Récit de la course : Marathon de Deauville 2022, par marathon-Yann

L'auteur : marathon-Yann

La course : Marathon de Deauville

Date : 19/11/2022

Lieu : Deauville (Calvados)

Affichage : 833 vues

Distance : 42.195km

Objectif : Pas d'objectif

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Chabalabala

Je n'aurais pas du participer à ce marathon. Mon programme de course avait été suffisamment chargé cette année, plus de 20 dossards et près de 1400 km en compétition, pourquoi rajouter un nouveau marathon, un mois après le celui de Naples ? Pourquoi ? Parce que Naples avait été une belle réussite, partagée avec mon fils sur le semi, et que lui comme moi n'avons qu'une envie : recommencer. Et comme Deauville n'est qu'à 2h de la maison, nous partons en famille pour une escapade à la mer.

À la différence de Naples, le départ du semi et celui du marathon n'ont pas lieu en même temps. J'accompagne mon fils à 8h, l'encourage au milieu des 2000 autres coureurs qui prennent le départ, et je rentre me préparer à l'appartement, avant de me retrouver à mon tour sur la ligne de départ peu avant 10h. Emmitouflé dans mon sac en plastique, j'écoute le speaker qui donne des informations que je trouve pour une fois intéressantes. Il nous rappelle qu'en Normandie, il fait beau plusieurs fois par jour, ce que nous allons vérifier ce matin. Il nous annonce que nous serons près de 2400 coureurs, dont 700 engagés sur les championnats de France, venant de 84 départements. Beau succès ! 

 

Courant aux couleurs bigarrées de leur club,  le peloton me semble dès le départ très sérieux. C'est pas du cinéma ! Les coureurs n'hésitent pas à jouer des coudes dans les épingles à cheveux du premier kilomètre. Je ne sais pas pour vous, mais moi, être bousculé, ça m'énerve, et quand je suis énervé, je passe en mode guerrier : puisque tu me bouscules, je te double. Et je double aussi le mec devant toi, et ainsi de suite jusqu'à me retrouver quelques centaine de mètres derrière les meneurs d'allure 3h.

Mon objectif du jour était de faire mieux que 3h15. Me retrouvant en chasse-patate entre deux groupes, j'ai le choix entre attendre le meneur d'allure 3h15, continuer à mon rythme, ou, chercher à rejoindre le groupe 3h, comme je l'ai fait sur mes deux derniers marathons avec des succès contrastés. Au moment où nous quittons Deauville pour emprunter ce qui me semble être une belle piste cyclable, qui resserre encore les coureurs, je choisis prudemment la seconde option, continuer à mon rythme. Pourtant, je ne perds pas de vue la flamme 3h, qui se rapproche sans que je le cherche vraiment. Et que je rejoins peu après le premier ravitaillement. La stratégie sera donc de rester avec ce groupe le plus longtemps possible. 

Nous sommes maintenant sur une agréable route de campagne, sur un léger faux-plat qui durera jusqu'au km 11. Je suis dans l'allure des 3h, sans avoir l'impression de forcer. Moi qui suis prudent, mes pensées sont étonnamment optimistes : et si au deuxième tour j'étais encore dans ce groupe ? Après ce faux plat montant, nous descendons sur quelques kilomètres, ce serait facile de rester avec eux. La descente me permettrait de tenir jusqu'au km 35, nous serions si près de l'arrivée que je ne lâcherais plus. et si c'était aujourd'hui le jour de mon premier sub 3h, mon rêve absolu sur marathon ?  Je suis tellement excité par cette idée que je ne vois même pas le ravitaillement du km 15 et que j'ignore complètement la pluie qui tombe sur nous par intermittence, en alternance avec des moments où j'ai presque trop chaud. Le speaker avait raison, il fait beau plusieurs fois ce matin ! 

En tout cas, le parcours me séduit. Nous sommes de retour dans l'agglomération, passons devant un deuxième hippodrome, profitons de la fantastique ambiance du passage de relais, avant de profiter de l'immense ligne droite le long de la mer, où les kite-surfeurs s'en donnent à cœur joie. Courageux ! 

Un tour de fait. Il en reste un, et j'en connais tous les pièges. Le groupe autour des meneurs d'allure 3h s'est clairsemé, je prends malgré tout quelques mètres d'avance pour ne pas être pris dans la bousculade du ravitaillement du km 25. Précaution insuffisante, je prends comme à l'accoutumé quelques mètres de retard. Faut-il essayer de les combler rapidement, au risque de le payer plus tard, ou accepter ces quelques mètres et essayer de revenir dans la descente ? Je choisi la deuxième option. 

Les flammes 3h s'éloignent progressivement. Je les vois tanguer avec une telle synchronisation, gauche droite, gauche droite, que je me demande si elles ne sont pas portées par le même coureur, ce qui n'est évidemment pas le cas. Ils sont bien deux, et ils assurent dans ce faux plat, contrairement à moi. 

Km 30, j'ai maintenant plusieures centaines de mètres de retard sur les flammes, qui disparaissent au gré des virages du parcours. Nous empruntons bien la même route que pour la première boucle, mais la descente qui devait me permettre de me relancer à mystérieusement disparu. Ce ne sera pas pour aujourd'hui. 

J'accepte ma défaite, trop facilement peut-être.

Retour vers Deauville. Une dizaine de kilomètres pendant lesquels je ne m'effondre pas, mais où je lève sensiblement le pied. Les encouragements des spectateurs, qui sont nombreux à m'interpeller par mon prénom, me font du bien. C'est peut-être une conséquence des championnats, de nombreux supporters sont venus encourager leurs copains de club, et ce public de connaisseurs n'est pas avare en encouragements. J'ai même un copain qui est venu en vélo depuis Orsay pour assister à la course ! 

Deux bénévoles discutent :"ils ont tout eu, le vent, la pluie". C'est vrai, je ne m'en suis pas vraiment rendu compte.  Après avoir subi une vague de dépassements, c'est à mon tour de doubler quelques coureurs en difficulté. Je les encourage, et répéter à voix haute "bravo, on l'a fait " ou "plus que 2 km, la dernière ligne droite ne compte pas" me fait peut-être plus de bien qu'à eux.  Effectivement, la dernière ligne droite, longue de plus d'un kilomètre, ne compte pas. La mer est magnifique, les fameuses planches de Deauville inspirantes, et le public de plus en plus nombreux. Mon fils en fait parti, médaille autour du cou, et un large sourire sur les lèvres qui ne trompe pas sur sa performance (nouveau RP pour lui). Je vois la ligne d'arrivée, l'horloge annonce 3h08 ce qui me satisfait largement. En me rapprochant, je me rend compte que mes yeux me jouent un nouveau tour, il faut bien lire 3h03, encore mieux ! Après le sourire de mon fils, je retrouve ceux chaleureux de mon épouse et de ma fille et celui inimitable de mon chien. Beau week-end pour tout le monde, chabalabala, comme faisait chanter Lelouch !  

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