Récit de la course : Trail des Cabornis - 42 km 2022, par Khioube

L'auteur : Khioube

La course : Trail des Cabornis - 42 km

Date : 6/3/2022

Lieu : Chasselay (Rhône)

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Distance : 42km

Objectif : Pas d'objectif

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Meeting People is Easy

Une heure de surveillance d'examen, juste le temps de faire un rapide bilan, au fil de la plume, de non pas une mais deux courses : le trail des Cabornis 2022, en version 40km, et le Lyon Urban Trail 2022, en version 37km.

Les deux vont ensemble, à la fois parce qu'elles sont assez proches dans le calendrier et parce qu'elles servent le même objectif, à savoir la préparation de l'Ultra Boucle de la Sarra en version 24h.

L'idée de ce début d'année est de recommencer un cycle de vitesse, après avoir fait plutôt dans l'endurance à l'automne. Les progrès à l'entraînement ne sont pas fous, mais je retrouve un semblant de volume (ce qui, à mon échelle, signifie que je dépasse les 100km dans le mois) et, surtout, je prends du plaisir à m'entraîner.

Pourquoi avoir donné à ce récit le titre d'un fameux documentaire sur Radiohead, époque OK Computer ? Parce que ces deux courses auront également eu en commun d'être de bons moments de partage, tout simplement !


Samedi 5 mars 2022, ma petite Maya et moi arrivons chez Tom et Marie à Albigny-sur-Saône, dans leur nouvelle demeure en plein cœur des monts d'or. Ils ont la gentillesse de nous accueillir, pauvres piétons que nous sommes, et surtout Marie a accepté de garder Maya et Alec pendant que Tom et moi courons le 40km. Pour moi, l'objectif est assez simple : faire mieux qu'il y a deux ans, juste avant le confinement. La course avait été un chemin de croix, j'avais péniblement rallié la ligne d'arrivée en 5h50. Je ne me rappelle pas vraiment quel était l'état de forme de l'époque, je me souviens juste que j'avais commencé à souffrir assez tôt dans la course et que j'avais beaucoup, beaucoup marché. Objectif modeste, donc, qui consiste essentiellement à être régulier et sage.

Dimanche 6 mars 2022, Tom et moi prenons notre petit déjeuner vers 5h45, en nous demandant toujours pourquoi il nous passe des idées aussi saugrenues par la tête. De mon côté tout va bien, en revanche Tom a la nausée. Bon...
Nous sommes bien contents d'avoir retiré nos dossards la veille, parce que le contrôle des pass vaccinaux ralentit les opérations, si bien que le départ est donné avec un bon quart d'heure de retard. Il fait un temps radieux, nous quittons nos coupe-vent dès le sas de départ, il ne fera pas froid. Autre avantage, le terrain est sec, nous ne perdrons pas d'énergie à nous débattre dans la boue.

La course est lancée, Tom et moi trottinons dans la première côte avant d'adopter un style randonneur sur la deuxième partie de la montée, longue d'environ 3km. Tom est juste derrière moi lors de la bascule, mais je suis assez surpris de ne pas le voir me rejoindre dans la descente : en temps normal, c'est une vraie bête qui zigzague entre les concurrents sans craindre la chute. Il ne doit pas être dans un grand jour...
Arrivé à Curis, j'ai le plaisir de voir Maya, Alec et Marie, cela fait toujours chaud au cœur ! Je continue mon bonhomme de chemin, en m'efforçant de bien manger (résolution 2022, je soigne l'alimentation) dès le début de la course, et de relancer dès que cela est possible. Quelques bouchons dans les escaliers de Curis permettent de souffler un peu, et puis c'est reparti, direction le Mont Thou où 
les coureurs du 20 et du 40 se séparent. 

Après la fourchette, il y a beaucoup moins de monde, sans surprise. Je grimpe vers le sommet du Mont Thou à la même vitesse qu'un autre concurrent, nous nous mettons naturellement à discuter. Aurélien, coureur des monts d'or, fête ses quarante ans le jour de la course. Son téléphone ne cessera de sonner pendant toute la matinée ! Comme cela se produit assez souvent, nous décidons sans en parler de faire course commune : dès que l'écart se creuse un peu, l'un fournit un effort supplémentaire, l'autre lève légèrement le pied. Les kilomètres passent plus vite, je m'écoute moins que je ne pourrais le faire seul, c'est tout bénéf.

Je suis bien content de connaître le parcours, qui n'a que peu changé depuis 2020. Cette fois, je ne suis pas surpris quand, presque arrivé à Croix Vitaise, nous replongeons dans une longue descente avant de prendre un virage à 180 degrés et de remonter la pente. Psychologiquement, je me sens bien plus solide, j'ai évidemment mal aux jambes mais je ne peste pas intérieurement.

À mesure que les kilomètres défilent, je revois mes ambitions à la hausse : je ne vois vraiment pas comment, sauf accident, je pourrais mettre plus de 5h30, 5h15, peut-être même 5h. Autour du 30e kilomètre, Aurélien et moi commençons à évoquer ce nouvel objectif chronométrique. Il est atteignable, mais il ne faut pas chômer. Je m'accroche comme je peux, j'essaie de rester à son contact dans les descentes (un léger mal de dos me limite dans cet exercice), je recolle sur les parties plates et en montée (je sens que c'est plutôt lui qui souffre dans ces portions). Nous faisons le yo-yo avec une coureuse qui nous impressionne par sa facilité dans les côtes (elle court tout le temps), mais qui peine en descente. Essayer de la distancer, voilà une source de motivation supplémentaire, quoique parfaitement artificielle.

Alors que la montre affiche 4h30, je prends la décision de ne plus la regarder jusqu'à la toute fin de la course : je sens que ce n'est pas productif et je ne suis pas venu ici pour "faire un temps". À chaque montée nous croisons les doigts pour que ce soit la dernière, mais le parcours continue de nous balader en dents de scie. Finalement, nous apercevons la voûte qui marque l'entrée dans le centre de Chasselay. Un bénévole nous annonce qu'il ne nous reste plus que 200m à parcourir, je m'autorise donc à jeter un oeil au chronomètre. 4h56, nous y sommes parvenus ! Nous nous congratulons l'un l'autre, et partons chacun de notre côté, heureux d'avoir partagé ce bout de chemin.
J'appelle Lucile, tout heureux de lui raconter ma matinée, et puis Tom. Les nausées n'ont pas faibli, il a vomi à deux reprises, et a quitté le parcours au bout de 28km en arrivant près de chez lui. Pas de chance...

Je dois dire que j'ai rarement été aussi content de moi après une course. J'ai bien conscience de ne pas être allé très vite - le classement en est le reflet, puisque je me trouve pile au milieu du tableau - mais j'ai géré mon effort assez sereinement, sans jamais vraiment souffrir, et j'ai passé un excellent moment. Que demander de plus ? 

Un dernier mot pour remercier Tom et Marie pour leur hospitalité, ce sont de précieux amis. Et merci aussi à Mazouth qui, en filmant son arrivée, a involontairement immortalisé la mienne (on me voit au téléphone avec Lucile tandis que, cinquante mètres plus bas, on aperçoit Tom et Maya venant me chercher). Je pense pouvoir dire que nous avons regardé ces quelques secondes bien dix fois avec Maya ! Rigolant 

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Dimanche 27 mars, je me lève péniblement vers 5h15 pour prendre un rapide petit déjeuner. Le changement d'heure fait mal, mais la journée promet d'être belle et ensoleillée, comme aux Cabornis. Tom s'est motivé pour courir le 37km aussi, il faut dire qu'il a une revanche à prendre - et un ultra à préparer (celui de Samoens, en l'occurrence). Nous serons donc quatre camarades d'entraînement à prendre le départ, puisqu'il y aura également Axel ("mollo mollo", a-t-il annoncé) et Laurence, qui pose les premières pierres d'une longue route vers l'UTMB.
En ce qui me concerne, tout va plutôt bien sauf que j'ai un genou qui a légèrement tourné à l'entraînement, trois jours plus tôt. Ce n'est pas une douleur, juste une gêne. À surveiller. Vers 6h30 je prends le départ, je traverse la Presqu'île en marchant, réveil musculaire plutôt plaisant malgré l'heure indue. Alors que je sors mon téléphone de mon sac pour appeler Tom, je me rends compte que Lucile a essayé de m'appeler à sept reprises. Vu la légèreté de mon sac, je comprends vite ce qui se passe : comme un gros nigaud, j'ai oublié mes flasques à la maison. Dans sa grande gentillesse elle propose de me les apporter, mais heureusement cela ne sera pas nécessaire : Tom en a deux pour moi, il est venu suréquipé. C'est mon sauveur ! Bon, si c'est le seul pépin de la journée, cela me va !
Le départ est joyeux, tout le monde est manifestement content de retrouver l'ambiance électrique du LUT. Niveau stratégie, c'est simple : comme pour les Cabornis, le but est de faire mieux qu'avant. Sur le plan du chronomètre, je sais que cela va être compliqué, sinon impossible : j'étais plus jeune, plus affuté... En revanche, il y a de quoi faire au niveau de la manière ! Au LUT grand format, je suis spécialiste de la degringolada. Départ pleine bourre, passage dans le top 100 à l'église de Sainte-Foy, et puis après la traversée de la Saône, il n'y a plus personne, c'est la chute libre. 
C'est dans cette perspective que je décide de faire la première partie de course avec Tom. Dès les premières minutes (au cours desquelles je croiserai Alan et Laurent, fidèles au poste), je me rends bien compte que je vais un peu plus vite que lui. Le contraire serait étonnant : je m'entraîne bien en ce moment, tandis que Tom manque cruellement de temps. Plusieurs fois, il m'invite à ne pas l'attendre et à faire ma course, mais je décline - à la fois parce que je sais que j'économise mon énergie pour la deuxième moitié de la course et parce que je suis toujours heureux de courir en sa compagnie. En ligne de mire, nous avons Laurence, dont l'avance va de 50 à 100m selon les portions ; nous pourrions probablement recoller si nous le souhaitions, mais c'est sans grand intérêt pour le moment.
Arrivés aux jardins ouvriers au-dessus de La Mulatière, un coureur me demande si je n'étais pas à Saint-Jacques l'an dernier. Je le reconnais presque immédiatement, c'est Florent, un Stéphanois avec qui j'avais passé la dernière heure de course. J'en garde un excellent souvenir, c'est donc avec beaucoup de plaisir que je le recroise ici. Comme nous faisons la causette, les kilomètres défilent presque imperceptiblement. Tom et moi briefons Florent sur le parcours, sur ce qui nous attend, c'est plaisant. Lorsqu'arrive la montée Nicolas de Lange (dans le sens de la descente, en l'occurrence), il apparaît clairement que Florent n'a pas l'habitude du trail urbain : Tom et moi devons lui prendre une trentaine de secondes sans forcer. Le petit grupetto s'étire un peu, mais nous arrivons à nous retrouver et nous arrivons ensemble au ravito des Quais de Saône.
À ce moment, je commence à me dire qu'il serait judicieux de mettre un petit coup d'accélérateur. Je prends la décision de partir seul devant en passant au-dessus du tunnel de la Croix-Rousse : sans m'en rendre compte, j'ai distancé Tom et Florent. La traversée du parc, sur les pentes de la Croix-Rousse, est un repère fort pour moi : à chaque fois, j'ai l'impression qu'elle marque le début de ma lassitude mentale et physique. Pas cette année, en revanche : je suis encore frais, j'avance bien, et le fait d'avoir mis un petit coup d'accélérateur après 17 ou 18km me permet de doubler pas mal de monde. Alors que nous arrivons près de la caserne des pompiers du 4e, je rattrape Laurence. Très bien, cela me fera un peu de compagnie pour les kilomètres suivants, et puis elle est un vrai métronome. Elle ne semble jamais faiblir ! Nous faisons course commune jusqu'au ravitaillement de Caluire, je dois l'attendre un tout petit peu à certains moments mais c'est vraiment léger.

Après avoir mangé un bout, nous quittons à nouveau les coureurs des autres parcours pour une boucle caluirarde. Plus que 10km, et cela fait un peu plus de 3h que nous courons. Lorsque nous repartons, Laurence me fait remarquer que je vais plus vite qu'elle et que je devrais filer. Ayant à cœur de finir le plus fort possible, je ne me fais pas prier : si ça se trouve elle sera juste derrière moi à l'arrivée. Me voilà donc reparti, à bloc dans la descente (c'est très relatif, j'ai un échauffement sous le pied qui me contraint à une certaine prudence). Il commence à faire chaud, comme prévu, mais c'est largement supportable. Comme aux Cabornis, je connais trop bien le parcours pour me faire avoir par les montées successives. Heureusement, parce qu'on en fait, des zig-zag !
Lorsque nous approchons des Terreaux, je commence à en avoir un peu marre : je ne serais pas mécontent si l'hôtel de ville marquait l'arrivée de la course, comme c'était le cas il y a quelques années. Mais non, il faut relancer, et pas qu'un peu : direction la Montée de la grande côte ! Ce dernier détour avait totalement échappé à ma vigilance, je dois dire, et il me met un petit coup : le sub 4h s'envole par la même occasion. Dommage, je n'en étais pas loin !

La fin se passe tranquillement, je suis très heureux d'en finir, mais également très heureux de ma course. Je franchis la ligne d'arrivée au bout de 4h05, fatigué mais en très bon état. Laurence arrive 12 minutes plus tard, avec une belle 16e place au classement féminin. Viennent ensuite Florent (4h39), puis Axel, qui a manifestement renoncé à sa stratégie du mollo mollo pendant la course (4h39), et enfin Tom, qui a bien tenu malgré le manque de sorties longues (4h43).
Je retrouve Lucile, nous rentrons tranquillement à pied, parfait petit décrassage. Encore une très belle journée qui me rend plus impatient encore de raccrocher un dossard. Que demander de plus (bis) ?  

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