L'auteur : poucet
La course : Grand Raid Ventoux - 120 km
Date : 29/4/2023
Lieu : Gigondas (Vaucluse)
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Distance : 120km
Objectif : Terminer
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Le Grand Raid du Ventoux propose un joli défi de 120 km et 6500 d+ à affronter en solo ou en relais (à deux ou à quatre). L’heure du départ était fixée à 5h sur la place du village de Gigondas, face au Gite des Dentelles ou j’avais passé la nuit en compagnie de quelques autres participants. C’est une épreuve plutôt confidentielle, le modeste peloton rassemblant un peu plus de 200 coureurs s’est vite enfoncée dans la nuit en suivant le flanc nord des Dentelles. Le jour était déjà levé au premier point d’eau situé au col de la chaine vers le 11ème kilomètre, le ciel était couvert et la température douce. Le parcours très agréable est resté bien roulant jusqu’au ravitaillement light de Groseau, à la sortie de Malaucène. Il restait encore quelques compotes sur les tables, j’en ai profité. Nous étions alors au 20ème kilomètres, il était temps de sortir les bâtons pour attaquer la première grosse ascension de la journée.
La course a pris une autre dimension, notamment dans la redoutable combe du Mont Serein qui nous conduisait à la station ou était située une base vie (Km 32) ou non pouvions récupérer un sac d’allègement. Le ravitaillement complet avec une bonne soupe et du salé était bienvenu. J’ai fait le plein de la poche a eau avec ma poudre énergétique, glissé quelques gourmandises dans les poches avant de partir pour une grande boucle par la vallée de Toulourenc.
Nous avions parcouru un quart du parcours et ça déroulait tout seul en descente. Une petite bruine s’est incrustée dans le tableau alors que j’attaquais le petit taquet pour grimper au sommet de la Plate. Là il y avait une sorte de crête très technique sur des gros cailloux rendus glissants et dangereux. D’ailleurs ça n’a pas loupé ma cheville gauche est partie en cacahuète a l’entame de la descente et j’ai cru un instant que j’allais terminer la journée là. Plus de peur que de mal finalement, j’ai pu relancer la machine en douceur pou rejoindre le ravitaillement light de Veaux au km 48. Ouf, il était temps, j’ai pu choper l’une des dernières compotes … Là il ne fallait surtout pas oublier de faire le plein d’eau avant d’affronter la montagne de Bluye, alors que le soleil était au zénith. Une grosse montée pour rejoindre une crête à 1000 m découvrant de superbes panoramas avec le Géant de Provence affichant fièrement sa majesté. Il paraissait si loin, et pourtant c’est bien là-haut que nous devions passer avant de songer au retour …
Un profil descendant par le col de Fautaube et le GR91 nous a permis de redescendre dans la vallée ou le village de Brantes nous accueillait pour un ravitaillement complet. Il n’y avait plus de soupe, mais les tables étaient largement garnies pour remettre quelques calories dans le chaudron. Un petit pont de pierres nous conduisait de l’autre côté de la rivière, à nouveau sur le flanc nord du Ventoux, pour la plus longue ascension du parcours. Nous transitons une nouvelle fois par la station du Mont Serein ou nous retrouvons à nouveau nos sacs d’allègement. Les sensations sont toujours correctes mais je ne suis plus trop serein justement car je pointe avec plus d’une heure sur mes estimations et je devine déjà qu’il ne me sera pas possible de basculer de jour. Je prends néanmoins tout le temps de piocher au gré des envies, surtout du salé, pain, fromage, jambon. La poudre énergétique ne passe plus depuis déjà un moment, je complète ma poche à eau à l’eau claire et profites du coca à disposition. La température s’est nettement rafraichie, j’enfile à nouveau les manchettes et un buff et j’installe la frontale, paré pour la nuit …
On quitte la station par les pistes de ski et bizarrement voilà que l’on redescend. Oups … Finalement on récupère le GR qui grimpe en lacets dans la forêt. Alors que les premiers sont déjà arrivés à Gigondas, la nuit en profite pour se poser définitivement sur les laborieux du fond de la classe. Je cherche désespérément la tour de l’Observatoire, s’en est à croire que le Mont Chauve n’est qu’un légende … Et puis finalement la caillasse remplace la futaie et on devine enfin le feu rouge au sommet. C’est une impression vraiment bizarre de trouver ce Ventoux dans la nuit, complétement désert mais toujours aussi exposé au vent. Evidemment je loupe la bifurcation vers la descente mais j’en profites pour m’abriter au mieux et enfiler un coupe-vent et des gants. Je rebrousse chemin et quelques centaines de mètres plus bas un camarade de galère m’indique le balisage.
A voir le profil il y a juste à se laisser glisser pour rejoindre le ravito en bas. L’affaire est moins simple dans la réalité que sur le papier. Cette descente est très technique et dans la nuit demande toutes les attentions pour ne pas partir en vrille. On termine par l’interminable Combe de Malaval où il faut écarter les petits sapins avec les bras pour se frayer un passage. La délivrance arrive enfin au domaine de Belezy sur la commune de Bédoin ou le ravito est le bienvenu. Je me serais volontiers allongé un instant, mais c’était vraiment trop bruyant. Nous sommes alors au km 96, il n’y avait plus qu’à rentrer à Gigondas …
Le balisage n’était pas toujours évident à trouver, surtout dans la nuit. J’ai commis une nouvelle erreur peu après le ravito. Revenu sur le parcours je me suis étalé à la première prairie tranquille légèrement à l’écart de la trace et je me suis endormi instantanément pour quelques minutes. Un sommeil bienfaisant qui m’a permis de repartir sur une douce euphorie, avec comme seul objectif de finir en profitant. La grande salle des fêtes du Barroux (km 108) est vite arrivée, avec de grandes tables, des chaises, de la soupe, des bénévoles attentionnés … La meilleure oasis du parcours !!! A partir de là il faut compter deux fois 7km pour rejoindre l’arrivée et je sais que l’affaire est presque dans le sac.
Le marchand de sable me tombe une nouvelle fois dessus. Je ne suis plus a quelques minutes près, je règle la sonnerie du téléphone et sombre pour vingt minutes réparatrices. Le jour est levé lorsque je remets en route. Quelques gaillards me doublent sur un rythme que je trouve bien alerte après plus de 100 bornes, je renonce a suivre et me contente de terminer à ma main. Un dernier point d’eau nous est proposé à Laffare.
La fin de parcours soi-disant roulante ne l’est pas tant que cela. Avec la fatigue le moindre taquet fait mal aux pattes et il reste encore de gros passages techniques au cœur des Dentelles. Mais c’est superbe, il me reste un peu de force pour trottiner les secteurs courables et c’est moi qui ramasse quelques naufragés mal en point qui terminent au mental.
Gigondas apparait enfin et je passe sous l’arche d’arrivée avec un chrono final de 28h11’, classé 97ème sur 110 finishers (57 abandons). Je profite d’être venu jusque-là pour oublier mes bâtons sur le ravito d’arrivée. En échange je repars avec une médaille en bois (c’est tendance), une bonne bouteille, un vrai joli tee shirt et surtout la belle satisfaction d’être allé au bout de ce gros challenge en bon état.
Bravo a l’équipe d’organisation, merci à tous les bénévoles qui nous ont soutenus de jour comme de nuit tout au long du parcours.
2 commentaires
Commentaire de philkikou posté le 05-05-2023 à 14:10:01
Il faut bien se connaitre, et avoir un physique et un mental de Poucet pour arriver à bout et au bout d'une telle épreuve !... Bravo, chapeau !
Commentaire de gmtrail49 posté le 15-07-2023 à 10:04:26
Merci pour ce récit qui me rappelle de beaux souvenirs ! J'ai aussi beaucoup aimé le parcours très varié en terme de paysages et de technicité de sentiers. Pas de pause dodo de mon côté mais par j'ai par contre vécu une grosse journée galère pour m'alimenter à partir de Brantes : à part des morceaux de banane, tout ce que j'ingurgitais ressortait aussitôt ! 53 abandons sur 164 partants, c'était quand même un beau chantier ! Bravo à toi donc et merci aussi pour les photos !
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