L'auteur : marathon-Yann
La course : Marathon de Cernay la Ville
Date : 7/1/2024
Lieu : Cernay La Ville (Yvelines)
Affichage : 504 vues
Distance : 42.195km
Objectif : Pas d'objectif
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Cela fait 6 fois que je viens à Cernay, et je dois avouer que mes motivations évoluent doucement. Au plaisir de commencer l'année par un marathon bucolique s'ajoute celui de constater que chaque année je progresse sur ce parcours au combien exigeant, avec plus de 400 m de D+ et plus de vaches que de spectateurs, passant progressivement de 3h38 à 3h03. Je sais bien que la série va s'arrêter un jour, d'autant que je me rapproche du plafond de verre que constitue pour moi la barre des 3h, mais j'aimerais bien continuer à améliorer, ou au moins égaler, "une" performance de l'année dernière, soit mon temps (3h03 donc), soit mon classement général (9eme) soit celui par catégorie (second). Contrairement à la majorité des concurrents, qui viennent ici pour se décrasser les antennes, comme le chantait joliment Higelin, c'est avec une certaine ambition que je prends le départ. L'ambition de faire de mon mieux, et de faire mieux.
Ambition rime avec décontraction. J'aide l'organisateur à poser l'un des deux drapeaux qui matérialiseront la ligne de départ, à l'entrée du stade. Cette année, nous partons d'un peu plus loin que l'an dernier, un demi tour de stade en plus car, me dit un coureur , il aurait manqué 200 m l'an dernier. De quoi relativiser ma performance, et rendre un tout petit peu plus difficile l'objectif d'améliorer mon temps, avant même le départ !
Ça part, et ça part vite ! Après avoir fait le tour du terrain de foot, nous traversons Cernay, puis nous retrouvons sur le plateau. Comme on peut voir l'avant du peloton sur cette belle route, c'est déjà l'occasion de faire le point. Je compte une vingtaine de coureurs devant moi, dont quelques relais j'imagine. Question météo, c'est parfait. Il fait un bon froid sec, sans trop de vent, avec un joli soleil hivernal qui perce à travers les nuages. Tout va bien.
Je commence à bien comprendre le parcours. Après 5 km sur le plateau, nous avons une première descente où je lâche les chevaux. Pourtant, je suis doublé par deux coureurs dans cette partie, ce qui m'interroge. Quel est mon état de forme ? Il faut dire que, comme à Nevers en novembre, je cours sans regarder ma montre, et je me fie aux dépassements pour évaluer mon allure. C'est peut-être trompeur, mais cela me mets dans un bon état d'esprit, sans le stress de ne penser qu'à la performance et de me remettre en question tous les kilomètres.
Un coureur m'a raconté avant le départ que l'an dernier, sa route avait croisé ici celle d'un troupeau de cerfs affolés par la chasse. Il en avait chuté de surprise. Rien de tel aujourd'hui, ni chasseurs ni chassés ! C'est presque dommage !
Après la descente, il y a un premier et usant faux -plat, dans lequel je suis de nouveau rejoint par un petit groupe de quatre coureurs. Je plaisante avec celui qui est en tête : tu fais meneur d'allure ? "Tu ne crois pas si bien dire, je serai meneur d'allure 3h à Saumur, aujourd'hui j'emmène un copain sur cette base, pour m'entraîner ".
Ça ne tombe pas dans l'oreille d'un sourd. Pariant sur la régularité de ce coureur, je décide de m'accrocher. Nous lâchons les deux autres coureurs qui étaient avec lui, et reprenons un ou deux coureurs. Je suis à mon tour distancé au ravitaillement du km 15, mais je garde ce couple en vue et réussi à le reprendre, dans la descente juste après le semi marathon. Si ce coureur est régulier, tout va bien.
Place à la deuxième boucle. Un bénévole m'annonce 28eme, ce qui me surprend un peu. Mais j'ai appris à prendre avec prudence ce genre de décompte.
J'aime beaucoup le nouveau parcours mis en place il y a deux ans, même s'il n'est pas facile. Après une descente vers Senlisse, nous remontons par un chemin tellement raide que je dois marcher, ce qui fait que je suis de nouveau distancé par mon meneur d'allure et son copain. Pas de panique cependant, il ne me faudra cette fois qu'un ou deux kilomètres pour les reprendre. Je note que la distance entre les deux compères s'allonge, et je crains pour leur objectif. Cette fois, c'est moi qui passe devant.
Nous sommes maintenant sur une piste cyclable sinueuse dans un bois. Je pense que c'est la partie du parcours que je préfère. Je suis toujours sur une bonne dynamique et continue à reprendre quelques concurrents, au compte-gouttes. Je discute avec un coureur au tee-shirt jaune que j'ai en vue depuis le deuxième kilomètre. Il me raconte avoir couru en moins de 3h à Valence en novembre. Si nous sommes encore sur une base de 3h, me dit-il, l'objectif 3h lui semble difficile à cause de la côte finale.
Nous sommes dépassés par le futur meneur 3h, dont le copain a explosé, nous dit-il, et qui semble pressé d'en finir. Il estime lui aussi que je suis un peu en retard sur l'objectif 3h, mais que "vue que la distance n'y est pas, ça peut passer".
C'est vrai qu'il y a un décalage de plus en plus important entre les vibrations de ma montre et les rares indications kilométriques. Cette phrase a un effet paradoxal. D'un côté, m'offrant un petit bonus, elle renforce ma conviction que ça peut le faire. D'un autre côté, je me demande quel serait la portée d'un record si la distance n'y est pas. Je reviens finalement à ma motivation initiale : faire du mieux possible, on verra à l'arrivée. J'ai déjà eu de bonnes surprises en faisant comme ça.
Je prends la roue de notre meneur sur un petit kilomètre, mais je n'arrive pas à suivre longtemps son rythme infernal. Nous sommes maintenant à Auffargis, il reste à peine 8 km. Nous courons sur la jolie route au fond de la vallée. Un coureur me double, j'en rattrape deux. J'attends avec impatience que la route s'élève, non que j'aime les montées après 40 km de course, mais parce que je sais, justement, que ce sera presque la fin.
Et voici la dernière montée, celle là même que nous avons dévallé tout à l'heure. Je repense à toutes mes sorties en vallée de Chevreuse, la côte de Montdétour et celle de la Guyonnière, cela m'aide. En haut, un bénévole m'annonce 14eme. J'ai perdu du temps, mais je n'ai pas explosé.
A peine plus d'un kilomètre sur le plat, je le parcoure comme je peux. Je croise les coureurs du semi, ou des 10km, qui repartent avec une belle médaille. Et moi, quelle sera ma récompense ?
Je n'ai même pas la force de sprinter à l'arrivée. Sitôt la ligne franchie, je regarde mon résultat sur l'écran. À ce moment, je n'ai aucune idée de mon temps :
11eme, 1er M3M, en... 3h00mn 25 sec
À moins de 30 secondes, je franchissais pour la première fois cette maudite barrière des 3h ! J'avoue que j'en ai les larmes aux yeux, pas des larmes d'émotion mais de vraies larmes d'un chagrin idiot et puéril, que je réussi heureusement à masquer. Après tout, ce n'est pas tous les jours que l'on bat son record sur marathon, que l'on peut monter sur le podium et recevoir une galette dont j'aurai la fève !
Fatigué, mécontent ? Pas tant que ça
Le mot de la fin
PS : si je regarde ma montre, et contrairement à mes interrogations pendant la course, il me semble que la distance était effectivement correcte
6 commentaires
Commentaire de Badajoz posté le 16-01-2024 à 16:40:08
Beau récit, belle course et félicitations pour la fève ;)
Commentaire de marathon-Yann posté le 17-01-2024 à 14:33:27
Merci ! Vu que j'ai mangé la moitié de la galette, j'avais de bonnes chances de tomber sur la fève !
Commentaire de catcityrunner posté le 17-01-2024 à 09:12:34
Bravo pour ce chrono, sur ce parcours loin d'être plat et roulant !
Tu dois être largement sous les 3h sur un marathon moins atypique.
Commentaire de marathon-Yann posté le 17-01-2024 à 14:34:22
C'est ça qui est vexant !
Commentaire de Yannael posté le 20-01-2024 à 14:14:07
3h et quelques secondes, avec 400 m D+, c'est juste impressionnant. Super résultat. Et quelle progression régulière tous les ans, bravo.
Commentaire de marathon-Yann posté le 26-01-2024 à 13:47:45
merci, c'est vrai que c'est sympa que continuer à progresser, même après 50 ans !
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