Récit de la course : 100 km de Millau 2022, par Laurent V

L'auteur : Laurent V

La course : 100 km de Millau

Date : 24/9/2022

Lieu : Millau (Aveyron)

Affichage : 1081 vues

Distance : 100km

Objectif : Pas d'objectif

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100 km de Millau, et tellement plus

Il-y-a les Ironman (5 pour moi), avec leur décorum bling-bling, leurs athlètes clinquants, paradant avec du matériel au top, des vélos ultra-modernes pouvant valoir un an de smic. L’arrivée sur moquette rouge, les feux d’artifice, la musique endiablée, les pom-pom girls, le speaker professionnel. L’efficacité américaine.

 

Et il-y-a les 100 km de Millau, institution Aveyronnaise depuis 50 ans, depuis 1972, à l’ambiance Gauloise, avec de la bière et des toasts au Roquefort aux ravito, avec l’arrivée dans le gymnase du bien nommé Parc de la Victoire, au milieu de spectateurs noctambules, de coureurs zombies devant leur plateau repas, de coureurs endormis à même le parquet, le tout juste après l’arrivée où le photographe local tire le portrait de chaque rescapé atteignant la mythique borne « 100 km ».

 

Et, trois mois après l’Ironman de Frankfurt, c’est à ce morceau de terroir français que j’ai décidé de me confronter, ce 24 septembre 2022.

 

Comme suiveur cycliste sur ces 100 km, j’aurai le bonheur d’avoir ma fille Alba qui, à 22 ans, a dû faire comme plus longue sortie vélo environ 7 km, soit la distance entre la borne Vélib la plus proche et son centre de formation professionnelle.

 

Mais on n’a pas peur de partir à la conquête, quand on a 22 ans.

 

Les vacances d’été, d’abord familiales à la mer puis en virée amoureuse à moto, n’ont pas permis une préparation spécifique.

 

J’attendrai donc la rentrée pour enchaîner une centaine de km hebdomadaire, trois semaines de suite, en faisant l’aller-retour au bureau en courant (2x11 km du lundi au vendredi). Je ferai aussi 2 sorties le dimanche accompagné par Alba à vélo, sur la coulée verte de Paris à Massy : 30 km à 3 semaines de Millau et 40 km à 15 jours.

 

Arrive enfin le jour du départ, la veille de la course. Fébrile, je vérifie à nouveau le contenu des sacs avant de les charger dans la voiture. La météo incertaine m’a fait préparer plusieurs type de tenues, pour ma cycliste et pour moi. Nous prenons enfin la route pour les 600 km qui nous séparent de notre objectif. Alba conduit. J’espère secrètement qu’elle sera aussi à l’aise au guidon d’un vélo qu’au volant de la grosse voiture familiale.

 

Arrivés à Millau vers 16h, nous retrouvons mon ami Eddie au retrait des dossards. Une fois les affaires déposées au logement, nous passons une bonne soirée autour de la traditionnelle pizza de veille de course.

 

Samedi 24 septembre, 8h du matin. Je réveille Alba avec la chanson d’Hugues Auffray : « Debout les gars réveillez-vous, il va falloir en mettre un coup, debout les gars réveillez-vous, on va au bout du monde… ».

 

Nous déjeunons ensemble. Elle me demande mon niveau de stress sur une échelle de 1 à 10. Je lui réponds 6-7. Elle me dit que c’est pas mal. Je lui précise alors que j’étais à 1 hier soir. Nous rions comme des mômes.

 

Nous nous mettons en tenue. Prenant un ton solennel, je lui dis : « Allons-y. Cela suffit. Qu’on en finisse, maintenant ». Nous rions encore et sortons.

 

Nous rejoignons Eddie, comme convenu, devant le panneau du km 99 et laissons partir Alba, qui doit nous attendre avec les cyclistes au km 7.

 

Eddie éprouve le besoin de s’échauffer avant les 100 km (!) et part courir. Je regarde la fanfare municipale arriver, suivie de la procession des coureurs qui ont défilé depuis le Parc de la Victoire, à 1 km de là. Je pense plus à un film de Don Camillo de mon enfance qu’à un défilé de gladiateurs. Il n’y a aucune prétention. C’est beau. C’est vrai.

 

Avec Eddie, nous nous retrouvons dans les premiers rangs, à quelques mètres seulement de la ligne de départ.

 

Quelques mots de Madame la maire et pan, à 10 h précises, coup de pistolet.

 

Je vois mon Eddie, 65 ans, détaler comme un cadet, lui qui m’avait fait tout un discours sur le fait que les secondes gagnées au début étaient les minutes perdues à la fin, etc. J’aime son panache, j’aime que ses jambes n’écoutent jamais sa raison, mais je me garde de le suivre.

 

Je me laisse porter par mon rythme, sans forcer. Je regarde le paysage. Je suis facile, en 5:30 au kilo (11 km/h). Au km 1, je fais ma traditionnelle blague en disant « finalement, c’est pas si difficile que ça, un 100 km ». Les coureurs voisins rient poliment.

 

Pour cette première boucle de 42 km, le parcours est plutôt plat (une ou deux petites bosses quand même), avant les choses sérieuses et les 1.200 m de D+ sur l’aller-retour à Saint Affrique, après ce premier marathon.

 

Il me tarde de rejoindre Alba, mais je me contraints à ne pas me précipiter.

 

J’échange un moment avec le meneur d’allure de 12h30 qui me dit que je suis trop rapide pour mon objectif de 14h. Je lui dis qu’il a raison… puis le laisse derrière moi.

 

Je saute le premier ravitaillement, trop pressé de rejoindre ma fille.

 

Arrive enfin Aguessac, km 7, où je vais rejoindre Alba. Le nombre de cyclistes sur les bas côtés de la route est impressionnant. Je sais qu’Alba sera sur le côté gauche, dévolu aux dossards impairs, mais j’ai l’impression de mettre des km à la retrouver, au milieu de tous ces suiveurs excités. L’ambiance est d’une incroyable joyeuseté.

 

Je retrouve enfin son sourire lumineux. J’en profite pour enlever mon coupe-vent et charger un peu plus les sacoches de son vélo, la météo ayant finalement décidé d’être clémente.

 

Nous prenons enfin la route ensemble. L’aventure peut commencer.

 

Le parcours est roulant, le long du Tarn. A une vingtaine de km de Millau, nous faisons demi-tour en franchissant le Tarn pour repartir sur l’autre rive.

 

À ce moment de la course, la circulation est encore dense, mais Alba me suit facilement, en se faufilant entre les coureurs et les cyclistes.

 

Je m’autorise un premier ravitaillement au km 20. Ce que j’y découvre vaut pour tous les 20 ravito de cette course. Cela ressemble plus à un buffet qu’à un ravito traditionnel. Des sandwichs de jambon, pâté, fromage, roquefort, des œufs durs, de la soupe, des fruits, des barres de céréales, des cakes, toutes sortes de boissons, bière comprise, et même des yaourts à boire. Rajoutez un enthousiasme extraordinaire d’une armée de bénévoles et parfois même une fanfare, et vous vous sentez plus à une kermesse que sur une course. Cela fait un bien terrible.

 

Au km 30, léger coup de bambou. J’en fais part à Alba qui me dit que pour elle aussi ça devient dur, qu’elle a mal à la nuque. Immédiatement, je m’inquiète pour elle et ne pense plus à mon coup de moins bien.

 

Je suis rassuré au km 38 quand je la vois rire lorsque nous passons à côté d’un chenil au milieu d’aboiements assourdissants.

 

Retour à Millau, km 42. Nous croisons Eddie qui quitte le Parc de la Victoire quand nous y entrons. Il a un quart d’heure d’avance sur nous.

 

Alba entend un coureur qui ne veut pas repartir. Son suiveur ne le ménage pas : « la question ne se pose pas : tu repars ! »

 

Étonnamment, il ne m’est pas si difficile que ça de repartir après un premier marathon. Je me suis plusieurs fois répété : « à 42 km, tu rajoutes 8 km (c’est rien 8 km, hein) et tu es à 50 ; et à 50, tu rajoutes 8 km (c’est rien 8 km, hein) et tu es à 58, et à 58, il ne te reste plus qu’un marathon, et tu sais courir un marathon après 7 à 8h d’effort, comme sur un Ironman ». On se motive comme on peut.

 

Alba est toujours attentive. Elle me remplit les bidons, me surveille du coin de l’œil. Je lui propose plusieurs fois de rester plus longtemps au ravito et de me rejoindre après. Elle ne le fera pas. Elle ne me laissera jamais courir seul.

 

Km 47 : première des 4 grosses côtes du parcours. 3 km à 8 % pour monter jusqu’au viaduc de Millau. Comme la plupart des coureurs, je les monte en marchant. Je me rappelle que, au même endroit il y a 7 ans, mon frère Yann que je suivais à vélo, avait dit : « je vais me refaire la fraise en marchant ». Je répéterai donc cette phrase à chacune des 4 grosses côtes, mais en sortant de la sacoche un gros paquet de fraises tagada. Nous joignons ainsi le geste à la parole, et nous carburons aux fraises tagada, en partageant un regard rieur face à ce ravitaillement pas très académique.

 

Arrivé au viaduc, une descente de 4 km vers St-Georges de Luzençon. Je dévale en roue libre, sans retenue ni difficulté, me découvrant un talent de descendeur. Alba vient à ma hauteur et je lis de l’admiration dans ses yeux : « c’est dingue, tu les rattrapes tous ! ». Nous rions encore, tous deux surpris de cette facilité.

 

Ravito de St-Georges au km 53. Je vois le visage d’Alba s’éclairer en voyant Eddie. Je tombe dans les bras de mon ami. Il a le sourire mais m’inquiète quand, alors que je lui propose de repartir avec nous, il refuse et me dit avoir besoin de récupérer encore un peu. J’espère qu’il n’est pas en train de craquer, car c’est long, 48 km, quand on est dans le dur.

 

Je repars donc avec Alba. Je suis étonnamment bien. Nous sommes sur un léger faux plat montant pour une dizaine de km. Je parle avec un coureur. Nous croisons le premier qui revient de Saint-Affrique. Il a environ 40 km d’avance sur nous. Son allure est incroyable. Visage fermé, il ne répond pas à nos félicitations. Je comprends bien sûr qu’il doit rester dans sa bulle.

 

Nous arrivons enfin au km 65, pour la montée éprouvante vers Thiergues (5 km, avec des virages en épingle).

 

Très vite, je me remets à marcher et ressors le paquet de fraises tagada. Alba en propose à une athlète qui nous regardait, envieuse.

 

Arrivé en haut de la côte de Thiergues, je prends le temps de faire une photo d’Alba et me lance dans la folle descente de 5 km vers Saint-Affrique. Je me sens tellement bien dans cet exercice de descente que je saute le ravito du km 65. Je rattrape un paquet de coureurs, dont certains sont obligés de marcher.

 

Arrivée à Saint-Affrique. Un gymnase est dédié à la course. Beaucoup de coureurs y font une grosse pause avant les 25 km de retour vers Millau. Des kiné proposent des massages, beaucoup de coureurs se changent, y compris les chaussures, grâce aux sacs convoyés par l’Organisation.

 

Je prends le parti d’un ravito éclair. J’oublie mon idée de changer de chaussures. J’avale 4 ou 5 gobelets de coca, deux ou trois toasts au roquefort, et nous repartons. Alba est toujours souriante et dynamique.

 

À la sortie de Saint-Affrique, au moment de remonter les 5 km vers Thiergues, nous reconnaissons Eddie qui en termine avec sa descente. Il n’a finalement que 2 km de retard sur nous et je suis heureux de voir qu’il n’a pas explosé.

 

Avec Alba nous hurlons « et pour Eddie ohé ohé… ». Il traverse et vient nous voir. Nous rions tous les trois.

 

Je reprends la longue montée vers Thiergues. J’alterne marche et course. Je vois qu’Alba a du mal avec son lourd vélo. Courageuse, elle ne se plaint pas. Elle refuse catégoriquement que je l’aide à le pousser.

 

Enfin le ravito marquant le haut de la côte de Thiergues. Le soleil se couche. Cela fait 9 heures que nous courrons/roulons. Alba prend une soupe chaude, je reste au coca. Je retrouve Louis-Nicolas, un copain du RMA. Il est dans le dur, avec 12 km de retard sur moi (il est dans le sens de l’aller, moi du retour). Pourtant, je ne m’inquiète pas pour lui. Il a l’air serein et je connais son mental d’acier. Je sais qu’il ira au bout.

 

Nous repartons avec Alba. Elle allume les feux de son vélo. La nuit est proche. Nous dévalons la côte de Thiergues jusqu’à St Rome. Ravito au km 84. Je fais remarquer à Alba que nous avons enchaîné deux marathons. Elle mesure la performance.

 

Il nous reste moins de 20 km et nous commençons à nous autoriser le compte à rebours. Nous calculons l’heure d’arrivée en fonction de différentes allures estimatives. Fatigués par 10 heures de course, nous nous emmêlons dans les calculs et nous rions encore.

 

Il fait nuit noire maintenant. J’ai sorti ma lampe frontale. L’atmosphère est complètement différente. Devant, des feux rouges, en face une lignée de lampes frontales des coureurs que nous croisons, encore sur l’aller. Je n’ose imaginer à quelle heure ils arriveront et j’ai un profond respect pour leur détermination.

 

Les kilomètres défilent, certains paresseux, d’autres avec entrain. Parfois, je jette un œil en arrière, guettant si ce diable d’Eddie n’est pas en train de revenir et si l’incroyable scénario de la ligne d’arrivée passée ensemble à Frankfurt va se renouveler.

 

Soudain, dans le noir, Alba enclenche de la musique. D’abord « notre chanson » de Hugues Auffray, reprise par une concurrente qui renchérit : « oui, on va y aller au bout du monde ».

 

Puis le chant des partisans remixé avec un refrain scandant « motivés, motivés… ».

 

Cela me met dans un état second. La nuit, les lumières, la musique, ma fille avec moi… je suis comblé. Je cours littéralement de bonheur. Je ne sens aucune fatigue, et nous dépassons encore des coureurs. Alba est subjuguée : « papa, tu cours en 5:30 !!! ». Et oui, le bonheur du moment présent me fait tenir à 11 km/h, jusqu’au ravito du km 89.

 

Dernier ravito avant la montée vers le viaduc, puis la descente finale. Les coureurs présents sont étrangement sereins. Déjà, un sentiment de travail accompli.

 

Alors, nous nous lançons dans la dernière côte. Je me mets à marcher, comme prévu. Mais comme je ne suis pas un bon marcheur, je me fais dépasser par d’autres coureurs à la marche aussi, et même par Alba qui pousse son lourd vélo.

 

Je cherche à deviner le viaduc de Millau dans le noir, en sachant qu’il marquera la fin de la côte. Même si je ne suis pas au mieux, cette marche dans la nuit a quelque chose de rassurant. Un peu comme une dernière journée d’école, quand les contraintes n’existent plus, et que le cadre disparait.

 

Enfin le sommet. Enfin la descente. Mes jambes sont toujours là. Plus que 5 km. Je saute évidemment le dernier ravitaillement posté à l’entrée de Millau. La ville enfin, les trottoirs, la lumière des réverbères, les cafés d’où sort de la musique, les passants qui nous saluent… Je vole.

 

Au km 98, je dis à Alba de prendre de l’avance, d’aller attacher son vélo à l’entrée du Parc de la Victoire, pour que nous franchissions la ligne d’arrivée ensemble, en courant. Elle s’exécute. Etrangement, je ressens une petite peine en voyant son feu rouge disparaître derrière un tournant. Elle me dira plus tard avoir été nostalgique en parcourant ces 2 km seule. Je crois que nous étions programmés pour faire cette course en binôme sur 100 km, et rien de moins.

 

Enfin l’entrée du Parc de la Victoire. Je cherche Alba, et nous remontons la dernière allée avant l’arrivée.

 

Nos pieds ne touchent pas le sol. Des gens nous félicitent, Alba leur répond en riant. Ma fille court à mes côtés et plus rien n’a vraiment d’importance. Je l’entends rire, dire des « 100 km, c’est incroyable », « je suis si heureuse », et rire encore.

 

Dernier virage, montée sur le podium d’arrivée, le speaker qui nous annonce. La délivrance. Immédiatement, un bonheur profond, le sentiment que nous n’oublierons jamais ce que nous avons fait ensemble.

 

Un chrono de 12h21. Le meneur d’allure des 12h30 avait finalement raison : nous étions trop rapides pour notre objectif de 14 heures.

 

*

*          *

 

Comme à chacune de mes grandes courses, j’ai eu le blues les jours suivants. Je connaissais le marathon-blues, l’Iron-blues, j’ai découvert le Millau-blues, peut-être plus intense encore. Triste comme un lendemain de fête.

 

Un 100 km est une aventure qui se vit fort, une épopée qui se paie cher.

 

Pendant 12h21 d’effort commun, ma fille et moi avons été dans un état d’harmonie physique et mentale irréel. Pendant 12h21, plus rien d’autre n’existait. Nous nous regardions rouler et courir, hypnotisés, le cœur à l’unisson, extra-lucides, heureux.

 

Par sa présence, ses sourires, sa spontanéité, sa joie, son enthousiasme, sa gentillesse, son courage, sa vaillance, son attention de chaque instant, son panache, sa joie, Alba m’a porté tout le long de ces 100 km. Elle a fait de moi un héros à la douleur souriante.

 

J’admire tellement sa capacité à se sublimer pour toujours être présente et donner tellement plus que ce qu’on attend d’elle.

 

La course à pied est belle, c’est mon jardin d’enfants. Mais c’est le sourire solaire d’Alba qui m’a réchauffé durant ces 100 km.

 

Sa présence impériale et douce pendant 12h21 comme un rappel continu à avancer, et à être heureux.

 

Ma fille est magnifique. Je l’aime.

 

2 commentaires

Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 04-10-2022 à 16:21:09

Je souscris pleinement à ton analyse de Millau en début de récit. Tu as réalisé un beau chrono encore plus beau puisque tu ne t'y attendais pas au début. J'aurais rêvé de vivre cela avec ma fille... et puis Alba est un prénom magnifique.

Commentaire de philkikou posté le 05-10-2022 à 10:19:44

Belle course et complicité avec ta fille ... y'avait vraiment un max. de kikous !!! Je ne sais pas si tu en as croisé , mais la prochaine fois essaie avec casquette, t-shirt ou écusson repositionnable KIKOUROU ,.... peut-être pour ton prochain 100 bornes, encore plus chouette ;-) Bravo et bonne récup ( bien aimé ta comparaison entre l’efficacité américaine et l'ambiance gauloise)

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