Récit de la course : Bretzel Ultra Tri - Double Continu 2024, par Vincent O

L'auteur : Vincent O

La course : Bretzel Ultra Tri - Double Continu

Date : 27/6/2024

Lieu : Colmar (Haut-Rhin)

Affichage : 291 vues

Distance : 410km

Objectif : Pas d'objectif

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Le hamster pailleté, saison 3 épisode 3 : Double Ultra Triathlon de Colmar – Le Bretzel pailleté

1ère manche du Championnat du monde d’ Ultra Triathlon IUTA

Incroyable !!! Je finis à la troisième place, sur le podium !!! Derrière un Polonais, devant un Maltais.

La chance du débutant, aucune autre explication scientifique n'est possible.

 

On a les objectifs que l’on mérite.

Je me suis décidé et inscrit un peu tard pour cette course, j’ai longuement hésité entre deux objectifs et deux rêves très différents. Le triathlon longue distance (circuit ironman) mais avec beaucoup de vitesse, ou bien des courses plus longues avec moins de vitesse. Même si le choix a été difficile et long, en vérité la réponse était simple, je n’ai aucune vitesse, donc en route vers la très longue distance …

 

On a le calendrier et la préparation que l’on mérite.

Ces derniers mois, quand on me demandait quelle course je préparais, je répondais "j'ai une course compliquée fin juin" sans plus de détails. La UCCFJ. Je n'étais pas sûr de moi, j'avais un peu peur de l'annoncer haut et fort et d'échouer.

Même si ma préparation a été hachée par des courses mal choisies, très différentes, du court, du long, du très long, mal placées dans le calendrier. Chaque course me stoppe 15 jours dans ma préparation, 1 semaine avant pour arriver frais sur la course, et 1 semaine après course pour m’en remettre. Ma préparation a été malgré tout sérieuse, les 24 Heures de Peynier de course à pied m’ont rassuré. J'arrive sur la course plutôt confiant, sans peur, sans stress. C'est une première pour moi, moi qui doute tant.

 

On a les vacances que l'on mérite.

Eh oui, avec Valérie, pour cette semaine de vacances on avait 2 courses au programme : le triathlon L de Doussard (lac d’Annecy) pour Valérie et Colmar pour moi. C'était deux destinations qui nous permettait de mêler tourisme et sport. Valérie ne connaissait pas l’Alsace, je ne connaissais pas Annecy.

Valérie, pour son premier triathlon longue distance a fait une super performance, elle a pris beaucoup de plaisir, beaucoup de satisfaction. J’ai adoré l’accompagner sur cette course. Je me suis régalé à être supporter, elle m’a mis des paillettes dans les yeux, je suis son premier fan, amoureux transi.

On a les moyens de transport que l’on mérite.

Sur le papier on avait un super programme : Doussard et Colmar. Oui mais voilà, en voiture électrique, c’est une toute autre histoire. Le trajet a été un calvaire, une pérégrination, une odyssée, un pèlerinage vers la Mecque de l'ultra triathlon. L’essentiel n’est pas l’arrivée, mais le chemin pour y arriver. Oui, d’accord, facile à dire, mais quel chemin !!! Et le moine tibétain ou le philosophe grecque à l'origine de cette ineptie, il ne voyage pas en électrique. Un voyage à travers les routes suisses, la Dôle, le Vaudois, le Noirmont, les monts du Jura, Pontarlier, l'horreur… avec aucune borne de recharge rapide à la ronde.

 

On a le matériel que l’on mérite.

Petit à petit avec Valérie on s’équipe pour les courses longues : un transat, une table pliante, une lampe sur batterie, une vielle glacière, dernièrement une tente. Jacky et Laurette Pic au camping des flots bleus. You take the apéro !!! Pastis par temps bleu, pastis délicieux.

J’ai l’impression d’être Kadhafi, invité par Sarkozy, installé sur le perron de l’Elysée.

Mais en vérité, je ressemble plus à un réfugié politique ou un migrant économique. Beaucoup de concurrents, surtout étrangers, sont en fait des teams, avec la tente floquée au logo de la team, voir avec la photo du coureur grandeur réelle, avec drapeau du pays en banderole, avec des frigos, des ventilateurs pour sécher le linge, avec des thermomix, plaques vitrocéramique, cuisson non-stop de pâtes, des machines nespresso, à panini, avec un stand pour la mécanique vélo, avec deux vélos, un chrono pour le début de course, un plus confort pour la fin de course … Mieux qu’un paddock de formule 1. C’est hallucinant.

 

On a les assistants que l'on mérite.

Attention, Attention, je demande votre attention. A partir de maintenant, il va falloir faire preuve de perspicacité. Les titres sont à prendre au second degré. Je ne mérite bien évidemment pas un brin toute l'attention que Valérie m'a portée, tous les efforts qu'elle a fournis. Valérie a été une nouvelle fois incroyable, 25 heures d’assistance non-stop. Elle ne s’est absentée que 2 ou 3 heures (absence réelle certainement 1 heure, mais absence ressentie au moins 3 4 heures) pour prendre une douche et se reposer à l’hôtel. Les pires heures pour moi, j'étais totalement perdu. Il ne peut y avoir de réussite sans une bienveillante assistance. Il n’y avait pas un tour (à vélo tous les 8kms soit toutes les 17 minutes environ et en course à pieds tous les 1.3kms soit toutes les 7 minutes environ) où je n’avais un besoin en boisson, en nutrition, en vêtement, en soutien, et en fin de course, m’indiquer mon avance sur le 4ème. Même quand je n’avais pas de besoin, je la sollicitais pour lui envoyer et recevoir un bisou de loin.

Elle m'a donné par l'action, par l’attention, par les encouragements et par les messages en course et après course, la plus belle preuve d'amour. Merci Merci Merci mon joli cœur.

 

On a les voisins que l’on mérite.

Oui, il y avait 26 nationalités sur l’ensemble des courses (double, triple et quintuple ironman). A notre emplacement de tente on avait des voisins directs Belges, Polonais, un peu plus loin Canadiens, Français. Que des personnes d’une incroyable gentillesse. Il y a eu beaucoup beaucoup d’entraide et de soutien avant, pendant et après course. Dès l'arrivée sur site, je me rends bien compte que pour monter la tente (certainement un ingénieur ikéa en charge de la rédaction de la notice) et planter les sardines de la tente, il va me falloir de l'aide et un marteau. Merci Richard !!!! Sans toi on y serait encore à tourner la notice dans tous les sens et essayer de monter la tente. Ils ont tous été d’une gentillesse infinie avec moi, ils m’encourageaient d’une façon incroyable à chaque tour. En fait tout le long du parcours course à pied j’ai été encouragé, ça m’a littéralement porté.

 

On a la course que l’on mérite.

Toujours du second degré, bien évidemment je ne mérite pas ce résultat. J'ai eu une sacrée chance. Il faut dire que j’ai multiplié les petites prières. Oui, lors de nos visites touristiques d’Annecy et Colmar, dès la vue d’un clocher, je prenais fermement la main de Valérie et pressais le pas pour passer la porte de l’église et solliciter le boss, je devais avoir encore un peu de forfait, j'ai été entendu.

Je ne vais pas vous raconter ma vie, je le ferai une prochaine fois. Oui, bien vu, c’est bien une menace, il n’y a rien de pire que de me lancer sur le sujet, une vraie belle-mère, en charentaises, assise sur son fauteuil préféré, accoudoirs en napperon brodé. Divers aspects m’ont poussé et me poussent à faire du sport. Notamment l’émotion donnée par la difficulté de l’effort, l’émotion partagée avec ses êtres aimés et l’estime de soi. Cette course a coché toutes cases, toutes les raisons pour lesquelles je m’entraîne comme un cou…illon.

Avec tout ça je ne vous ai même pas parlé de la course. 15 pages de bla bla, d’états d’âme, de banalités, d’égarements, et 0 ligne de sport. C’est à mon image, un sportif par usurpation, un triathlète en carton, un vélo chrono avec des petites roues, un poet poet reine des neige et des froufrous rose en bout de cintre (il faut que j'en trouve pour mon ktm !), une paire de hoka carbone avec des chaussettes gémo, 2 euros les 3 paires, la maire de Paris en maillot sur le bord de la seine, mieux, un buteur de l’équipe de France de foot, face aux cages adverses.

Allons-y, mais vite, je n’ai pas que ça à vous dire. 

 

La natation en bassin de 50m c’est le top. Je nage très lentement, mais avec 100m par aller-retour, les 7800m sont passés très vite.

 

Le vélo, on ne va pas se mentir, j’en ai ch..ié pendant 360kms, mais vraiment, interminable, je n’en voyais plus le bout. Je n'imagine même pas ce que cela peut être sur le triple ou le quintuple. Heureusement quelques distractions : un peu de pluie, du vent, de la canicule, un peu d’orage, des cigognes, une petite biche, des concurrents qui me doublent comme des fusées, mais comment ils font !!! Des touristes allemands en vélo disséminés tout le long parcours, à 2 ou 3 de front, au milieu de la route avec des cintres d’un mètre de large. Une bonne dizaine de situations d’accident avec des voitures et des tracteurs. Le conducteur et l’agriculteur alsacien est particulièrement nerveux. Des nuées de moucherons écrasés sur le front, les avants bras et les jambes, dans l’œil ou tout simplement avalés, oui, on a la nutrition de course que l'on mérite. Un samedi, de nuit, plein phare sur l’autoroute en Camargue, des milliers de moustiques en gravure 3d sur le pare choc de la voiture.

 

La course à pieds : un régal, un rêve, la course de ma vie, 84kms de bonheur intense. Hormis un passage aux toilettes et une hypoglycémie soudaine, qui m’a arrêté quelques minutes et qui m’a rappelé que sur du long tout peut arriver tant que la ligne d’arrivée n’est pas passée. Sinon j’ai couru avec plaisir du début à la fin, sans aucun arrêt, avec une certaine facilité. Valérie toujours aux petits soins pour moi et les spectateurs d’une bienveillance et d’une gentillesse qui ne pouvait que m’encourager à sourire et à courir. Une coureuse Ukrainienne m’a dit des mots en anglais et même en français qui me font encore rougir aujourd’hui. J’étais tout embêté d’autant de compliments, de sympathie. J’aurais aimé que la course à pied dure plus longtemps.

 

Le dernier tour a été un vrai bonheur, une extase. La tradition de l’ultra triathlon veut que le dernier tour soit couru en sens inverse, avec le drapeau du pays porté en cape. On croise alors les autres concurrents qui nous félicitent. On a fait ce dernier tour avec Valérie, chacun tenant une extrémité du drapeau Français, avec un énorme et large sourire fixé au visage. Un vrai bonheur je vous l’ai dit.

 

Je vous ai gardé le meilleur pour la fin, ma performance juste incroyable, celle dont je suis le plus fier. Après course, des voisines canadiennes de tente (ou l’inverse j'ai un doute) remballaient leurs affaires. Je leur ai proposé mon aide pour plier une tente de douche décathlon 3 secondes récalcitrante. Eh bien, vous savez-quoi, j’ai réussi ! J’ai plié l’affaire en moins de 10 minutes. C’est incroyable, je n’y aurais jamais cru ! J'ai déjoué tous les plans, tous les pièges pervers des ingénieurs décathlon. Monsieur Décathlon doit être tellement fier !

 

Et j’y repense, autre fait de course encore plus incroyable, aux 3/4 de la course vélo, à un moment où je n'en pouvais plus, où il faisait une chaleur terrible, notre voisine directe de tente, une polonaise, une glace vanille en main, me propose un magnum vanille noix de pécan … J’en tremble, j'en tremble encore rien qu’en repensant à ce moment. Ma voix a dû se dissocier de mon esprit. Mon cerveau primaire, reptilien, hurlait ''OUI !!! Mais quelle question ! Bien évidemment ! Et pas une, mais deux !'' Et je ne comprends toujours pas, il est sorti de ma bouche qu'un malheureux, bredouillant et inaudible "no, thank you ...". Je ne me l'explique pas. Cela restera un mystère. Une sorte de passage dans une 4ème dimension, celle des secrets cachés de la nutrition de course.

 

Voilà, une nouvelle course qui m’aura profondément marqué, une course pleine, que je garderai en merveilleux souvenir, avec beaucoup de belles rencontres Pascal, Françoise, François, Sylvain, Nicolas, Maximilien, Stéphane, Patrick, Côme, Christian, Laurent Bretzel Man ...

 

Un énorme merci à mon club, le Mistral triath'club orange, à Francine, à tous, pour cette mise en avant, pour vos messages, pour votre soutien, ça me tire, ça me pousse, ça me hisse de savoir que vous me suivez et m’encouragez quelles que soient mes pauvres performances.

 

J’ai un sentiment mitigé, un peu comme l’Embruman l’an dernier. Je suis tellement satisfait de la course et du résultat que je voudrais rester sur cette belle sensation, et ne pas rempiler l’an prochain, je ne pourrais pas faire mieux.

Je ne sais pas si je reviendrai faire du tourisme à Colmar.

 

Vincent – Le hamster à nouveau libéré – Move your Bretzel

Remballe tes tongues maman, on rentre à Mornas ! 

L'an prochain je fais le triple avec un bob cochonou, un rouleau de PQ sous le bras, et du ricard dans les bidons.

 

 

 

 

 

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