Récit de la course : Skyrace des Matheysins 2020, par ChickenRun

L'auteur : ChickenRun

La course : Skyrace des Matheysins

Date : 18/10/2020

Lieu : St Honore (Isère)

Affichage : 1552 vues

Distance : 26.8km

Objectif : Se défoncer

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Une première sur le format Skyrace

Il y a un mois, a eu lieu ma seule course de montagne, celle qui m’a fait m’entrainer assidument pendant près de 10 mois : la Skyrace des Matheysins, une manche du championnat du monde de Skyrunning!

Une Skyrace est une course « courte » (on s’entend) présentant un fort dénivelé et un terrain technique donc une bonne partie de celle-ci se trouve à plus de 2000 m d’altitude.
En l’occurrence, la Skyrace des Matheysins, c’est 26km pour 2000m de dénivelé ; avec un sommet à 2389m, le Thabor. Celle-ci se passe dans la région de Grenoble.

Départ de Belgique le vendredi matin, petite Tartiflette qui fait plaisir le samedi. Quoi de meilleur carburant ?

Dimanche matin, le stress monte franchement d’un cran. Pourquoi cette appréhension ?
J’ai déjà fait des courses bien plus longue et bien plus demandant physiquement à première vue.
En fait, il s’agit de plusieurs éléments :
Premièrement, à un moment, nous avons vraiment à faire à un terrain d’aventure : il n’y a pas de sentier, c’est vertigineux, il faut mettre les mains… Bref, c’est aventureux, c’est la Montagne Brute, celle que j’aime !
Ensuite, c'est un type de course je je n'ai absolument pas l'habitude de faire.

C’est avec un temps froid mais pas trop humide et une couverture nuageuse relativement opaque que nous nous élançons le dimanche 18 octobre à 9h.
L’orga avait prévu un départ en 2 vagues, moi avec mon dossard n°217, je me place à ce que j’estime être le début de la seconde vague. En fait, il n’y a pas 2 groupes mais un seul…
Au coup de fusil, je vois tout le monde autour de moi partir, après quelques secondes de réflexion à base de « Mais ce n’était pas censé être en 2 vagues ? », « Mais qu’est-ce qu’ils foutent ? », je m’élance aussi. Ça a suffi à ce que je me retrouve dans le fond du peloton.
 
Dans ma tête j’avais divisé la course en plusieurs sections :
 
1. Montée jusqu’à Saint-Honoré 1500: 6,1km pour 590m d+
J’essaye de corriger le tir sans me mettre trop dans le rouge : les chemins larges et roulants permettent de courir quasiment tout du long mais je n’hésite pas à alterner marche et course tout un passant pas mal de monde. Au premier ravito, à Saint-Honoré 1500 ma super suiveuse est là, elle m’attend, je prends quelques secondes à mettre le masque pour aller à la table du ravito pour refaire le plein d’eau ; ce fut une perte de temps : personne ne le fait… Un petit mot avec
Noémie
et c’est reparti. 😁

2. L’entrée en matière (ou "à la queueleuleu") Saint Honoré 1500 – le Pérollier (2183m): 4km – 720m d+
Petite descente et là commencent les choses un peu sérieuses (ben ouais, on est là pour bouffer du déniv’ !). On arrive très vite dans des singles track ne laissant peu voire pas du tout dépasser dans une relative sécurité, d’autant qu’à mesure que nous montant le givre apparait puis laisse place à des plaques de glaces vive et d’un peu de neige. Evidemment, je me fais enfermer sans possibilité de laisser mon entrainement s’exprimer ; frustré et après quelques tentatives peu fructueuses, je me résigne et reste dans le rang… Mais la couche nuageuse est dépassée et là un océan de nuage à perte de vue s’ouvre à nous, laissant dépasser quelques sommets jaillissants. J’ai beau avoir quelques heures de montagne à mon actif, c’est une des plus belles choses que je n’ai jamais vu.
Le premier sommet est bien vite atteint.
 
3. Let's play (ou "à la queuleuleu 2") le Pérollier - le Thabor (2389m): 4,3km 450m d+ 250m d-
 
La partie technique
C'est le coeur de la course, ce qui fait d'elle sa dénomination de skyrace. Du Pérollier, on a doirt un une petite descente somme toute un peu pentue par moment et un peu technique: ça serait con de se faire une cheville là, je descends donc tranquillement.
Arrivé au col, je remplis ma flasque et je m'élance à l'assaut de l'Oreille de Loup. On monte dans une pente herbeuse à fort pourcentage, ça glisse à cause de la neige et de la glace, je ne suis pas super à l'aise. On arrive sur la crête rocheuse, des guides sont là et ont installé des cordes fixes car l'endroit est vraiment casse gueule, limite dangereux si on ne fait pas gaffe. Nous progressons en file à flan de montagne, la moindre erreur n'est pas permise, ça descend, ça monte, du pur crapahutage: je suis en stresse, sur le qui-vive mais joyeux, même heureux. On ne progresse vraiment pas vite, parfois il faut attendre mais tout ce weekend valait le coup pour cette petite heure d'adrénaline.
La technicité s'amenuise et je peux accélérer pour atteindre le sommet.
 
 
4. FULL GAZZZZ Thabor - arrivée: 12,8km 1750m d-
Maintenant, il ne reste quasiment que de la descente et ça, j'A D O R E!
Je ronge mon frein dans la première partie: beaucoup de cailloux, je ne veux pas me griller pour les 2 coups de cul qu'il reste. Je vois une fille me dépasser à toute allure, ma fierté en prend un coup, je décide de lâcher le frein et de me laisser aller... Bon, je pousse quand même quelques fois, je coupe les sentiers principaux par des sentiers plus petits, je dépasse de nombreuses personnes mais toujours pas cette fille... Je continue à voler littéralement sur les sentiers, je passe le dernier ravito sans m'y arrêter. Je subis les 2 montées raides, elles me tuent.
Je relance à fond, je parviens à récupérer la fille, je la distancie mais à 3km de l'arrivée, je me prends une énorme gamelle, je roule, je m'amoche le genou droit, les coudes, la main gauche. Ça calme...
Je reprends doucement, puis je regagne de la vitesse, je termine la course en donnant tout.
Je passe finalement la ligne en 3h50, en 137ème position sur près de 400 participants.
Sur une course regroupant le gratin de trail mondial avec une densité exceptionnelle, ce n'est pas une déception pour moi: je me dis que je suis le premier des coureur venant d'un pays sans montagne 😂
C'est un format que je n'avais jamais fait, j'ai fait pas mal d'erreurs, j'en ai tiré beaucoup d’enseignement pour la suite et une chose est sûre: je reviendrai! 🤩
Merci à l'orga, d'avoir su gérer la situation en ces temps incertains.

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