejoint et reste à notre hauteur. On forme donc le gruppetto... le débaliseur matérialisant la barrière horaire devant être à une 1/2h derrière nous. Le final du pas de l'Aï est constitué d'un superbe petit sentier avec une succession de lacets et un final entre les rochers. Mes deux comparses lâchent prise à quelques encablures du pas et le début de la descente, sur des lapiaz très techniques, ne leur permet pas de revenir sur moi. Je ne les reverrai plus.
Pour ma part je continue à trottiner et à boire, une envie d'uriner arrive même, mais comme elle n'est pas pressante j'ai attendu l'arrivée pour me soulager (mais cela est bien la preuve que j'ai réussi à recharger un peu le réservoir H2O). Chemin faisant je parviens à un point d'eau où j'en profite pour refaire le plein du camelbak car, même si le prochain ravito n'est plus très loin, je préfère ne pas prendre de risque, s'il n'y avait plus d'eau à celui-là non plus ? Je parviens donc à ce ravito, au gué du Latay, où il restait de l'eau et du coca à profusion. Plus trop de solide mais tout ce qu'il fallait en liquide. Un coureur est là, cuit, les jambes tétanisées. Je lui dit que c'est couillon de stopper là à moins de 5km de l'arrivée et lui propose de repartir avec moi. Il ne veut pas car, selon lui, j'irai trop vite. Je lui dit que derrière moi se trouvent 2 coureurs qui vont un peu moins vite que moi et ce serait bien s'il arrivait à prendre leur roue (c'est vrai qu'il y a encore une bosse de 150 de D+ à faire).
Et cette bosse c'est celle où j'avais failli rendre l'âme en 2003 ;-)))))
Je la monte régulièrement, sans soucis, et je fais même un petit coucou au fameux rocher qui aurait pu être ma pierre tombale 4 ans auparavant (lire le CR ad-hoc pour comprendre). Les petites montagnes russes avant la descente finale sont un peu pénible, après tout, même si j'ai rechargé en flotte, le mal avait été fait et mon corps n'était pas au top !
Je franchis la ligne d'arrivée après 7h56 de péripéties... 1h25 après la Souris (chapeau bas la miss).
Alors que dire après ce trail ? Que c'est dur de faire une telle course sans entraînement spécifique depuis un an : ça je m'y attendais. Que je suis content car ma hanche folle ne m'a pas ennuyé : ça je l'espérais. Que j'ai fait un exercice grandeur réelle de récupération suite à une déshydratation : ça je ne l'avais pas prémédité !!!!!
Mais vu l'état de mes jambes après 20km de spinning-bike de matin à 110rpm je puis certifier qu'en 2008 je ferai plus de trails qu'en 2007... et que surtout je ferai du spécifique afin d'être à l'aise sur ces terrains.
Amitiés sportives.
LTDB_encore_espanté_par_la_course_de_la_Souris
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10 commentaires
Commentaire de akunamatata posté le 20-05-2007 à 12:59:00
Bravo LTDB d'avoir bouclé le parcours, j'ai l'impression d'avoir vécu un peu la même expérience à 1 h d'intervalle.
Commentaire de devey posté le 20-05-2007 à 15:21:00
felicitation belle perseverance sous le soleil
et ton epouse quel resultat? JM
Commentaire de xav04 posté le 20-05-2007 à 15:27:00
Félicitation pour ta course et je vois qu'on a eu la même "tactique" de course avec nos chères et tendres...
Avec peut-etre le plaisir de se rencontrer sur un futur trail
Commentaire de calimero posté le 20-05-2007 à 21:56:00
Un grans bravo pour ta course et les émotions que tu nous as donné.
Merci!!
Commentaire de Say posté le 20-05-2007 à 23:24:00
Salut
J'ai bien ri quand tu as parlé de grupetto. Merci de nous rappeler que l'hydratation est importante, vitale que dis je!
A peluche
Coli
Commentaire de LTDB posté le 21-05-2007 à 06:23:00
Pour akunamatata : heureux d'avoir fait ta connaissance en chair et en os, même si ce fut bref. J'ai hâte de voir l'album photo que tu as fait sur cette course, car avec les conditions météo, ça doit être grandiose !!!
Pour devey : ma tendre & douce a terminé le 21km en 3h45... en reconnaissant, à la vue de ce qu'il restait dans son camelbak, qu'elle n'avait pas assez bu elle-aussi ;-)))))
Pour xav04 : question tactique pour cette année ça ne pouvait être que celle-là vu que j'avais décidé de planifier une saison quasiment vierge en trails afin d'essayer de renforcer ma hanche folle. Comme ça a l'air d'être OK je pense en mettre davantage l'an prochain. Mais pour cette année je vais continuer dans l'optique fixée : un max de vélo de route (concentrations, randos, brevets...)
Pour calimero : si entre autre émotion j'ai pu faire passer celle de ne SURTOUT PAS PRENDRE A LA LEGERE L'HYDRATATION, ce serait parfait ;-)))))
Pour Colimaçon : l'image du gruppetto s'est tout naturellement imposée à moi, certainement en rapport avec le volume de vélo de route que je fais depuis presque une année maintenant ;-)) Et pour le fait de boire il faut surtout le faire avant d'avoir soif, sinon il est déjà trop tard.
Commentaire de gdraid posté le 21-05-2007 à 10:36:00
Merci LTDB, ta course comme pour tant d'autres, est une belle aventure, bien racontée, plaisante jusqu'au bout.
La tendresse et les petits soins pour Madame, font plaisir à lire aussi.
Bravo pour ta course, finalement bien gérée, à quelques gouttes d'eau près...
JC
Commentaire de Souris posté le 21-05-2007 à 15:58:00
Merci le Trailer pour ce récit et encore Bravo d'avoir tenu bon.
Bien jolie course avec des passages sur les crêtes superbes et un super WE dans l'ensemble.
Merci encore pour l'accueil!! Bises à tes femmes (Sandrine et tes 2 choupinettes) ainsi qu'à Dédé dont je garderai toujours l'expression "Zéro la barre" :-))
La_Souris_gros_coups_de_soleil_sur_les_épaules!!!
Commentaire de akunamatata posté le 21-05-2007 à 20:12:00
en avant première les photos du trail de signes 2007
http://www.flickr.com/photos/akunamatata/sets/72157600232082561/
Commentaire de LTDB posté le 21-05-2007 à 20:19:00
Superbes comme toujours tes photos Akuna !!!!!
Vivement le CR !!!
Amicalement.
LTDB_kiva_réenfourcher_son_vélo_demain
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