L'auteur : pipo33
La course : L'Echappée Belle - Intégrale - 149 km
Date : 23/8/2019
Lieu : Vizille (Isère)
Affichage : 2740 vues
Distance : 149km
Objectif : Objectif majeur
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Allez, je vais faire un petit CR rapide (ou pas rapide finalement) avant de partir en vacances.
On est parti à 2 avec mon pote, ma femme nous a suivi sur qqs ravitos (il y en a une grosse 10aine de prévu mais pas tous accessible facilement). Objectif : mettre autour de 40h pour faire les 149km et 11400m de D+
Qqs recos faites fin mai (mais bien amputées par la neige) puis surtout fin juillet, où on a fait presque tout le début du parcours (qui est la partie la plus délicate) et le col Moretan qui est le gros morceau qu’on devrait passer de nuit si tout se passe bien.
Ces recos ont été bien utiles, parce que au moins, on était prêt mentalement. Et surtout avec tout ce qu’on avait lu, on s’attendait vraiment a qqchose de plus dur, elles nous ont plutôt rassuré (c’est très très loin d’être facile, mais la beauté des paysages fait que ça passe plutôt vite).
J’ai calé les temps de notre roadbook sur 38 et 42h pour avoir un peu de marge de manœuvre. Et puis de toute façon en regardant les résultats des années précédentes, on se rend compte que les gens « naviguent » entre les timing rapides et lents plusieurs fois au grès des coups de mou et des coups de forme. On est donc prêt à ça aussi !
Départ en train de Paris le jeudi, pour récupérer le dossard au niveau de la ligne d’arrivée dans l’aprem. Tout se passe dans une ambiance bon enfant, les bénévoles ont le sourire. Il fait beau, et c’est parti pour durer tout le weekend : ça fait plaisir ! On va pouvoir profiter des paysages superbes de Belledonne contrairement aux participants de l’an dernier qui ont eu du temps pourri !
Retour vers la ligne de départ où on a pris notre hotel, et préparation du sac. Le stress commence à monter gentiment.
Fort de notre expérience au Marathon du Mont Blanc en juin, on prévoit la paire de chaussette de secours qui va bien dans le sac à dos. On prévoit aussi pas mal de bouffe et d’eau : la peur de manquer.
Et surtout on charge notre sac d’allègement ! affaire de douche, bouffe en pagaille, de quoi se changer plusieurs fois (chaussures comprises). L’orga a fourni un gros sac de 50l en toile de jute, et il est bien rempli. On se dit qu’on va passer pour des fous, mais pour une première expérience de cette longueur, on veut mettre toutes les chances de notre côté et profiter au max du confort qu’autorise l’organisation. En plus du sac d’allègement, ma femme qui va nous suivre sur plusieurs ravito a aussi le droit de nous amener des affaires. C’est vraiment super confortable par rapport à d’autres courses un peu plus stricte à ce niveau là.
Repas au resto, et au lit de bonne heure.
Malgré le stress, j’arrive à bien dormir et je me sens bien quand le reveil sonne un peu avant 4h. Un bon ptit dej, et en route pour la ligne de départ. En arrivant, on se rend compte que sur le sac d’allègement, on a pas du tout abusé : tout le monde a son sac bien bien rempli. L’EB fait peur, et ça se voit.
Petit briefing d’avant course : beau temps, beau parcours et le mantra de la course : Gestion Gestion Gestion. On nous présente la cloche qu’on fait sonner à l’arrivée et le speaker nous rappelle qu’on sera qu’1 sur 2 à la faire retentir. On aperçoit François d’Haene et Luca Papi en première ligne, mais on ne s’approcha pas : on veut partir tranquillement parce qu’on sait que la route va être longue, très longue ! Bien sur, on le reverra pas J
On se met en milieu de peloton et au coup de sifflet on s’élance à la lumière des frontales.
A priori, l’avant du peloton est parti très vite, sur les talons de FDH, mais ça se calme très vite. J’ai jamais vu une course partir si calmement. L’EB inspire le respect et la crainte, y’a pas à dire !!!
On commence par une montée en sous bois assez facile. On fait attention à ne pas se cramer, y’a pas mal de monde sur le bord du chemin pour nous encourager. Tout le monde fait comme nous, le peloton s’étire pas tant que ça et on arrive tranquillement au premier ravito. Plutôt dans le timing long de notre roadbook. Les bénévoles sont des crèmes : ils nous remplissent les flasques, sont aux petits soins, le sourire, les ptits mots d’encouragements qui vont bien : ça fait plaisir. On découvre aussi une bonne idée de l’organisation : y’a plein de bouteille de savon pour se laver les mains avant de les mettre dans les noix de cajoux. Et les bénévoles veillent au grain : gare a celui qui essaye de passer outre. L’EB, c’est dur mais on rigole pas avec l’hygiène. Et quand on y réfléchi bien, ils ont quand même raison parce que c’est vrai que nos mains de traileurs trainent souvent dans des endroits pas trop catholiques :D
Bref, on se pose un peu (expérience marathon du mont blanc ou on avait été trop rapides). C’est d’autant plus facile de passer du temps que les ravitos sont de qualité : y’a beaucoup de choix et tout fait envie ! On repart 15min après, toujours tranquille.
Juste après le ravito, on arrive en terrain connu (ou plutôt reconnu J ) et le paysage se fait assez vite plus minéral. Ça monte encore (de toute façon, ça monte globalement pendant 40km) C’est vraiment beau, d’autant que le brouillard matinal se lève et que le soleil commence à nous réchauffer !
On passe a côté de plusieurs lacs, on arrive au 2eme ravito : toujours aussi bon ; les bénévoles toujours aussi sympa. Et nous, toujours aussi en forme ! On en profite, encore une bonne 10aine de minute d’arrêt en on continue à monter vers le pic de Belledonne, point haut de la course à 2920m.
Toujours aussi beau, toujours aussi minéral ! l’altitude se fait bien sentir : obligé de baisser un peu le rythme, mais pas trop. Et de toute façon, on continue a doubler : c’est que tout va bien ^^
A partir de là, on va redescend vers le 3eme ravito où ma femme nous attend. Il est autour de 14h : on est en plein au milieu des temps prévus sur le roadbook. Nickel !!! Il est pas loin de 14h, ma femme est au ravito, donc on prend le temps de faire une bonne coupure d’1/2h qui fait du bien. Elle nous a ramener de quoi recharger en bouffe parce que mine de rien on a commencé à taper dans les réserves.
On sait que derrière, y’a 2 gros gros morceaux (le col de la mine de fer et le col de la vache) qui nous attendent avant de retrouver Céline à la base vie en soirée.
Bien requinqué, on attaque la suite plein d’entrain. Le soleil est toujours là, on est suffisamment en altitude pour pas avoir trop chaud, les jambes sont en formes. On garde en mémoire le mantra Gestion Gestion Gestion et on reste sur un rythme pas trop fort. De toute façon la course commence vraiment à la première base vie (voir même à la 2eme pour certains J). C’est du gros cailloux, ça grimpe sec mais on se régale toujours autant !!!
C’est surement une des plus belle partie du parcours pour moi. Dure, mais on en prends plein la vue. Des lacs, des cols, j’adore !
On discute avec qqs autres coureurs. A chaque pointage, les bénévoles sont tout sourire, ils nous encouragent, ils sonnent des cloches, des trompettes, etc. On sent qu’ils sont contents d’être là eux aussi : même si pour eux non plus ça doit pas être évident.
On arrive à la base vie, toujours dans le timing du roadbook, et sans avoir besoin d’allumer la frontale (mais tout juste).
La base vie est assez étalée, mais Céline a fait les repérage. Elle nous guide pour récupérer nos sac d’allègements, douche dans le noir (les spots marchent plus L) et on se change pour mettre les vétements de nuit. Il commence à faire un peu frais avec la nuit qui tombe, donc se retrouver en caleçon dehors, c’est pas top. Grosse hésitation sur la tenue a mettre. Il est pas prévu très froid, mais on sait jamais. J’opte pour le t-shirt léger et le coupe vent léger aussi pour pouvoir retirer une couche si besoin. Mon pote part sur une t-Shirt manche longue plus chaud. Par contre, short en bas : pas de doute J
Je change aussi de chaussures : j’ai arraché plusieurs rangées de crampons dans les cailloux. Bizarre parce que la reco s’était plutôt bien passé de se coté là. Y’a pas que les organismes qui souffrent sur l’EB J
Pour se réchauffer, on se dirige vers le resto qui nous sert les fameuses pates bolognaises qui rechargent les batteries. Et si on a eu froid en se changeant, dans la salle il fait plutôt trop chaud L
L’assiette est copieuse, on reste un peu a table pour re-conditionner le sac de course et le sac d’allègement. Il est pas encore très tard, on a pas sommeil donc on repart à la frontale. Au final, on s’est arrêter presque 1h30 : c’est beaucoup, mais c’est passé vite aussi.
La douche et le changement de vêtements à fait du bien : on est en forme. En plus, on repart en descente ça avance tout seul. On double pas mal de monde, dont beaucoup ont quand même l’air bien entamé alors qu’on est en forme. On en profite.
Assez vite, on retrouve de la montée. 1000m de D+ au programme pour cette première bosse. Assez vite, je sens que mon pote ralentit. Il a des nausées, se sent pas bien. On espère que c’est un ptit coup de moins bien, et on poursuit. Mais ça passe pas trop. Pointage à mi-montée, les bénévoles ont allumé un grand feu de bois et ont préparé des boissons chaudes. Il prend un thé, une barre de céréale et vomi tout ça plus les spaghettis 5 minutes plus tard L. Pas très glamour, mais ça le libère un peu. Coup de froid à la base vie, trop mangé, parti trop vite dans la descente, on sait pas trop. Peut être un peu de tout ça…
Il se pose 10 minutes au coin du feu, et comme ça va un peu mieux, on repart.
Mais dès qu’il essaye de manger un peu, les nausées reviennent. On se refait doubler par pas mal de monde. Il serre les dents, je reste derrière et je recharge les batteries. On arrive quand même au sommet, et on enchaine avec 1000m de D- en 5km. On reste un peu derrière un groupe, mais on finit par lacher les chevaux. J’ai du feu dans les jambes, donc j’envoie un peu, tout en l’attendant un minimum.
Arrivé au ravito, on a perdu du temps sur notre objectif de 40h, mais on est encore dans les temps max du roadbook.
Il se pose, il mangeouille, mais dans ses yeux, y’a plus l’étoile qui brille. Je lui propose de dormir un peu et de repartir après, mais ça le tente pas. Il reste un très gros morceau à venir de nuit (le Moretan, ses 1500D+ en 5km qu’on a reconnu de jour et qui fait peur à pas mal de participants), il se sent pas d’y aller dans ces conditions, il préfère rendre son dossard L ça tombe bien, ce ravito est accessible en voiture, ma femme pourra venir le chercher au matin.
Je repars donc à l’assaut du monstre tout seul …
J’ai toujours de très bonnes sensations, d’autant que la montée au rythme de mon pote malade m’a permis de refaire un peu jus. Je sors les batons, et c’est parti en mode pacman. Les 1000 premiers m de D+ s’avalent plutôt bien. Je rattrape une bonne partie de ceux qui nous avait déposé dans la montée précédente. Par contre, les 500 derniers se font dans les rochers, et au dessus de 2000m, le souffle commence à être court. Heureusement le balisage est top, aucun risque de se perdre et pas besoin de s’arreter toutes les 10 minutes pour chercher le fanion suivant. Encore un gros point positif pour l’orga !
Je tente bien de discuter avec qqs autres traileurs, mais je sens bien que y’en a pas beaucoup qui ont envie de parler. Chacun est concentré sur son effort, un pas après l’autre ! Eprouvant, mais pas désagréable pour autant. On arrive en haut juste avant le lever du soleil. L’équipe de bénévoles au pointage à la pêche, alors qu’ils viennent de se faire une nuit blanche dehors ! Bravo à eux
Descente toujours dans les cailloux et un gros névé au début, mais l’organisation a installer une ligne de vie qui permet d’une part de ne pas se tromper de chemin, et de pouvoir envoyer à peu près en sécurité J On finit par un bout de descente dans une moraine pendant que le jour se lève petit a petit avant d’arriver dans une plaine plutôt humide au milieu de laquelle trône un ravito bienvenu ! On voit la tente éclairée de loin, ça motive !
Avant d’y arriver, je laisse quand même une chaussure collée au fond d’une flaque de boue. Heureusement, je suis assez frais (et je vais pas assez vite) pour pouvoir m’arrêter avant de reposer la chaussette dans la boue aussi. La chaussure est collée au fond de la flaque, mais il y a juste qqs éclaboussures qui sont rentrée dedans. Ouf ! Je rechausse et arrive en trottinant au ravito. Ça fait maintenant plus de 24h que je suis parti et j’ai toujours pas sommeil. Toujours le même rituel, le scan du dossard, le savon et s’est parti pour faire le plein d’énergie !
Soupe de légume maison avec plein de pates, pomme de terre vapeur (en petit morceaux, pas une énorme patate non plus) avec un peu de fromage : un ptit dej de champion J
Au final, je dois rester 1/2h, même si j’ai pas regardé ma montre. On commence à voir la fatigue sur quasiment tous les visages. Moi je me sens bien, ça me remonte le moral (mais je dois pas être beau quand même :D). la 2eme base vie est plus très très loin, et je vais y retrouver ma femme : ça motive à fond. 500m de D- roulants avalés à un bon rythme (malgré un débalisage sur 500-600m par un sauvage du coin L ) et on attaque la montée la plus raide du parcours (mais pas la plus dure car celle là est roulante). Je ressors les baton, je renclenche le pacman et c’est parti ! j’envoie un peu, d’autant que qqs traileurs que je double se calent à mon rythme. Je vais pas les laisser me repasser devant, non mais alors. Et en plus je commence à revenir sur le timing de 40h prévu par le roadbook, alors je lâche rien !!!
Après cette montée, un petit single très sympa m’emmène à la base vie. Il est 9h quand j’y arrive. Ma femme et mon pote m’attendent : ça fait du bien de voir des têtes connues (même si lui a toujours pas l’air trop bien…) Toujours pas sommeil, mais je me pose un peu. Je récupère le sac d’allègement pour la 2eme fois. Je me change, je mange un morceau. Pour le coup, on est malin, vu que y’a plus de base vie, on demande à l’orga si ma femme peut garder le sac d’allègement pour me l’apporter aux prochains ravitos (il en reste 2 avant l’arrivée, elle doit me retrouver sur le prochain puis à l’arrivée). Ça leur pose pas de soucis, je vous ai déjà dit qu’ils sont bien ces organisateurs ?
Et je repars pour la portion la plus longue du parcours : au moins 5h avant le prochain ravito officiel, alors je charge tout bien à fond. D’autant plus que même si je me sent plutôt bien, je sens aussi que je commence à manquer de jus. Au final, et sans m’en rendre compte, je passe presque 1h à ce ravito aussi
On attaque par une montée « dré dans l’pentu » pas très longue, mais le soleil donne déjà bien. J’ai chaud et y’a pas un pet de vent pour me rafraichir. Je commence à me perdre dans mes pensées, je suis un peu ailleurs. Je suis presque sur que je m’endors en marchant parce que j’ai vraiment l’impression de me réveiller sans savoir ou je suis. Là, je me demande ce que je dois faire : redescendre au ravito et dormir, ou monter encore un peu et chercher un caillou à l’ombre duquel me reposer un peu. A l’unanimité, je vote pour la 2eme solution et je continue donc à monter. Je pique encore 1-2 fois du nez mais j’arrive en haut. Toujours pas d’ombre, toujours pas de vent pour se rafraichir. Alors je continue. En plus c’est un single de crêtes vachement sympa. Finalement, le sommeil passe, mais je ressens un gros manque d’énergie. Quand je mange un bout, ça va je peux trottiner 5-10 minutes, mais assez vite, je me retrouve à plat. Il reste une 50aine de km, une grosse dizaine d’heure d’effort et notamment la montée du col Arpingon qui est aussi réputée sévère. Je commence à me dire que ça va être long. Mais merde, je suis pas venu pour abandonner, surtout que j’ai quand même fait le plus dur. Donc je m’accroche a l’idée que moi aussi je vais faire sonner la cloche à l’arrivée et j’attaque la dernière grosse montée. Et globalement, je double toujours plus de monde qu’on ne me double. Je sais aussi que les fusées du 85 et du 57 km ont été lâchées à nos trousses et que je vais pas tarder à voir passer les premiers. Le début de la montée (et la fin de la descente précédente aussi d’ailleurs) est assez humide. Il fait toujours chaud, j’ai toujours pas de jus. Mais je monte, je bouffe, je monte, je bouffe et finalement j’arrive au col. Je regarde ma montre : altitude 2000m. Merde le col est sensé être à plus de 2200m. Ma montre doit déconner. Le chemin redescend d’ailleurs… un tout petit peu, mais il remonte presque aussi sec, et je vois le vrai col tout là haut. Crac fracture du moral ! Les premiers du 57km me doublent effectivement, et le temps d’un clin d’œil ils sont en haut. Ça doit pas être si compliqué, alors j’y vais. Je met un peu plus de temps qu’eux, mais j’y arrive aussi. Vérification sur la montre : 2100m. encore un mensonge ???? Et ben oui, après une mini descente, crac, ça remonte !!! Re fracture du moral J
Il y a encore qqs 57 qui me doublent mais pas tant que ça. Je dois en avoir vu une 20aine à tout casser. Et y’a plus personne derrière… ça devait être les élites et ils ont déjà bien creuser le trou !!!
Bref, j’arrive en haut et là, oh joie j’ai bien les 2250m prévu OUF !!!!
Ça redescend enfin pour de vrai. Mais j’ai toujours pas trop de jus L C’est plus du gros cailloux, mais ça reste pas très roulant : il y a pas mal de pierre qui roulent sous les pieds (et qui n’amassent pas mousse du coup). Un peu galère, et un peu long…. Les 57 recommencent à me doubler mais moins vite que les premiers J
Je finis par arriver à Val Pelouse à 15h. Donc en 5h tout pile (si on retire l’heure de pause au ravito), comme prévu au roadbook ! J’en ai bavé, mais comme tout le monde en fait.
Je retrouve Céline, Max et ma sœur qui est venue me faire une surprise : ça, ça me remonte bien le moral !!! (y’a aussi mon sac d’allègement qui commence à perdre du volume au fur et à mesure que je tape dans ma réserve de barres J )
Et pour remonter les réserves, je mange bien, et je prends mon temps pour digérer avant de repartir. Encore 1h d’arrêt je pense. Au moment de repartir, Max me propose de venir avec moi pour me servir de pacer (Il a du trouver que j’avais mauvaise mine, même s’il me l’a pas dit). J’accepte avec joie : au moins je pourrais discuter au lieu de m’apitoyer sur mon sort. Il reste une 30aine de km, mais ça va surtout descendre et ça commence à être presque roulant. Les filles proposent de venir nous voir quand même au ravito suivant (le dernier !!!) même si c’était pas prévu. Ça aussi ça fait plaisir !
Et donc on repart à 2. Le binome est de retour, on commence par un chemin plus ou moins en crêtes, et après 2-3 km on attaque une bonne montée.
Je laisse passer une fille du 57km qui est suivi par un mec du 149 qu’on avait déjà vu au marathon du mont blanc. On commence à discuter tous les 4 (eux 2, mon pote et moi). Et on grimpe à un bon rythme sans trop s’en rendre compte. On arrive même à rattraper d’autre personnes du 57 : y’a pas que moins qui manque de jus on dirait J On croise aussi qqs randonneurs qui sont tous sympa, encouragent, applaudissent etc…
On arrive comme ça à la première des 2 grosses descentes qui vont nous ramener vers la ligne d’arrivée à Aiguebelle. 8km, 1000D-. Assez roulante, mais je commence à avoir sérieusement mal aux pieds (les dernières chaussettes que j’ai mises était un peu vieilles, l’élastique relâché a laisser rentrer de la poussière dans la chaussette et donc frottement, échauffement, douleur ). Obligé de m’arréter plusieurs fois pour vider les chaussettes. Mais j’ai toujours mal. Cette descente me parait interminable. Heureusement à la fin, je laisse passez Max devant et je me rends compte que quand je me concentre sur ses pieds pour mettre les miens au même endroit, j’ai moins mal. Alors je débranche le cerveau, et on y va. Je sens aussi que j’ai laissé des plumes à suivre la demoiselle du 57 dans la montée. J’arrive au dernier ravito sur les rotules, mais encore une fois dans le temps du roadbook. Je dois être vraiment pas beau à voir parce que un bénévole me demande avec une pointe d’inquiétaude dans la voix si ça va ? "Ben je viens de faire 140km en 36h donc je suis un peu fatigué, mais ça va " (je suis pas sur d'avoir été super aimable dans ma réponse ceci dit : désolé
Je le vois aussi à la tête de ma femme et ma sœur quand j em’écroule comme une merde sur un banc… heureusement il reste que 10 km avant l’arrivée : une montée de 500D+ et une descente de 1000D-. Encore une fois je prends pas mal de temps pour essayer de recharger les batteries. Mais je sens bien que ça a du mal à revenir. Au moment de repartir, c’est ma sœur qui s’y colle et qui décide de m’accompagner pour le final. Je me lève, et 2 autres coureurs du 149 aussi. On va partir ensemble ça sera plus sympa. On commence a discuter et on s’aperçoit qu’on est pas d’accord sur la distance a parourir : moi je croyais 10, eux sont plutôt sur 13. Crac petite fracture du moral encore comme si y’avait besoin de ça. Je revois l’interminable descente d’avant, et j’ai déjà peur pour la suite.
Ma sœur nous donne le rythme, et assez vite la machine fini par se relancer, je souffre de moins en moins. En plus les autres coureurs sont super sympa, on discute bien ! l’un d’eux habite porte de Versailles : le hasard, c’est fou !!! on avale nos 500m de D+ en 1h. C’est pas fou, mais à ce moment de la course, on se satisfait de ça ! Surtout qu’on rattrape quand meme pas mal de monde, dont des mecs du 57 qui ont le moral dans les chaussettes. Et ça, ça me booste (oui, je suis un connard ).
Le cerveau commence à libérer plein de petites endorphines magique dans le corps. On commence à descendre. Il nous reste 8 bons km, 1000m de D-, il est 21h. Si on cravache, on peut finir en moins de 40h. Alors on allume les frontales, et on cravache. On lâche les chevaux ! Au début ça pique les pieds, mais assez vite les endorphines endorme la douleur. Je me sens bien comme jamais. Toutes les petites douleurs disparraissent : les quadris, ça répond. Les fessiers : présents ! Les mollets : en pleine forme !
Pareil pour les autres. On se permet même de donner une leçon de descente à ma sœur qui de donneuse de rythme commence a devenir suiveuse On accélère encore, on est des fous, des vraies fusées dans la lumière de nos frontales. Un ptit coup d’œil à ma montre, on est à presque 10 km/h dans une descente roulante ! j’avais l’impression d’être plutôt à 13-14 moi… ça calme un peu.
Mais on ralenti pas pour autant ! On rattrape pas mal de monde, du 57 et du 149. On double Vik et Jano (on échange 2 mots avec Vik dont la tenue intrigue mon camarade Et on arrive en ville vers 21h45. Encore qqs kms de bitumes et on passe l’arche d’arrivée à 21h55 !
Quel pied de faire sonner cette putain de cloche que j’ai imaginée pendant les 10 dernières heures !!! (d’habitude, je commence à me dire que ça sent la fin dans les 10 derniers km, là ça a été les 10 dernières heures : ça fin une fin un peu longue quand même :D). ça ne fait que 16h que François d’Haene a fini…
Un bon repas chaud, et retour sur Grenoble (enfin moi le retour je l’ai pas vu, j’ai pioncé à l’arrière de la voiture :D)
J’ai vraiment apprécié cette course, même si j’en ai chié comme jamais. L’orga est top, les bénévoles sont vraiment vraiment top. Les ravitos sont aussi parmi les mieux que j’ai vu ! Le fait d’avoir 2 bases vies, et de laisser les accompagnants amener tout et n’importe quoi c’est cool aussi. Le paysage est somptueux, surtout avec le temps superbe qu’on a eu !
Avoir ma femme qui m’a suivi sur les ravitos, ça m’a vraiment aidé.
Pouvoir se changer ça fait vraiment du bien. Sur mes prochains trails, si y’a pas de douche, je mettrais des lingettes pour pouvoir faire un brin de toilette aux bases vie et me changer. Ça requinque vraiment !
Si je devais changer qq chose dans ma course, je pense que j’essaierais de manger moins au ravito et plus en course. Je pense que me remplir le bide a chaque fois pour essayer de recharger les batteries, ça rend la digestion difficile après. Surtout quand on repart en descente (message subliminal : comme à Champex sur la CCC). Je serais aussi plus attentif aux chaussettes que j’emmène J
Mais je suis super content de l’expérience !!!!
La récup se passe idéalement, aucun bobo, rien. Le rêve. Après trois jours de boulot pour bien me requinquer, je suis prêt à partir en vacance !!!
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