L'auteur : Jedj
La course : Grand Raid du Golfe du Morbihan - 175 km
Date : 29/6/2023
Lieu : Vannes (Morbihan)
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Distance : 175km
Objectif : Terminer
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Un compte rendu à froid, une semaine après le grand raid, et ses plus de 178 km (183km pour ma montre) et 1300d+ annoncés à faire en moins de 42h.
Quand je me suis inscrit vu la distance, le peu de dénivelé et la barrière horaire je me suis dit c’est large ou il y a un loup.
Au vu de mes jambes, et de ma capacité d’entrainement c’est le seul 100 miles auque je peux prétendre et donc je m’inscris pour tenter mon premier 175km réussi et visiter cette région que je ne connais pas du tout et qui a l’air magnifique.
Je tire les leçons des échecs précédents en prenant soin de suivre un plan d’entrainement complet progressivement (celui fourni par l’organisation sur le site). J’ai pris soin après Millau suivi du grand raide de Camargue fin 2022 de couper complètement ou presque pendant 2 mois avant de reprendre doucement en janvier-février avec des petits mois tranquille puis mars un peu de volume pour lancer ma prépa avec le 55km de l’Aubrac en sortie longue. Cette course m’a montré que la caisse, la résilience étaient là mais qu’il allait falloir bosser un peu la course.
Avril – mai – juin des gros mois pour moi en course à pieds avec un plan suivi scrupuleusement et une logistiue raisonnable : réservation d’un logement pour les 3 jours du week end afin de ne pas être stressé par le point de chute avant le départ du train prévu 2h30 après l’heure limite d’arrivée. J’ai pris l’option train plutôt que voiture car le retour après 2 nuits blanches et des jambes en vrac me paraissaient trop dangereux.
J’arrive donc à vannes en TGV le jeudi en fin d’après midi pour prendre les clefs et manger mes premières crêpes avec une bière locale artisanale sous un fin crachin. Le week end précédent était caniculaire, celui-ci c’est couvert avec 25-30 degrés et un petit vent. La météo sera top.
Le lendemain matin, direction le port pour récupérer le dossard au village exposant sans attente, fluide, parfait. Le temps d’acheter pour quelques euros un couvert unique en plastique recyclé « fourchette-couteau-cuillère » plus adapté que mes couverts en bambou.
Retour à la crêperie pour une complète saucisse 😊 et direction l’appartement pour faire une dernière fois la tenue, le sac de course et celui d’allégement. J’ai un sac de course de 12l peu rempli finalement avec une tenue complète de change, la seconde couche chaude et la veste demandée par l’orga. Le sac d’allègement lui est rempli à ras bord avec tout et n’importe quoi car sans assistance et deux nuits à passer dehors je ne sais pas trop à quoi m’attendre. Le sac sera récupéré juste avant la traversée en Zodiac au kilomètre 87 donc selon mon plan de route un peu avant midi le lendemain.
Mon plan de marche optimiste est de 37h et le max que j’aimerais est de 40h soit 2h avant l’heure limite.
17h30 ca part après un speech assez long et peu enthousiasmant, la ligne de départ sur le port étant proche du lieu où nous avons posé les sacs et où nous pourrons prendre une douche à l’arrivée (le stade de rugby de la Rabine).
Le circuit cette année est dans le sens inverse des années précédentes, ce qui à la lecture des récits de course des années précédentes me fait pense que nous partons par le plus facile (avantage de pouvoir être en avance sur la barrière horaire sans piocher et sans bouchons) et que nous revenons par les passages les plus techniques et casse pattes et éventuellement les pieds dans l’eau (avantage de ne pas subir de longues lignes droits mentalement usantes au retour).
Il pleuvait un peu avant le départ et le tour des rues de Vannes se fait sous un soleil timide et une chaleur moite. 17km à faire tout plat avec juste quelques ralentissements, je trouve que cela part vite et je ne suis pas si facile que ca. Je sais que c’est la peur qui me durcit les jambes et me serre le souffle. J’attends que ca passe, direction le deuxième ravito Séné au kilomètre 30. Il pleut déjà pas mal depuis un petit bout de temps, je m’arrête 30 minutes pour manger et mettre mon coupe vent avec la frontale car il est déjà 22h. Je suis encore moyen en sensations avec l’estomac toujours noué. KM42, il pleut toujours bien avec du vent. J’ai l’estomac qui remonte, j’ai prévu à ce ravito de me changer chaussettes et haut pour me réchauffer et bien repartir. En fait le ravito est en plein air. Donc un plat chaud (ce n’est pas le premier d’une longue liste de jambon-coquillette) et je repars tranquillement à minuit et demi vers le prochain ravito 15km plus loin. Celui-ci est dans une salle à Sarzeau, je change le TShirt pour en mettre un manche longue avec un autre manche courte, et je mets des chaussettes propres avec une bonne tartine de Nok car les pieds commencent à chauffer.
Presque une heure de pause, il est 4h du matin. 1h d’avance sur la barrière horaire et depuis le 45eme km je suis très bien en sensations, j’avance tranquillement, la nuit et la pluie m’on fait du bien. En revanche, le passage sur le côté océan jusqu’au km 70 au lever du jour m’attaque les pieds avec le sable. Je m’arrête pour noker et pas de bol, j’ai laissé mon tube de nok à Sarzeau, va falloir faire sans. Le lever du jour est splendide sur le côté océan et ses côtes déchiquetées avec un fort vent (80km/h d’après les bénévoles) de face. 17km à faire comme ca les pieds en feu au travers des passages réguliers dans le sable. A partir de là je sors les bâtons pour alterner marche rapide et course lente. La base de vie à Arzon n’arrive pas vite avec une longue traversée de Arzon.
J’y arrive à 9h30 (pour 9h sur le plan de marche optimiste) et une barrière à 12h. Je récupère mon sac d’allégement pour me changer et manger propre. Mais je vois l’état de mon talon droit direction le pédicure avec une attente de 45 minutes mais pas le choix vu le steak. Après un essai infructueux, je reviens manger changé. Je range mes affaires et je repars avec une pause de près de 2h dont 1H30 pour le soin des pieds, beaucoup de temps pour peu de repos. Il est 11h30 et je vais faire mon kiff, la traversée en Zodiac de l’embouchure ! je profite un max et je ne souffre pas finalement de la station assise dans le bateau qui bouge un peu. Descente à terre, et c’est reparti en alternant jusqu’au prochain ravito course lente et marche rapide avec bâtons jusqu’au km 110 Le Crach. Je repasse chez le pédicure et aux medic (vilain échauffement au SIF) avec mon habituel jambon coquillettes. Je repars à 16h après 1h de pause et une microsieste - il fait bien chaud, et sur cette portion la course lente est peu présente. Je trottine de plus en plus rarement. KM125 c’est un joli ravito au port du Bono, un endroit magnifique avec la ville d’Auray. Une pause avec soupe et microsieste sur la table avec crème pour le SIF et ca repart. Il est 19h. Je cours seul à 95% du temps et je finis par croiser/recroiser à partir de là les mêmes coureurs. Certains sont en revanche déjà complètement cramés à 2km/h, la fin va être longue pour eux. J’arrive à la nuit bien tombée à Larmor Baden un peu après 22h30, un gros retard de 2h sur mon plan de marche optimiste mais toujours plus de 2h d’avance sur la barrière. Physiquement et mentalement je suis bien, mais les pieds sont en compote. Je repasse 1h chez le pédicure pour refaire le pied droit et le gauche qui lui aussi a pris cher. Le SIF se maintient. Il est minuit passé quand je repars, impossible de dormir dans le bâtiment avec les va et vient et sans gêne des accompagnateurs, au petit soin pour leur coureur mais pas au petit soin pour les autres. Je préfère aller râler sous la lune. Je rejoins un autre coureur (randonneur est plus exact à ce moment là) et depuis le dernier ravito je n’ai plus couru, en revanche j’avance à plus de 6km/h. Nous sommes deux et à un bon rythme nous doublons pas mal de coureurs tout en étant vigilants sur les traces. Le fait d’avoir chargé le GPX sur mon téléphone nous sauve deux ou trois fois. Il nous fait à un moment se faire violence avec un groupe pour se dire que la trace c’est bien cette traversée de plage à marée haute avec de l’eau glacée au mollet… Fin de la galère dans le sable au lever du jour après ce passage éprouvant physiquement de 23km sans ravito. Dernier ravito très léger un peu frisquet, avec mon acolyte on traine pas – je considère mes pieds à partir de ce moment là comme ne faisant plus partie de mon corps. Nous avançons à marche forcée en se fixant une arrivée avant 9h30, je suis devant lui depuis longtemps et je fais le tempo en mode brute épaisse. Nous remontons pas mal de coureurs, nous n’avons pas été doublés de la nuit et ce ne sera pas le cas jusqu’au port de l’arrivée, lors de ces 15 longs derniers kilomètres. Il est 9h24 et j’ai mis 39h26 pour finir le tour du golfe. Une médaille, une belle veste finisher et surtout un demi litre de bière avec une galette saucisse comme petit déjeuner de champion me permettent de trouver la force d’aller à la Rabine pour la douche. En boîtant quand même un peu j’avoue.
Maintenant place au soin des ampoules
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