L'auteur : vuillerl
La course : 100 Miles Sud de France
Date : 1/10/2021
Lieu : Font Romeu Odeillo Via (Pyrénées-Orientales)
Affichage : 900 vues
Distance : 180km
Objectif : Terminer
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Ayant abandonné l'année dernière à cause des conditions météorologiques dantesques, premier abandon d'une petite série, me voilà de retour pour conjurer le sort après avoir également échoué au Val d'Aran après 141 km (8500m D+) et au GRP220 au 93ème km (6000m D+)
Particulièrement motivé et plutôt en forme, on arrive au départ avec Christophe sous un soleil radieux, la météo s'annonce excellente à l'exception de dimanche matin.
Pyrénées 2000 - Sauto (10km - 213m D+) : 1h03 - 47ème
Après une petite boucle autour du Tarmanal, la course se lance avec un peloton composé de 157 coureurs. Le parcours commence par une piste de ski de fond au cœur de la forêt. C'est roulant, assez confortable bien que le terrain soit sec et jonché de pierres.
Sauto - Llar (19km - 645m D+) : 2h26 - 55ème
On attaque la première ascension, sans difficulté notoire. On traverse les balcons de Tet, La vue est magnifique, ce mélange entre le côté bucolique des bosquets et ces montagnes forestières est des plus plaisants. Une première longue descente technique nous attend. Je n'avance pas dans cette section, je ne suis vraiment pas à l'aise à contrario d'un certain nombre de coureurs qui semblent n'avoir aucune difficulté. Ça a tendance à m'irriter un peu...
Llar -Olette (27km - 665m D+) : 3h24 - 60ème
La descente se poursuit sur des balcons assez technique avec cette vue sur ces versants forestiers toujours aussi agréable. Je régule mon rythme acceptant ma faible capacité à avancer sur ces sections descendantes bien technique. On arrive au ravitaillement d'Olette, une vieille gare du petit train jaune.
Olette - Escaro (35km -1248m D+) : 4h57 - 52ème
Après avoir traversée un joli cours d'eau (le Têt), nouvelle ascension sans difficulté majeur, la chaleur commence à poindre le bout de son nez, les points de vue sont toujours aussi beaux, particulièrement sur le plateau. Ravito avec différents fromages locaux (vache & brebis). Super sympa.
Escaro - Py (46km - 1645mD+) : 7h09 - 49ème
La course se poursuit sur des balcons technique, des bords de falaises magnifiques. Le terrain est bien rocailleux et exigeant, je m'astreins à ralentir même si les jambes veulent en découdre. La course est encore longue...
Py - Vernet-les Bains (56km -2322mD+) : 09h05 - 58ème
Après une petite descente, on attaque la montée au col de Jou, puis à la tour de Goa. C'est splendide. La chaleur continue à peser sur l'organisme mais physiquement ça va plutôt bien malgré un sentiment de fatigue assez prégnant.
Vernet-les Bains - Refuge des Cortalets (65km - 3926mD+) : 12h56 - 58ème
40 mn de pause à la base vie de Vernet-les Bains, le temps de me changer et de manger un plat de pâtes et me voilà reparti pour 1500m de D+ sur 10km. La nuit fait son apparition.
L'ascension se passe plutôt bien avec un autre coureur sur un rythme maitrisé, une halte à un ravitaillement non signalé prénommé les citernes. Superbe ambiance, musique, jeux de lumière, barbecue, saucisses, viandes, pommes de terre braisées, bénévoles enflammés, on refuse le petit verre de vin et on poursuit l'ascension, revigorés par ce chaleureux accueil.
Les 2 derniers kilomètres sont particulièrement difficiles avec le vent qui commence à nous frigorifier, on n’en voit pas le bout ! Enfin, on y est ! Le ravito est tenu par des jeunes, super attentionnés, une petite pause au chaud et je repars.
Refuge des Cortalets - Refuge Estanyol (75km - 4035mD+) : 15h40 - 59ème
Cette section fut sacrément longue, tout d'abord une petite cote enchainée par un pierrier particulièrement pénible. Il s'ensuit une descente technique, il me tarde d'arriver au prochain ravitaillement, je ressens de plus en plus cette fatigue. Le ravito est top ! Encore un barbecue, des bonnes choses à manger, que c'est agréable !!!
Refuge Estanyol - Batère (80km - 4322mD+) : 17h04 - 61ème
Une section bien raide pour commencer, légèrement technique, puis une belle descente également bien pentue, c'est difficile, je n'avance pas, je manque de pêche, je me fais de nouveau dépasser, ça ne va pas ! Ça m'irrite et je décide d'essayer de rattraper ceux qui m'ont dépassés il y a une dizaine de minutes, de me forcer à courir. Je les rattrape et bizarrement les jambes vont beaucoup mieux, je poursuis la descente en courant.
Batère - Arles sur Tech (93km - 4401mD+) : 19h17 - 54ème
Je m'arrête à peine 5 minutes à ce ravito pour garder ma dynamique du moment et je poursuis cette descente, je dépasse quelques coureurs, c'est grisant ! La descente oscille entre section roulante et section technique. Pour autant, je cours une bonne partie de cette section, particulièrement motivé à l'idée d'arriver à la 2ème base vie en forme.
Arles sur Tech - Montalba (103km - 5224mD+) : 22h49 - 50ème
Une pause de 40 minutes de nouveau à cette base vie, le temps de se changer et de se restaurer. J'apprends que le 80km part à 6h30 du matin d'Arles sur Tech par un couple qui y participe et qui a eu la gentillesse de me faire l'assistance. Pates, jambon, saucisses, niveau d'eau, au top !!! C'est parti pour une ascension bien technique et rocailleuse, 60 minutes après avoir quitté la base vie, je suis rattrapé par les fusées du 80km parti 30 minutes après moi !!! Je suis de nouveau dans le dur, la montée m'use et la descente nous amenant à Montalba est difficile. J'ai bien du mal à courir. Pendant toute cette section, j'ai vu l'ensemble des coureurs du 80km me dépasser, souvent avec un petit mot d'encouragement, ça fait toujours plaisir ! Enfin, j'arrive à Montalba, petit ravitaillement super sympa, toujours aussi riche en nourriture, on me propose du pâté aux girofles, du bon jambon Serrano, plus charcuterie à gogo.
Montalba - Puit à glace (111km - 6255mD+) : 25h22 - 48ème
On part pour un Kilometre Vertical, direction le Roc de France, la montée est assez linéaire, elle est longue mais je suis en forme, j'avance bien jusqu'au sommet, la vue est splendide, le cadre sauvage. Le vent se déchaine. Dommage, il y avait sans aucun doute de belles photos à faire.
Les jambes sont toujours en forme, j'attaque la descente en courant sous le soleil, quel pied !!!
Puit à glace - Las Illias (118km - 6282mD+) : 26h16 - 45ème
Je me fais biper au micro-ravito sans m'arrêter et je poursuis cette section descendante (-10% de moyenne). Le terrain plutôt rocailleux et sableux ne me pose pas de difficultés particulières. On arrive à la magnifique auberge de Las Illias, toujours cet accueil chaleureux.
Je refais les niveaux, manges 4 saucisses fraichement cuites, du bon pain et je repars.
Las Illias - Le Perthus (133km - 6690mD+) : 29h25 - 41ème
Dernière section avant la 3ème base vie du Perthus, on est sous le cagnard, je n'ai plus la force de courir sur cette partie alors que le terrain s'y prêterai très bien. J'avance lentement mais surement, hâte d'y être sachant que mes proches m'y attendent.
Avant d'arriver à cette base vie, la trace nous fait passer par la citadelle et le fort du Perthus, c'est magnifique, j'adore ces vestiges. Que ça fait du bien de visiter ces vieilles pierres, mon cerveau s'évade et ne pense plus à la fatigue ou à la raideur des muscles.
Le Perthus - Col de l'Ouillat (142km - 7417mD+) : 32h33 - 43ème
Après avoir passé 30 minutes bien sympa avec mes proches, me sentant plutôt en forme, je repars espérant rapidement en finir avec cette aventure... Que j'étais naïf !!!
La montée au Col de l'Ouillat se fait en 2 parties, la première est usante, je m'accroche, on arrive ensuite sur un plateau de 3km interminable. La fatigue s'est bien installée avec cette chaleur. Je commence à avoir des hallucinations, je vois, à la place de la végétation, des personnages, des lapins, différents animaux, ça ne va plus du tout. Je me décide à faire une première sieste de 5 minutes, allongé dans l'herbe, sous des bourrasques de vent relativement chaudes.
Les hallucinations disparaissent mais la forme ne revient pas ! Je poursuis la montée à pas de souris, je suis vraiment dans le dur. Enfin le ravitaillement! On nous annonce qu’il nous reste « à peine » 28km
Col de l’Ouillat – Vallée heureuse (151km – 7835mD+) : 36h02 - 44ème
Ce petit ravito m’a fait du bien et la poursuite de l’ascension se passe beaucoup mieux. Le vent devient de plus en plus fort et les nuages se rapprochent. Proche du sommet, on entre dans le brouillard avec ce vent puissant, on ne voit plus grand-chose. Heureusement que j’avais pris la trace du parcours sur ma montre. A défaut de voir les rubalises, je suis cette trace en espérant qu’elle soit la bonne !
On commence à descendre, le vent s’estompe mais la nuit fait son apparition. Cette obscurité associée à l’entrée dans une zone forestière m’amène à sortir la frontale, la seconde nuit va commencer. J’allume la frontale et là, un mur jaune. Le brouillard est tellement dense que la lumière de la frontale ne me permet pas de voir le chemin. Je suis obligé de l’éteindre, je suis dans le noir. J'avance à l’aveugle, les bâtons devants, suivant le parcours sur ma montre en espérant ne pas avoir de surprise…
Au bout d’un temps bien long, je sors de ce brouillard, rallume ma frontale et on attaque une belle descente. Rapidement, j’arrive sur une section de 4km abrupte, dans une zone caillasseuse, une descente sacrément difficile, des marches de 80cm, c'est terrible, interminable, je n’ai pas assez de mots pour la décrire tellement elle fût horrible. Enfin, on arrive à la vallée heureuse, elle porte bien son nom après cette partie de course !!!
Vallée heureuse – La Vaill (160km – 8303mD+) : 39h35 – 49ème
C’est reparti avec une nouvelle ascension que l’on peut qualifier de reposante après cette descente, on monte par un large sentier, une faible pente que je réalise d’un pas rapide. Le vent se déchaine de nouveau, ça souffle fort!
Ensuite, on enchaine par 2km encore plus technique que la descente précédente. Je manque de lucidité et je suis éreinté. Cette descente me fait peur. Je prends mon temps et fais très attention à descendre cette section, une grande partie en utilisant mes mains ou mes fesses. De jour, la vue doit être magnifique, on commence à voir le côté urbain.
Il doit nous rester 3 kilomètres pour arriver au ravito, les hallucinations sont de retour !
La Vaill – Chappelle Sant Llorenç (164km – 8692mD+) : 41h40 – 52ème
Je demande aux bénévoles si je peux faire une petite sieste. Ils me sortent un lit de camp, un plaide, me le positionne près de voitures pour éviter ce vent toujours vigoureux. Eh oui, ce ravito est extérieur, je leur demande de me réveiller dans 15minutes. Je m’assoupi et 5 minutes après, il se met à pleuvoir ce qui a l’effet de bien me réveiller. Cette micro-sieste m’a fait le plus grand bien !
Dernière ascension pour finir, légèrement technique et on redescend encore une fois une zone technique et usante, je suis exténué par ses chocs incessants en descente. Cette chapelle me semble bien loin…
Chappelle Sant Llorenç – Argelès sur Mer (170km – 8700mD+) : 42h55 – 52ème
Dernière descente, 200 mètres un peu technique et le reste sans difficulté. J’essaye de courir pour commencer et finir au plus tôt. Je n’arrive plus à me forcer, j’avance en marche nordique. Je me rapproche de la mer, d’abord la route, la voie rapide, j’entre dans Argeles, il me tarde d’arriver, le parcours se poursuit dans le port, les rubalises ne sont pas réfléchissantes, ça fait un peu jeu de piste sur la fin, on arrive sur la jetée, l’arche est au bout, encore quelques efforts, je recommence à courir pour les 300 derniers metres et me voilà Finisher !!!
J’ai enfin conjuré le sort.
Quelle aventure magnifique, qu’elle fût difficile entre la dernière base vie et l’arrivée mais elle en a encore plus de saveurs !
Bilan sur la course :
La première chose qui me vient en tête, c'est la générosité et la gentillesse des bénévoles sur l'ensemble du parcours. Le parcours est magnifique et sacrément technique, usant et exigeant. Au final, au moins 180km de plaisir et de dépassement de soi!
(les km affichés sur le récit sont ceux annoncés par l'organisation, ma montre affichait 170km, 3h avant la fin avant de s'éteindre)
99 finishers, 58 abandons
Bilan de ma course :
Super content de ma course, je ne pensais pouvoir courir aussi longtemps, une belle surprise. En revanche, peut-être aurais-je dû dormir un peu plus pour mieux gérer après le Perthus. Au final, j'ai dormi, 2 fois 5minutes. Coté nutrition, je me suis satisfait des ravitaillements bien fournis
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