L'auteur : kilkenny84
La course : Marathon de Paris
Date : 7/4/2024
Lieu : Paris 16 (Paris)
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Distance : 42.195km
Objectif : Balade
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En 2023 je participe pour la première fois à un Marathon, à Paris déjà. Ca me change de la route, et tout le monde me dit qu'il faut au moins une fois que j'essaye pour voir ce que ca donne niveau chrono, ayant une bonne vitesse de base. Ca se terminera en 2h44 pour une première, et si j'avais estimer un 2h45 possible, rapidement à l'entrainement j'ai senti que je pouvais faire mieux, le jour de la course aura été un jour sans.
L'idée était donc de revenir en 2024 pour faire une préparation sérieuse, 2023 j'avais fait du trail avec un peu de vitesse, pour voir ce que ca donne. Je m'inscris donc rapidement au marathon, et je me donne comme programme de faire La Diag 2023, couper pendant un gros mois, histoire de faire une bascule route sur fin 2023, et lancer la vraie prépa sur 2024.
La Diag se passe, et derrière je n'ai juste plus d'envie de courir, et je me sens vidé. pas grave j'avais dis que je coupais. Sauf qu'on arrive en décembre et que ca ne repart pas malgré tout. Finalement fin décembre je reprend, mais en mode trail, la route ca me soule déjà. Ca promet.
Arrive 2024, je vais essayer de mettre un peu de vitesse, et paf j'attrape la grippe. Ca casse déjà le rythme, je reprends et commence enfin à avoir quelques sensations, et au cours d'une sortie longue, j'ai une douleur au mollet. Je coupe, je pense que j'ai du me faire une élongation, alors que je ne forçais absolument pas. C'est bon j'arrête les frais, je n'irai pas au Marathon. Au moins je serai à 100% pour soutenir sur le parcours ma compagne.
Sauf que, quand un copain apprend que je lâche mon objectif de chrono, il me propose d'être son "lièvre de luxe" comme il me dit. Il vise un RP à 3h15, et me demande de faire meneur d'allure, et de gérer les ravitaillements qui peuvent parfois être sportif vu le monde. Allez, pourquoi pas, au moins je n'aurais pas pris mon dossard à rien, ca me fera une sortie longue, et un bon moment de partage. Je regarde les horaires des SAS, normalement j'ai le temps de finir avec lui, et retourner sur le parcours voir ma compagne, et pourquoi pas finir avec elle. Je signe.
Commence alors un autre stress, celui d'être capable de tenir une allure qui n'est pas la mienne. La veille de la course j'apprends finalement qu'en plus du copain, il y en a un autre qui sera présent. Top, j'ai donc 2 copains à emmener. Et finalement 3, car ce 2eme connait une personne que j'ai rencontré l'année d'avant sur la Verbier Saint Bernard. Bref je me rend compte qu'en fait on est plusieurs à y aller, ca motive.
Jour de course, j'arrive tôt et je récupère toute l'alimentation des copains. Je me retrouve plus chargé qu'au départ d'un ultra. Et finalement avec les amis d'amis, on se retrouve à 6 dans le SAS 3h15. J'encourage une dernière fois ma compagne qui va prendre le départ de son premier marathon, et l'encourage fortement à croire en elle. Je lui promet d'aller la retrouver sur le parcours, et si les jambes sont là courir avec elle la fin.
Le départ approche, et est finalement donné alors que j'avais la tête ailleurs, j'ai déjà les copains qui prennent de l'avance. Je regarde sur le côté, j'aperçois ma compagne et je vais faire un dernier bisou. Allez maintenant j'ai une mission à faire. Je reprend la course, et je n'aperçois pas les copains... oups, ils ont du prendre de l'avance quand je me suis arrêté, j'accélère et remonte rapidement pour les retrouver, et là j'entends crier derrière moi! Ok, j'étais déjà trop vite et je les avais passé. Je me cale derrière eux pour éviter de refaire la même erreur.
Marathon 1, avec les copains
km 1, mais c'est qu'il fait chaud aujourd'hui, je n'arrive pas à trouver mon souffle, je transpire déjà énormément. Est-ce que finalement je vais réussir à tenir le rythme?
km5, premier ravito, j'envoie les copains à l'opposé du ravitaillement, ils continuent de courir à leur rythme, et moi je pique un sprint pour aller chercher les bouteilles et leur rapporter. J'en profite pour boire aussi, et j'arrive enfin à mieux réguler ma température, à partir de là je n'aurais plus de soucis
km8, on perd 2 personnes dans le groupe, une qui s'est arrêté pour dire bonjour à de la famille, une autre qui a senti une pointe dans le mollet et qui coupe sa vitesse.
km15, je commence à demander si ca va, les visage commence à rougir mais ils me disent de rester derrière, ils arrivent encore bien à gérer la vitesse.
km 20, ca commence à être plus difficile mais la vitesse est bonne. une personne du groupe commence à prendre de la vitesse, il visait moins de 3h15 et voulait rester sur la base 3h15 jusqu'au semi, et accélérer après. Il part donc petit à petit.
Semi, On a tous un "gros" décalage sur la montre, environ 300m en plus sur la montre. Donc forcément on est un peu en retard au semi si l'officiel c'est le panneau. Ca perturbe mentalement je le sens.
km25, On attaque toute la partir qui longe la Seine, avec les tunnels et pont qui mettent un peu de relief. La route est également plus étroite par endroit et c'est parfois difficile de doubler. Je passe alors en tête pour imprimer l'allure. Ca tient toujours derrière, mais forcément si l'allure moyenne est bonne, il y a plus d'acoups avec le monde et le relief. Les visages grimacent. Malgré mes demandes, je constate aussi une alimentation qui se fait moins régulière.
km30, les allures des 2 copains ne sont plus les mêmes. je prends encore de l'eau, mais ils commencent aussi à avoir du mal à boire. On tient encore l'allure 3h15, mais les signes d'approche du mur sont là.
km31, je dis à un des 2 copains de partir seul devant, le 2eme, qui est celui qui m'avait demander de venir, à du mal, je vais rester avec lui. L'allure diminue un peu, le 3h15 s'éloigne, mais il peut encore battre son RP. Ce qui m'inquiète plus c'est qu'il ne parle plus, ne bois plus et ne mange plus, il me dit juste qu'il est à la limite de vomir.
km35, il est encore bien mentalement, et s'arrête 50m avant le ravito pour faire baisser le cardio, il veut pouvoir boire. Je vais lui chercher de l'eau, malheureusement à la première gorgée tout ressort. On restera quelques minutes sur le côté à attendre que ca passe. Je lui propose tout ce que j'ai sur moi mais rien ne lui donne envie, on repart donc à un autre rythme, bien plus lent. Ca ressemble à un chemin de croix, il lutte pour limiter les dégats, je me sens complètement impuissant, je ne peux presque rien faire. le soutenir moralement c'est tout.
km40, il essaye de boire, on marche un peu, il est complètement dégouté, car il avait fait une prépa spécifique pour aller chercher le 3h15. Il faut le motiver, il y aura d'autres jours meilleurs. Le rythme est très lent, il est vidé.
k42,195, enfin on termine. 3h28, peut être un des plus difficile qu'il a pu faire, il va rapidement s'assoir, puis s'allonger. Je le rassure comme je peux, il n'a rien lâché, il faut voir le positif. Jusqu'au 30eme il fait une belle course.
On part s'alimenter, et on retrouve toute la bande de copains. Ca discute, ca refait la course. Je prends de forces, et je regarde le chrono. Ma compagne est partie sur les bases 4h15, on lui avait dit qu'elle en avait les moyens. tout le monde me pousse en dehors de la zone d'arrivée, il faut que j'aille la retrouver. Et je sais qu'elle va avoir besoin d'aide. En 2023 je n'avais pas connu de mur, ni vu les coureurs à l'arrêt autour de moi, mais là j'ai pris conscience de ce que c'était. Et je m'imagine que pour des objectifs 4h15/4h30 le nombre de coureurs en détresse va être encore plus important.
J'embarque encore de quoi manger, et je pars direction le km30, je dois pouvoir y arriver quelques minutes avant elle. Il faut que je l'aide et la rassure.
Marathon 2, avec ma compagne
J'arrive au panneau km30. Effectivement les visages sont déjà bien marqués, et certains sont déjà en train d'éclater. Je remonte un peu la course, et je commence à voir des flammes 4h15, mais sur l'appli je vois qu'elle à lâcher cette allure après le 15eme, elle sera donc en léger décalage. Je l'aperçoie enfin, très concentrée elle ne m'entends même pas quand l'encourage. Je saute dans le flux de coureurs, me porte à son niveau. Quand elle me voit elle fond en larme. Elle m'expliquera après la course qu'elle commençait à être dans le dur, et que me voir à ce moment ca l'a rassurée.
km30, certes elle a coupé son allure et n'est plus en 4h15, mais a encore un bon rythme, une belle allure. Elle arrive à boire, et je la rassure en lui disant que c'est normal d'avoir mal. Il faut qu'elle prenne conscience que c'est pour tout le monde pareil, et surtout qu'il y a beaucoup de monde qui marche déjà, alors qu'elle garde vraiment son allure. Elle m'étonne, reste très concentrée.
km35, elle a soif et s'arrête pour boire tranquillement en marchant. sauf qu'au moment de repartir ses jambes ne répondent plus. Elle n'arrive plus à relancer la course. Et là je la sens en train de perdre pied. Son objectif était de finir sans marcher, et là elle marche. Elle le prends comme un gros échec. J'essaye de la rassurer, lui faire prendre conscience que beaucoup marchent, et que ceux qui courent ne vont pas beaucoup plus vite. Il faut que j'arrive à lui débloquer le cerveau, je suis persuadé qu'elle fait un blocage juste sur la douleur, que pour elle ce n'est pas normal. Hors vu le rythme qu'elle avait, ses jambes vont "bien". Elle essayera de relancer plusieurs fois, et finalement à un moment elle s'arrose les jambes avec de l'eau, et me dit que ca va mieux. Et reprend la course presque comme si il n'y avait rien eu, on approche alors du km38.
km38, je ne la reconnais plus, celle qui marchait il y a encore 5 min court désormais à bonne allure, remonte les coureurs, double, je dois même lui dire plusieurs fois de ralentir car elle va trop vite.
km40, je l'aide à visualiser la fin, je sais qu'il y a encore un long faux plat, mais aussi la foule qui pousse. Tête haute elle garde son rythme, et continue de doubler.
km42,195, ca y'est on est à la fin, elle est finisher de son premier marathon. le temps 4h34, mais elle se moquait du chrono. Elle ne fond finalement pas en larme à l'arrivée, mais un peu plus tard, une fois la pression redescendu. Jambes lourdes, mais pas de douleurs, elle peut facilement marcher, s'assoir, bouger. Elle termine bien.
En regardant son chrono, c'est vraiment dommage d'avoir eu ce passage à vide de 3km, plus du selon moi à un manque de confiance qu'à une défaillance physique. Avec plus d'expérience elle aurait pu faire un bien meilleur chrono, mais elle peut etre fière.
Et voilà comment s'achève le Marathon de Paris 2024. J'ai finalement passé une très bonne journée, avec des moments de partage. C'est difficile d'être témoin des difficultés des proches, j'ai eu l'impression de ne pas être utile, pourtant tous m'ont dit que je les avais beaucoup aidé, et que la moindre attention été bonne à prendre. Si ils le prennent comme ca, mission accomplie.
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