L'auteur : Cedbull
La course : LyonSaintéLyon
Date : 27/11/2021
Lieu : Lyon 07 (Rhône)
Affichage : 2167 vues
Distance : 152km
Objectif : Pas d'objectif
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A mon tour de faire mon petit récit. Ce sera une première !
Bon, sur ma version originale, j’avais mis des photos pour rendre ce bon pavé plus attrayant mais je n’ai pas réussi à enregistrer ma contribution avec.
Donc ca sera sans !
Ne voyant que très peu de retours sur la LSTL 2021 et me disant que certains se tâtent encore, j’ai décidé de me lancer afin de pousser les indécis à faire la prochaine édition.Je me revois encore, il y a 2 mois, après avoir cliqué sur le paiement à chercher tous les récits possibles sur cette course et avoir été bien content d’en trouver quelques-uns.
Rapide point historique.
J’ai déjà fait 5 fois la STL, la première en équipe et les 4 suivantes en solo dont la fameuse édition 2019 ! Pour cette année, j’ai fait les FIZ en Juillet (64km et 5000d+) et l’UTV en septembre (86km et 5000d+). 1 semaine de repos après l’UTV, je commençais à avoir les stigmates du manque dans mon canapé (tremblement, irritabilité et agacement des sorties Strava de mes amis lol). Ma femme m’a alors poussé (mais pas trop) à reprendre un dossard. Dans l’heure qui a suivi j’étais inscris à la LSTL.
Ca sera ma première course à plus de 100km. Mais je me dis que c’est un bon moyen de franchir le pas :
- Aller en mode ultra
- Parcours roulant (et glissant)
- Pause appréciable et obligatoire au milieu
- Accès au sas 1
- Départ dans l’euphorie de l’habituelle STL.
Petit point rapide Prépa :
Par rapport à mes précédentes préparations : 4 sorties CAP en moyenne
J’ai enlevé une sortie CAP et je me suis mis à faire du vélotaf (1 A/R = 40km). J’ai enfin rajouté ponctuellement une séance de natation. Afin d’être présent en famille, je fais qu’une sortie le soir, tout le reste est effectué sur le temps de midi ou sur les trajets boulots.
- Petite blessure 3 semaines avant: Entorse bénigne mais entorse quand même qui fout bien les boules. Du coup arrêt de la CAP pendant 10 jours mais augmentation du volume vélo et natation.
La course : Je m’excuse par avance de la taille de ce retour mais aussi des éventuelles imprécisions. Mes souvenirs étant un peu mélangés.
- Lyon : Samedi matin à 8h :
J’arrive avec mes 2 gros sacs: Un sac ira à Saint Etienne, un petit à Sainte Catherine et le dernier restera à Lyon. Je passerai sur la prise de tête pour confectionner ces différents sacs.
Je suis très excité d’être là, juste un peu soucieux de ma prépa un peu tronqué par ma petite blessure à la cheville. J’espère que le volume fait en vélo portera ses fruits.
Tout le monde se regarde, se prépare en silence (ou pas), dans les tribunes pour ma part. Fameuse question : Que mettre dans son sac de course ??? ce qui est sûr c’est que j’aurai les bâtons à l’aller
Une fois prêt, je dépose mes sacs (petite montée d’adrénaline…) et me déplace dans le sas de départ ou chacun vague à ses occupations. Je fais des aller/retours entre le buffet et les barrières. Je regarde mon petit plan de course avec les prévisions de passage pour arriver à 21h sur Lyon. Mais le climat est finalement plutôt très détendu, les personnes se parlent très facilement. Beaucoup de personnes semblent se connaitre. Pour ma part, je suis venu seul, tous mes collègues me prennent pour un fou lol !
J’ai juste un objectif, retrouver les 2 meneurs d’allure d’Ultra Run. Aller en 12h, ça me semble parfait.
10 minutes avant de partir, j’aperçois une tête connue… Fabien ! On ne s’était pas revu depuis la fac soit 15 ans environ. Au top, on échange, on parle course prépa et c’est déjà l’heure de partir ! Avec tout ça j’en ai oublié les meneurs d’allure.
- Départ Lyon : 9h
On commence à partir mais rapidement tout le monde se met à 10km/h, je ralentis et dis à fabien de partir… Je me retrouve rapidement dans le peloton de queue mais ça me convient très bien.
On est rapidement bloqué après le pont Raymond Barre pour prendre les escaliers qui descendent.
Et là je commence à échanger avec la personne qui est à côté de moi et qui porte un accessoire KIkourou, il s’agit de Yoga. On fait connaissance, on parle un moment ensemble, d’ultra, de sommeil et je suis admiratif devant les courses qu’il a déjà fait.
Avant Ste Foy, je remarque les meneurs d’allures. On échange rapidement, ils montent le parc d’accrobranche trop rapidement pour moi, je les laisse partir.
Toute cette première phase de course permet à tout le monde de se positionner dans le peloton. Et après la descente des aqueducs, je me retrouve avec des gens avec qui je vais passer pas mal de temps. Il a fait très beau sur cette partie et même chaud.
Partie très roulante avec beaucoup de bitume.
Moi qui suis plutôt sauvage habituellement, j’ai déjà échangé avec de nombreux partenaires de courses. Le temps et la distance passent vite.
- Arrivée Soucieux : Km 21 : 11h46 place 306
Ravitaillement très agréable, je retrouve les meneurs d’allure, je me fais un petit sandwich, prend du thé chaud et c’est reparti.
Cette deuxième partie s’annonce plus raide. Le temps est plutôt beau mais ca commence à se rafraîchir, nous attaquons enfin les chemins. Les paysages sont magnifiques. Je fais tout ça de nuit habituellement, c’est donc très agréables de découvrir les monts du lyonnais de jour. De nouveau, je partage ma route avec différents coureurs.
J’effectue la montée du signal avec une personne qui une nouvelle fois m’impressionne. C’est un ancien boulanger qui a changé de vie il y a 6 mois. Il a déjà fait la LSTL en 2019. Sachant les conditions du retour, respect ! Et il m’annonce qu’il ne s’entraîne pas trop, une à deux fois par semaine max. j’hallucine, moi qui me prend la tête quand je loupe un entrainement ou que ma sortie fait 1km de moins. Arrivée au signal, il me laisse partir ; Je retrouve un groupe plus conséquent et une nouvelle fois les meneurs d’allure. On prend des photos, c’est magnifique.
Lorsque l’on bascule ensuite la neige est là, il fait plus frais, on sent que l’on est monté en altitude.
De nouveau des partenaires de courses. Je me souviens d’un binôme dont 1 porté son sac à dos à la main et l’autre était en débardeur depuis le matin) On échange rapidement. Je le reverrai à Saint Etienne plus tard toujours en débardeur, incroyable !
Tout le trajet du Signal jusqu’à Ste Catherine est magnifique : de belles lumières et beaux paysages… la classe. A ce moment j’échange avec une personne avec je vais finalement effectuer toute la deuxième partie. Nos allures se correspondent parfaitement.
- Arrivée Ste Catherine : KM 45, 15h35, Place 264
Je me change, je mets un corsaire long, je change de maillot manche longue et mets ma frontale dans ma poche. Je fais mes étirements habituels. Un bonne soupe un bon sandwich et ca repart
A 1 km de Ste Catherine, je me perds une première fois… heureusement, j’ai la trace GPX et je retrouve mon chemin (détour de 600m.. ca va). Un peu plus loin, on se retrouve tous nés à nés avec une clôture barbelée. Et là on est pourtant bien sur la trace. Une partie du groupe passe dessous l’autre moitié fait demi-tour. C’est mon cas ! Le contournement de cette difficulté représente un bon km avec 200 de D+. Là c’est moins cool ! A ce moment je me rends compte que tous les coureurs autour de moi ne sont pas à leur premier détour. Peut-être un travail à amorcer sur le fléchage aller ??? Du coup on se retrouver à rattraper un bon nombre de coureurs que l’on avait déjà passé au préalable.
Bref on continue, le soleil se couche, une nouvelle fois de belles lumières.
Niveau fatigue, tous les voyants sont au vert. Je ne suis pas monté une seul fois en sur régime. Je me retiens dans les descentes : Objectif ; se préserver pour le retour.
Je sens ma cheville, ca chauffe, quelque fois un mollet qui se contracte mais RAS.
Le soleil se couche, j’allume la frontale, on bascule de monde, on change d’atmosphère, la température se fait plus fraiche. D’un coup, on rescend l’envie d’arriver et d’aller dans cette fameuse halle… mais il reste des bornes encore.
- Arrivée St Christo : KM 59, 18h28, Place 283
Petite soupe, un sandwich, quelques étirement et c’est reparti !
Mais faux départ, j’ai oublié mes bâtons au ravito mdr. Petit A/R. Le collègue avec qui je suis depuis un moment déjà m’attends… très classe effectivement finir à 2 sera bien mieux. On repart, avec le froid qui est bien présent désormais. Cette partie est très roulante. Je m’empêche de dépasser les 9km/h… la course n’est pas fini !
Arrivée à 3km de SAinté il neige abondamment, c’est la tempête de vent également. En quelques minutes, la route et nos vestes sont recouvertes de neige.
Pour le dernier km, rien n’est indiqué, je m’oriente avec la montre ! Heureusement que j’ai gardé de la batterie pour cette dernière ligne droite.
On arrive en fin à l’arche de départ !! Photos, accolade avec mon partenaire de course. On est heureux ! Maintenant place au repos.
- Arrivée à Sainté : KM78 : 21h10, Place 244
Je rentre dans la halle, j’ai 2h bonnes heures devant moi.
Petit coup de lingette, massage, étirements, changement et préparation du sac retour. Ce dernier point est toujours complexe. J’ai un collant chaud mais au cas où je glisse un autre collant long. Je mets d’abords un coupe-vent en plus que je retirerai juste avant de partir. Le Repas très appréciable et petite sieste de 15’.
23h15, c’est l’heure de rejoindre la ligne de départ
Quel bonheur de pouvoir arriver au dernier moment sur la ligne de départ sans attendre dans le froid. Les jambes sont là, la forme l’est toujours. Incroyable ce corps humain qui est capable d’encaisser et de gérer toute cette fatigue.
- Départ 23h30 : Je ne reviendrai pas sur ce départ magique sous la neige.
C’est parti, les élites devant, nous derrière à notre petit rythme même si on a envie de s’emballer… on se contient ! On discute, on échange avec les autres LSTL, on profite à fond de ce moment même s’il est vrai que l’on prend de la place et que l’on gène les autres coureurs qui souhaitent nous dépasser. Et ça va être ca un long moment, tout le monde nous dépasse, de nombreuses personnes nous félicitent, nous encouragent, c’est très agréable, ça donne des ailes !
Et ça va être comme ça jusqu’à St Christo. Vague 1, 2, 3 et 4.
- St Christo : KM 95, 2h10 Place 161
Je m’arrête au ravito est je vois des Chips, Je m’enfile le paquet et je prends de la soupe mais il commence à faire très froid et je ne veux pas trainer. Une personne me bouscule je renverse ma soupe sur mes gants… heureux qu’ils soient imperméables ; Je me demande d’ailleurs si je suis assez couvert et je me remémore ce que ce j’ai dans mon sac pour me couvrir… Je ne m’en souviens plus.
Je repars. e froid est vraiment là. Je rentre pour la première fois dans une phase de course compliquée. Je commence à sentir la fatigue, je n’arrive pas à me réchauffer alors j’essaie de garder un bon rythme mais c’est compliqué car les chemins sont verglacés. L’euphorie laisse la place au doute… Je sens aussi ma cheville d’un coup, puis une douleur au genou…
Je me dis allez étape par étape, objectif Ste Catherine où je mettrai toutes les couches que j’ai dans mon sac.
Les passages sur les crêtes sont durs à négocier ; j’ai la sensation que le vent me traverse de part en part. Sur ces portions, j’ai la tête emmitouflée dans ma capuche. Mon bœuf remonté jusque sous les yeux et je me protège le visage avec une main. J’ai du labello dans la poche, j’en mets sur les joues. Heureusement que l’on alterne avec des phases dans les bois qui me permettent de moins avoir froid.
Et enfin je reconnais la dernière montée (où l’on s’était pommé la veille) puis la descente au ravito l
- Ste Catherine : KM 109, 4h50, place 114
Je repère la tente des relais, je trouve une entrée et je m’y engouffre !!! Les coureurs aux dossards avec des chiffres rouges me dévisagent. Je dois avoir vraiment une sale tête !!!
Puis ils me sourient, me félicitent, engagent la conversation. Je me rends compte que je n’ai pas dit un mot depuis le précédent ravito. J’étais en mode protection !
Je rajoute mon 2ème collant, je rajoute un maillot manche longue et je sors 2 chaufferettes que je glisse dans mes gants. Et je déchire par la même occasion ce foutu dossard que j’ai réussi à maintenir en vie jusque-là !
Je prends le temps de me ravitailler, et je bois pas mal de chaud.
Les chaufferettes ont un effet immédiat, je suis bien, je n’ai plus froid, on peut y retourner.
Le moral est de nouveau là ! Il fait frais mais je suis assez couvert.
De cette partie je me souviens, une magnifique montée au signal ou j’ai échangé avec un autre coureur de la LSTL, puis d’autres personnes ensuite. Je me suis remémoré mon passage la vieille dans un contexte totalement différent !
La descente qui suit le signal a été très casse gueule, du verglas partout, puis de la boue et enfin la route ! Le jour se lève §
- St Genou KM 122, 7h25 place 100
Ravito express, une petite soupe et ça repart !
Le jour se lève. Un peu de pluie mais qui se calme rapidement.
Les jambes commencent à bien tirer, mais la forme semble être encore là, je suis content d’avoir été prudent sur l’aller.
C’est aussi à ce moment que la plus part des participants commencent à marcher ! A ce rythme les 30 derniers kms risquent d’être longs.
Doubler va être ma principale motivation sur cette fin de course. C’est très grisant.
Je me force à courir sur le plat et les descentes, j’effectue les montées d’un bon pas. Je vise un participant en face à rattraper et j’y vais.
Une fois sur 2, lorsque je double une personne, elle se remet à courir derrière moi après avoir vue la couleur de mon chasuble.
Arrivée à Soucieu où l’on croise les coureurs qui repartent du ravito. J’essaie de repérer les dossards Jaune afin de me donner de la motivation à courir.
- Soucieu : KM 133, 9h, place 101
Arrêt très bref, un petit sandwich et je recharge mes flasques en eau pour la dernière fois.
La partie est très roulante, les jambes font males, le genou tire. Je me force à courir le plus possible.
Je regarde très souvent ma montre, le nombre de kms restants et ma vitesse. J’essaie de maintenir 8km/h. L’alternance marche rapide/ course fait du bien. Mais lorsque je me remets à courir j’ai la sensation que je n’ai plus de lubrifiant dans mes articulations… ca couine et ça se remet en route.
La plus part des personnes marchent. Certains semblent mal en point.
- Chaponost : KM 142, 10h26, place 90
Arrêt très bref une nouvelle fois, un nouveau sandwich que je mange en marchant.
Je reconnais la route de l’allée. J’ai les yeux rivés sur la montre et la distance qui reste que j’essaie de fractionner…
Et enfin la descente puis montée de l’aqueduc l’adrénaline est là et je ne sens plus aucune douleur. L’accrobranche, les escaliers et le pont. Le public est nombreux, les jambes s’envolent.
C’est le dernier virage avant la halle. Comme à chaque fin de course je sens une montée d’émotions, les larmes qui arrivent que j’essaie de stopper…
Et ca y est l’arche !
- Arrivée: km 157, 12h07, place 78
Je la passe, je fais 3m… et la BIM toutes les douleurs surgissent d’un coup, les jambes, le genou, un orteil en feu. Je marche comme un crabe en direction de mon sac. Et à l’inverse mon esprit et libéré. J’ai l’impression de flotter, c’est très contradictoire !
Je prends mon sac et j’ai envie de m’allonger et dormir. Plus rien d’autre ne compte !
Ca y est, c’est fait ! je n’en reviens pas ! Ca été dur mais magique !
Je sais que je vais être tranquille pendant une semaine mais que très rapidement je vais avoir la bougeotte et le besoin de reprendre un dossard… pourquoi pas tenter plus long ?
Mon seul regret et de n’avoir pas pris en photo les numéros de dossard de mes partenaires d’aventure !!! qu’ont-ils fait ? sont-ils eux aussi allés au bout ?
Cédric, Dossard 21083
5 commentaires
Commentaire de mimisoso posté le 11-12-2021 à 22:04:05
Bravo. Et merci pour le CR
Commentaire de arthurbaldur posté le 12-12-2021 à 22:04:30
Bravo. Ca donnerait presque envie de s'y recoller.
Commentaire de NRT421 posté le 13-12-2021 à 08:27:28
Ouais, entre celui-ci de Cedbull et celui de marathon-Yann, ça commence déjà à graouiller le mulot.
Merci à la modo d'interdire les prochains CR sur la LSTL, c'est pour un copain.
Néanmoins, bravo Cedbull pour cette super gestion.
Commentaire de Cedbull posté le 13-12-2021 à 16:15:03
Merci, cette aventure a été incroyable! et ce format est un excellent moyen de passer sur du long ++. Il permet de vivre 2 ambiances totalement différentes en une seule course. L'aller de jour en mode partage d'expérience et sans pression. Et le retour de nuit avec l'euphorie générale et les encouragements de centaines de coureurs.
Commentaire de Arclusaz posté le 19-12-2021 à 10:02:39
Bravo Cédric, super gestion ! et tu as bien raison, le ravito de Soucieux à l'aller était de loin le mieux organisé...
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