Récit de la course : Grand Raid du Guillestrois et du Queyras - 164 km 2024, par Julien_trail

L'auteur : Julien_trail

La course : Grand Raid du Guillestrois et du Queyras - 164 km

Date : 5/7/2024

Lieu : Guillestre (Hautes-Alpes)

Affichage : 465 vues

Distance : 164km

Objectif : Terminer

2 commentaires

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L'Ultra tour - mon premier 100 miles - un magnifique voyage

Après un 56 km en 2022, un 96 km en 2023, me voilà engagé sur un 100 miles en 2024, soit 166 km. Avec 11000m de D+, 12 cols à plus de 2300m et une altitude de 2000m de moyenne, l'Ultra tour du Grand raid du Queyras est un gros morceau, mais je sais qu'il pourra me donner ce que je viens chercher.

Je n'ai pas été déçu. J'ai l'impression d'y avoir tout vécu. Intensément.

L'euphorie du début, du soleil qui se lève sur Guillestre à mesure qu'on quitte le village. L'ambiance de petit matin sur les chalets de Furfande. Les premières heures qui passent comme des minutes la première journée, tellement tout va bien. L'impression de vivre ailleurs, hors du temps, le long des cours d'eau, dans les vallées fleuries ou au ravito des Fonds. Etre impressionné par l'intensité de l'émotion que peut donner une action aussi simple que celle de courir.

Le coup de mou qui impose sa loi dans cette montée vers le Malrif qui n'en finit pas. Et puis qui passe, quelques dizaines de minutes plus tard, à un point tel que je me sente pousser des ailes en haut de la crète qui suit et de sa vue vertigineuse sur le Lac du Grand Laus. L'émerveillement enfantin face à des bouquetins et marmottes en fin de journée au Lac Foréant. Réaliser la chance que j'ai de courir face au coucher du soleil dans la descente du Col Vieux. La sensation d'avoir tout sous contrôle : le plan de course, la fatigue, l'alimentation.

Et puis la défaillance.

Se sentir vulnérable, à Saint Véran, pendant trois heures sur un lit de camp et sous deux couvertures de survie. L'importance de l'humain au cœur de la nuit. L'humain qui met le holà car les paramètres ne sont pas bons. L'humain qui prend soin de l'autre, qui réconforte. L'humain qui autorise à repartir.

L'énergie qui revient avec le soleil qui se lève. Se dire que ce deuxième matin est le dernier, si tout va bien. La joie d'être dépassé, encouragé par les coureurs des autres distances. Le réconfort de voir des visages connus, les copains de Biotrail, un par un par, leur sourire, le fait qu'ils apprécient, qu'ils soient en forme, qu'on partage les mêmes paysages. La gratitude infinie envers ces bénévoles des cols et des ravitos qui sont attentionnés, qui proposent des pâtes "avec ou sans bolo?", qui ouvrent les flasques pour les remplir, tellement l'énergie me manque.

La sensation de ne plus avoir de jus, d'être au-delà de la fatigue et de l'épuisement. Remarquer le soulagement de plus en plus intense à l'arrivée des ravitos. Le froid des pieds mouillés, le froid du vent sur les mains, le froid de la grêle sur le visage. Et au milieu de tout ça, entendre cette petite musique de plus en plus forte, celle qui dit que plus rien ne pourra m'arriver, que je serai finisher. Se dire qu'il ne reste que deux montées, puis déchanter en les gravissant. Ces deux derniers cols qui apparaissent en mirage, qui déroulent leur dénivelé sur plusieurs niveaux, qui jouent à cache cache. L'impression que l'envie sans va, que le doute est entré dans la pièce sans que je ne m'en aperçoive. Et juste à ce moment se surprendre à se dire que c'est "déjà" fini. Une dernière crête et une dernière longue descente qui passe bien, que mon corps pourtant fatigué accueille avec plaisir.

Et alors que l'arrivée n'apparait pas encore clairement, récolter les indices. La voix du speaker, les spectateurs, la route, les maisons. Cette fois, ça y est, il n'y aura plus d'obstacles avant l'arrivée, plus de dernier col, plus de coups de mou, pas de frontale à remettre. On est revenu à Guillestre. Cet endroit que je connais si peu mais que je rejoins comme ma maison.

Sentir la tension de l'arrivée monter, puis toutes les barrières que je ne m'étais pas vu construire qui cèdent d'un seul coup. Un flot d'émotions qui me submerge. Est-ce du bonheur, du soulagement, de la fierté ? C'est complexe et pure à la fois. C'est surtout une émotion très intense, totale, absolue. Cette émotion qui réussit à condenser des dizaines d'heures de course en un seul grand élan. Cette émotion dont les répliques me surprennent encore de retour à la maison. Cette émotion qui restera le souvenir le plus marquant de cette expérience. Merci aux organisateurs et bénévoles d'avoir pu assurer cet événement dans les conditions si particulières de cette année. C'était splendide.

Le récit en vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=_5NVlDH_M9A

2 commentaires

Commentaire de Benman posté le 15-07-2024 à 19:35:50

merci pour décrire en vérité ton émotion. C'est finalement par les sensations qu'on apprivoise l'ultra, et ton récit est littéralement ce qu'on peut appeler sensationnel.

Commentaire de PhilippeG-637 posté le 16-07-2024 à 10:59:03

Bien, bien, tu as choisi un des plus beaux, assez sauvage, peu de participants mais une très belle organisation, j'ai adoré.
Bravo d'avoir su t'accrocher.
Bonne récup.

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