115 km avec 7.100m de D+  

Préambule:

L'année dernière, j'étais présent en spectateur pour encourager mon copain Laurent car, c'était la 1ère course à laquelle j'ai du renoncer, à cause d'un syndrome d'Haglund, à droite, cette fois-ci, trop prononcé.

J'espère entamer la 1ère d'une série de 5 ultras et un signe, peut-être, j'ai réussi avec beaucoup de persévérance à me réinscrire aux 5 en cette nouvelle année...

L'inscription est déjà une petite victoire à cause du succès rencontré par les différentes distances proposées mais pas que.

J'ai déjà réservé l'hôtel "Dom Pedro" à Machico, siège de l'arrivée, comme l'an passé avec une semaine à passer sur place ainsi que les vols.

Ce devrait être mon 2e ultra de l'année après celui du Céven'trail (trail du bout du cirque) bouclé avec un manque d'entraînement vérifié, mais ce n'est pas ce qui m'inquiète, je suis serein.

Ce qui m'embête ce sont les tensions qui continuent à s'exercer dans les 2 talons, à la suite de l'opération, et qui m'empêchent de reprendre un entraînement correct 😳

Je compose avec et va m'obliger à beaucoup marcher, mais c'est souvent le cas dans ces longues épreuves 😉

Jeudi soir je devais retrouver Shef, un kikou et sa famille et des copains, mais malheureusement c'est loupé de mon côté: la faute au smartphone qui, sorti du wifi de l'hôtel, ne reprend plus le réseau mobile 😞 Désolé.

Le vendredi, départ minuit:

Qui que je rencontre par hasard en débutant une balade le matin ?
Franck ou plutôt "Royal bâtard" sur Youtube, qui poste régulièrement des vidéos très rigolotes sur ses courses ! 
C'est un gars formidable, comme je le ressens dans ses vidéos, tournées au second degré, que j'invite à regarder; moi en tout cas j'adore.😀
Et bien grâce à lui la journée va être extra car après proposition il rejoint ma chambre pour essayer d'y faire une sieste, pas tout à fait concluante.

Ensuite on partage le repas du soir et il me demande combien je compte mettre ? La question piège à laquelle je ne réfléchis jamais à cause de trop nombreux aléas sur ce genre d'épreuve.
En fait je lui répond: moins de 24h mais ce serai plutôt de me classer mieux que mon n° de dossard 292 (et ce sera réussi 😜)

On papote, prend le car ensemble à 21h30 direction Porto Moniz, siège du départ.
Dans le sas, 30' avant minuit, l'ambiance monte de plusieurs crans, nous sommes plus de mille à être inscrits ! Et étonnamment beaucoup de français ?

Voici ce qui nous attend:

 - 9 ravitaillements, facile, je découpe mentalement en 10 portions et nous avons droit à un sac de rechange au 63e km, à Curral das Freiras.                                                                                                    - Franck papote avec des connaissances, d'ailleurs il connait beaucoup de monde grâce à ses vidéos qui le rendent célèbre !

Décompte au micro par le speaker et c'est partiiiiii !

Nous sommes placés assez loin du sas des élites, c'est fou le nombre de coureurs qui peuvent se tasser et qui forment rapidement une longue cohorte de lampes visibles devant nous en montant et tous les bâtons sont de sortie.
Heureusement une route assez raide nous fait quitter le village, difficile de slalomer et de doubler, il faut patienter un peu et attendre que le peloton s'étire...

La montée est raide, que sur du béton ou goudron et on bascule dans la 1ère descente avec de suite un petit bouchon.
En bas il y a beaucoup d'ambiance avec des bruits de cloches, des cris grâce aux nombreux supporters qui tendent les mains comme à la Réunion 👍Grosse ambiance, c'est vraiment extra !

Et maintenant la 1ère grosse montée de + de 1000m d'abord dans des escaliers puis au travers de la végétation, avec des marches délimitées par des rondins de bois ce qui fait un peu penser à certains chemins réunionnais, en moins raide quand même.
Tout le monde autour de moi bâtonne déjà mais j'attends le 1er ravitaillement pour le faire car souvent je constate que le rythme ralenti dès que les coureurs les sortent.
Pas de chance avec la météo, la pluie prévue dans les 2 nuits est bien arrivée et du coup je suis obligé de mettre la veste au dessus du débardeur qui ne verra pas beaucoup le soleil 😞

1) Fanal, (1er ravitaillement: 14,5km)

Les ravitaillements sont bien achalandés, tous identiques, sucré et salé à volonté. Malgré cette diversité, au fur et à mesure, même si je sais qu'il faut se forcer un peu pour garder de l'énergie, je vais tout doucement me lasser de ce qui est proposé.

Par exemple, il y a de la pâte de fruits mais pas assez sucrée donc énergétique alors j'ai beau en ingurgiter la bouche pleine et bien ça bourre beaucoup pour pas grand chose, c'est du moins ce que je ressens...

Maintenant c'est une descente qu'ils annoncent technique mais comme je n'ai jamais forcé ce n'est pas le souvenir qui m'en reste 🤔

2) Chäo da Ribeira, (2e ravito: 22,4km)

La pluie s'est arrêtée au début de la descente, cool. Par contre elle va reprendre peu après et nous allons même avoir droit à beaucoup de vent au sommet.
Cette montée est très longue, toujours dans la nuit, presque impossible de doubler dans la 1ère partie.
Je commence à avoir envie de dormir, pas bon ça.

C'est l'enfer ce 3e ravito:

3) Estanquinhos (32,7km)

C'est la bérézina ici, plein de coureurs trempés et frigorifiés qui essaient de se réchauffer aux lampadaires chauffants, comme ceux sur les terrasses des cafés en hiver.
Oups, pas envie de rester, je m'échappe dans la nuit pour éviter de prendre froid et rester actif.
Une descente dans la boue avec le brouillard où je ne vois presque rien, les yeux qui pleurent, là c'est pas mon truc !

Longue descente et c'est dans la montée suivante, une fois le jour levé que les 5 premiers du 85km doublent le groupe dans lequel je me trouve, bravo, je les encourage ! 

4) Encumeada (48,4km)

Ce qui est bien, ce sont les panneaux apposés à l'entrée ou sortie de chaque ravito, qui te donnent le km effectué, celui à venir, ainsi que D+ et D-, le top car moi qui n'étudie jamais à l'avance les profils et bien pas besoin de zieuter le dossard car il figure également dessus 😄

Une longue et belle portion suit et enfin ça descend... Globalement les descentes sont très variées, de la boue ou terre, des racines, des pierres, des marches avec rondins comme à la Réunion mais moins hautes.
A l'approche des habitations cela devient des escaliers en ciment plus régulières.

Le jour s'est levé depuis un bon moment et si l'on voit le soleil qui éclaire vers l'océan ou sur les montagnes environnantes, je n'aurai jamais le bénéfice de ses rayons pour chauffer directement la peau.

On tombe sur une route en croisant les coureurs qui quittent le ravitaillement et une bonne montée nous mène en contournant le gymnase de:

5) Curral das Freiras (63,2km)

C'est la base vie ou l'on peut récupérer un sac personnel.

J'en profite pour changer de chaussures pour des plus confortables et amortissantes, cool.
1ère fois que je remplis une flasque car jusqu'ici je me contente du litre de ma poche à eau et des liquides proposés aux ravitos dans lesquels il y a beaucoup de choix 😎

Passage aux toilettes, décidemment 😌 Pas de précipitation pour ma part, bubulle m'ayant bien renseigné sur mon classement en M5, je vais gérer et en profite pour observer le spectacle dans le gymnase qui est bien rempli.
J'ai pas beaucoup mangé, encore une fois, pas normal ça, faut que j'arrive à modifier cet élément qui conditionne souvent mes fins de course 🧐
C'est en repartant que je vois l'autre salle qui propose des repas chauds, tant pis.

Beaucoup de spectateurs dans ce petit village bien animé.

Descente vers la route où l'on croisent ceux qui vont vers la BV; j'ai beau encourager, je ne reçois aucune réponse.

La route nous monte sur plusieurs kms et ensuite nous emmène en forêt en traversant auparavant des cultures.
Je rejoins un groupe de coureurs du 85km, des espagnols probablement, dans lequel il y a une bonne ambiance et du coup je reste derrière car j'ai vu sur le profil que ce doit être la plus grosse montée, près de 1400m.

Très belle montée qui nous emmène au coeur des montagnes madériennes mais manque de chance ce sont à nouveau les nuages qui nous accueillent et même à nouveau une petite pluie ainsi que le froid, la preuve:

6) Pico Ruivo (74,2 km)

Normalement ce sont les plus beaux passages de cette course mais complètement gâchés par ce mauvais temps qui nous donne par trop de moments une visibilité nulle, quel dommage ! 😒

Sinon, des sentiers aériens, en falaise, au bord du vide mais sécurisés par des rambardes comme sur la photo au dessus, et des traversées en tunnel.

7) Chäo da Lagoa (83,8 km)

Ca y est le ciel se dégage enfin, la température va s'adoucir grâce à la perte d'altitude.
Mais malgré ce que j'espérais, on rencontre encore, pendant au moins la moitié de la descente, du brouillard et même du vent.
Je me fais pas mal rattrapé et doublé dans toutes ces descentes de fin de course, des coureurs polis qui attendent patiemment que le sentier s'élargisse, d'autres qui demandent le passage ou d'autres qui forcent, bref, trop de coureurs sur un même parcours me laissent une impression mitigée 🤔

Dans cette longue descente qui me fait mal je me dis que je n'ai pas le droit de me plaindre car beaucoup aimeraient être à ma place, les blessés (une copine Nathalie qui essaie de reprendre) les malades, ou ceux qui n'ont pu venir, ou encore comme moi l'an dernier sans pouvoir courir 😬

8) Portela (94,9 km)

Ravitaillement intime dans ce qui ressemble à une maison (casa)

La plus petite section sur le papier et enfin il fait meilleur au niveau température.
Pas mal de marches d'escalier, on retrouve du goudron sur plusieurs kms et je reconnais ce petit village visité l'an dernier.
Enfin de très belles vues sur les vallées qui plongent vers l'océan toujours au soleil.

9): Porto da Cruz (101km) => Machico (15km)

Après encore un passage aux toilettes (ENCORE !) et un ravitaillement trop léger, je n'arrive plus à manger, je me sens un peu faible mais certain de finir ✌
On longe l'océan qui gronde avec d'impressionnants rouleaux. Je repars en marchant et en discutant avec un coureur du 42.
Pas trop envie de courir, plus de profiter de cette vue, de ces moments de calme pendant la dernière heure de jour.

On remonte à la sortie de la commune pour chopper une énième levada (canal d'irrigation) puis on s'échappe vers un chemin forestier vraiment très agréable en balcon Nord.

Je ne cours plus beaucoup et la nuit tombe avant de basculer vers le Sud le long d'une levada qui parait loooong.
J'ai de plus en plus envie de dormir et hâte d'en terminer.

Enfin on débouche au dessus de Machico sur une petite route puis un chemin que j'ai reconnu le mercredi dernier.

Encore une levada en béton le long duquel je ne cours pratiquement plus tellement je ressens les talons 🥺, une descente un peu raide et la route qui nous dirige vers la plage.

Les spectateurs encore présents encouragent et c'est fini, ouf ! 👏

- Content, 227e/697 arrivants, en 22h42 (3e M5) pour ma 630e course, youpi: mission réussie 🤝

- Ex aequo avec bubulle qui m'envoie un SMS le lendemain car lors de son 85km de 2019 il terminait 2eM4 ! (Du coup il fait mieux que moi 😉)

Je retrouve Franck le lendemain pour partager un 2e petit déjeuner dans son hôtel car je lui avais proposé de l'emmener prendre son avion (finalement c'est une autre de ses connaissances qui va s'en charger)

Ce même lendemain, dimanche donc, ce sera également l'occasion de retrouver Christian74 et Martinev (sur kikourou) après leur course de 16km courue ensemble et d'aller à la remise des récompenses:

Merci badgone74 (Christian) pour cette photo 👍

Et bientôt, direction Nancy pour les 32km de la mirabelle 🏃‍♀️
A bientôt:
Philippe