L'auteur : jlsi
La course : Swiss Alps 100 - 160 km
Date : 14/8/2019
Lieu : Münster (Suisse)
Affichage : 937 vues
Distance : 160km
Objectif : Pas d'objectif
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Salut !!
voici mon petit CR du swissalps 100 (miles) 2019.
tout d'abord, les points améliorables en vue d'une éventuelle prochaine édition (pour info : l'organisation a mis en place un questionnaire après la course auprès de tous les participants):
- le parcours : pour arriver à 100 miles (théoriques), on a fait des allers retours et des boucles qui n'ont pas forcément beaucoup de sens si ce n'est d'accumuler des km et de parvenir à 100 miles. Je pense surtout à l'aller-retour sur les pistes de ski à Belalp, et la boucle finale entre Reckingen - Ulrichen - Munster. Une certaine logique de parcours est perdue au profit du kilométrage et de la rationalisation de la logistique.
- le marquage est largement perfectible. Apparemment l'organisateur s'est plaint de "vandalisme" sur certaines parties du parcours. Il y avait pas mal de marquage au spray au sol, qui n'est pas forcément la bonne solution sur du gravier ou de la terre, les marques devenant rapidement peu/pas lisibles. Un petit drapeau de rappel 5-10 m après une intersection serait aussi bienvenue (souvent il manquait et on pouvait se demander si on avait pris la bonne direction). La météo idéale pendant la course a certainement permis d'éviter bien des soucis d'orientation. Malgré cela, j'ai du bien des fois sortir mon téléphone pour m'assurer de la trace. Il y a quelques passages sans cheminement topographique évident (pâturage au-dessus de Belalp, région du Saflischpass, région Chummerfurgge) qui mériteraient assurément un marquage plus dense (surtout en cas de mauvaise visibilité : précipitations ou brouillard)
- ravitaillement : je ne sais pas si je suis vraiment pénible après mon passage sur le Tor, mais je trouve que les organisateurs ne soignent pas vraiment les estomacs et les nécessaires réserves énergétiques des participants (même combat pout ultra tour mont rose 2017, swisspeaks 2018). Rien de vraiment consistant à se mettre sous la dent sur 160km (du stlye pâtes ou riz). Si ce n'est une bonne soupe-goulasch au km 140km à Chaeserstatt. Ne pas avoir un seul bon plat de pâtes chaud sur 160km est quand même un gros manque selon moi. Et comme pour la remarque précédente, la situation aurait pu être pire avec une météo moins favorable. Durant la nuit, je n'ai pas trouvé de thé chaud aux ravitos (seulement du café). A l'arrivée, un repas finisher est constitué d'un morceau de viande grillé (saucisse ou tranche) et d'un bout pain avec une boisson. Pas de légumes ou de féculents.
- vestiaires après course : une douche à disposition, sans eau chaude. J’y suis passé samedi en fin d'après-midi alors que la température extérieure était agréable. Cela passe encore, quoique. Mais si tu finis dans la nuit ou au petit matin dans la fraicheur, ça doit être diablement frustrant et désagréable d'avoir de l'eau froide.
- Il était censé y avoir un tracking des coureurs sur les ravitos via une page internet et une app’. Cela n’a jamais fonctionné apparemment.
Dans un courriel d'après course, nous avons reçu une info de l'organisation concernant les premiers feedbacks des coureurs. Je me permets de le copier ici :
Citation :
Améliorations
Dans l’ensemble, la course a été un grand succès. Mais nous gardons toujours un œil sur l'amélioration de l'événement. Voici ce que nous avons entendu et ce que nous allons changer pour le rendre meilleur.
1) Marquage du parcours. Le balisage du parcours s’est considérablement amélioré cette année et les drapeaux avec le marquage au spray rouge et réfléchissant ont bien fonctionné. Mais nous avions deux sections, où ce n’était tout simplement pas suffisant. Ces sections étaient entre Breithorn et Binn. Et entre Chäserstatt et Reckingen. Nous veillerons à ce que l’année prochaine, toutes les marques de parcours soient parfaitement identifiées.
2) Nourriture du poste de secours. Nous avons entendu dire que nous pourrions faire mieux avec de la nourriture au poste de secours. Nous avons donc déjà décidé qu’en 2020 et par la suite, nous offririons plus de nourriture solide à notre poste de secours, comme des pâtes, du pain blanc et des pommes de terre.
3) Cette dernière section après Reckingen. Après le poste de secours de Reckingen, il existe une section roulante que la plupart des coureurs n’apprécient pas du tout. Normalement, les coureurs doivent comprendre qu'il s'agit d'un ultra marathon et d'un parcours difficile. Mais nous avons reçu tellement de commentaires négatifs sur cette section que nous allons sérieusement envisager de la supprimer.
Fin de la citation
Pour en finir avec les aspects perfectibles de cette course, ce sont des points que j'ai déjà retrouvés sur d'autres courses. Est-ce le revers de la médaille du boom des ultra trails ? beaucoup d'offres, mais derrière, la logistique ne suit pas forcément. Selon moi, plutôt organiser un 100km qui tient la route, que de vouloir accumuler les parcours et les variantes sans avoir les moyens de les assumer.
Pour le CR proprement dit :
Une météo idéale (beau, sec, pleine lune, chaud) s'annonce et sera présente sur mon parcours. Une belle occasion de sortir mes minimalistes au vu des conditions (merell trail glove 4, 215gr). Arrivée en fin d'après-midi à Munster, après 3h de route environ, pour récupérer mon dossard. Je peux parquer mon minibus quasiment sur la ligne de départ. Idéal !
Possible aussi car c'est une course plutôt confidentielle (on sera environ 90 au départ du 100 miles le vendredi matin, 308 au total sur les parcours). Aucun check matériel ne sera fait.
Je marche jusqu'au village pour aller manger le soir. Nuit très calme. Un petit briefing est prévu sur la ligne de départ à 6:45, 15 minutes avant le départ. Je le manque, mais pas grave car je ne m’attends pas à de grandes surprises au vu de la météo et de la région que je connais déjà un peu.
Départ en toute discrétion à 07h00, pas compte à rebours, de fanfares, etc. Cela me va très bien. Comme pour le nombre de participants (90), il y aura de place sur la montagne.
Un autre point intéressant de la course : on peut encore s'inscrire sur place le matin même ou le soir avant en payant cash !!! Donc en fonction de ton agenda et de la météo, tu peux encore décider de t'inscrire à la der !!
On part tout d’abord pour 10 km de plat descendant le long du Rhône. Il fait encore, frais. C’est très calme, le peloton s'étire rapidement et finalement c'est une bonne mise en train. Je me retrouve très vite tout seul en queue, mais cela ne me dérange pas plus que cela. Je suis avant dernier (!!!) au premier ravito et pourtant j'estime que je suis encore parti un peu vite. Je suis plutôt du genre "chi va piano, va sano è lontano, chi va forte, va a la morte".
On attaque la première montée avec le soleil direction le glacier d'Aletsch en passant par des endroits superbes (vieux villages Niederwald et Bellwald, le joli pont suspendu d'Aspi Titter). La remontada commence déjà. De nombreux coureurs (inconscients ??) sont déjà à l'arrache après 15-20km dans les premiers pourcentages sérieux au soleil.
Toute la zone au-dessus du glacier d'Aletsch jusqu'à Riederfurka (premier passage, on y retrouve les drop bags) se fait en cohabitation avec les randonneurs, venus tout comme nous chercher de magnifiques points de vue sur le glacier au nord et sur les 4000m valaisans au sud. Magnifique !
Après Riederfurka, jolie descente de la forêt de mélèzes d'Alteschwald (petite info : cela vaut la peine d'y revenir en octobre quand les mélèzes sont "en feu"). Mais aussi premiers soucis d'orientation à cause du marquage sur sol pas visible. Au bout de la descente, passage sur la 2e passerelle (perso j'adore ces ponts suspendus) et remontée vers le joliment placé hameau de Belalp, avec encore une fois de jolis points de vue direction Aletsch. On fait un aller-retour sur le domaine skiable de 600m D+. Pas très intéressant. De retour à Belalp (un peu plus de 40 km au compteur), je me fais la réflexion que les ravitos ne sont pas très bien achalandés.
On verra au retour à Riederfurka : on attaque le tout par une grosse descente raide direction Blatten, un joli passage sur le barrage Gibidum et une montée bien exposée au soleil de l'après-midi. Les sentiers sont jolis. Il y a très peu monde, c'est top. Des randonneurs m'avertissent qu'ils ont eux-mêmes balisé à la craie l'accès au barrage après avoir vu quelques coureurs désorientés... merci à eux.
2e passage à Riederalp. La faim commence à être bien présente. C’est là que je remarque que les ravitos sont quand même maigres. Et pourtant, Riederalp est censé être un ravito majeur (on y passe 2x, on retrouve les drop bags). Ben voilà, il va falloir s’y faire. Le corps puisera l'énergie où il peut. (au bilan final : -4kg entre mon départ et mon retour à la maison !!)
Je profite encore des rayons du soleil pour la traversée des villages de Riederalp et Bettmeralp (partie un peu vallonnée sur du bitume, jolie pour le point de vue, moins intéressant à courir). On retrouve les sentiers après Bettmeralp. Les randonneurs sont à l'apéro. Il n'y a plus personne sur les chemins. Je rencontre parfois des coureurs aux ravitos, sinon ça sera le « one man show » sur la quasi-totalité du parcours. Après Fiescheralp, une nouvelle grosse descente m'attend, que je vais pouvoir finir encore sans frontale (tant mieux pour le rythme).
Il va maintenant falloir passer sur la rive gauche du Rhône pour la fin de la course. Je passe la troisième passerelle à la nuit tombée. J'aperçois à peine la rivière en dessous. J'arrive au deuxième dépôt drop bag dans le village de Mühlebach. L'occasion de prendre pour la nuit un bandeau, un tour de cou, des petits gants. Toujours rien de consistant à se mettre dans l'estomac à environ mi-course. Je me fais une raison car les prochains ravitos sont plutôt situés dans la pampa et ne seront pas mieux garnis.
Je continue mon périple toujours seul. Avant d'attaquer une grosse montée de 1'300 D+, on poursuit à flanc de coteau à côté d'un bisse et sur un sol bien mou. Sympa et on fait de l'avance assez facilement. Petit ravito avant la grosse montée : miracle, quelqu'un a un sachet de thé avec lui ! La montée proprement dite n'est pas spécialement intéressante : il s'agit d'une large piste avec 14 virages en épingle et une pente plus que régulière. C’est plutôt monotone !! mais finalement, à ce moment-là de la course, cela ne passe finalement pas si mal : il est bientôt minuit, cela permet de se relâcher un peu mentalement.
Tout à coup, je sursaute ! un gros cerf me coupe la route, visiblement effrayé par la lumière de ma frontale. Il fait un boucan du diable en détalant dans la forêt. Une fois passée la limite de la végétation, on peut profiter d'une magnifique vue nocturne sur la vallée du Rhône, ainsi qu'en face sur le plateau de Riederalp-Bettmeralp. La pleine lune fait également son apparition derrière une crête.
Ravito très frugal au col Furggerschaeller / Breithorn : il y a peu à manger et un petit air frais t'incite plutôt à continuer ton chemin. Ddirection Fleschboden via Saflischpass pour une boucle passant par le Fühlhorn à 2’700m (point culminant du parcours). la swisspeaks 360 y passe aussi (au Saflischpass + Fleschboden dans le sens est --> ouest).
Ravito à l'extérieur à Fleschboden. C’est là qu'on va reprendre la route du retour en direction du Binntal. Non sans avoir gravi le duo Folluhorn - Fuhlhorn. Toujours de belles conditions de luminosité, vue plongeante sur Brig et Viège/Visp dans la vallée. Superbe. La pente est bien raide et parfois le sentier stylé alpin !!
Cet aller-retour dans la région du Saflischpass permet au moins de croiser un ou l'autre camarade coureur et de se saluer brièvement afin de couper "l'autisme" d'une course solitaire. Magnifique lever de soleil dans un ciel en feu !!!
Je ne m'attarde à nouveau pas au deuxième passage du ravito Breithorn. Encore un méchant vent présent et toujours pas de thé chaud. Je m'attarderai un petit plus à Binn après une descente à nouveau raide de plus de 1'000 m. A Binn, on retrouve le drop bag, ce qui permet de laisser sur place les habits chauds puisque le beau et chaud est attendu pour la journée. Le ravito est à l’intérieur d’un bâtiment, il y a une soupe chaude. Cela fait du bien…
Les 30 prochains km se font à l'envers de la swisspeaks360 (Portion Binn- Reckingen). Donc en terrain connu (en tous cas pour moi). La chaleur est bien présente en altitude et fatigue un peu plus l'organisme. Avant le ravito de Chaeserstatt, je rejoins (et dépasse) queleques concurrents moins aguerris du 50km. A Chaeserstatt, il y a enfin un bon goulasch à se mettre dans le ventre. Alléluia ...
La suite de la longue montée vers Chummefurgge se fait un peu en mode pilote automatique, puisque cela fait environ 30h que je suis en course. Il faut être plus attentif dans la descente vers Reckingen (1'300m D-) car elle bien raide dans sa première partie. Le long mais pas trop raide Blinnental est rapidement avalé en courant. Le fait de remonter des coureurs du 50 et du 100 km est toujours bon pour le moral.
J'arrive au dernier ravito de Reckingen. J'ai 160km sur ma Garmin. Donc théoriquement pas trop loin de l'arrivée. 1.5 km à vol d'oiseau !!! En fait, il va falloir remonter à flanc de coteau bien vallonné jusqu'à Ulrichen pour faire ensuite encore 4km de plat descendant. Au total, quasi 10km avec 300m D+, alors que l'on se croyait presqu'à l'arrivée. La remontée n'en finit pas, surtout quand on est déjà à l'arrivée dans sa tête.
Pour le retour en faux plat descendant, la perspective de pouvoir boucler en moins de 35h me remotive à courir. Au final, 169km à ma montre, 34h51, 13e scratch (14 sur les résultats mais apparemment un kikou a été classé devant moi alors qu'il n'a pas même pas pris le départ ;-)). En réalité, je ne saurai peut-être jamais mon rang car les résultats sont toujours en version inofficielle sur le site internet. Pas grave de toute façon. Je reçois un gros ceinturon style western comme prix finisher. ça change !! mais je ne sais pas ce que je vais en faire !!!
L'ambiance est intimiste dans l'air d'arrivée. Un peu de musique chill out, quelques coureurs et bénévoles. Encore une fois, cela me va. Je préfère que les organisateurs investissent le long du parcours plutôt qu'en animations bling bling à l'arrivée.
Il est 18h. Il fait chaud, cela permet de faire une turbo sieste dans le gazon. Ensuite, douche froide et petit dîner (un morceau de viande assez sec je dois dire. J’aurais bien aimé des pâtes ou du riz s'il vous plaît ;-)).
Mon bus est toujours parqué à 20m de là. Et c'est parti pour une bonne nuit !!!
Réveil vers 8h le lendemain. Il y a encore des concurrents du 160 et du 100 km qui en terminent.
Mon bilan :
un ultra en minimalistes est largement possible (pas d'ampoules, pas de blessures, quasi pas de courbatures le lendemain)
la région est vraiment belle (je la connaissais déjà en grande partie, mais c'est toujours un plaisir d'y revenir)
course intimiste pour le moment : perso ça me va bien
possibilité de s'y inscrire à la der : un gros plus je trouve !!!
les ponts supendus ... on en redemande !!!
de nombreux points à améliorer (je n'y reviens pas), comme un air de déjà vu sur d'autres courses ... suis-je trop exigeant ?
météo idéale qui a permis d'atténuer certains points faibles de l'organisation (je n'ose pas imaginer cela dans le mauvais temps ! apparemment le taux de finishers doit se situer vers 50%)
Trace strava avec quelques photos ici:
https://www.strava.com/activities/2627612248
Merci kikouroù pour la TASK et le dossard offert !!!
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