Récit de la course : Trail de la Vallée des Lacs - 65 km 2022, par poucet

L'auteur : poucet

La course : Trail de la Vallée des Lacs - 65 km

Date : 18/6/2022

Lieu : Gerardmer (Vosges)

Affichage : 1664 vues

Distance : 65km

Objectif : Se défoncer

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Retour sur le Vallée des Lacs

 

Après deux années blanches pour cause de Covid j'imagine qu'il n'a pas du être simple de relancer la machine du coté des organisateurs. Les nouveautés annoncées pour la 19ème édition m'avaient vraiment surpris, notamment le retour à la station de la Mauselaine. Pour être venu régulièrement sur cette épreuve depuis ma première participation en 2004 j'avoue que l’évolution que j'avais le plus apprécié au fil des années était le déplacement du village départ au bord du lac, qui donnait un véritable cachet à l'épreuve. J'imagine que les aspects pratiques et financiers ont joués en faveur de La Mauselaine qui offre c'est certain plus d'espace. Pas besoin de tourner une demi heure pour se garer à proximité immédiate du Sas de départ …
L'autre surprise était ce nouveau parcours de 65 km, sorte de synthèse entre l'ultra et le long des années récentes, un retour a un peu de modération vers une distance plus humaine … Une semaine après avoir roulé les Routes Blanches ce n'était pas complètement raisonnable, ce n'était d'ailleurs pas mon plan initial. Mais le fait que l'épreuve soit inscrite au Trophée des Vosges m'a finalement décidé à prendre un dossard. Ce qui a donné des idées à Laulau Bretzel et Taoufik Galette St Michel, curieux de venir découvrir les sentiers autour de la Perle des Vosges

J'ai retrouvé Taoufik dans le sas, à l’aube et dans le fond du paquet. Pour le coup ça me faisait tout drôle de prendre le départ sans la Fenix au poignet, oubliée à la maison. Comme un retour aux sources en quelque sorte. Pour palier a la chaleur annoncée, plutôt qu'un sac toujours compliqué à recharger, j'avais pris une ceinture avec deux bidons, dont un seul plein.

Le Trail de la Vallée des Lacs a toujours été une épreuve difficile, le parcours a évolué au cours du temps. Ces dernières années Marc Fegli le diabolique sorcier local a gravement assaisonné la potion. Après un km de chauffe nous étions déjà sous le téléski du Grand Haut, le pif au ras de l'herbe pour gravir l'abominable km vertical. Je n'aime pas du tout cet exercice mais bon, c'est devenu monnaie courante de caser ce type d'obstacle sur les parcours de trails. Vu la vitesse d'évolution y avait le temps de déjà tomber la frontale et les manchettes. Interpellé sur le haut par Philippe67 un kikourou alsacien cuvée 60 (un bon millésime) qui avait probablement repéré par ma casquette nous avons accordé nos foulées le temps d’un papotage, de revenir sur l'ami Taoufik et de profiter du panorama pour quelques photos … A cette heure la température est encore agréable, tout le monde est frais et on profite de la première belle descente vers la Tenine et sa passerelle qui nous dépose au pied de l'autre versant. A la chaume des Champis, Marc le boss observe l'état des troupes et nous invite a profiter de la vue face au soleil levant avant de plonger sur de la vallée de la Vologne. C'est en bas qu'était placé le premier point de ravitaillement, vers le km 19, au lieu dit le Bol d'air. En réalité c'est plutôt de bol d'eau dont nous avions besoin. Les tables étaient déjà bien dévastées et il était compliqué de faire le plein. Avec un peu de patience, cette fois j'ai bien sur rempli les deux bidons au taquet. Je suis reparti sans m'attarder en avalant quelques bouts de fromage, avec la sensation agréable d'être encore relativement frais.

C'est après que les choses sérieuses ont véritablement débutées. D'abord avec le superbe mais difficile tour du lac des corbeaux, en passant évidemment par le point de vue et ses passages techniques bien connus des habitués. Puis ça devient plus roulant pour dévaler sur Sechemer ou il est déjà temps de se mouiller … On repart sur une grande piste sans difficulté et voilà que je m'emmêles les pinceaux et que je m'étale comme un tas. La carrosserie bien raflée et un peu sonné sur le coup, quelques coureurs ont eu la gentillesse de relever papy … Merci les jeunes. On descend progressivement vers le fond de la vallée, sans montre pour m'indiquer le kilométrage je m’étonne d’arriver si vite sur le pont de Blanchemer, lieu du second ravito. Et paf, voilà que ça repart en lacets sur la droite. Mais oui bien sûr, il faut déjà remonter vers le col de Bramont. J'ai souvenir d'y avoir trouvé des points d'eau complémentaires sur des éditions précédentes en condition étuve. Bingo, il y a bien deux bénévoles qui gère au mieux un fond de jerrican … Ouf, j'ai pu me refaire un ½ bidon, de quoi rejoindre cette fois pour de bon le ravito. Mais tout le monde n’aura probablement pas eu cette chance.

 

Mon thermomètre interne m'informe alors que la marmite est prête à bouillir, les jambes commencent a se faire lourdes mais j'arrive encore a trottiner jusqu'au ravito alors que la plupart des coureurs du 65 marchent. Par contre il y a un troupeau qui déboule et nous atomise en mode avions. Purée, voilà les furieux du 33, manquait plus que ça. Et comme on pouvait s'y attendre c’était une véritable foire d'empoigne en arrivant au ravito. Même avec un format Poucet il était difficile de se faufiler jusqu'au bord des tables et il fallait faire preuve de patience pour remplir les bidons. Pas mieux pour ressortir … heureusement les deux parcours se sont séparés assez rapidement, nous avons retrouvé un peu de quiétude sur la rive du lac de Blanchemer avant le gros coup de cul qui permet de rejoindre la route des Crêtes. Comme dans mes souvenirs là aussi il était possible de faire l'appoint d'eau. Mais c'était très long, après plusieurs minutes d'attente j'ai laissé tomber l'affaire en me disant que je trouverais bien un ruisseau si jamais … Me voilà donc reparti pour grimper le Rainkopf et basculer sur le versant alsacien jusqu'au lac d'Altenwheir, sur des sentiers superbes, parfaitement adaptés à la pratique de la course à pied. Mais l’affaire tourne au cauchemar lorsqu’il faut remonter par une abominable trace au milieu d'éboulis et d’un mikado de rochers ou le jeu consiste juste a ne pas y laisser une cheville … Seul point positif il y avait un petit ruisseau et l’eau y était bien fraîche. J'y ai rempli mes deux bidons, de quoi assurer la liaison jusqu'au Sotré . Par bonheur on retrouve des sentiers plus humains en arrivant vers la ferme du Kastelberg. Et puis lorsqu' au loin apparaît enfin le Hohneck en ligne de mire, on se dit que ça va le faire … Le passage sur les crêtes est toujours un must à courir. Malheureusement les guibolles n'étaient plus trop en état, le réservoir un peu à sec et le temps m'a paru long avant de basculer au sommet vers le dernier point de ravitaillement au km 49.

Je me suis accordé un bon moment pour me refaire un peu la cerise au Sotré, là où les tables étaient bien fournies et où l’on pouvait disposer d’un peu d’espace pour se poser et faire le ménage dans les chaussettes. Il n’y a pas eu de miracle cependant et le retour s’est fait tout au mental. En particulier dans l’infâme coupe gorge du Tour des Roches … Je me demande bien quel trailer "normal" peut trouver du plaisir à passer la dedans ??? Bref, c’est un soulagement quand apparait enfin le tremplin a ski qui domine le magnifique site de Lispach. Comme si le sublime était placé là pour nous faire oublier le cauchemar … Un point d’eau supplémentaire était promis à cet endroit. Malheureusement posé au milieu d’un parking, en plein cagnard. Quel dommage alors que le Lispach offre tant de possibilités sympas et ombragées.

Les 7 derniers kilomètres ont été laborieux, mais je n’étais pas le plus mal en point puisque je n’ai fait que remonter des coureurs, ou plutôt des marcheurs … Toujours au petit trot sur les faux plats du haut j’ai dû me frotter les yeux en reconnaissant une silhouette qui ressemblait a Laulau. Le pire c’est que c’était bien lui. En vrac notre Bretzel qui s’était viandé grave plutôt et terminait un peu désabusé. Alors nous avons terminé ensemble sur un final complètement inédit, une interminable descente nous a déposée au pied d’un téléski pour un ultime pétard plein soleil avant de se laisser glisser jusqu’à l’arche d’arrivée … Je pensais mettre 10h, j’en ai mis 11, 178ème/478 classés, 8ème M5, péniblement. Mais ravi d’être une nouvelle fois finisher de cette épreuve emblématique du massif vosgien. Ce qui nous fera une jolie photo souvenir affublés d’une nouvelle breloque, promise a l’oubli au fond d’un placard. J’aurais volontiers troqué le gadget contre un bout de géromé local.

 

Comme lors de la cyclo des Ballons Vosgiens l’été précèdent, sur le même site, le covid a servi de prétexte pour justifier l’absence de douches. En se remémorant la promiscuité au passage au pont de Blanchemer , ça ne peut que laisser perplexe … J’avais la chance d’être hébergé dans un super gite a quelques kilomètres et par bonheur j’ai pu profiter de tout le confort pour me rincer la couenne. Tout une affaire cette douche d’ailleurs car sous le jet bienfaisant je me suis trouvé perclus de crampes tout partout et je ne pouvais plus bouger … Quelle galère pour ressortir de la cabine. Bref après quelques contorsions je suis remonté à La Mauselaine, complètement fracassé mais tout propre. J’y ai retrouvé les copains et nous avons descendu quelques bières et englouti nos flammekuech en se racontant les exploits de la journée.

Un grand merci aux bénévoles qui en dépit des conditions difficiles ont fait le maximum pour nous soutenir. Bon courage à toute l’équipe d’organisation pour la 20ème édition qui sera a n’en point douter une belle fête du trail.


Album Trail de la Vallée des Lacs

 

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