L'auteur : Gilles45
La course : Ultra-Trail du Puy Mary Aurillac - 112 km
Date : 15/6/2024
Lieu : Aurillac (Cantal)
Affichage : 671 vues
Distance : 112km
Objectif : Pas d'objectif
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Voici un petit récit pour cette UTPMA 2024, course que je découvre pour la première fois.
En préambule, je ne vais pas pouvoir être précis car – encore plus que pour mes précédentes courses – je rencontre beaucoup de difficultés pour me remémorer les différents endroits traversés : départ de nuit sous des trombes d’eau puis brouillard n’aident pas à reconstituer les souvenirs.
Je décroche mon dossard il y a un mois environ en profitant d’un désistement sur la bourse aux échanges. J’ai le secret espoir de trouver ENFIN le soleil sur une course après avoir été un chat noir sur mes courses précédentes. Même une canicule me plairait bien.
L’entraînement des derniers mois est assez léger en raison d’un petit manque de motivation et d’une grande quantité de boulot.
Néanmoins, je veux voir comment mon corps va réagir seulement 3 semaines après un Grand Raid 73 durant lequel je me suis senti assez lourdeau (voir récit). Au final, j’aurais eu de bien meilleurs sensation lors de cette UTPMA durant lequel je n’ai senti aucun coup de mou.
Le départ est fixé à minuit et je n’ai pas réservé de logement. Je quitte Orléans en début d’après-midi pour arriver à Aurillac vers 17h30. L’organisation : retrait du dossard, dépose du sac pour la base de vie est parfaitement rôdée.
J’en profite pour me fournir en « pain du montagnard » auprès de Thierry. Je ne fais pas de pub, mais ces produits me vont super bien en course. En aparté, il me dit qu’il a de plus en plus de mal à s’y retrouver financièrement quand certains organisations lui demande entre 800 et 1000€ pour installer un stand. Certains heureusement restent gratuites (GRP, Vulcain…) mais…ce n’est quasi plus de cas dans les Alpes.
Il faut souligner la qualité et la quantité de services (gratuits) proposés par cette organisation : Pasta party + bière d’arrivée + repas post course + des douches chaudes à proximité.
Lorsque l’on voyage léger comme moi c’est un vrai bonheur de pouvoir profiter de toutes ces commodités.
Donc, après un bon repas (végétarien s’il vous plait !!) je pars me reposer dans ma voiture garée à proximité.
Je ne parviendrai pas à dormir, mais je me détends un peu malgré le stress lié à des conditions météos difficiles.
Focus météo : il est indiqué de très fortes plus entre 23h et 4h du matin puis en nette amélioration pour la journée. Je passe mon temps à checker tous les modèles météos comme si cela allait changer quelque chose
La nuit me stresse néanmoins beaucoup. Avec le recul, j’ai eu le nez fin d’être passé au Décathlon de Clermont Ferrand pour m’acheter une nouvelle veste étanche (la mienne était déchirée).
Plusieurs orages déchirent le ciel dans les deux heures précédant la course. Je décide de partir avec l’option full pluie et tant pis si j’ai trop chaud.
Je m’équipe donc avec pantalon de pluie et gants « mappa »…oui oui, les gants de vaisselle qui sont pour le coup totalement étanches.
23h15, j’arrive à pied sur le site du départ. Il ne pleut pas néanmoins le contrôle du matos obligatoire a été organisé sous les tentes dédiées au repas.
23h40, je vais sur la ligne de départ. Robin Thomas l’excellent speaker du GRP (et bon coureur) nous prévient : « Je suis en train de regarder le radar météo…je ne vous dis pas ce qui arrive mais… »
Effectivement, 2 minutes après, des trombes d’eau !
J’en profite pour me coller à un coureur protégé par le parapluie de sa famille.
Cela ne nous empêchera pas d’être trempés avant même le départ…comme je suis content d’avoir opté pour la nouvelle veste et le pantalon de pluie :
Départ – minuit.
Nous nous élançons dans Aurillac, le bitume ruisselle et les pieds sont mouillés avant même les chemins. Au moins pas la peine de se poser la question de contourner des flaques…il n’y a que ça, autant y aller franco !
La première partie de course jusqu’à velzic est vraiment très roulante. Elle est constituée d’une majorité de singles dans les sous-bois ou dans quelques prairies. Je me contente de suivre la frontale qui me précède…mode pilotage automatique « on ». Je ne cherche pas à doubler, aucun intérêt, je reste « en confort » ce qui économise la fatigue mentale lorsqu’il faut être à l’affut des balises. A noter un balisage parfait sur l’ensemble du parcours.
Pour ne pas être trop impacté par la météo, pour éviter de me poser trop de questions (du style « qu’est-ce que je fou là ! »), je décide de me mettre dans ma bulle et dans mes pensées.
A ce stade la météo est évidemment très humide mais cela reste raisonnable.
Nous arrivons finalement assez vite au premier ravito. J’y suis en 1h53…j’avais prévu 1h50 (et encore le bipage est en sortie).
Ce dernier est abrité dans une salle des fêtes et remarquablement achalandé. J’ai faim, ce qui est bon signe pour moi. Je me régale de soupe et de beaucoup de salé (fromage, pain, chips). C’est encore un peu tôt pour attaquer le coca !
La partie suivante jusqu’à Thiézac sera la plus difficile de la course notamment en raison des fortes pluies. Je garde la même stratégie de « repli » sur soi. Les premières montées se passent globalement bien, je vois que les jambes répondent efficacement. Je ne force pas néanmoins car comme pour l’Ultra Trail Di Corsica (dont le départ est dans les même eaux – 23h), je décide de rester très prudent durant toute la nuit.
Bref, à nouveau aucun souvenir si ce n’est : suivre la frontale de devant, pluie, flaques, boue…
Le second ravito…c’est ambiance guinguette. Un groupe avec accordéon, bénévoles déguisés…A 4h30 du matin, chapeau !
Je garde exactement le même régime alimentaire.
Cette fois, les choses sérieuses vont commencer car nous attaquons après 35 bornes la première grosse montée de la course, le Plomb du Cantal et ses 1000m de D+.
Ce sera sans commune mesure avec ce qui s’est passé le même WE au Trail du Haut Giffre (un mort) mais les conditions étaient vraiment difficiles.
En effet, après une nuit pluvieuse, nous avons rencontré un très fort vent froid sur les hauteurs. Malgré les gants j’ai les mains gelées et tous les coureurs qui sont avec moi sont dans le même état. Ceux qui ont lésiné sur le matériel ne font pas les malins.
Pas de danger critique car il n’y a pas de « gaz » autour de nous, mais il ne faudrait pas se blesser car l’hypothermie serait rapide
Sans visibilité, cette montée est interminable. On ne voit jamais où est le sommet. Quel dommage cette météo car le jour est désormais levé et j’imagine que les points de vue doivent être magiques par beau temps.
Un bénévole est présent au sommet…le pauvre…il est encore très tôt et il nous dit devoir rester en place jusqu’à 15h. Tout le monde ou presque a un petit mot pour lui.
Je garde un très bon souvenir de la descente. Plus nous perdons de l’altitude plus je me réchauffe. Je crois avoir compris que l’organisation a modifié cette partie. En effet, nous arrivons à la base de vie du Lioran par les pistes de ski. Cela permet de dérouler et d’avoir des kilomètres « gratos » ça me va bien car je me réchauffe. Je discute avec un compagnon de descente, les jambes sont excellentes, j’ai l’impression d’avoir à peine commencé la course.
A 7h50, j’arrive à la base de vie. Je fais le choix de totalement me changer avant d’aller manger un morceau. J’arriverai à tout faire en 20 minutes chrono : Nokage des pieds changement de chaussette et je passe en mode t-shirt manche courte + gilet sans manche + manchons. La veste de pluie ne ressortira plus du sac.
Je me lance après avoir avalé une bonne soupe avec des pâtes et plusieurs morceaux de fromage.
Le moral est au top pour aborder la partie le plus technique et mythique de la course qui nous amène au Puy Mary. La montée vers un premier sommet se passe très bien, je pousse sur les bâtons et ça réponds bien. Au sommet je salue à nouveau un bénévole très sympa et souriant malgré les conditions difficiles pour lui.
S’ensuit un long passage en crête que je trouve hyper ludique et durant lequel j’arrive à courir constamment.
Les sentiers ont très agréables, humides et mous mais pas vraiment détrempés. Donc, les pieds restent globalement bien protégés.
Comme je n’ai pas étudié la carte, je trouve que le Puy Mary tarde à arriver. En effet, nous attaquons des marches en bois qui étaient synonymes, pour moi, de la fin de la montée mais pas du tout. Il faut aller jusqu’à la brèche de Roland puis gravir le raidillon final.
Cette partie n’est pas dangereuse si on est prudent : Une désescalade qui nécessite de mettre les mains puis une montée à l’aide d’une corde durant laquelle il vaut mieux ranger les bâtons.
Un dernier coup de cul bien raide et je suis en haut. La météo est toujours très ventée mais plus clémente car la pluie a cessé.
Points positif à cette météo : aucun promeneur sur ce site hyper fréquenté
Sur toute cette partie, j’ai eu la chance de courir seul. Cela ne convient pas à tout le monde, mais cela m’a permis de vraiment profiter du moment.
Après une courte descente via des marches, nous arrivons très vite au ravito du Pas de Peyrol.
J’ai particulièrement du mal à me remémorer la partie suivante. Je me souviens que nous poursuivons la descente après le ravito avant d’attaquer la dernière montée qui nous amène vraiment sur les hauteurs.
C’est sans trop de difficultés que j’arrive au Puy de Chamaroche où des bénévoles m’indiquent que la suite n’est qu’une longue descente vers le ravito de Mandailles. Le soleil fait son apparition à ce moment de la course pour nous accompagner jusqu'au but.
Cette descente – ludique et rapide - se passe parfaitement bien, j’arrive à Mandailles un peu avant midi. Je suis désormais passé en mode « coca intensif » pour alterner salé et sucré. Nous allons désormais rattraper petit à petit les derniers coureurs du 50km avec qui nous partagerons cette fin de parcours. On s'encourage les uns les autres, excellente ambiance.
Je suis très bien mais j’avoue que quand une bénévole me dit : « allez plus que 40 km », je me suis quand même dit « Ah ouais…quand même »
La section suivante est celle qui présente vraiment la dernière difficulté car il faut monter le Puy de Cabrespine qui n’est pas difficile mais qui arrive après 85 km de course.
Sur toute cette partie j’ai un bon rythme, je suis dans « le flow » et j’y resterai jusqu’à l’arrivée, ce qui me permet d’arriver encore relativement frais au ravito de Lascelle. Pour revenir à ce dernier Puy, le sommet est visible de loin, ce qui donne un certain confort moral et...ça change de la matinée !
Les deux dernières sections ne présentent pas un intérêt de fou, mais…il faut bien revenir à Aurillac.
Ce que je peux dire en résumé sur ces deux sections : de très beaux paysages (cette fois le temps est clair), des singles très ludiques (j’ai adoré les singles avant Saint Simon), un raidard qui fait bien mal aux pattes juste après le dernier ravito, de belles prairies et surtout…de nombreuses parties relativement plates qui permettent de courir si on a gardé des cannes. je me surprends à pouvoir relancer dès le moindre replat.
Ah si, j’oubliais : Entre Lascelle et Saint Simon, nous passons dans les gorges de la Jordanne. C’est magnifique : falaises majestueuses, rivière sauvage, passages techniques, nombreux escaliers en bois. Le décor est tellement nouveau et différent de ce qui a précédé que cela occupe l’esprit et en met plein les yeux. D'ailleurs, ce qui me revient en tête pour cette course c'est aussi la très grande variété de paysages traversés.
En ce qui me concerne, j’arrive toujours à courir toutes les descentes et les parties plates, ce qui me fera reprendre pas mal de coureurs et gagner près d’1h30 sur mes prévisions initiales.
Sur la dernière section de 9 km avant l’arrivée, je tombe sur deux coureurs du 50 km qui m’invitent à « monter dans le train ». Ils ont un bon rythme, alors je profite de l’aspiration pour finir avec eux.
Je passe la ligne 62ème en 17h38 ravi de tout : de ma course et de mes sensations, de la variété proposée par le parcours. J’ai pris un plaisir monstre en étant beaucoup plus aérien que lors du GR73.
Après une bonne douche et un excellent repas, je prends la route et serai de retour à Orléans à minuit.
Un excellent WE : bravo l’orga, bravo les bénévoles
Nul doute que je reviendrai !
2 commentaires
Commentaire de Ranou147 posté le 19-06-2024 à 10:09:46
Bravo Gilles, tu es vraiment dans un autre monde en terme de niveau ! Tu étais à Orléans que je n'étais pas encore arrivé à Aurillac, ahahah.
Pour t'aider un peu dans ton récit, les gorges de la Jordanne, sont juste avant le ravito de Lascelle et pas après. Après Lascelle on passait à côté du très joli Lac des Graves.
Et cette année, nous ne sommes pas allé à Cabrespine mais au Puy de Bassierou 3km plus loin et un poil plus haut.
Bonne continuation
Commentaire de Gilles45 posté le 19-06-2024 à 10:46:47
Ah bah effectivement...je n'ai pas bien le parcours en tête. Merci pour les précisions
Allez...courage...tu finiras bien par trouver une course sans boue collante :-)
De mon côté je reviendrai sans doute dans le coin pour le trail des 6 burons fin aôut
A+
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