Récit de la course : Grand Duc de Chartreuse 2004, par fhobl
L'auteur : fhobl
La course : Grand Duc de Chartreuse
Date : 27/6/2004
Lieu : Entremont Le Vieux (Savoie)
Affichage : 3277 vues
Distance : 80km
Objectif : Pas d'objectif
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Grand DuR de Chartreuse
samedi 26 juin soir : pasta party entre UFOs au camping de l'ourson d'Entremont le vieux, à 30 mètres de la ligne de départ et20 mètres de la ligne d'arrivée. On ne sait pas encore que si tous se retrouveront dans quelques courtes heures sur la première, peu auront le bonheur de franchir la seconde.
Car la15 ème édition de ce Grand Duc Tour de Chartreuse (dimanche 27juin2004 , départ5 h pour les 70 solo, 80 km, près de 5000 m de déniv positif réel mesurés en course) restera dans les annales comme particulièrement difficile en raison d'un circuit monstrueusement accidenté, tant le profil que le détail des chemins retenus. Pas vraiment roulant donc, et en prime un départ tonitruant d'un inconnu (on saura plus tard qu'il s'appelle Marc Balmain, de Grenoble) qui non content d'avoir fait 10 lignes droites en sprint avant le départ en guise d'échauffement, part comme un "calu" dès la première montée à20 mètres de la lignes de départ. Le bougre n'a même pas de bidon ! Au bout de 30 mn il est pointé 7 mn devant le groupe de tête dont je suis ! Bluff ? Naissance d'un nouveau Dawa Sherpa alpin ? En tout cas il a mis le feu et le groupe de tête avance vite, trop vite à mon goût, mais je tiens à m'accrocher sinon je ne le reverrai pas, connaissant les coureurs qui le composent : Bruno Durand, déjà 2 fois vainqueur de la course ainsi que du Mercantour, Eric Féminier, trailer lyonnais bien connu au palmarès éloquent, Guillaume Dentella, qui a l'air très à l'aise à voir sa svelte foulée, Patrick Leservoisier, récent3 ème de l'ultra Marathon du Salève : bref, non seulement la course est plus difficile, mais en plus le "plateau" est relevé avec plus de coureurs rapides que l'an dernier (où seuls MichelC et Icart étaient de ce "gabarit"). En embuscade, Bruno Croset, Werner Schweizer et d'autres suivent à quelques encablures.
Finalement, au début du second tronçon, je me retrouve seul avec Bruno Durand en chasse derrière Balmain et Féminier. Nous reprenons ce dernier dans la montée de Chamechaude, et croisons Balmain qui a déjà 15mn d'avance car il a couru tout le temps dans toutes les montées, c'est ahurissant ! (nous ça fait longtemps qu'on alterne marche et course sur ces pentes parfois ultra-raides et très longues).
Nous arrivons au Sappey à mi-course (40ème km) en 5 heures piles, ce qui correspond au timing de Bruno Durand. Mais le plus dur reste à faire. Dans la montée au col du Coq, nous apercevons enfin Marc Balmain en point de mire : il est "cuit", ce qui nous rassure : il y a une logique dans cette histoire ! On le dépasse au col en lui proposant qu'il nous suive mais il n'arrive plus à avancer et lâche vite prise. Il arrêtera à St Pierre de Chartreuse quelques km plus bas, en s'endormant à chaque ravito ! Sans expérience des compétions ultra, il est parti à son rythme habituel de sortie off qui ne dépassent pas40 km (il avait déjà gagné le grand Duc en duo il y a 4 ans) et s'est carbonisé. Mais quel baroud !
On pense avoir course gagnée Bruno Durand et moi, qui avons décidé de courir et finir ensemble. C'est sans compter sur le talent d'Eric Féminier qui profite d'un coup de pompe de Bruno au début de la terrible montée au col du Mauvernay sur le Grand Som pour nous rejoindre et planter aussitôt un démarrage en côte à laisser Michael Jonhson dans les startings blocks. Sait il ce qui l'attend ensuite ? ( 700m D+ en mur continu dans la chaleur). Après un temps d'hésitation (Bruno ne peut manifestement réagir), je décide d'aller le lui demander de vive voix et me lance à sa poursuite, non sans mal (on court dans cette montée infernale, contre toute raison). Je finis par le rejoindre quand il se met à marcher (tout de même !) et entreprend de lui expliquer la suite, ce qui le fait vite réfléchir. On temporise et je lui fais accepter l'idée du ménage à trois plutôt qu'une bagarre destructrice. Bruno, qui s'est repris, nous rejoint au sommet pendant qu'on se goinfre au ravito. On finira tranquille à trois sachant que derrière, Bruno Croset, qui fait une belle course, est pointé à plus d'une demi-heure. Le dernier tronçon ressemble ainsi plus à une randonnée entre amis qu'à la course du livre de Franck Braine (lequel fait malheureusement partie de l'hécatombe UFO, mais il n'est pas venu pour rien : il a vendu des livres et je suis heureux de faire partie de ses lecteurs (Eric, peux tu me donner ton adresse pour que je t'envoie le chèque STP ?)). Seul le dernier kilomètre de descente nous tire de notre douce torpeur pour passer sous les 11 h : c'est gagné avec10 h59 (ouf) ! Nous franchissons la ligne d'arrivée tous les trois de front, main dans la main et les bras levés, et à ce moment là, allez savoir pourquoi, je suis fier d'être un UFO et cette victoire partagée prend une saveur exquise.
D'autant plus qu'à peine la ligne franchie, un bonheur n'arrivant jamais seul, je suis gentiment "enlevé" par quelques UFOs apparemment remis de leur abandon (?) qui m'offrent une bière fraîche, réalisant ainsi le fantasme le plus exprimé pendant la course de notre ménage à trois. Merci à tous pour cet accueil réparateur.
Le soir, après la remise des prix, je vais saluer Werner Schweizer au camping. Il a terminé8 ème de la course en12 h 30et m'avoue n'avoir jamais été aussi fatigué de sa vie (entre nous ça ne se voit pas...) ! Preuve en tout cas que ce Grand Duc était vraiment un Grand dur. Alors bravo à tous lesUFOs qui ont osé le braver. En attendant de lire vos CR,
bien amicalement
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fabien hobléa
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