Récit de la course : Off - Tour de France - Franchir l'Horizon 2004, par Léonard

L'auteur : Léonard

La course : Off - Tour de France - Franchir l'Horizon

Date : 3/3/2004

Lieu : Asnières Sur Seine (Hauts-de-Seine)

Affichage : 2646 vues

Distance : 56.8km

Objectif : Pas d'objectif

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Franchir l'Horizon, les canards, les flamands roses et les mouettes

Voilà, pour moi c'est fait, Marseillan/Onglous - Montpellier, 56,8Km au compteur GPS. J'espère que nos kilomètres permettront d'apporter encore beaucoup de parrainages pour remplir les assiettes et scolariser ces enfants. Je commence par là mon compte-rendu parce que c'est l'essentiel.

J'ai vu le film hier soir, j'ai vu cette misère, ce que nous faisons est dérisoire à côté de l'engagement des bénévoles d'EDM et les volontaires (les bambous) dans ces pays. Mais si nos kilométres peuvent contribuer a développer ces actions, c'est le moins qu'on puisse faire, nous qui courons pour notre plaisir. Ces enfants sont malades, du sida, de la lèpre, orphelins, abandonnés, rejetés en raison de leur maladie, vivent dans la rue sur les trottoirs de Manille. Il y a beaucoup à faire!

Bon après "joie de donner", voici "plaisir de courir".

Hier matin la météo annonce 22° à l'ombre. Il faudra donc compter un minimum de 25 au soleil à une période de l'année où l' organisme n'est pas encore habitué. Je charge donc la poche à eau à 3l puisque je fais mon tronçon en autosuffisance. Il faut de la place pour les vêtements. comme je prends le car je pars "en civil" et je me mettrai en coureur sur place. J'arrive à Marseillan/Onglous à 11h45. Le lieu est symbolique pour moi parce que c'est là que doit arriver l'épreuve que je vais tenter en Juillet, l'Intégrale de Riquet. Aujourd'hui c'est la suite, le dessert avant le plat principal!

Je me lance à midi. J'ai tous les renseignements, j'ai discuté avec un autochtone dans le bus, il m'a dit que je pouvais longer l'étang de Thau. Au bout d'un kilomètre je suis déjà dans les marécages, un pied a pris l'eau. Mais ce n'est pas grave, le spectacle est magnifique, les canards et autres oiseaux s'envolent à mes pieds, des espèces que je n'avais jamais vu. J'ai prévu à trois semaines de mon prochain 24h, de faire du spécifique, entre 9,5 et 10km/h. Et puis compte tenu de la chaleur, ce sera suffisant. Mais là je commence par prendre du retard. Je rejoins donc les vignes de Listel où je trouve une longue ligne droite qui va me mener à Sète et où j'arrive à reprendre une partie du temps perdu dans les marais. Comme le sac est un peu lourd et qu'il fait chaud -il n'y a pas d'air, elles sont abritées ces vignes- je n'hésite pas à tirer sur la pipette. Je veux éviter la traversée de Sète et tente un passage par un chantier où une glaise me colle aux chaussures. A ce moment là le Toro, m'appelle, je suis obligé de le quitter car je suis face à un canal et je dois escalader un mur anti-bruit pour me retrouver sur la route que je voulais éviter. Je m'étais déjà fait piéger à l'étang de Thau par un canal, j'avais dû rebrousser chemin. La traversée de Sète par une route à grande circulation puis la zone industrielle ne m'aura pas laissé un souvenir impérissable. Ah si, au port je marque un arrêt un peu prolongé. J'ai refait mon retard, j'ai même un peu d'avance, je profite de la vue, me ravitaille, mouille la casquette saharienne. En quittant les Z.I. entre Sète et Frontignan, je sais que je viens de faire la partie la moins intéressante du parcours. Une dernière escalade pour accéder de la voie ferrée au pont au-dessus me permet de me retrouver du bon côté pour rejoindre Frontignan-plage et les Aresquiers où je sais qu'il fera moins chaud, on sent déjà le vent...

Je traverse les Aresquiers par la piste cyclable qui me semble interminable. J'aurais dû prendre par l'intérieur, la route était moins rectiligne mais certainement moins monotone. A la sortie je me rends compte que la poche à eau s'est considérablement allégée et je n'ai pas profité pour faire le plein, or je vais m'engager le long du canal du Rhône où il n'y a rien d'autre que des étangs de chaque côté. Je suis bien au milieu de ces étangs avec les mouettes et les flamands. C'est déjà le printemps chez les mouettes, elles profitent du chemin de halage pour s'accoupler et ne semblent pas gênées par ma présence. Le téléphone ne sonne plus. Plus tard je verrai que par mégarde j'avais coupé la sonnerie et je trouverai les messages sur le répondeur. J'en profite pour vous remercier de vos encouragements. Au moment où je m'arrête pour photographier des flamands roses bien roses, je reçois un appel de Patrick D'Esnambuc qui est à Villeneuve-les-Maguelone. J'estime être à deux Km de la cathédrale Maguelone, Patrick propose de me rejoindre mais je lui conseille de m'attendre de façon à ne pas se perdre car je ne sais pas s'il a bien situé ma route. Et je retrouve la civilisation des hommes, laissant à regret mes oiseaux.

Après un arrêt avec Patrick et son épouse, je rentre dans Villeneuve. Je ne sais pas pourquoi je tiens à remplir ma poche à eau dans un cimetière alors qu'il aurait été plus simple de rentrer dans une épicerie, j'ai de l'argent sur moi. C'est sans doute l'envie de retrouver certaines émotions de mes longues randos à vélo dont une de trois semaines en 1997 à raison de 150km par jour avec bagages et tente de camping pour un poids total de 25kgs. Mais là je sors de Villeneuve sans voir le cimetière. Je pense être sur la route que j'ai choisie pour faire au plus court mais un panneau indique Montpellier dans mon dos. Je fais un demi-tour et cours un moment avant de me rendre compte que ce panneau dans lequel je suis tombé me dirige vers la route Montpellier-Palavas. Un bref coup d'oeil sur la carte et je prends un chemin en cul-de-sac mais au bout il semble y avoir un sentier piétonnier. Je ne vois pas ce sentier, d'instinct je sais qu'il me faut aller vers l'ouest, je rencontre une gare en pleine campagne, je traverse le passage à niveau et rentre dans une propriété. Je me dirige vers l'homme au fond de son jardin pour le saluer et m'excuser de traverser sa propriété, mais au premier abord il se montre plutôt agressif. Je lui explique l'action que nous menons et lui signale que si je suis rentré dans sa propriété c'est parce que je l'ai vu dans le jardin. Il s'est calmé et se montre presque sympathique mais je n'ose pas lui demander un verre d'eau, ma poche est sèche, ma gorge commence à l'être aussi. Je retrouve enfin ma route et à 18h je rejoins Didier de Nîmes marathon venu prendre le relais à l'entrée de Montpellier. Il me reste moins de trois kilomètres à accomplir et je dois être à 19h au rendez-vous d'EDM au centre ville. Je prends donc le temps de faire connaissance avec Didier qui me propose sa bouteille d'eau, ouf que ça fait du bien! Didier fait quelques photos.

Je suis accueilli par la sympathique équipe d'EDM, encore une séance photos, et je retrouve Jacqueline et Patrick D'esnambuc. Nous laissons EDM installer la salle pour la soirée qui débute à 20h30 et ensemble nous allons manger au restaurant ...le "Mékong II"! Puis nous assistons à la soirée où Véronique d'EDM nous propose de présenter notre sport et en particulier l'ultrafond avant la diffusion du film. Je ne sais pas si notre présence aura contribué à aider l'opération, je ne connais pas le nombre de parrainages car à 23h30 quand je suis parti les futurs parrains se renseignaient encore auprès d'EDM. J'espère pour ces enfants que Montpellier aura connu autant de succès que les villes étapes précédentes.

Quant à moi j'ai pris beaucoup de plaisir sans fatigue excessive, je marche normalement, ce matin surlendemain je vais courir un peu. En courant la Sauta Roc cinq jours avant, mon intention était de provoquer une préfatigue et de courir 1/4 de 24h sur cet état, me mettant ainsi dans les conditions du 2ème ou 3ème quart. J'ai eu cette impression au départ, j'ai couru à allure spécifique, mais la mini secousse attendue n'est pas venue. Alors je vais chercher un trail court pour dimanche, c'est dans l'esprit du plan d'Irina que j'ai suivi globalement malgré cette entorse des deux dernières semaines. Le plan d'Irina comporte un 10km à J-15. Je pense que deux semaines avant mon 24h quelques kilos plus rapides passeront bien avant de me mettre au jus.
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"l'essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu'avec les pieds"
http://coureurs.ultrafondus.com/coureurs/leonard/

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