Récit de la course : 50 km de Grasse 2004, par Pil
L'auteur : Pil
La course : 50 km de Grasse
Date : 9/5/2004
Lieu : Grasse (Alpes-Maritimes)
Affichage : 700 vues
Distance : 50km
Objectif : Pas d'objectif
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Le récit
Voilà mon CR de cette journée agitée ! ;-)
CR des50 km de Grasse - 9 mai2004
Introduction
La ville de Grasse est à quelques kilomètres de chez moi. En reprenant la course au mois d'octobre dernier, j'avais lu un compte-rendu sur ces50 km expliquant qu'à un endroit, on voyait "Ici commence l'enfer". Tout un programme ! A l'époque, je n'étais pas capable de faire plus d'un kilomètre en courant. Les choses se sont vite enchaînées depuis, quelques petites courses, puis les24 h de Vallauris (là encore c'était à côté de chez moi), et voilà, j'étais entré dans l'ultra, même si ce n'était pas brillant côté performances !
Pour l'article d'Ultrafondus concernant nos pensées en prévision des24 h de Saint-Fons, Phil nous avait demandé quelle serait notre prochaine course. J'ignorais comment j'allais pouvoir finir ces24 h, mais j'avais répondu "certainement les50 km de Grasse". C'est en lisant ces lignes que LTDB m'a contacté en m'expliquant qu'il comptait la faire lui-aussi. C'est ainsi que les doutes que j'émettais quant à ma participation furent vite dissipés. Je devais la faire.
LTDB et moi nous sommes échangés des dizaines d'e-mails au sujet du tracé, j'ai pris mon vélo pour faire la reconnaissance, nous avons planché sur des cartes IGN, il m'a fait part de sa stratégie de course, etc... Lui et moi avons comme objectif5 h.
Le jour J
Très vite, le 8 mai est arrivé (et LTDB aussi !). Pasta party avec trois copains de LTDB, dernières vérifications, dodo... Et nous voici au 9 mai ! Sur la place qui sert de départ à la course, j'ai vu quelques têtes connues : le "monsieur GRR" et une des "lionnes" vues à Vallauris par exemple. Plusieurs coureurs reconnaissent le maillot UFO que je porte, c'est dingue comme il attire la sympathie ! Nous distribuons des formulaires d'abonnement et le tract pour l'opération que LTDB organise avec "La lampe magique".
Arrive le moment du départ, nous nous plaçons au fond du peloton avec LTDB et Thierry (Zenitram). Dès le départ ça grimpe sec, mais l'ascension ne pose pas trop de problèmes, du fait de l'effet de foule : en effet les départs des 12 et des50 km étaient simultanés. Curieusement, nous sommes plus rapides que beaucoup de coureurs du 12 !
Premier ravitaillement, ça ne se bouscule pas, pourtant il y a du monde. Je bois un verre et je repars. Le parcours devient plus changeant : nous avons droit à plusieurs petites descentes, suivies de montées chargées de nous rappeler qu'on est ici pour en baver.
Ensuite arrive une belle descente, je décide de faire une échappée. Je me laisse aller dans les descentes pour calmer le jeu dans les montées. Je ne vois plus LTDB et Thierry. J'arrive à Cabris, et je commence le chemin des Hautes-Ribes. Au départ, le speaker nous a expliqué que nous allions maudire les organisateurs pour ce passage. Cette fameuse boucle passe par des chemins de terre avec des trous, il faut faire attention où on met les pieds. Je passe les10 km en54 minutes, et en profite pour passer un premier coup de téléphone à Radio UFO. Bon je n'ai pas choisi le meilleur moment pour téléphoner : je n'avais pas vu qu'il y avait une montée horrible juste après. Un triathlète me dépasse, il me dit : "tu bosses pour la radio ?". "Euh oui, c'est pour Ultrafondus, ils font vivre la course en direct pour les Internautes". Propagande habituelle ! Enfin ça grimpe vite un triathlète !
Je rattrape José à la fin de ce chemin, et nous restons proches durant plusieurs kilomètres. Après Cabris, la route devient agréable : ça descend et c'est du bitume ! (je ne suis pas un traileur moi ! enfin pas encore...)
Après quelques lacets, on arrive sur une descente en ligne droite où José me double, il va vite, et moi aussi. Je passe au19 ème kilomètre en un peu plus de1 h37, et second coup de fil à Radio UFO.
Toute cette portion est très sympa : rien de trop raide au niveau profil, les voitures nous voient de loin, je reçois des encouragements de la part de cyclistes qui me dépassent et de personnes sur le bas-côtés. Le moral est toujours au beau fixe, et pas la moindre douleur.
J'arrive à Saint-Cézaire où je me heurte à une première difficulté : où dois-je aller ? Il y a une intersection, et les deux routes semblent convenir pour le reste de la course au niveau direction. Je m'arrête bêtement, quand je me fais rattraper par une coureuse qui m'explique la route à prendre, elle est du coin mais me confie qu'effectivement "ça manque de balisage".200 m plus loin je croise un policier municipal en pleine ligne droite qui me dit "c'est tout droit". Pourquoi était-il planté là ? Ravitaillement, je prends mon temps, je ne veux pas être déshydraté, je bois un peu de tout. La coureuse repart, un bénévole me confie que ce serait la première féminine. Je décide de la suivre. Je rattrape un coureur au maillot Spiridon, et nous faisons l'ascension du col de la Lèque ensemble. Le fait d'être accompagné me ralentit, je n'ai pas envie de trop m'éloigner de lui non plus, et la féminine est loin devant maintenant. Je décide d'appeler Gérard Cain pour qu'il me remonte les bretelles, je tombe sur son fils. Pas grave je continue, j'arrive à proximité du col. J'appelle Léonard, grâce à qui j'ai commencé l'ultra pour lui demander des conseils : j'ai l'impression d'être allé trop vite durant cette première partie :2 h 30au28 ème kilomètre. Ca m'inquiète de ne pas revoir LTDB et Thierry revenir sur moi, sachant que j'ai fait la montée très lentement. Ce sera chose faite au ravitaillement du col.
C'est ainsi que nous faisons quelques kilomètres à vive allure : aux alentours de cinq minutes au kilomètre, alors que ça grimpe relativement fort encore. Je les suis jusqu'au ravitaillement suivant (Saint-Vallier), mais les deux sont costauds dans les montées, j'ai peur de partir sur un faux rythme. Je reste en retrait, me laissant environ200 m de marge. Je les ai ainsi pratiquement tout le temps en vue.
Ravitaillement des Audides, le bénévole m'encourage, maintenant on ne fait plus que descendre ! Enfin presque... Quelques petites montées, que je prends très doucement, et des descentes où je vais un peu plus fort.
J'aperçois Cabris, ça sent l'écurie, ça me remet du baume au coeur. La route est dangereuse, je la connais pour l'avoir faite plusieurs fois à vélo. Une voiture me frôle de très près, par réflexe je me jette contre la rambarde métallique, et mon genou droit n'apprécie que très modérément. J'avais pris des bandages pour "emballer" mes tibias pour prévenir tout risque de périostite dans les descentes. Je les enlève pour essayer de me coincer un peu la rotule car ça fait mal. Le résultat n'est pas convaincant. Je vide ma gourde dessus, mais ça ne change pas grand chose. J'essaie de courir, en vain. Une autre coureuse me dépasse, elle m'encourage et me dit qu'elle fait le relais. Je fais tout mon possible pour la suivre, elle n'est pas très rapide mais ça me convient. Je dois abdiquer. Je la laisse s'éloigner, alternant course lente et marche.
J'arrive à Cabris, il me reste moins de10 km à faire. J'ai très envie d'abandonner. Je pense à vous tous, et je me dis que je ne dois pas le faire, tant que j'arriverais à marcher, et s'il faut ramper, je ramperais. Je m'engouffre dans le chemin des Hautes-Ribes, et ça devient vraiment l'Enfer. Dans certaines montées, j'ai du mal à avancer, il faut que j'appuie mes bras sur mes cuisses. J'envisage même de marcher à l'envers, pourquoi pas après tout ? La traversée de ce chemin est interminable et mon genou me fait clairement comprendre qu'il ne coopérera pas.
A la sortie du chemin, un dernier ravitaillement. La bénévole m'informe que tous les coureurs se sont plaints de ce passage, et que les organisateurs ont certainement fait un mauvais choix. Le retrouvera t-on l'année prochaine ? Après une petite montée très sèche, j'ai Grasse en face de moi. Il faut descendre. Je cours, mais je marche encore beaucoup. Je me motive, je n'ai que 3 ou 4 kilomètres. Un coureur me dépasse, je m'accroche à lui. Mmi m'appelle, inquiet de ne plus avoir de nouvelles, je lui explique mes aventures, la ligne est proche. J'ai le moral qui revient, je rattrape le coureur, coincé derrière une voiture dans une rue étroite. Nous faisons quelques mètres ensemble, mais il est plus rapide que moi dans les descentes, mon genou faisant des siennes. Dès que la route devient plate, je commence un sprint, enfin quand je dis sprint, comprendre courir vite.
5h 02et 27 secondes. Je cherche du regard LTDB, il n'est pas là. J'appelle Radio UFO pour mes impressions "à chaud". Je récupère mon tee-shirt de finisher ainsi que mon ticket repas. Je pars en direction du parking pour me changer. Je retrouve dans les escaliers Thierry et José, qui m'accompagnent jusqu'à la voiture. J'y retrouve LTDB qui a fini en4 h47, et là je fonds en larmes, je craque nerveusement. Durant les derniers kilomètres, j'avais tellement envie d'arrêter que j'ai beaucoup pris sur moi, et l'épisode de la voiture m'a fichu la frousse, j'aurais pu me faire beaucoup plus mal. Je me calme, et je retrouve ce que je crois être un sourire, mais ça, il faudra le demander aux autres. Les étirements ? Ah oui, il faut les faire, enfin j'ai la tête ailleurs.
Enfin, le repas, bien mérité, croyez-moi ! A toutes les tables les gens parlent de la difficulté du parcours. J'entends beaucoup de comparaisons avec Millau, pour certains c'est plus facile, pour d'autres c'est plus dur... Toujours est-il que pour ma part, Millau ça sera pour bien plus tard !
Bilan de cette course : je suis heureux d'avoir fini, d'avoir cherché au fond de moi l'énergie pour avancer. Cette motivation m'avait fait défaut lors de Saint-Fons, là je crois que j'ai compris ce que c'était. D'un point de vue chiffres, je n'ai que deux minutes de retard par rapport à mes prévisions, ce qui est encore en soi une victoire pour moi. J'avoue, j'ai fait une course pas très cohérente, départ trop fort certainement. Cependant, j'ai fait la course que je voulais, il me fallait être seul pour n'avoir que moi comme "adversaire".
D'un point de vue entraînement, il est clair que je ne suis pas tellement au point pour les montées et les descentes, je ne m'entraîne presque exclusivement que sur du plat. En revanche, je vois que j'ai progressé. Que de chemin parcouru en huit mois depuis ma reprise !
Aujourd'hui j'ai toujours mal à mon genou droit, je souffre dans les escaliers, mais ce sont les risques du métier !
Merci à tous d'être là, et bravo à ceux qui auront le courage de tout lire !
Amicalement
Fred
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