L'auteur : pixou
La course : Le Grand Trail du Saint Jacques Ultra - 130 km
Date : 14/6/2024
Lieu : Saugues (Haute-Loire)
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Distance : 130km
Objectif : Terminer
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A l'origine, je voulais m'inscrire sur le 75km pour faire une course de prépa pour la CCC qui était l'objectif 2024, et grapiller qq stones au cas où j'en aurais l'utilité. Mais voilà, à force d'hésiter, il n'y avait plus de place quand j'ai essayé de réserver. Pareil sur le Verbier 50k. Je n'ai jamais couru plus de 13h, mais je me suis dit que finalement c'était l'occasion: il faut bien augmenter et cet ultra, relativement faible en D+ et roulant, est probablement une bonne entrée en matière.
Pour ma prépa, j'ai essayé d'augmenter le volume à un niveau raisonnable par rapport à ce qu'on lit ici ou là (4-5h/semaine), ce qui est beaucoup pour moi en termes horaires mais aussi physiques. Je sens qu'il ne faut pas que je force plus sinon mon corps ne va pas suivre.
Je fais mon traditionnel blablacar pour arriver tranquillement en fin d'après midi au Puy pour récupérer mon dossard, me reposer, manger, avant de prendre la navette vers le départ. On arrive dans un classique gymnase plein comme un oeuf et qui sent fort la Nok. A 22h, sous une petite pluie fine, on est parti: le départ est un peu rapide je trouve, mais je suis globalement la vague de mon sas et de ma position (milieu du 1er sas). Je connais bien la course de nuit et dans la boue avec mes nombreuses saintélyon, c'est un milieu où je suis à l'aise et surtout je sais que je suis à l'aise donc ça ne me stresse absolument pas. Mon sujet d'inquiétude sur ce trail, c'est mon abandon il y a 2 ans sur le maratrail (40km, 1600m à l'époque), sur crampes horribles à 10km de l'arrivée. La météo sera moins chaude donc je suis moins inquiet, mais je sais aussi qu'il faut que je ménage un peu mes jambes.
Arrivée au 1er ravito: il y a un peu à manger, des guirlandes, du public mais pas de cohue, c'est sympa. Ça change du bordel de la saintelyon.
La pluie commence à tomber fort. Je ne suis pas trop inquiet car il ne fait pas froid (dans les 15°) donc je ne vais pas y laisser trop d'énergie, et surtout ça ne devrait pas durer toute la course. Au deuxième ravito (abrité dans une grange), ça tombe comme à Gravelotte et les coureurs prennent leur temps sans se presser d'y retourner. Je n'hésite pas trop parce que je ne souffre pas vraiment. Le plus chiant finalement c'est la mauvaise visibilité avec la pluie et la brume. Il faut juste pas trop se poser de questions et avancer (une attitude assez classique en trail). La nuit passe et j'enchaîne.
Arrivée à Monistrol, vers 6h du matin, c'est enfin le lever du soleil. Pfff j'ai même pas fait la moitié, ça va être long ce truc. C'est mon moment "je prends mon temps, je m'assois, passe aux toilettes, je me requinque et on verra", aka "ça ne va pas super".
J'alterne les périodes de marche et de course. Je n'arrête pas de faire des calculs pour savoir à quelle heure j'arriverais si je finissais à 5km/h, psychologiquement ma vitesse de marche rapide. De savants calculs sur mes perfs précédentes, par rapport aux meilleurs, m'avait donné un temps estimé autour de 21h, je ne suis pas trop mal.
De temps en temps je me remets à courir, ça fait un peu mal mais je me dis toujours: est-ce que tu as vraiment mal ? Est-ce que ça t'empêche de continuer à courir ? Pas vraiment, si tu veux tu peux continuer... Je retourne dans cet état que j'ai connu 2 ou 3 fois où j'arrive à me mettre à côté de la douleur, à la regarder de l'extérieur. En tout cas à l'accepter et à ne pas la subir ou la combattre. Alors je continue pour quelques centaines de mètres. Je cours vers 9 km/h, nettement plus vite que les autres concurrents qui courent autour de moi, mais comme ils ne marchent pas, je fais du yoyo.
Entre Alleyras et le lac du Bouchet, c'est la portion la plus longue et la dernière grosse montée. C'est un peu chiant aussi avec beaucoup de route forestière. J'ai une grosse envie de sommeil, finalement je me pose 15min sur un bord de chemin où je somnole. A la reprise je me sens bien mieux et j'arrête de bâiller toutes les 2 min. Je rattraperais les coureurs avec qui j'étais en 1h environ, donc ça valait vraiment le coût.
Arrivée au lac du Bouchet, la bonne surprise d'avoir un plat de pâtes chaud. J'avale rapidement.
Dans la montée vers le mont Devès, j'ai l'impression qu'on fait plein de détours au lieu de viser l'antenne (et ouais, la carte me le confirme). On se fait doubler par les premiers du trail du St Jacques, partis ce matin.
Au sommet, je sais qu'il ne me reste plus "que" la fameuse montée où j'avais craqué il y a 2 ans. C'était encore super long à l'époque, mais sur un 130km ça paraît proche (marrant comme la longueur globale déforme la perception de ce qui reste à courir: on raisonne en fraction restante et moins en km). Je reconnais les chemins, et enfin cette fameuse bosse! J'échange avec un autre coureur sur mon passé de crampes, il me dit qu'il a patienté 6h sur la Diag une fois pour faire passer les crampes et finir (chapeau à lui). Ça se fait bien au final, un bénévole nous encourage en haut. On déroule la descente, encore un peu de crapahut vers les chibottes, puis on arrive en ville et l'excitation me pousse à faire la dernière montée vers la cathédrale en courant, content de finir, pas loin de l'euphorie.
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