Récit de la course : 12 heures de Bures-sur-Yvette 2023, par marathon-Yann

L'auteur : marathon-Yann

La course : 12 heures de Bures-sur-Yvette

Date : 14/5/2023

Lieu : Bures Sur Yvette (Essonne)

Affichage : 481 vues

Distance : 115km

Objectif : Pas d'objectif

1 commentaire

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Retour aux tours de l'Yvette

3h30 du matin. Je regarde d'un œil torve mon téléphone, lui demande de se taire avant qu'il ne réveille toute la maison, et m'extrais lentement de mon lit. Les 12h de Bures m'attendent.

La course aura t-elle lieu ? J'avoue que je n'en suis pas certain. Le site de la mairie qui annonce la course précise bien l'heure et le lieu du départ, mais omet mystérieusement de préciser le jour. J'ai beau avoir reçu deux mails de la mairie me confirmant que la course a lieu ce 14 mai, ce n'est qu'en apercevant les barnums éclairés que je suis rassuré. Oui, nous allons courir, et c'est génial. Mon copain Ray m'a prévenu : c'est comme dans les restaurants chinois, les plats qui ne sont pas sur la carte sont les meilleurs.

Nous ne sommes que six initiés au départ. Bien sûr, des dizaines voire des centaines de coureurs vont nous rejoindre dans la journée, pour faire quelques tours ou des dizaines de kilomètres, mais je sais que ce n'est pas dans l'aspect compétition qu'il faudra chercher la motivation. Alors je me fixe un objectif kilométrique : faire aussi bien que les 121 km parcourus ici il y a 4 ans.

Départ dans la douceur de la nuit. Ces premiers tours à la frontale sont toujours magiques. Dans la nuit, nous entendons d'abord le chant des grenouilles, auxquels succèdent celui des oiseaux. Trois tours et le
jour pointe. Je laisse ma frontale et ma veste dans mon sac.

Pour faire ces fameux 121 km, je dois parcourir 48 fois la boucle de 2,632 km. Le calcul est simple : cela fait 4 tours par heure, soit 15 minutes par tour. Je passe les deux premières heures de course à observer l'avance que j'accumule doucement sur ces repères. L'allure est confortable, peut-être trop, je n'ai pas l'impression de devoir me freiner. On verra cette après-midi.

Le soleil d'Austerlitz se lève vers 7h ! Mon copain Ray, diminué par un virus et son 24h du week-end dernier, ne se sentait pas pour courir 12h : il vient quand même tourner 1h ou 2 avec moi, pas plus (il restera 3h). Une autre course commence. Fini les calculs d'apothicaires, nous nous engageons dans une conversation échevelée, qui va balayer bien des domaines, de la course à pied à Alessandro Barbaglia, en passant par Chatgpt et la deforestation en Afrique. Ray m'impressionne par sa culture et la vivacité de sa pensée : qui d' autre serait capable de citer le nom des frères d'Antigone ou des différentes ouvertures du
noble jeu d'échec lors d'un ultra ? Je me sens pour ma part comme anesthésié par ma course, incapable de répondre à des questions simples comme "quel est ton film préféré ?". Ray n'a pas l'air de m'en vouloir,
et ce genre de questions sans réponses nourrira ma réflexion longtemps après son départ.

Car les meilleures choses ont une fin, et Ray me laisse. Je regarde ma montre : 50 km en un peu moins de 5h, les 121 km seront difficiles à atteindre. Après 6h de course, j'abandonne déjà cet objectif.

Commence alors une autre course, agrémentée de discussions avec les autres concurrents. Jean-François me raconte avoir gagné ici il y a 25 ans avec 127 km. Je regarde avec intérêt Thierry, qui, au lieu d'utiliser des bâtons, tire sur un drôle d'élastique qui lui passe dans le dos. Bernard, reprend la course après la pause d'un stent, et bien d'autres encore. Je croise mon copain Hervé qui fait son jogging du dimanche
matin, et l'encourage à prendre un dossard pour 3 tours. Tonio a rejoint la course après une première course à Clamart ce matin. Toute l'après midi, des chevreuils (j'en compte jusqu'à 3) viennent nous distraire au milieu du bassin, pas effrayés plus que ça par notre présence. Une promeneuse taquine son compagnon :"tu vois, il y en a un qui courre aussi vite que toi" (pour ne pas décourager son compagnon, je ne leur précise pas que ça fait presque 10h que j'avance ainsi).

Et il y a aussi tout ce qui rend cet événement si singulier. Les familles qui font le tour du bassin, avec ou sans dossard, les étudiants qui se défient sur un tour ou deux, ces lycéens allemands qui semblent
contents d'être là, sous le soleil. Les bénévoles si sympathiques qui insistent pour que nous profitions du ravitaillement, toujours bien achalandé. A chaque passage sur la ligne, je reçois des sourires et des
encouragements. Une belle fête du sport.

Jean-François me prévient : "gère bien ta fin de course, ici seuls les tours bouclés à 17h sont comptabilisés". En franchissant la ligne, , à 16h07, je me retrouve face à un choix corneillien. Gérer gentillement en faisant deux tours tranquilles, pour finir avec 113 km, ou accélérer et courir jusqu'au bout pour boucler encore 3 tours et finir avec 115 km, ce qui objectivement ne changerait rien.

C'est encore plus beau lorsque c'est inutile, aurait dit Cyrano. Je me fixe l'objectif des trois tours. Ça n'a l'air de rien, mais aligner des tours en 17 minutes m'oblige à augmenter un peu mon rythme, un réel
effort que je suis content de fournir. Ma perception de ma course en est changée. À 16h57, les 3 tours sont bouclés, portant mon total à 115,8km.

Si je n' ai pas atteint les 121 km visés, ce n'est pas le Waterloo redouté une bonne partie de l'après midi, loin de là. Les multiples marques d'amitié et félicitations reçues, le podium, les compliments des
organisateurs me touchent profondément. C'est certain, je remettrai mon réveil tôt pour venir à Bures.

 

1 commentaire

Commentaire de bubulle posté le 27-05-2023 à 11:22:44

Un jour, j'arriverai à m'y essayer à ce 12 heures historique. Et puis, c'est Bures, donc c'est la garantie de croiser toute la journée la bande du Raid 28. Reste à faire en sorte que ça ne tombe pas en même temps que l'UBS ou le GR73...et que je ne sois pas blessé : ça en fait, des planètes à aligner!

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