Récit de la course : 24 heures de Séné 2006, par bernardlepirate

L'auteur : bernardlepirate

La course : 24 heures de Séné

Date : 26/5/2006

Lieu : Sene (Morbihan)

Affichage : 1567 vues

Distance : 184km

Objectif : Objectif majeur

2 commentaires

Partager :

24H se SENE

Il y a quelques mois, je me suis lancé dans le pari un peu fou d’enchaîner trois sommets de la CaP : le Marathon de Paris en 3h31 puis 15 jours plus tard les 100km de Belvès en 10h58 (soit 1h de gagné sur Millau 2005) et enfin mon Anna Purna à moi « Séné ».
Incontournable Séné qui s’annonçait comme la fête des ADDM et là aussi je n’ai pas été déçu…

Pendant toute la préparation, j’ai mixé les plans d’Irina Bella et de Heubi One. D’après Bebel : mixage risqué mais qui m’a plutôt réussi.

C’est avec une appréhension certaine que j’arrive à Séné : d’autant plus que pour me mettre la pression et jouer sur l’orgueil, j’ai annoncé un peu partout un objectif à 180km.
Deux choses vont bien vite me calmer :
-des paysages enchanteurs, je suis et resterais conquis
-et surtout les copains du Forum.
Quand j’arrive sur le stade, Patate avec Noël dans les bras (ou l’inverse) et Marmotte en toute décontraction sont au bar et éclusent de la Bibine. Manitas en pleine bourre prend le temps d’un accueil chaleureux.
Un peu plus tard, avec Cyrano et Mme, nous faisons un tour du circuit ; lui pour vérifier son Garmin, moi pour régler le Polar. Nous constatons avec plaisir que la moitié du circuit revêtu de stabilisé reste très souple, que la monté des 6 m de dénivelé s’effectue sur un très long faux plat .Je ferais trois tours supplémentaires en courant pour affiner le réglage et me ferait copieusement chambrer par la dizaine d’ADDM présents : les festivités commencent.
La plupart des ADDM sont là pour la Pasta , il y règne une joyeuse ambiance de franche camaraderie, personne ne montre d’appréhension devant ce qui nous attend et cela me rassure. Ces gars ont des choses à se dire et ne s’en privent pas.
Notre Österreicher Guy arrive après la bataille : heureusement Manitas a vu large, il reste de quoi le restaurer. C’est vrai qu’il en a besoin : je l’imaginais plus grand, plus costaud et puis, moustache et bouc à la d’Artagnan l’écrase un peu. Enfin ça ne l’empêchera pas le lendemain soir d’aller très vite.
C’est avec regret que nous nous quittons pour profiter d’une bonne nuit de sommeil.

Comme d’habitude mes affaires ne sont pas prêtes et je suis à la bourre. Au moins cela m’évite de gamberger avant le départ. Apres les problèmes gastriques que j’ai connu à chacune de mes sorties j’ai décidé de réduire à 40gr par litre la concentration de Caloreen.
Associé à la prise de solide tout au long de la course, cela s’avérera payant.
A 10h moins 20, nous quittons le stade pour nous rendre sur la ligne de départ au centre du village. Nous longeons le Golf et profitons des vivifiantes odeurs marines...
L’humeur générale est joyeuse et badine en dépit d’un ciel couvert et d’un taux d’humidité de 100%.
10h pétante, enfin le départ est donné. Je pars avec Diogène : nous dévalons les 250 premiers mètres à 11.5km/h et nous sommes loin d’être les premiers.
Contaminé par le Dio, je décide alors de faire une Diogène cad battre mon record du 100km soit 10h58. Adieu veau, vache (pour un bœuf c’est dur), pardon adieu VS24h soigneusement travaillée à l’entraînement…Je n’oublie quand même pas la sublimissime, l’efficacissime méthode Cyrano.
Les deux premières heures s’effectuent à la moyenne de 9.74km/h (au lieu de 8.75).Nous sommes nombreux à être parti trop vite, certains abandons et contre-performances trouvent là leurs explications. Pas taper, chef. C’était trop tentant et trop agréable …au début.
Pendant plusieurs heures, les premiers se tirent la bourre : Bernard pointe en tête comme une étoile malheureusement filante…
La nouvelle de la Victoire et du record de France de Bibi à Brive diffuse sur le circuit comme une traîné de poudre et ne contribue pas à nous calmer. Nous sommes fier de Notre Bibi et voulons lui faire honneur.
Cyrano rigolard et Mmi concentré tournent comme des métronomes et me doublent régulièrement tous les 4 tours. En dépit de quelques moments difficiles Diogène me met 3 tours dans la vue.
A un moment, je reviens sur Pascale Mahé. Avec elle, ce n’est pas les Tontons Flingueurs mais la Tati Flingueuses. En la rattrapant, j’ai du dire une connerie car je me prends une claque sur les fesses. Glups…
Tiens, la Marmotte ne court plus et nous tire le portrait. Serait-il blessé ? Son air jovial ne me dira rien, il est toujours comme cela. Je ne me poserai pas longtemps la question car égoïstement je retourne tres vite dans ma bulle.
Au bout de 5h, nous n’avons plus rien à nous dire ou la fatigue commence à se faire sentir, les discussions s’amenuisent. Pour rester occupé, je prend le MP3 et ne le quitterais que 8h plus tard quand je prendrais le train de la Dream Team. Alors que ma moyenne durant la 5ème heure avait chuté à 8.6km/h , Deep Purple avec Highway Star, Status Quo et Cleardance Clearwater Revival vont me faire sérieusement accélérer à 9.9 km/h de moyenne en chantant pendant plus d’une heure.
La présence permanente de Patate, très longtemps avec Guy, est d’un grand réconfort. A chaque tour j’essaye de faire bonne figure. Plaisanter avec le speaker, même s’il est parfois un peu lourd, est un réel plaisir et quand par exceptionnel il m‘oublie j’en suis déçu. Les bénévoles au ravitaillement sont hyper attentionnés et anticiperont nos désirs quand nous aurons du mal à nous exprimer. Et que dire du Grand Manitas, toujours présent avec le sourire, toujours en mouvement, toujours à nous encourager et à nous pousser.
Le passage par la zone d’arrivé et de ravitaillement me fait à chaque tour un bien énorme, j’ai besoin de tous ces soutiens, ces encouragements , ces présences attentionnées. Quand j’en suis loin, je me raccroche à mes souvenir : mon fumeur de fils qui me soutient à Millau, Bebel qui vient me chercher et réussit à me faire finir Belvès. Je ne peux courir que pour et par les autres.
Sans que je ne m’en rende compte, noyé dans le Requiem de Mozart, ma vitesse a beaucoup baissé pendant les 9ème et 10ème heure. Je réalise alors que je ne battrais pas mon record sur 100km, cette barre sera passée en 11h20’.
Au fil du temps, le long faux plat commence à se faire sentir au niveau des fessiers et la si sympathique descente du début fait maintenant hurler les quadriceps.
12 h de course et 105.86 km, jusque là tout va bien. Mais je me souviens de ces posts sur le Forum qui disaient qu’un 24h commence vraiment pendant la 13ème heure.
Mais je n’ai pas le temps de gamberger, je suis rattrapé par les premiers concurrents du 12h et en particulier Véronique Jehanno aérienne qui m’encourage d’un « Allez, c’est bien ». Je vais constater que cette attention ne m’est pas réservée (grosse déprime…) car pendant toute sa course elle va aussi encourager tous ceux qu’elle double.
Peu après, je suis rejoints par le reste de la Dream Team féminine (Marie Noëlle Glémot, Béatrice Lamarque et…). Elles m’invitent à les suivre. Mon éducation m’impose de souscrire à leurs désirs et je me porte à la hauteur de Marie Noëlle qui mène un train d’enfer. Ce tour sera fait à la moyenne de 10.7 km/h mais à mon grand dam, Cyrano oblige (la méthode) je dois les laisser partir.
Un peu plus tard, alors qu’elles auront adopté un train plus conforme à mes capacités je vais à nouveau les accompagner. Elles vont me faire vivre une nuit de folie qui m’amènera à imaginer dépasser les 190km.
Malheureusement les meilleurs choses ont une fin : à 6h du matin une douleur lancinante au pied gauche m’empêche de courir. Je décide de marcher quelques tours pour récupérer. Je ne réussirai plus à repartir et vais finir en marchant.
Ni les encouragements de la Dream Team, ni les suppliques de Manitas, qui me fait miroiter les 190 km, ne me feront sortir de l’espèce de dépression dans laquelle je suis plongé (comme à Belvès). Je pleurniche sur mon sort « c’est trop dur », « j’ai trop mal » et Bebel n’est pas là pour me bousculer (gentiment) et me faire repartir.
Une seule idée positive surnage péniblement : faire 180 km.
Je double régulièrement Moby Dick qui est en train de faire un truc : visage fermé, les traits tirés, imperturbable, déterminée et concentrée sur son objectif de 150 km. Tant bien que mal je l’encourage mais j’ai oublié son prénom et je n’ose l’appeler par son pseudo, l’épisode de Diogène et de son tonneau m’ont quelques peu refroidi.
Ma tête doit faire peur car Manitas me fait signe de sourire. Je lui annonce vers 9h que je finis ce tour et que j’arrête, ayant remplis le contrat des 180 km. Il ne va plus me lâcher et à chaque passage me pousser (réellement poussé) à faire un tour supplémentaire. A 9 h45, Manitas est trop occupé et j’en profite comme un gamin pour m’arrêter. J’enlève chaussures et chaussettes pour mettre des tongues : là, je sais ce qu’est le bonheur. Je suis rejoint par une brochette (calcinée) d’addm qui ne veulent pas aller plus loin.
Apres un moment, alors que je croyait plus jamais ça, je me surprend à penser à Séné 2007.
La remise des récompenses est un moment de pur bonheur, nous sommes heureux du plaisir, des sourires de chacun des coureurs récompensés. D’autant plus que tous nous aurons notre minute de gloire en montant plus ou moins péniblement sur le podium.
Au repas, amélioré par la Marmotte, nous avons retrouvé toute notre superbe et les discussions vont bon train. Et c’est avec beaucoup de regrets que nous nous quittons.

Mais après ces 2 jours de pur bonheur, il me reste un calvaire auquel je n’avais pensé : les 700 km de la route de retour que j’effectuerai en m’arrêtant tous les 40 km pour dormir un peu.

Je ne vais pas allonger ce CR par une longue cérémonie de remerciements à vous tous organisateurs, participants, potos et famille qui m’avez permis de réussir mon chalenge.

2 commentaires

Commentaire de Pat'jambes posté le 04-05-2011 à 19:24:00

Merci pour ton CR bernardlepirate.
J'envisage un 1er 24h à l'automne et j'ai glané là de précieuses informations :^)

Au fait... c'est quoi ADDM ?

Commentaire de bernardlepirate posté le 05-05-2011 à 07:59:00

Au Dela Du Marathon: ADDM

Et il y a un site complémentaire à Kikourou

http://forum.brunoheubi.com/

animé par Bruno Heubi

En complément, va voir les post de L'Papy et les miens concernant l'alimentation en course.

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Accueil - Haut de page - Version grand écran