Récit de la course : Marathon de l'Espoir 2019, par GlopGlop

L'auteur : GlopGlop

La course : Marathon de l'Espoir

Date : 8/12/2019

Lieu : Sully sur Loire (Loiret)

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Distance : 42.195km

Objectif : Terminer

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Marathon de l'Espoir - Téléthon 2019 - Sully Sur Loire


 

A votre avis, les chances en ce 8 décembre d’avoir douceur et grand soleil étaient-elles réalistes ?

Oui si on y croit Milan Kundera qui proclamait, « je préfèrerai vivre en optimiste et me tromper que vivre en pessimiste pour la seule satisfaction d'avoir eu raison » !

Bon tout ça pour dire qu’il a fait vraiment pas beau du tout. Atiyahj, la tempête qui sévissait jusqu'ici en Irlande a décidé de nous rendre visite. C’est sympa, on en demandait pas tant, mais grand bien lui fasse!

2 ans après 2017 (cf http://www.kikourou.net/recits/recit-19903-marathon_de_l_espoir-2017-par-glopglop.html )

Voici une nouvelle édition qui va clôturer l’année 2019. Adossée au téléthon, cette manifestation altruiste me convient. Courir en pensant à ceux qui ne le peuvent, apporte une âme dont nombre de rassemblements mercantiles non pas ou plus.

Forte de 1038 participants dont 330 sur le Solo, nous restons là dans du régional, de la sortie bien de chez nous, sans fioriture, allant de village en village sur un circuit quelque peu vallonné avec 250m de D+

Avant (la course) :

Dos au Château de Sully, ancienne propriété des Duc de Sully puis racheté par le conseil Régional et face au fleuve Royal, je vais attendre en voiture, tranquille… 09h00 pour me présenter au départ.  Je n’aime pas être dans la précipitation, être à l’heure, c’est déjà être en retard disait… heu…enfin…bon je sais plus mais je suis en avance !

En attendant, Bertrand Piccard l’aéronaute Suisse invité de la matinale d’Europe 1, chantre de la croissance qualitative face aux dérèglements climatiques descend la décroissance annonciatrice de guerres civiles. Bon pas gai tout ça mais très instructif à l’écoute.  Le crachin s’annonce et le vent est déjà au rendez-vous. Le courant en Loire  est important, l’automne et ses pluies continues de ces derniers jours ont gonflé le fleuve. Le ciel péniblement, vire du bleu nuit au gris en rendant visibles de gros nuages potelés remplis d’eau.  Engoncé sous 3 couches , tee short léger, maillot d’hiver puis coupe-vent je me sens prêt en sirotant une boisson d’attente.  L’aube se découvre face au pont fréquenté à cette heure précoce par un flux de voitures amenant les participants. Les tentes et barnum dans le parc du Château s’ébrouent et accueillent les coureurs pour la remise de Dossards. Petits déj sont proposés à l’envie. L’ambiance est décontractée, l’assistance grossit.

Bon un p’tit point sur la ta ca ta ca tac tac tique, du g… heu non de course.  A mon niveau au tournant de la soixantaine, force est de constater qu’un record fait partie du passé et que le maintien peut encore faire partie des espérances si elles ne sont pas douchées en cette journée. Sans ambition démesurée si ce n’est de ne pas prendre le mur contrairement en 2017. Donc économiser le sucre et réduire le train. 75% de la FC-max dit-on soit 130 au cardio - 6mn/k  ce qui m’amène à 4h15 au mieux. Pattes de fruit et compotes sur moi, je compterai sur les ravitos pour les liquides. Et puis pour l’ambiance et ses à-côté, place au plaisir avant tout.

Le départ est donné à 09h30. C’est exactement l’heure où la pluie démarre aussi ! Si ce n’est pas de l’organisation ça ! Elle sera là avec Monsieur le vent jusqu’au bout. Synchro parfaite !

Ce moment est l’aboutissement de longs mois depuis l’inscription. Certains sont concentrés comme le lait, d’autres à mon image sans grande pression sont dans l’attente tranquille de la délivrance et du départ. Finir dans les formes est mon seul crédo et mon seul plan. Je vais tâcher d’ouvrir les yeux sur tout et surtout vivre intensément ces instants. Je repense alors à ceux qui ne le peuvent pas et qui sont à la base de cette manifestation annuelle.

Pendant (la course):

09h30 PAN !

Tout de suite au 2/3 de peloton, faire fi de ceux qui doublent, m’en tenir au rythme prévu.

Pour me trouver, derrière c'lui qui est en vert et devant c'lui qui est jaune !

Traversée de la ville, retour en bord de Loire au son des flonflons, un rapide coup d’œil derrière au Km5  confirme que je suis dans la bonne seconde moitié de la chenille bigarrée.

Bon, là, direction Sud Ouest, le vent de face forcit et quelques faux plats donnent la tonalité. La file est encore continue mais s’allonge, des espaces se forment... J’abandonne la casquette, elle ne tient pas. Les lunettes suffiront comptant sur ma célérité pour balayer les gouttes …  

Viglain – KM 10.  Voilà son église du XIIème et son caquetoire d’antan caractéristique des églises de Sologne, les encouragements d’irréductibles villageois sous les frimas et l’annonce du premier ravito. De l’eau ( pas celle du ciel) pour accompagner ma pate de fruit,  je m’arrête donc!

     

Villemurlin – KM 14 : et ses échelles bleues d’où son surnom « Villemurlin les échelles bleues » . Un grand nombre de greniers mansardés n’avaient pas d’autre accès qu’une porte donnant sur l’extérieur. On y entreposait entre autres les fagots pour l’hiver. À la fin du xxe siècle elles avaient toutes disparues. Les encouragements des locaux pavoisant à notre passage  et la vue du  clocher typique des villages de France restent mes repères. Désolé pour les échelles bleues.

L’avantage des formules d’équipes, en Duo, en trio et par quatre, donne de la vie à cette manifestation. Les relais s’organisent régulièrement et relancent de vigoureux bipèdes fringants qui vous doublent de part et d’autres. Je reste fugacement dans leurs sillages quand je le peux puis retourne sur mon 6.05/K. Les bois et champs alternent en jouant sur les prises au vent, la pluie s’oublie, d'ailleurs tout est mouillé !

Je cible devant moi à distance constante un compère dont la régularité n’a rien à envier à une horloge Suisse. Sans gilet, juste équipé d’un maillot technique sous les assauts combinés de la pluie et du vent, je l’imagine sur le Semi. Me mettant dans son sillage puis à ses côtés, nous échangeâmes  quelques banalités sur nos précédentes courses. Sur le Solo sans autre but que de se faire plaisir et terminer, j’approuve ses objectifs… Puis anticipant une certaine baisse de régime de ma part, je le vis s’éloigner doucement mais  irrémédiablement au km20. (Il terminera 10mn devant moi)

   

 

Aie ! La flamme du 4h15 où s’agglutinent quelques opiniâtres coureurs,  passe doucement sur ma droite. Et dire que j’étais encore devant celle du 4h00, 2 ans auparavant. Hum, pensons à autre chose…

Mi-course : KM 21.1 2h06 ! Dans un no man’sland improbable, 2 guitounes en face à face marquent l’emplacement en séparant les solos des relais. Le ravito est copieux. Je m’arrête, 2 côke, une date et ça repart… Mon ex compère lui, est passé sans un regard pour ces douceurs (!)

Dans mon esprit, ce n’est pas la fringance de 2017. Même à 6mn/K depuis le départ, je sens poindre  certaines raideurs… Il y a des jours comme ça !

La route est à nous, glissant entre prés et bois aux feuillages marcescents, la nature est omniprésente. Loin du tumulte des villes, l’éveil aux sollicitations est prenant. Calme, couleurs et odeurs d’automne m’entourent au gré des kilomètres qui défilent. On est bien hein Tintin !

St Florent – KM 25

Ici Jean,évêque d’Orléans fit don à Dieu, à Saint-Florent et aux moines de Saumur des églises situées près de Saint-Gondon, qui étaient depuis longtemps aux mains des laïques .Il existait donc, vers l'an 1100, une église où se trouve maintenant le bourg de Saint-Florent. Mais d'abord, une question se pose d'elle-même : Pourquoi lier, à perpétuité, Saint-Florent et Lion-en Sullias, aux moines de Saumur, hein?

Il faut reconnaitre que cette question ne m’a pas effleuré un seul instant en entrant dans le village! Seule l’église face à la route, marquant son territoire, indiquait sur sa droite un salutaire ravito placé judicieusement face à une grande flaque d’eau boueuse. M’enfiche, tout est toujours tout mouillé !

Eau, coke de nouveau ! Peu de monde en bord de route pour m’acclamer, la météo a eu raison des irréductibles.

KM28 - La remontée plein nord et la bifurcation dans un chemin naturel en sous-bois m’a rappelé qu’à cet endroit, je ressenti les premiers effets du mur lors de ma précédente participation. Là, rien de tel, je n’éprouve pas encore le besoin de marcher… commencerais-je à jubiler ?

Et patatra, la bulle éclate ! une crampe, une crampe carabinée à l’ischio droit . Argh ! La montée du Mt Veyrier à Annecy en 2016 revient immédiatement en mémoire !  Les électrolytes, bon sang mais c’est bien sûr, je les ai négligés ! Cela ne pouvait être que cela. Les 30k, 15 jours auparavant n’avaient rien décelés, pour cause ! Un bref arrêt, un automassage  puis reprise clopin-clopant. Sur la route, quelques coureurs-marcheurs apparaissent, les 30k se profilent.

Lions en Sulias – KM 30

Eglise à caquetoire aussi mais Lion c’est surtout une borne symbolique de la distance à mi-parcours de la Loire, de sa source à son embouchure (462 km). Celle-ci ne se trouve d’ailleurs pas en bord de Loire, mais en plein cœur du village ! »

Bon là aussi, je ne l’ai pas vu, le ravito accaparant l’essentiel de mes préoccupations.

Je décide enfin de mélanger ma poudre d’hydrixir. Mais-est ce pas trop tard ?

Au sortir du village, remontée sur la levée ligérienne et ses 12 derniers kms. Vont s’empiler crampes et contractures sur le même groupe de muscles. Les prenant dans l’œuf, j’arrive à les contenir et c’est à train de sénateur vieillissant que vont s’enchaîner ces interminables kilomètres. Les panonceaux humoristiques entrecoupant les bornes kilométriques me soutirent un rictus. L’une, nous proposant même de réaliser un km, un seul certes mais en moonwalk ! J’voudrais ben les z’y voir !

Argh, non la flamme des 4h30 me dépasse. C’est la cata ! D’ailleurs pour enfoncer le clou, le pauvre ère est seul sous le vent, suivi dans son dos de la terrible flamme même pas éteinte par la pluie ! D’ailleurs celle-ci ne mouille plus vu qu’on est déjà trempé ! La file s’est littéralement désagrégée et de longs espaces se sont créés. Nous sommes loin des débuts encombrés .

La levée giflée par les vents et la pluie montre néanmoins de beaux tableaux aux tons grisés. Ici un banc de cygnes au repos sur un banc de sable que l’on confondrait avec des glaçons …Allez une pause pour la photo !

Ça caille pas chaud, si ça continue, va faire frais ! D’ailleurs le froid me gagne doucement. Je repense à mon compère de la première partie qui a dû passer là, vêtu de son simple maillot technique.

KM37 - Dernier ravito.

Encore un peu d’eau pour la forme ! De toutes les façons, la messe est dite. La longue ligne droite finale avec les tours pointues du château me soutire une petite renaissance et ç’est en 4h40 que je passe l’arche.

Des premières fois, il y en a toujours. A la proposition d’une séance de massage, l’esprit de refuser ne m’a cette fois pas effleuré ! Dans la tente où 8 tables étaient disposées,  Laurène de ses mains expertes soulagea des jambes que je savais meurtries.

Puis un passage par la tente de remise des lots où sévissait encore Gérard au micro. Beaucoup de l’assistance étaient changés, secs comme des gâteaux éponymes ce qui laissait augurer du temps passé depuis les premiers arrivés. Un petit bonjour comme promis à celui qui œuvrait déjà 1 mois auparavant lors du trail des Maquisards. (http://www.kikourou.net/recits/recit-21079-trail_des_maquisards_-_23_km-2019-par-glopglop.html)

L’urgence suivante : retirer ce que j’avais sur le dos et qui ressemblait plus à des éponges qu’à des vêtements pour reprendre la direction de Home Sweet Home.

Car c’est pas tout ça, j’ai froid et la cheminée m’attend…

 

Après (la course):

Par une litote, disons… qu’il y eut des jours meilleurs.

Quant à se ralentir pour économiser, je reste dubitatif. Je suis arrivé au Km30 avec 15 mn de retard sur ma  précédente participation soit 3h05 et ce qui est perdu me semble définitivement perdu. Tous les matins du monde sont donc sans retour!

Alors rester sur un 5’30 dès le départ, se gaver de sucre et d’électrolyte sera peut-être ma prochaine option. Toujours désireux d’apprendre à me connaitre, curieux scientifique dans l’âme, ma soif de découverte n'ayant d'égale que la durée de demi-vie du bismuth 209, je reviendrais certainement pour tester autre chose. La persévérance n’est-elle pas la noblesse de l’obstination ?

Encore une fois, l’organisation a été à la hauteur. Orchestre dès les premiers kilomètres, tous les points de ravitaillement copieusement abondés même en queue de course, bénévoles à tous les étages et intersections et puis lieux de vie dynamiques au départ comme à l’arrivée. La couverture photo présente sur le parcours permettra de garder une trace pour nos vieux jours, peut-être un bémol cependant pour les derniers arrivés qui ont dû faire face certainement à une SSD saturée. Z’aurez donc pas ma pomme mais je vous assure que je suis bien passé !

Enfin, au concept  gagnant-gagnant, je ne peux qu’être satisfait. A l’arrivée, je figurais et participant à cette œuvre caritative qu’est le téléthon, je fus.

Et puis en guise d’apologue comme dit l’adage : « je suis réussi d'avoir content et j'espère faire fois la prochaine mieux ! » Qu’importe son niveau, l’essentiel est de se faire plaisir et de participer. Ce récit n’a d’autre ambition que de faire découvrir cette manifestation, de donner envie de venir sans appréhension, de se glisser dans un peloton aux multiples aspirations et se dire en partant – « je l’ai fait ! »

L’après ( après la course)

Châti’trail pour voir… en Avril prochain sur un format identique au trail des Maquisards en guise de préambule à la pastourelle de Mai.  Après… le temps dira… mais j'reviendrai bien..!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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