L'auteur : Mad Treker
La course : Val d'Aran by UTMB - VDA
Date : 8/7/2022
Lieu : Vielha (Espagne)
Affichage : 952 vues
Distance : 162km
Objectif : Terminer
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Samedi 10 Juillet 2021 17H16, Pas d'Estret 83 KM, au bout de ma vie je mets le cligno, je bache , j'abandonne ... L'amertume de cette décision murement réfléchie fut telle que je mis un an à produire le récit (http://www.kikourou.net/recits/recit-21707-val_d_aran_by_utmb_-_vda-2021-par-mad_treker.html)
Elle fut aussi le moteur de ma préparation pour cette nouvelle tentative.
Cette année j'avais tout prévu. D'abord j'ai organisé des élections présidentielles afin que le sujet du COVID soit eclipsé. Cela m'a permis d'éviter un 12ème rappel de vaccin anti COVID. J'ai aussi décidé de ne pas faire comme en 2021 où j'avais couru avec le masque (Nan je déconne) :).
Dès le début de l'année, j'ai fait appel à @veronique.lievin spécialiste des ultras trucs engagés. Cela m'a permis de travailler ma vitesse de pointe (12 KM/H), de travailler le renfo si j'avais suivi le programme, et de faire des grosses sorties de D+ en avril Mai en CAP et en vélo. Pour finir, j'avais les 2 meilleures assitantes de la planète trail, je maitrisais le parcours, j'étais au top sur la nutrition, j'avais la gourde Salomon avec le filtre Sylvain. Tout était donc sous control.
Bon, la vie ne serait pas drole s'il suffisait de prévoir pour que cela se passe comme prévu. J'arrive 1H avant la BH de fin de récupération des dossards, pour moi c'est large. Coup de chance, pas de queue, mais la nécessité de fournir une attestation d'assurance. C'est quoi ce Binzz, j'ai pas cette attestation, mon dossier était complet ?????
Solution de secours, l'organisation vend une assurance 15 €. Vous avez compris ? GRRRRRRRR. Bon un aller retour rapide à la voiture, c'est là qu'est l'os, je laisse tomber mon smartphone (coque otée pour le trail) qui s'explose sur le bitume de Vielha. Le cardio monte au max (j'ai ma Garmin comme prévue), heureusement mes 2 assistantes sacrifient un de leur téléphone pour que je puisse répondre à l'obligation de l'organisateur d'avoir un télephoone sur moi.
Le départ :
16H Vielha, nous sommes 500, le coctail ACDC, Vangelis (Conquete of Paradise) présence de ma Team assistance fait monter les émotions... Je n'en dirais pas plus. Nous attaquons les 20 premiers kilomètres avec 1800 de D+. Je sais qu'au bout de 20 minutes, il va y avoir un bouchon qui peut me poser problème pour les 1ères BH. Je me place dans les premiers, 291 sur 500, je suis laaargement en tête de la course. Finalement, nous sommes 4 fois moins nombreux qu'en 2021, le bouchon n'aura pas
lieu.
Viehla - Gelès 21,9 Km - D+ 1870M - D- 855M
Sur les 15 premiers kilomètres nous prenons 1800 de D+, la chaleur est écrasante (la même qu'en 2021), plus nous montons plus la pente est raide. Petit à petit le paysage derrière nous découvre les 3000 qui nous entourent. Nous finissons par arriver sur les premières crêtes. Le panorama montagne est alors à 360. C'est un plaisir pour les yeux. Au bout de 4H30 (il est 20H30) de course j'arrive au ravito avec 45 minute d'avance sur la 1ère barrière horaire. Sur le moment
Je ne me rends même pas compte de cette très bonne nouvelle. Je viens de perdre 80 places en 10 Km. Je n'ai plus d'énergie et je n'arrive pas à manger. Je suis entrain de payer ce départ beaucoup trop rapide au vue de mon indice ITRA de tortue. Cet état physique a un effet immédiat sur mon mental. 1 an de préparation pour en arriver la mais franchement je vais jamais finir .... Je décide d'enclencher le mode récupération d'énergie (pas celui des Zoé de Renault). D'abord je m'arrête de courir même en descente, je prends mon temps au ravito pour manger mes patates douces cuite au four et un cocktail de trucs du ravito.
Je repars en marchant puis en trottinant.
Gelès - Artiga de Lin - 10,5 Km D+ 605 D- 700
Sur cette portion qui va durer 2H (je l'avais vue passer plus rapidement :)), je récupère des forces, je temporise, je profite de la douceur de cette soirée. Après avoir traversé une vallée nous commençons à reprendre de l'altitude pour nous diriger vers la ligne de crête qui occupera notre nuit. J'arrive à Artiga de Lin à 22H37 pour une BH à 23H. C'est la BH la plus tendue de la première moitié du parcours. Ayant réussie à m'alimenter, l'état physique s'amèliore (perte d'une seule place sur ce segment), les idées négatives s'envolent et je reprends du plaisir. Ce premier moment difficile est derrière moi alors que j'ai vraiment cru être proche de la sortie de route enfin de trail.
Artiga de Lin - Portilhon - 18,5 Km D+ 1526 D- 1600
Je repars très rapidement de ce ravitaillement, une "énorme" montée m'attend. L'an dernier j'avais erré dans cette montée au milieu de la nuit. L'avatange d'un départ avancé de 2H, c'est que la montée se déroule entre 23H et minuit, il reste suffisament de clarté pour profiter de paysage fantastique et nous commençons à être accompagné par une magnifique lune rousse qui joue avec les 3000 des environs. J'arrive au sommet du Tuc dera Escaleta (2468 M), c'est le début d'un long passage en crête qui va m'occuper de minuit à 4H du matin. Le tracé suit une ligne de crête entouré de paturage. Même si ce n'est pas des passages rocheux, le tracé est rarement courable facilement. Puis une longue descente commence vers la vallée avec un ravitaillement eau au milieu. Sur ces 4H, je gagne 38 places, et j'arrive à 3H52 au ravitaillement avec 1H40 d'avance sur la BH.
Portilhon - Bossot 6,7 Km D+ 171 D- 735
La longue descente vers la vallée continue, nous rentrons dans des zones arborées beaucoup plus roulante. Cela fait 30 KM que nous n'avions pas eu de sentier vraiment roulant. J'arrive à dérouler tranquillement, le dernier kilomètre avant l'entrée du village de Bossot redevient pentu et il faut alors ralentir pour ménager les quadriceps à qui ils restent un long bout de chemin. Nous cheminons à travers le village et traversons la rivière avant de rentrer dans la première base vie. J'y pénètre à 5H09, j'ai encore gagné 20 places. L'arrêt au stand va être un peu plus long que prévu. Le temps de récupérer le sac (option non proposée en 2021), changer tout le carénage de la tête au pied, se nettoyer à la lingette, de repasser la NOK partout où il faut.
Mais aussi de se restaurer. En 2022, sans être au niveau de certaines organisations locales (Citadelles, UTPMA, ...) il y a de quoi recharger les batteries. Je fais un mélange bouillon de légume, pate, pastèque qui recharge les batteries. Je me sent d'autan mieux que je vois certains avec des mines défaites. 6H03 je finis par sortir de cette base vie. Sans massage (yapasdekine) et sans avoir envie de dormir. Im me reste 45 minutes d'avance sur la BH.
Bossot - Canejan 9 Km D+ 526
Cette portion, que j'avais déjà trouvé très agréable en 2021, longe la rivière en fond de vallée sur des chemins roulants. Il fait bon, le jour se lève. Ce n'est que sur les 2 derniers kilomètres que nous prenons les 500 M d'altitude sur un chemin pavé de pierre et avec un joli village en pierre en objectif. Un ravitaillement simple mais avec des toilettes de qualité permet de faire une pause avant de continuer à s'enfoncer dans une nouvelle vallée beaucoup plus sauvage. Je passe à cet endroit à 7H45 avec 1H d'avance sur la BH, j'ai gagné 42 places en ayant doublé 3 concurrents. C'est donc à l'arrêt au stand précedant que
la différence a eu lieu.
Canejan - Saint Johan de Toran 5,9 Km D+ 420 D-
Cette portion serait aussi roulante que la précedante si elle ne cessait d'être en faux plat, j'arrive quand même à trottiner. Tout va bien, j'en suis à 17H de course. La température est clémente, des sommets et des pentes très raides se dévoilent au fur et à mesure que nous avançons dans la vallée. Petite blague des traceurs, pour rejoindre le hameau de Saint Johan de Toran nous perdons soudainement 200 mètres qu'il faudra regagner. J'y arrive à 9H03 avec 1H15 sur la BH. Je suis 291, j'ai perdu 10 places, mais la j'ai vu les concurrents me passer :). Je sais que ce ravitaillement est important, c'est le dernier avant un bon moment. Il me faut prendre des forces mais aussi bien faire les niveaux. Même si j'ai 2,5 litres d'autonomie et que j'ai le filtre Sylvain sur ma gourde Salomon, je n'aime pas faire le plein dans les torrents.
Saint Johan de Toran - Pas d'estret 13,7 Km D+ 1509 M D- 23M
En 2021, cette section me fut fatale. Je l'aborde avec apréhension. Elle est composée de 3 parties. Quelques kilomètres le long de la rivière qui permettent de sortir de la partie boisée. Puis nous prenons de l'altitude beaucoup plus rapidement sur un sentier qui zigzag au soleil à travers les rododendrons et les myrtilles. Si cette partie est un régal tant au niveau de la flore que des paysages, je me retrouve rapidement scotché. Je ne suis pas le seul, nous sommes une petite dizaine à peiner sous la chaleur
et à nous redoubler au grès des arrêts de chacun. J'essaye de varier les plaisirs en accompagnant les nombreuses gorgée d'eau de myrtilles sauvages que je suçotent. Nous finissons par sortir de cette montée infernale. Le sentier serpente alors le long d'un lac et traverse une ancienne mine qui a laissée de très nombreuses installations sur plusieurs kilomètres. La roche est rouge, d'anciennes installations en fer sont tordues et rouillent depuis des années. C'est un décor à la Mad-Max.
Nous finissons par redescendre sur une zone de paturage pour rejoindre un ravitaillement. Quelle chance d'avoir ce ravitaillement à 30 minutes de 4x4 de la vallée. Tout ces bénévoles qui se soucie de nou fournir un ravitaillement mais qui soignent aussi les blessure de l'un ou de l'autre. Pour moi la très bonne nouvelle, c'est que mon aventure ne se terminera pas ici cette année. Même si la montée fut rude, même si la température est sérieusement monté, J'ai la forme. 21H25 de course, 85 KM, 6632 de D+ à un rytme de tortue, aucune raison de ne pas continuer. Il et 13H25, j'ai 2H35 d'avance sur la BH et je suis 293ème.
Le moral est au beau fixe.
Pas d'estret - Montgarri 13,9 Km D+ 610 M D- 1003M
Cette longue étape commence par 600 M de D+ sous un soleil de feu en ce début d'après-midi. Je progresse seul et lentement sur un sentier qui s'étire en lacet sans vraiment de logique. Je vois au loin devant et derrière, les autres participants avancent comme moi dans un veritable rytme de tortue.
Une fois cette montée effectuée, nous atteignon le point sommital à 2500 mètres. Le sentier va alors nous permettre de faire, en courbe de niveau, le tour d'un fond de vallée. Cela permet d'avoir sous nos pieds quelques lacs et au fond une chaine de 3000 où le massif de l'Aneto ne represente qu'une petite partie de cette chaine. Le paysage est grandiose. Au moins aussi impressionant que le massif de l'UTMB, vous voyez de quoi je parle ?Ce panorama grandiose s'accompagne d'un terrain un peu joueur avec de nouveaux reste d'axploitation minière. Nous prenons 2 tunnels vestiges du passage d'une petite voie ferrée. Nous sommes au milieu de rien à 5 ou 6 heures de montée des vallées, pourtant je croise quelques groupes de randonneurs sérieusement chargé. Nous pointons aussi auprès de bénévoles, quel dévouement d'être venu jusque la. Heureusement qu'il fait bon.
La 3ème partie de cette longue étape est une descente monstrueuse où nous perdons 1000 M. J'ai du mal à trottiner tellement la pente est importante. Puis la pente s'adoucie, le chemin rentre dans des zones boisées le long d'une rivière. J'ai l'impression de ne pas être loin du ravito. Que nenni l'approche va être interminable dans une chaleur de fin d'après-midi. Le dernier kilomètre avant d'arriver au superbe hameau de Montgarri longe une aire de pique-nique. Je suis certain de voire au loin mon assistance
2 personnes avec notre petite chienne toute blanche. La joie m'emplie dans ce moment si compliqué. Puis en me rapprochant je constate que ma lucidité m'a quittée. Le chien est bien blanc mais il est 10 fois plus gros que notre Saga (petite Jack Russel). Comme prévue, mon assitance n'est pas la. La réalité me rattrape et je dois retenir des larmes de déception. Heuresement, j'arrive rapidement dans un super ravitaillement en 287 ème position. Les bénévoles sont au petit soin pour nous. Les autres concurrents semblent beaucoup plus atteints que moi. Ils semblent connaitre les 5 Km restants pour rejoindre la 2ème base vie.
Je suis 287 ème, il est 17H27, j'ai 2H15 d'avance sur la BH. J'ai donc perdu 20 minutes alors que les 2/3 de l'étape était en descente. Je suis entamé par cette chaleur de fin de journée.
Montgarri - Beret 5,3 Km D+ 220 M
Sur la carte, cette portion devrait se passer rapidement. Dans la réalité nous remontons une vallée débonnaire dans une forêt de pin avec un sentier tortueux et plein de racines et de cailloux. Dans d'autres occasions, j'aurais peut-être apprécié ces lieux, je trouve cela interminable et je chemine seul. Je finis par rejoindre La 2ème BV où m'attend mes assistantes. Nous allons passer une heure qui va me revigorer. La BV est dans une caféteria de la station de ski. Nous pouvons profiter de la terrasse pour manger, se changer et se reposer 5 mn dans un transat. La nourriture proposée est variée. Bon j'aurais du eviter la sauce bolognaise sur les pates. Elle est trop épicée pour moi. Il est déjà le temps de repartir, je laisse à regret mes assistantes
et sort 286 ème avec 1H20 d'avanc sur la BH.
Béret - Salardu 9,2 Km D- 600 M
Le soleil commence à disparaitre, la température est clémente, le chemin qui traverse de belle prairie est parallèle à la route. Cela oblige à trottiner l'assistance nous voit depuis la voiture, c'est important de faire croire que l'on est toujours sur une course :). Au milieu de la prairie je rencontre un premier troupeau de vache. La taille des cornes, la présence des veaux et l'air antipathique de ces dames incitent à faire un détour. Plus loin alors que la descente est amorcée sur une piste de 4*4 je me retrouve coincé par un troupeau d'une cinquantaine de tête avec un énorme taureau. Je ne sais plus comment avancer, le troupeau est entrain de passer de la prairie à la piste. Je ne dois mon salut qu'à l'arrivée d'un groupe de coureur. Certains plus courageus ou plus fou se mettent à menacer ces énormes ruminants avec leurs frêles batons de randonnée. Par magie, les vaches s'écartent.
Si dans l'histoire, j'ai perdu 10 minutessur mes concurrents, je suis content de leur aide qui m'a sorti d'un mauvais pas. Nous traversons alors la route de laison entre la BV et le village suivant. Autre bonne nouvelle, mes assistantes m'attendent de nouveau au bord de la route. Nous échangeons quelques mots, je reparts plaine balle (6 à 7 Km/H), la température est clémente, le chemin est en descente. Là un de ces miracles du trail va arriver. Alors que j'ai du échanger une centaine de mots avec les autres concurrents depuis 24H, un anglais vivant en espagne Martin Scofield va m'aborder. C'est ainsi que va commencer
une longue nuit à cheminer de concert. Nous commençons par rejoindre Salardu, très beau village du Val D'Aran. Je rentre à 21H56 en 279 ème position dans le ravito, j'ai 1H35 d'avance sur la BH.
Salardu - Banys Tredos 8,9 Km D+ 556 M
Nous sortons du ravitaillement, la nuit est tombée, nous sommes 3, Martin a raccroché un américain John Scott avec qui j'ai les plus grande difficulté à converser. Nous traversons le village sous les encouragements des locaux. Depuis le départ nous sommes tous encouragés "Animo, Animo, Animo..." par tous les Aranais que nous croisons. Nous allons mettre 2H30 pour parcourir cette section, ce fond de vallée est obscur et nous avons des difficultés à mettre du rytme dans la progression.
Nous arrivons dans un ravitaillement sous chapiteau chauffé. Je suis 274 ème. Il est 00H30.
Avec Martin nous n'arrivons pas à savoir si avec 1H15 d'avance sur la BH et à 37 KM de l'arrivée c'est gagné où si nous allons devoir batailler jusqu'à la fin. Je me sent fatigué et je suis confiant (excès ou manque de lucidité ?). Je demande si je peux dormir. Il n'y a pas de place dans la zone prévue, mais on m'installe très gentiment avec une couverture prêt de la bouche de chauffage qui doit faire 80 cm de diamètre. Au bout de 5 mn de repos, je suis agacé par le bruit du chauffage et la chaleur digne d'un sauna. Je me relève et constate que Martin et John m'ont attendus. Nous repartons, faisons 100M dans la nuit et John fait signe que son genou le fait trop souffrir et qu'il doit abandonner. Il est quand même venue de la cote ouest des USA, pour gagner
les pierres de courses nécessaires au tirage de l'UTMB 2023.
Banys Tredos - Colomers 11,8 Km D+ 650 M D- 350
Cette portion commence par un 1 ou 2 kilomètres du plat, puis nous nous enfonçons dans la forêt et entamons la montée. C'est Martin qui fait la trace, heuresement car je rentre dans une torpeur désagréable ponctuée de nombreuses hallucinations. Nous finissons par arriver sur une sorte de plateau à 2300 M d'altitude. Pendant plusieurs heures, nous allons errer à 2KM/H. Le sentier monte et descend d'un lac à un autre. De jour c'est un lieu paradisiaque (Parc national d'Aigüestortes ) Mais cette nuit la, le sentier semé de pierre sest une sorte de trèèèèèès long chemin de croix. Au bout de 3H de déambulation nous croisons des bénévoles présents pour nous bipper et vérifier que nous n'avons pas coupé cette portion. Ils sont emmitouflés
dans des couvertures de couleur. Les hallucinations sont tellement présentes qu'avec Martin nous leur demandons si ce sont vraiment des humains ....
Nous comprenons que nous sommes encore loin de Colomers, l'inquiétude monte sur notre capacité à respecter les délais. Je prends alors la tête et essaye de mettre un peu de rythme. Mais le terrain est un vrai champs de mines. En nous rapprochant enfin du refuge de Colomers nous voyons la pancarte "refuge 500 M, 20 minutes", tout est écrit .... Nous allons finir par arriver à l'ancien refuge. En guise de ravitaillement nous ne trouvons qu'une batisse à l'abandon. Ce dernier est en fait 2 Km plus loin.
Nous y arrivons à 5H05 du matin, nous n'avons plus que 55 minutes d'avance sur la BH.
Colomers - Arties 15,5 Km D+ 390 M D- 1300
Tout en me restaurant, j'étudie la pancarte qui donne la distance au 2 prochains ravitaillement et la BH. Je réalise qu'il reste 28 KM pour 4H30 de délai. J'alerte Martin, lui montre la pancarte, fait et refait les calculs. Damned nous allons être éliminés, il faut vite partir. Nous sortons du ravitaillement, une longue piste en montée nous attend. Je profite du levé de doleil, pour calculer, recalculer, rerecalculer, aucun doute c'est très mal parti pour finir. Pour la 2ème fois dans cet ultra, je vais passer un moment (1H) pendant laquelle je suis persuadée que cela "va pas être possible" de finir. Alors quand Martin m'indique qu'il doit s'arrêter qulques minutes, je prens une décision que je vais me reprocher lontemps, je décide de ne pas l'attendre. Je pars en trottinant et essaye de ne plus marcher. Le terrain s'y prête, nous avons d'abord plusiseurs KM d'une piste descendante. Puis dans les feuillus, un sentier en balcon légèrement descendant. A 7H, au bout de 10 KM je finis par arriver à un ravitaillement intermèdiaire.
J'y rejoint de nombreux coureurs en mauvais état. Aucun n'a l'air stréssé par les BH. Je regarde la pancarte pour le prochain ravito, 5KM et BH dans 3H30. Mille sabords, avec Martin nous avons été victime d'hallucination, ce n'était pas 28 mais 15 KM qu'il fallatit parcourir en 4H30. Dans un anglospanish de lycée, je demande au bénévole d'avertir Martin de notre erreur quand il le verra arriver. Je repars pour 5 KM de descente pentu dans les bois. J'arrive à Arties à 8H36, 248 ème, 2H d'avance sur la BH, mon assistance est la. Je suis allé tellement vite depuis 6H du matin (4,5KM/H), qu'elles ont du laisser de coté le projet de prendre le petit déjeuner. Le moral est au beau fixe, il me reste 15 KM avec une belle montée et 6H45 de délai, c'est gagné. En plus je croise Martin et c'est certain nous finirons.
Arties - Viehla 15 Km D+ 1100 M D- 1238
Je sors du ravitaillement à 9H04, j'ai pris mon temps, profité des mes assistantes et me suis bien restauré. Mes assitantes m'accompagnent un peu dans le village puis je suis un chemin en long de rivière avant d'attaquer 700 M de D+ dans les bois. Si les arbres ont l'avantage de nous protéger du soleil et de la chaleur, en revanche la pénombre
fait réapparaitre les hallucinations. Celles-ci sont tellement fortes que je n'ai qu'une envie, c'est m'arrêter et fermer les yeux. Mais je vais lutter pendant 2H dans cette montée. Je suis au coté d'un homme et d'une femme qui semblent vivre la même expèrience. Comme moi, ils pontuent la montée d'arrêt pour fermer les yeux. C'est tellement dure, que pour la 3ème
fois dans cette ultra, je vais finir par être persuadé que je n'arriverais pas à finir. Puis miracle, je sors de la forêt, la luminosité éclatante du soleil fait disparaitre immédiatement les hallucinations. J'arrive à marcher normalement. Je rejoins le ravitaillemant vers 11H30. Attrape au vol une poignée de bonbons (ignobles) et attaque la dernière montée de 500M.
Je l'effectue sous une chaleur accablante, le sentier est tellement raide qu'il fini par se perdre et nous finissons quasiment droit dans la pente. Je bascule dans la dernière descente. Là c'est sur c'est gagné. Le seul souvenir de cette descente c'est d'avoir très mal aux pieds car j'ai trop serré mes chaussures sur des pieds qui ont commencé à gonfler. Finalement à 14H13, au bout de 46H13 d'effort, je passe la ligne avec mon assistance de choc et je fait enfin sonner cette cloche qui m'attendait depuis un an.
La fin
Je récupère mon Tshirt de finisher. Un Tshirt coton marqué HOKA vert d'eau avec un petit finisher en noir. C'est mon 1er Tshirt finisher que je porterais pour dormirLa médaille en bois est très jolie.
Puis à coté de l'arrivée, à l'ombre sous des arcades, on nous a réservé des transats et du ravitaillement. Je m'allonge, me restaure, parle et écoute, je profite du moment. Martin arrive on se félicite et on se remercie. cette 2ème nuit aurait surement été très dure si j'avais été seul. John vient aussi me saluer, j'ai toujours autant de mal à le comprendre.
Puis je sombre dans un premier sommeil, le temps que mon assistante de luxe aille récupérer les sacs de BV.
Nous rentrons à l'hotel, je dors dans la voiture. Je fais une sieste à l'hotel puis nous partons. Je redors dans la voiture. Sur la route nous nous arrêtons pour un MacDo. Nous repartons, je redors. Cela va durer comme cela plusieurs jours, je vais faire sieste sur sieste.
Je dois terminer ce récit par quelques remerciements :
Merci à ma femme pour avoir supporté 2 ans de préparatifs.
Merci au club des Zinzins des Coteaux qui m'ont permis de faire des sorties longues sans être seul.
Merci à ceux qui m'ont accompagné dans des efforts de longue durée pendant la prépa.
Merci au club TCAP qui n'a pas augmenté la cotisation.
Merci à tous ceux qui m'ont encouragés directement ou numériquement, et à coach Véro pour ces conseils.
Merci au mathématicien qui m'initia pour participer à une course officielle de 10 Km et qui dans sa carrière (peut-être pas si révolue) de coureur me suivi pour faire des marathons.
1 commentaire
Commentaire de Spir posté le 26-06-2024 à 22:47:56
Merci de nouveau. C'est sympa quand l'histoire se termine bien ! Bravo pour être allé au bout malgré les moments difficiles.
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