L'auteur : alexch
La course : Ultra Trans Aubrac - 106 km
Date : 22/4/2023
Lieu : Bertholene (Aveyron)
Affichage : 912 vues
Distance : 106.5km
Objectif : Pas d'objectif
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Avec Andorra 105km prévu fin juin avec Félix et Ju, il faut prévoir un trail de préparation deux mois avant. Un spectacle de théâtre (finalement déplacé en juin) a raison du projet Istria (nord de la Croatie près de Trieste). L’Aubrac me tend les bras, j’ai bien aimé l’esprit local lors des Templiers, donc pourquoi pas découvrir le Nord de l’Aveyron. Luc et Élodie me rejoignent depuis la Savoie, en tant que candidats au podium (de mon côté c’est une ambition moindre : finir sans bobo et profiter du coin). Je trouve une coloc et covoit venant du 92, Caro, bénévole raid28 notamment et membre historique de kikourou, ce qui permet d’agrémenter les trajets et de passer de très bons moments avant/après course. Facile quand on a le même train de folie de l’ultra ;)
Au programme de nous 4 : 105km, 3500 D+ et 3700D-, jolie boucle en forme de U inversé. Mercredi : double louze, je me retrouve en fin de journée avec un début de bronchite et une petite chute à VTT (après 1h sur sentiers… jonction route quasiment à l’arrêt… gros doute sur la rotule droite, la cheville est restée coincée je ne sais pas comment et Arnaud m’a sauvé mon espoir de courir 😅
S’en suivent 48h vraiment délicates avec un nez qui sort du vert et le gros mal de tête (assez rare), qui m’oblige à prendre un Paracétamol pour dormir, et à me poser de sérieuses questions sur le samedi. Surtout que… la météo est prévue humide au moins sur la seconde partie de course. Au pire : je fais l’assistance des copains/copines, et voyons ce que ça donne. Sérum dans le nez, inhalations, pastilles aux plantes, boissons chaudes… nuit N-1 : hachée au possible mais quantité suffisante. Nuit dans le bungalow veille de course : cata, je m’endors à minuit trente pour un lever à 3h, avec une sorte de nausée.
Et pourtant le miracle a lieu, le rhume laisse sa place à une petit toux peu gênante au réveil, sans médication. Je me réveille en état second, ‘focused’, je tente le coup, l’excitation du dossard faisant le reste. L’estomac va bien et c’était un bon test de faire une recharge glucidique importante pour valider que j’étais prêt.
Navette bien organisée, montée un peu tardive au château médiéval de Bertholène (12e siècle), où nous sommes parqués comme des fauves avant le feu d’artifice et les fumigènes annonciateurs du départ à 6h. Pas de vent et pluie prévue crescendo à partir de là mi-course vers 13h : ça va bastonner et nous serons exposés sur les plateaux…
Impossible de s’échauffer dans le château donc je pars vraiment tout doux. Le paysage est sympa, vent pas gênant et on en profite avant la pluie. Je joue au chat et la souris avec Élodie (elle n’a pas pris les bâtons) : elle préfère les faux plats et le peu technique, j’aime mieux le gras, les pentes raides qui marchent, les descentes et les cailloux ! 1e ravito à l’abri du vent km23, joli village, de belles collines, sentiers corrects… on recharge et Élodie est à très peu de temps derrière. On se retrouve au km42 au point d’eau, je repasse devant dans une rampe de boue ascendante entre deux haies, et finalement j’arrive en avance au gros ravitaillement de Laguiole km53 dans le timing prévu, j’ai mis une petite accélération qui m’a un peu usé le dos. Je récupère mon sac de délestage (Élodie a oublié le sien à son appartement donc elle repart illico!!). Changement de chaussettes et crémage (utile sous la pluie), teeshirt manches longues, petite purée salée. Je repars frais même si c’était un peu long, mais repet volontaire pour Andorra. Je salue l’organisateur qui nous accueille souriant à la sortie du gymnase.
Fin de la balade et début de l’enfer : la bruine dès la sortie du gymnase.
Je mets la Goretex en laissant ouverte pour ne pas surchauffer. Rapidement, je sais que je vais devoir adapter le rythme pour pouvoir continuer à m’alimenter et à supporter le froid. J’en suis à la seconde paire de gants fins, et j’ai encore les gants chaudes en cuir comme avant-dernière cartouche, le poncho étant la dernière ! Je sens un pot de colle derrière moi, et cette fois-ci ce n’est pas un relayeur comme des centaines m’ont doublé (ils font 4x27km en moyenne donc à un rythme rapide!!). Arnaud est dans le dur et souhaite m’accompagner. On va s’entraider pendant 35km, les plus durs du parcours au vu des conditions ! Il est Corrézien, et au début nous ne nous disons que des mots d’encouragements, puis nous faisons plus ample connaissance. Une des joies de l’ultra est cette aisance respiratoire qui permet de passer le temps en papotant. Je préfère le silence en général (pas de musique, pas de bavardage en début de course…), mais une fois atteinte la zone moitié-3/4 de course, où l’arrivée semble encore loin, c’est un vrai bonus.
On a de plus en plus de vent, et on entre dans la zone quasi alpine avec des sapins et des alpages à perte de vue… jusqu’à ce que le brouillard nous emballe. Je leade pendant plus de 10km, le temps de rejoindre la station de Laguiole, que nous gravissons par les rampes de tire-fesses, avec une visi de 30m. Les gants fins commencent à être limite, je me laisse les gants chauds pour le km76 au gros ravito du Buron, qui sera extraordinaire. Je range les gants trempés et les mains sont à l’air libres, et feront quelques passages sous le cuissard pour se réchauffer. On lutte toujours pour avancer, il y a toujours pas mal de suiveurs (avec assistance clandestine 🤪) car beaucoup de routes coupent le plateau. Le terrain devient de plus en plus éprouvant et humide, les bourbiers piétinés par les vaches et les centaines de coureurs commencent à ressembler à un mélange de Nutella et d’eau. On saute de touffe en touffe, de caillou en caillou et finalement, on renonce à être trop précis parce qu’on est déjà trempé. Caro me racontera qu’elle a fini assise dans un de ces bourbiers après avoir ripé sur l’herbe en loupant de la main un grillage😜 ravito de la cabane d’alpage du Buron des Bouals, on voit assistants et relayeurs parqués dans des barnums… dedans c’est chaleureux, parapluie au gaz qui réchauffe les mains (je garderai toujours cette image des coureurs avec les mains tendues vers le haut du chauffage!), ne pas s’arrêter trop longtemps… soupe, tartine au chèvre, qq carreaux de chocolat et ça repart à 16h30 ! Avec des gants chauds et des mains sèches. Et le déluge qui a commencé il y a 4h redouble d’intensité, comme c’était prévu. Ça cessera à 23h… les derniers à l’arrivée vers 2h.
Heureusement, au bout de 30 minutes de plateau, la forêt nous accueille et atténue le vent. Les arbres rendent leur humidité à chaque rafale, donc on reçoit toujours de l’eau. Les gants et la Goretex deviennent de plus en plus poreux, il faut tenir! Sur le papier c’est profil descendant jusqu’à l’arrivée mais on m’a prédit un vrai chantier, ça ne rate pas : on suit une vallée encaissée, avec d’innombrables remontées, des traversées de rivières et sentiers forestiers ravagés par la pluie et les passages. Synthèse de Swisspeaks, Origole et Saintélyon dans la même après-midi. ‘Ad nauseam’ mais on sait qu’on va finir. Je papote et salue les dépassés ou dépassants, on se mélange aux coureurs des plus petites distances, dans une ambiance sympathique et solidaire dans ce monde ravagé qui peut faire penser à Cuba ou à l’Amazonie des films, après un épisode de Mousson. On voit des rayures dans la boue sur parfois plus de 10m, les derniers à passer et sans bâtons ont dû parfois maudire leur choix de matériel. Je vois un coureur marcher à reculons pour remonter la pente. Arnaud m’attend à plusieurs reprises et finalement je le laisse filer, quelle belle rencontre. L’objectif de rentrer avant la nuit est atteint, après avoir longé le Lot à la nuit tombante, je gagne le gymnase à 20h45, je n’ai pas assez poussé pour rattraper Élodie qui a fait une hypothermie et a fini à une belle 3e place, 20’ devant moi, chapeau! Luc aussi avec une course à la lutte pour finir 3e à cause de la stratégie nutrition risquée et la tenue un peu légère peut-être… avec assistance ça aurait aider de se changer en vitesse… mais ça fait de l’expérience pour tout le monde, et c’était sympa de voir les copains. Caro est rapatriée et a finalement couru autant que moi (un peu moins de 15h) en faisant le plus dur jusqu’au km75… mais c’était vraiment dur niveau hypothermie et la nuit arrivant, la prise de risque aurait été déraisonnable. La pluie continue de tomber jusqu’à minuit (avec les arbres qui gouttent sur le bungalow!). Retour à la cool avec petit resto à St Flour et Caro qui ne le laisse pas le volant, quelle forme !
Orga sympa, belle région et première partie de course très jolie, la fin est extrême quand même, point positif, j’ai bien géré l’habillementl’Aubrac, il faut s’y préparer sérieusement 😅 vivement la caillasse d’Andorre fin juin !!
2 commentaires
Commentaire de alexch posté le 25-07-2023 à 10:25:07
Vous m’expliquerez pourquoi l’interface m’a mis la photo à l’envers :)
Commentaire de Benman posté le 25-07-2023 à 11:40:47
Parce que l'endroit n'est pas beau?
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