Récit de la course : Grand Raid 73 2024, par Arclz73

L'auteur : Arclz73

La course : Grand Raid 73

Date : 25/5/2024

Lieu : Cruet (Savoie)

Affichage : 234 vues

Distance : 73km

Objectif : Pas d'objectif

8 commentaires

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Grand Raid 73 - Bonheur, doutes et résilience

Avant course : Tous les feux sont au vert. Pas malade le matin, bien dormi, petit déjeuner pas trop copieux mais utile. Pas de blessure en vue, la journée promet d'être bonne.

5h Départ Cruet -> La Thuile

Sachant l'ampleur du truc qui m'attend, je part doucement doucement. Je me fixe un objectif pour la journée, ne jamais faire monter le cardio. En tout cas, autant que possible.

Je me place dans les 2/3 du peloton et me laisse porter par les bouchons dans la montée du col du Mont. Je me sens super en forme. Je pourrai doubler mais l'effort que ça représenterai pour doubler 5-10 personnes et gagner 30s est inutile. Alors j'attend sagement.

Apparté pour ceux qui ne connaissant pas : c'est une montée que je qualifierai de mi-raide, plutôt régulière, quasi intégralement en forêt sauf de rares moments où on aperçoit la combe de Savoie.

En fait je me rend même pas compte qu'on est déjà passé au col du Mont, et je vois déjà le point de vue de la Roche du Guet. Quelque passages sur des roches et la vue sur une mer de nuages incroyable au lever du soleil. Toute cette montée est passée toute seule, je descend à la Thuile sans forcer mais en déroulant un peu jusqu'au point d'eau du km12 que j'atteins en 2h.

(6km/h c'est mon but, on est bon !)

7h La Thuile -> Pic de la Sauge -> Gallopaz -> aillons

On attaque la montée au Pic de la Sauge, qui m'avait rincé il y a 2 ans.
Cette fois je suis entraîné et je l'ai reconnu en Février.

Passe un faux plat montant en sous-bois, on rentre vraiment dans la foret avec de forts pourcentages. 
Je suis serein, je m'accroche à un groupe de 4-5 pour avoir un rythme. On se perd un peu sur 500m mais rien de méchant, on rebrousse vite et finalement le groupe explose.
Je continue au même rythme, et accroche un autre groupe. En fait je me rend compte que tout le monde souffle comme des bœufs autour de moi et moi non, je suis en aisance totale. Donc lorsqu'il faut combler un écart, ce n'est pas un problème. 
Le pic de la sauge passe tout seul, mais je le trouve quand même bien raide et un peu long avec sa 2e partie toujours surprise. On croit avoir atteind le sommet, et voilà zncore 15-20min de grimpette avant le vrai sommet. La Gallopaz passe crème en revanche. J'aime bien ce sommet, on voit le bout depuis le début, on sait où on en est. J'arrive au sommet en savourant le moment et la vue 360°. 
J'entame la descente serein, je croise et reconnais enfin, un ami bien connu ici sous le surnom de Katman,  à ce moment là, on fait un bout en discutant, ça fait du bien. Il a l'air au top en étant parti dernier, il remonte tranquillement. De mon côté, ma metatarsalgie chronique à l'air de me laisser enfin tranquille. On est serein quoi :)

Enfin... je disais serein, on a pas encore parlé de la boue. Une pataugeoire partout, en montée comme en descente. Mon compagnon de route chute, et ça signera sa fin de course 2h plus tard. Je chute également, sur le coup j'ai eu peur de m'être fait mal mais c'est finalement passé. Je termine la descente de patinage en prudence jusqu'au petit ravito, où je ne traînerai pas trop, pour éviter une "chute" de motivation cette fois.  Km22 (4h32)

9h45 Aillons -> Margériaz -> Aillons

C'est parti pour la montée de Margériaz que je trouve longue et interminable.
Je n'ai presque aucun souvenir de 2022... donc je n'ai aucun repère visuel à quoi m'accrocher.

Je commence à avoir mal à un pied en montée. Je fais bien gaffe aux appuis sur les orteils du coup.

Je m'accroche derrière quelqu'un qui prend tout son temps. Ça me va. En réalité je vais 2x plus vite. Quand je m'arrête faire une photo ou prendre un truc dans mon sac. Je reviens en moins de 1min. Finalement la personne lâche l'affaire, je passe devant et la lâche sans forcer.

Enfin....je commence quand même à avoir du mal. Mais je me met juste en mode patience.

On passe un long moment dans la foret, et puis vient une partie degagée ou l'on respire un peu, puis on aperçoit  les falaises du Margériaz qu'on va longer sur la crête. Magestueux. Pendant cette longue ascension j'attends le sommet tranquillement. A ce moment là, le lecteur mp3 que j'avais embarqué n'a plus de batterie. Ça a du jouer dans le fait que je pense + à la difficulté. Pas grave. J'ai un 2e mp3 de secours... et le temps de calculer à quel moment je le reprendrais m'occupe un peu l'esprit. 

Sommet du Margeriaz, où on ne voit jamais le bout mais je me sens plutôt bien.
A ce moment là, un kikoureur que j'avais doublé pendant sa pause me reprend et me double. Je resterai un moment derrière. Nous n'avons pas discuté, je ne saurais pas qui c'estsi tu me lis, tu avais un bandeau rouge kikourou sur la tête, avec les cheveux frisés. Enchanté :)
On longera toute la crête, jusqu'à faire le tour de la station pour redescendre de l'autre coté.
Cette portion est vraiment magnifique, en faux plat montant. On longe la vue panoramique sur la gauche, et toute la station à droite. Il ne fait pas trop chaud, c'est presque un moment suspendu.

Par contre la descente, au début est vraiment super raide. Elle me flingue les genoux quasi instantanément. Quel enfer, impossible de courir. Le coureur devant moi s'échappe de plus en plus, et quelques autres mes doublent. Mais comment ils couvrent la dedans ?? Ça va durer un bon moment, la suite assez technique n'est pas mieux. J'ai mal aux 2 genoux et le pied droit. Sur le coup je commence à m'inquiéter. Je me motive en pensant au Colombier. Comme quoi je vais être au taquet là dedans. Que je vais rattraper ma femme parti sur le 50km dans le temps imparti. Je me motive a fond. 

Je me souviens que dans ce sentier technique, c'est ici que Mazouth m'avait doublé pour notre première rencontre. Et finalement, aujourd'hui elle me parait moins longue. Je suis rincé, mais plus en forme quand meme.

3-4 personnes me doublent en fin de descente, et tous me disent "allez faut courir la !"   Bon je me force a courir et ça commence à aller mieux ! Incroyable

J'arrive finalement au ravito du 42e km, déterminé. Il y a 2 ans, j'avais bâché ici à 15h30.  La il est 14h. Je suis large, j'ai l'envie par contre j'ai besoin d'une pause car je suis bien entamé. C'est ici, que j'ai rencontré Bubulle il y a 2 ans... lorsqu'il m'a ramené à Cruet sur un DNF.

Je pars me poser dans l'herbe 10-15min. Je me fait un petit bricolage pour le pied douloureux (et ça va fonctionner !).  Je repars à l'assaut du Colombier.  Km42 (9h de  course)

14h15 Colombier

Le début de la montée au col de la cochette est long. Je suis derrière un coureur de 64 ans qui va doucement, je me cale sur son rythme. Quand le cardio monte trop, je vais une pause de 30s, avachi sur mes bâtons pour faire redescendre et je repars. Comme dans le Mageriaz, en fait je rattrape toujours la personne de devant.

2 mecs stratosphériques nous doublent. Sans bâtond rien. Ils sont super sympa et nous encouragent. Finalement ils tapent même la discussion avec le "papy" jusqu'au col de la cochette ! Quand je perd 10 mètres sur eux, ils se retournent avec des "allez mec !" Ça motive tellement que je recolle en 2-2. Bon par contre, être dans la forêt sans savoir si c'est bientôt la fin, ça m'épuise un peu. Je n'en garde pas un souvenir incroyable, si ce n'est que je vois tous ces fanions, oranges et bleu et je patiente.

On arrive donc dans la montée finale du Colombier ensemble. Franchement la je suis cramé. Je vois la montée raide comme pas possible ! Allez un pas après l'autre. On voit le sommet ça motive ! Alors bon.. On croit que c'est le sommet, et en fait non. 3-4x des faux espoirs.  Je m'accroche comme je peux et je monte ce morceaux en 31min. Enfin !!! 800m (avec un ratio 300 où 350 de D+) en 30min, quelle tortue :-)

On m'avait prévenu que la descente allait faire mal. Effectivement c'est raide. Les genoux qui ramassent encore. Mais je fais preuve de patiente. On va bien finir par arriver en bas.

J'arrive au point d'eau, qui était le début de la montée, rincé. Je peine à déposer mes bâtons et sortir mes flasques, je sens le gros coup de moins bien. Le bénévole me regarde, et attend ma flasque... il doit se demander où je vais finir comme ça. Et pourtant il va falloir aller au mont Pelat. J'espère que ça monte pas trop pcq je suis mort. (1h10 pour monter et descendre le colombier) 

Je vois le serre file arriver pour la montée. J'ai donc 1h d'avance... Ok vite on s'en va. !

(Km 53 12 de course) 

17h15 Cochette - Mont Pelat

C'est reparti, le début se fait en faux plat descendant, j'alterne course et marche rapide. Ça me remet dedans finalement.

Et la... surprise ! de la Fulie jusqu'au pied du mont Pelat, je cours tout ! Plus mal nul part. Je me sens en super forme. Ça court même en faux plat montant. Incroyable. Je rattrape des gens, je les double et continue de tracer.

Ce chemin en sous-bois, tantôt descendant, tantôt faux plat montant. A la fraîche. Quel bonheur !
PS: On me signale que j'ai oublié de vous parler de l'Arclusaz ? Trop peur de vous en parler pendant des pages, mais sachez qu'il était bien là, à gauche, comme pour me rappeler que je suis bien à la maison, dans mon jardin :)

La dernière montée au mont Pelat par contre, coup de moins bien terrible !! Je vois le sommet, il n'y a plus d'arbres,  il reste quoi... 500m, 1km ? Je suis cramé. Je regarde l'heure, 18h47 à la montre, la barrière horaire est à 19h (bon on est parti avec 12min de retard aussi).  
Je commence à me dire, allez c'est mort prend ton temps. A 19h c'est terminé tu rentre chez toi.  10s après... allez non non après ça sera moins dur... et j'alterne comme ça les "peut être que jy arriverai pas et c'est pas plus mal" et  "c'est mort j'arrête pas, je termine cette course et j'y reviens plus après".

J'arrive finalement dans les temps. Je m'assoie sur une chaise. Un mec que j'ai rattrapé et suivi longtemps est aussi explosé que moi. Allez je mange 2-3 bouts de fromage. Les diots ça me fait peur de mal digérer par contre, je me lance dans un élan de folie et j'avale une cuisse de poulet. Qui sera sûrement utile pour se remettre dedans. Il faut vraiment le souligner, ce ravito est incroyable. Il y'a de tout : des diots, des frites, des pilons de poulet, et tout le reste habituel. Les bénévoles sont incroyables, comme partout. Super ravito, franchement très très utile pour repartir correctement.

Je me souviens dire à mon compagnon de fortune "Ça va être dur de se relancer la hein..." comme pour espérer un appui, une motivation, ou à défaut une compassion dans notre galère. 

Je m'attarde pas trop quand même et je repars. Direction Marocaz ! On a 2h pour faire 7km. Ça devrait le faire, je reprend espoir réellement.

J'ai un peu de mal à descendre encore une fois... par contre j'avais une genouillere dans mon sac. Je me refusait de les mettre car je trouve que cest dommage d'avoir besoin d'artifice. Ce n'est plus un exploit sportif, mais je la prend. Ça va de suite mieux. Je trotinne jusqu'en bas, et go la montée jusqu'à Marocaz ou je suis vraiment pas mal ! Ça monte bien, en aisance.

J'arrive au ravito du Marocaz à 20h15. Barrière horaire à 21h.  J'ai repris du temps !  Je ne traînerai pas car j'ai envie d'en finir, au plus vite.

20h15 Marocaz -> Arrivée

Pas grand chose à dire sur cette partie. Si ce n'est que c'est interminaaaaable. La descente dans la boue est insupportable. Je me suis déjà vautré 3x aujourd'hui. Une 4e non ! Après la descente boueuse, vient une descente roulante. Je cours intégralement cette partie. Je n'ai mal nul part , et je cours encore même au km 72/73/74! J'en ai juste marre et je veux en finir au plus vite. Et je me sens super fatigué aussi tiens (bizarre hein!). Tout sera interminable jusqu'à la ligne d'arrivée.

Et finalement, me voila à l'eglise de Cruet. Je l'ai fait ! Tellement content. De ne rien avoir lâché, de terminer en 16h29 (18h max autorisé) j'ai donc reprise 1h30 à la barrière horaire sur les 20 derniers km.

Je suis super content et fier d'avoir réussi celle la. Elle était dans mon top 10 à réussir. C'est fait ! 

8 commentaires

Commentaire de TortueTrélod posté le 29-05-2024 à 20:46:58

Bien joué! Un beau récit qui montre que quand ça va pas, il y a toujours des moments ou ça revient! Belle gestion. A bientôt dans les Bauges ou ailleurs

Commentaire de Arclz73 posté le 31-05-2024 à 11:52:00

Merci! C'est effectivement un des enseignements que je retiens de mes erreurs passées. Si on s'accroche, ca revient !

Commentaire de Arclusaz posté le 30-05-2024 à 08:11:10

Bravo, tu l'as fait !!!! pour être motivé, tu l'étais. Tu t'es donné les moyens de réussir et ça a marché. Par contre, surprenant qu'un quasi local comme toi ne sache pas écrire Margériaz (je taquine, je taquine, ...)

Commentaire de Arclz73 posté le 31-05-2024 à 11:54:30

Merci cher Arclusaz ! l'échec il y'a ans m'a piqué je crois. J'espérais que tous les moyens mis en oeuvre pour réussir payent. Et ouf ca a payé !
Pour le Margériaz... je crois que je me suis laisser fourvoyer par le language monchu !

Commentaire de bubulle posté le 31-05-2024 à 09:35:33

J'ai bien noté l'ostracisme anti-vieux où tu traites le gars de 64 ans de "papy". Nomého, un peu de respect, m'enfin !

Toute cette boue, je vais franchement regretter d'aoir raté ça pour vérifier si la boue du 73 est vraiment différent de celle du 95 (Maxi-Cross) ou du 78 (Auffargis) vu que cette année, je semble voué à courir dans la boue.

Bon, faudra revenir pour qu'on se croise! ça tombe bien, tu n'as pas trop de route à faire !

Je ne relèverai pas que tu n'as pas mentionné l'Arclusaz une seule fois dans ce récit....il faut te rattraper !

Commentaire de Arclz73 posté le 31-05-2024 à 11:57:58

Ahah ! C'est vrai que plus les années passent, et plus je me dis que le petit jeune de 64ans que j'ai suivi n'était peut-etre pas un papy !
Mea-culpa pour l'Arclusaz !! C'est vrai que je ne le mentionne pas... je crois qu'il m'a ébloui du coup je ne l'ai pas vraiment vu (c'est rattrapé ?). En réalité, j'ai fait une belle photo de la plus belle montagne de Savoie (oui oui) depuis le Sommet du Colombier, vraiment étonné d'avoir l'impression d'être si loin au dessus !
Au plaisir de s'y recroiser Bubulle, même si pendant la course, je ne souhaitais pas y revenir...en réalité j'y reviendrais EVIDEMMENT, et pas qu'une fois !

Commentaire de Mazouth posté le 31-05-2024 à 11:56:33

Super ! Content que tu aies vaincu la bête... boueuse en plus ! A la prochaine par là-bas ou ailleurs, mais j'ai bien envie d'y retourner, par là-bas ;)

Commentaire de Arclz73 posté le 31-05-2024 à 11:58:41

Merci Sylvain, au plaisir d'en refaire une et de la finir ensemble !

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