Mon premier 100km aux championnats de France à Steenwerck,

L’année de mes 55 ans au changement de catégorie de M3 à M4 j’ai décidé de faire tous les championnats de France, avant tout il fallait se qualifier, j’ai donc fait en début d’année un 10km Malakoff qui m’a qualifié pour les championnats de France de 10 à Houilles 22eme dans ma catégorie (hélas malade toute la semaine avant la compétition), un 5km, un semi de paris RP en 1h20 (5eme dans ma catégorie sur 1580) et 3 marathons dont celui de Paris ou je fais un nouveau RP 2h50 (9eme dans ma catégorie/1950). Je n’ai jamais fait de 100km mais j’ai vu que pour les championnats de France de la spécialité pas de qualification juste une licence compétition FFA suffisait, je me suis donc décidé 4 semaines avant la compétition de m’inscrire sans aucune préparation spécifique particulière, mais je suis coureur depuis 30 ans et des kilomètres j’en ai mangé, même si cette année j’en ai fait un peu moins, (j’ai 1100km au compteur depuis le début d’année), j’ai fait 3 semaines avec 6 sorties longues de 2h15 à 3h soit 26 à 36km et 1 semaine de repos complet avant la compétition. Cette année les championnats de France de Steenwerck se situe dans le nord tout près de Lille, mon ami Frédéric m’accompagne pour me suivre en vélo et me donner de quoi boire et me restaurer pendant la course. Nous arrivons la veille de l’epreuve, nous passons par la location à Nieppe à 6km du départ, puis récupération du dossard, plat de pâtes traditionnel le soir de la compétition et coucher à 21h car le départ de la course est à 5h du mat (ca va piquer ;o))

Réveil à 3h30, préparation minutieuse de mon équipement et de mon ravitaillement (cacahouètes, tucs, chocolats, pattes de fruits, gel overstim, boisson overstim, Orangina, eau)

Il fait froid mais c’est très bien pour courir, nous arrivons à 4h25 vers le départ, le temps de sortir le vélo et que je trouve des toilettes, c’est déjà l’heure, je retrouve un copain Yannick avec qui je compte faire un bout de chemin ensemble, il a l’expérience du 100km, il a déjà fait 8h07 en 2019, et il compte partir dans les mêmes allures que moi. Je le retrouve et le départ est donné, nous partons en 4’55 au kilo soit pour moi 128 pulsations minutes, je ne veux pas dépasser 135 pulsations minutes pour éviter d’exploser plus tard. Très vite nous formons un peloton de 7/8 coureurs dont 2 femmes, nous récupérons nos sherpas (personne accompagnant les coureurs en vélo) au 8eme kilomètre, le jour commence à pointer son nez, et comme depuis le début je me mets à l’avant de ce groupe pour donner le tempo, tout ce passe bien, il fait frais mais il fait beau, le vent est quasi inexistant, je parle un peu avec Yannick car ce sont des cadences pour moi d’endurance, nous parvenons au semi en 1h43 soit un peu plus vite que 12km/h 4,53 de moyenne, nous avons perdu 2 unités mais personne ne parle à part Yannick et moi et les accompagnateurs en vélo, j’ai mal nulle part pourtant je souffre d’une aponévrosite plantaire depuis 3 semaines que j’ai essayé de guérir en faisant 2 séances d’ondes de choc et en arrêtant de courir 1 semaine avant la course et cela à l’air de fonctionner. Nous franchissons le Marathon en 3h26, nous sommes plus que 4 de notre groupe initial dont une femme, comme je n’ai aucune expérience sur du long, je me suis forcé de m’alimenter en alternant salé et sucré toutes les 20’ tout en buvant 2/3 gorgées également, je ne m’arrête à aucun ravito car j’ai tout sur le vélo de mon accompagnant, le 50eme kilomètre franchit 4h03 nous sommes sur des bases incroyables (mon but était avant la course de faire moins de 9h si possible) je me sens plutôt bien mais Yannick ne parle plus il a l’air dans le dur, ainsi que la femme. Le 4eme lui a disparu en fait il abandonnera quelques kilomètres plus loin. Le vent commence à souffler, certes pas très fort mais la fatigue aidant quand on le recoit de face, on peut sentir une certaine résistance, la femme dont je connaissais pas le nom (qui s’appelle Sandra et qui finira 2eme féminine au scratch et donc vice-championne de France et 1ere  Master 3) s’abrite pas mal derrière moi quand le vent est de face, nous ne pourrions pas faire le contraire car c’est un petit gabarit et moi je suis plutôt une grande gigasse ;o), au 62eme km nous sommes toujours à 4,55 au kilo et je viens de m’apercevoir que mon pote Yannick n’est plus avec nous depuis sans doute quelques kilomètres, mais ça devient difficile pour nos organismes et je commence à avoir quelques problèmes intestinaux, je sais qu’à la fin de cette boucle, il faudra que je passe aux toilettes je n’ai pas le choix, j’arrive tant bien que mal au 67eme kilomètres toujours avec Sandra et je lui dis au revoir sachant que je ne la rattraperai pas après ma pause toilette, je sens qu’elle est un peu déçu car a 2 c’est toujours plus facile, je perds environ 6 minutes aux toilettes et je repars Frédéric mon sherpa m’attend à la sortie du gymnase, je sais qu’il ne me reste plus qu’une boucle de 32km, mais j’ai du mal à repartir, je me sens un peu patraque, je m’accroche mais le rythme a fortement baissé, je suis plutôt en 5’15 ce qui reste convenable mais ça va encore se compliquer, nous passons les 75km et là j’ai mon premier étourdissement, je bois beaucoup, je n’arrive plus à m’alimenter correctement, Fred m’encourage, me rappelle pourquoi je suis là et surtout la possibilité d’être champion de France de ma catégorie, je ne lâche rien, mais au 80eme kilomètres ma vitesse est plus proche de 5’50 au kilo, j’ai un 2eme étourdissement je me sens partir, je suis obligé de marcher pour la première fois, je ferai ce kilo en 7’20, je me ressaisie et je repars une nouvelle fois sous les encouragements de Fred, les kilomètres s’enchainent (pas très vite mais ils passent) j’oscille entre 5,55 et 6 au kilos, et on ne sait pas trop pourquoi a partir du 94eme je repasse à des valeurs plus rapides 5’25 au kilo une deuxième jeunesse, il faut dire que J’ai dépassé personne et je ne me suis pas fait doublé non plus depuis plus de 20km, je suis seul depuis le 67eme kilomètre, c’est un peu pour ça que c’est monotone et que le temps parait très long…pourtant à 4km de la fin, a 200m devant nous, enfin un coureur qui a l’air pas en grande forme, il court mais sa foulée doit être aussi rasante que la mienne a ce moment-là, Fred me lance le défi d’aller le chercher, mon cerveau disjoncte et je me lance à sa poursuite, j’arrive même à courir à 5’ au kilo, je mets 2km pour le rattraper et j’accélère sans le regarder pour le mettre loin derrière moi, il reste 1km Fred me dit qu’il part devant pour filmer mon arrivée, moi entretemps j’ai une ampoule sur le petit orteil qui a explosé et qui me fait souffrir le martyre, j’oublie un peu le gars que je viens de dépasser et je ralentis un peu, à 500m de l’arrivée j’entends l’accompagnateur du gars, vas y bouffe le, punaise il est revenu sur moi, j’oublie ma douleur et je sprinte jusqu’à l’arrivée sans me retourner, je suis au bout mais enfin la ligne d’arrivée est là et je la passe en 8h44, 20éme au scratch et surtout 1er en M4. Je m’assoie et je reste au moins 20 minutes prostrait sur mon fauteuil sans force, Je récupère assez vite surtout quand j’apprends que je suis champion de France M4 c’est l’aboutissement d’un rêve d’avoir ma médaille FFA après 30 ans de course à pied cela couronne mes années d’entrainement et ma détermination de rien lâcher.

Le podium, les encouragements du public, c’était grisant et magnifique à la fois. Merci à Yannick, Sandra avec qui j’ai partagé plusieurs dizaines de kilomètres, bravo à Sandra 8h22 a l’arrivée pour son premier 100km et vice-championne de france toutes catégories. Un grand merci à Fred de m’avoir encouragé tout au long de ce périple.