Récit de la course : SaintéLyon 2022, par marathon-Yann

L'auteur : marathon-Yann

La course : SaintéLyon

Date : 3/12/2022

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 1190 vues

Distance : 78km

Objectif : Pas d'objectif

2 commentaires

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Etrange soir pour une nuit blanche

J'ai l'impression que tous mes récits kikourou commencent de la même façon : "je n'avais pas prévu d'y aller, mais [introduire une excuse plus ou moins foireuse], alors j'y suis allé et je ne l'ai pas regretté. 

La Sainté Lyon, je n'avais pas prévu d'y aller. Preuve, ma participation au marathon de Deauville deux semaines plus tôt. Mais les messages enthousiastes de mon frère, pour sa première participation, et un post Facebook de l'organisation suggérant le lundi une édition froide et sèche ont eu raison de ma raison. Et, alerte spoil, je ne l'ai pas regretté.  

Je m'inscris donc le mardi 29, le dernier jour possible. Le mercredi, la météo commence à tourner. Le jeudi, nos trains aller et retour sont supprimés, mais mon frère nous trouve les dernières places dans les trains du samedi et du dimanche. Rien ne nous empêchera de courir !  

Nous retrouvons Eddie à Lyon, qui aura la gentillesse de nous conduire en voiture à Sainté, où nous pouvons aller manger une copieuse pizza avant de rejoindre le Parc des Expositions. Comme convenu, je laisse alors mes compagnons pour rejoindre le sas performance auquel mon bracelet vert me donne le droit d'accéder. Confort appréciable, d'autant que j'y retrouve Élisabeth avec qui j'avais fait une belle course l'an dernier.  

Après deux participations à la Lyon Sainté Lyon, c'est sur la "simple" Sainté Lyon que je me suis inscrit, en partie car elle présente l'avantage d'être moins chère, entre prix du dossard et la nuit d'hôtel évitée. J'ai l'impression d'être au départ d'un sprint, il n'y a que 78 km, pourquoi se retenir ? Et dès que le speaker nous libère, un peu en retard en raison de voitures mal garées, je me lance sans arrière-pensée. Je commence à bien connaître le parcours, et je sais que les 7-8 premiers kilomètres sont roulants, permettant d'étirer le peloton avant de l'envoyer sur les chemins boueux.  

Avant même d'être sur les chemins boueux, je trouve que la magie de la Sainté Lyon est là, l'excitation de courir de nuit, les spectateurs qui veillent pour nous encourager, et l'incertitude de ce qui nous attend : météo, résistance au sommeil,état des chemins, ...  

Dès ce premier single, j'ai ma première réponse sur l'état des chemins : ils seront boueux et glissants, malgré mes Brooks. J'ai déjà mangé mon pain blanc avec le bitume ! Premier ruisseau à enjamber : plutôt que faire la queue pour le traverser par la petite passerelle, je me fais le plaisir stupide de foncer droit dedans. J'ai les pieds un peu mouillés, mais c'est pas grave et c'est amusant !  

Je pense que je suis l'un des premiers à marcher dans les côtes. Il faut dire que les coureurs partis comme moi dans le sas performance ont un sacré niveau. Ne pas se laisser déstabiliser, et avancer à son rythme.  

Une légère pluie nous accompagne depuis le départ. À chaque difficulté, nappe de brouillard, passage très boueux, bourrasque de pluie, je pense à mon frère et Eddie partis après moi et me demande comment ils vont apprécier ces passages. Même chose pour les moments sympas : quand nous passons devant des supporters enthousiastes autour d'un brasero ou que je me retourne pour contempler la longue file de lumière, j'espère qu'ils en profiteront aussi.  

Premier ravitaillement, Sainte Catherine, km 17. Copieux, varié, sans aucune attente, les organisateurs ont fait un travail formidable. Je prends une clémentine, un peu de coca, et repars sous la pluie qui commence à traverser mes trois couches. Fait pas chaud !  

Les habitués de la Sainté Lyon parlent du ravitaillement de Sainte Chaterine, de celui de Saint Christo, de Chaponost,... Ce qui a longtemps désorienté l'étrange étranger que je suis. Ce soir, j'ai bien appris ma leçon : il y a des ravitaillements aux km 17, 30, 44, 55 et 65. Malheureusement, ma montre GPS décide de me lâcher. Elle m'affiche d'abord quelque chose que je n'arrive pas à lire sans mes lunettes , je lui réponds en appuyant au hasard sur tous les boutons, ce qui semble la vexer car elle se met définitivement en grève.  

Ce n'est pas très grave. De toute façon, elle ne me sert pas à réguler mon allure, et les ravitaillements finissent tous par arriver. Km 30, puis km 44, puis km 55... A défaut de reconnaître les paysages, même si certains sentiers me semblent familiers, je reconnais bien ces îlots de lumière et de convivialité , où je bois un peu de coca ou de thé avant de me relancer dans la nuit.

C'est vers ce moment que ma conscience est allé se coucher dans un coin douillet de mon cerveau et m'a laissé avancer tranquillement. Nous avons franchis la terrible côte de Signal. Nous avons surfé sur des vagues de boue. Nous avons vu des supporters au milieu de nulle part, nous avons réveillé des vaches placides et des chiens excités. Nous avons franchi des cols et dévalé des descentes, sans savoir ce qui était le plus difficile. J'ai réussi l'exploit de ne pas tomber malgré quelques dérapages pas toujours contrôlés. J'ai eu l'impression d'être dépassé par des centaines de coureurs, ce qui s'avérera faux quand je regarderai l'évolution de mon classement sur livetrail (j'ai au contraire gagné 150 places entre le km 30 et l'arrivée). Je me suis demandé si j'arriverai à finir de nuit, avant de me rendre compte que c'était impossible. J'ai eu le temps d'avoir froid et de me réchauffer, d'avoir des pensées profondes et des considérations triviales. De courir et de marcher. De vivre.  

Et puis le jour s'est levé, lentement, comme s'il doutait de l'utilité de cet effort, et une autre course a commencé. Un panneau sur le bord du chemin indique " Lyon 15 km". Je commence à voir où je pose mes pieds, à mieux appréhender les reliefs. Les souvenirs des éditions précédentes reviennent avec une incroyable précision : ici j'avais discuté avec Charles, là des spectateurs nous avaient encouragés depuis leur balcon. Derrières glissades sur un sentier boueux, puis les derniers km. Le parc aventure, les escaliers, le détour sur le quai du Rhône, je me marre sur le pont Raymond Barre et j'arrive en 8h42, 304eme sur près de 7000 partants.  



Je ne sais pas comment les organisateurs ont fait, mais il y a cette année de l'eau chaude à la douche. C'est parfait. Ce n'est pas une habitude pour moi de boire de la bière à 9h du matin, mais puisque il est selon mon horloge interne 35h du soir, je savoure avec plaisir le verre offert par les organisateurs. En attendant mon frère et Eddie, je me demande déjà comment je vais commencer le récit de ma prochaine course.

2 commentaires

Commentaire de Benman posté le 16-12-2022 à 15:03:45

Belle course. Bravo. c'est toujours bien d'improviser pour un résultat aussi bon.
Bon, le ravito au km 17, c'est Saint Christo, pas Sainte Catherine qui est au km 30, mais tu es pardonné!

Commentaire de marathon-Yann posté le 16-12-2022 à 15:15:40

je n'y arriverai jamais avec ces noms de ravitos !!!

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