L'auteur : marathon-Yann
La course : Marathon de Nantes
Date : 23/4/2023
Lieu : Nantes (Loire-Atlantique)
Affichage : 980 vues
Distance : 42.195km
Objectif : Pas d'objectif
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Plus ça rate, plus on a de chance que ça marche (devise Shadok)
3h03, 3h01, 3h05... Depuis quelques marathons, je tourne souvent sous les 3h10, parfois près de la barrière des 3h, sans jamais réussir à la franchir. Autant de demi victoires, autant de demi défaites. Trois semaines après le marathon de Paris, fini en 3h05, je me retrouve au départ de celui de Nantes pour un nouvel essai.
À défaut de me rapprocher du succès, ce marathon me permettra de retourner dans une ville que j'ai découverte avec enthousiasme lors d'un congrès en septembre dernier. C'est d'ailleurs dans la même cité des Congrès où nous nous étions réunis entre scientifiques assoiffés de connaissance (entre autres) qu'a lieu le retrait des dossards pour des coureurs assoiffés de performance (entre autres) . Une salle, deux ambiances, j'adore.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? (devise Shadok)
J'y découvre le parcours de la course. Celui-ci nous fera passer dans les plus belles parties de la ville. Départ de la Nef des machines, une boucle d'environ 18km à parcourir 2 fois, avec des petites variantes pour arriver à 42,195 km, je n'y comprends pas grand chose mais ce n'est pas grave. Ce que je comprends, c'est que le départ et l'arrivée sont séparés de 2 km, que les sacs consignes sont à déposer à l'arrivée avant 8h le matin, soit plus d'une heure avant le départ, et qu'il n'y a pas de tram pour rejoindre le départ , la circulation dans la ville étant coupée pour laisser passer ces maudits coureurs. Plus d'une heure à attendre en short sous la pluie annoncée, très peu pour moi, je décide de laisser mon sac à l'hôtel et de dormir un peu plus.
Dimanche matin. J'ai quand même une petite marche de près de 3km pour rejoindre le départ. Le moment est agréable, il fait bon dans mon sac poubelle, et l'ambiance dans le centre ville, dépourvu de voitures mais peuplé de coureurs qui rejoignent le départ silencieusement , bien sympathique. C'est un plaisir de retrouver la nef des machines et d'y attendre le départ en écoutant le speaker, qui nous donne des infos que j'écoute avec avidité : les 4 premiers km seront difficiles mais les 10 derniers faciles, la pluie reste incertaine mais le vent est bien là. Le DJ nous propose "c'est la kiffance", ce qui traduit parfaitement mon état d'esprit du moment.
Quand on ne sait pas où aller, autant y aller... Le plus vite possible (devise Shadok)
Connaissant peu le parcours mais fidèle à ma stratégie, je me colle aux meneurs d'allure 3h, en espérant les suivre le plus longtemps possible. À Deauville en novembre, j'avais tenu 28 km avec eux, à Paris il y a 3 semaines, 25 km, combien de temps vais-je tenir aujourd'hui ?
Pas forcément plus longtemps. Les 4 premiers km sont effectivement un peu vallonnés, ce qui fait qu'à aucun moment en ce début de course je ne me sens facile. Heureusement, les kms suivants sont plus roulants, entre le dénivelé, le public nombreux et le magnifique décor du centre ville . Je reconnais certaines rues le long de l'Erdre et près de la cathédrale où j'étais venu courir après mes conférences. C'est la kiffance.
Si ça fait mal, c'est que ça fait du bien (devise Shadok)
Un peu après le 10ème km, un couple traverse lentement la rue juste devant notre peloton. Devant la grogne de certains coureurs, le monsieur nous assène : "ça va, bande d'abrutis, il y en a qui accouchent". Je réalise alors que nous sommes devant la maternité et que la dame qui l'accompagne a de bonnes raisons de se hâter lentement.
Nous passons ensuite devant le stade Marcel Saupin, où Nantes jouait quand j'étais jeune, et abordons un long passage à découvert où le vent semble nous défier au bras de fer . Km 13, km15, km 18, fin du premier tour.
Si vous m'avez bien suivi, nous sommes de nouveau sur les 4 km moins faciles. Je me fais décramponner par le peloton 3h alors que nous ne sommes pas à mi-course ! Je ne suis pas venu pour ça ! Je profite d'un passage en descente pour combler ces 300 m qui m'inquiètent. Effort que je paierai plus tard mais qu'importe, au km 27 je suis encore au contact.
On n'est jamais aussi bien battu que par soi-même (devise Shadok)
Ce ne sera plus le cas au km 30.
S'il n'y a pas de solution, c'est qu'il n'y a pas de problème (devise Shadok)
Je ne sais pas si je peux l'avouer, c'est à ce moment, où j'oublie toute ambition chronometrique, que j'éprouve le plus de plaisir. De quoi réfléchir sérieusement sur cette ambition de franchir, ne serait-ce qu'une fois, cette sacrée barrière. Un peu comme en ultra, je cours sans me soucier du temps ni de la fin, me contentant de bondir de ravitaillement en ravitaillement, où je prends le temps de me désaltérer . À l'un d'eux, je bois le contenu de 5 gobelets, à ma grande surprise.
La pluie fait son apparition, et va se renforcer jusqu'à la fin de la course. Alors que je m'attend à être dévoré par les meneurs d'allure 3h15, j'ai l'impression de doubler beaucoup plus de concurrents qu'il n'y en a qui me rattrapent.
La pluie redouble. Les spectateurs se réfugient sous les ponts, ou se mettent à l'abri comme ils peuvent. Leurs encouragements nous portent cependant et l'ambiance monte encore près de la ligne d'arrivée. Je fini en 3h06, un chrono finalement très honnête pour moi.
Tout avantage a ses inconvénients, et réciproquement (devise Shadok)
J'étais content ce matin de laisser mon sac à l'hôtel, je dois maintenant le rejoindre sous une pluie battante, de ma démarche cassée de frais marathonien. Je demande à la réceptionniste si je peux me changer quelque part, précisant avec humour que j'ai déjà pris ma douche. Devant mon air pitoyable et les deux flaques qui se forment à mes pieds, elle accepte et me propose même une serviette. La vie est belle.
La vérité c'est qu'il n'y a pas de vérité (y compris celle ci) (devise Shadok)
1 commentaire
Commentaire de pinafl posté le 27-04-2023 à 22:34:38
Belles références dans le récit, belle perf et médaille sympa!
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