Récit de la course : Val Bregaglia Trail - 43 km 2019, par lstauf

L'auteur : lstauf

La course : Val Bregaglia Trail - 43 km

Date : 28/4/2019

Lieu : Chiavenna (Italie)

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Distance : 43km

Objectif : Terminer

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Val Bregaglia Trail - 43km

Ayant séjourné quelques jours au camping Acquafraggia à Piuro en Italie au mois de juin 2018, j’ai fait quelques entraînements de trail dans ce magnifique paysage alpin. Plusieurs fois, sur de beaux sentiers, j’ai observé des panneaux de direction du Val Bregaglia Trail.   

 


Fanion de la course italo-suisse.


De retour à la maison,  j’ai découvert que ce trail se déroule à la fin avril, et que la distance est soit 21km ou 43km [1].

Au mois de décembre, en essayant d’établir un programme de course, l’envie est venue de faire ce trail. Mais je n’avais jamais couru un trail de 43km avec un dénivelé positif de 2750m.  Que faire?  A cette époque, je lisais un livre au sujet de l’escalade en rocher [2] qui expliquait que l’on ne peut progresser que si il y a risque d’échec. Donc mon choix s’est porté sur le 43km avec toutefois une certaine appréhension.

Pour l’inscription, je bute sur des problèmes de licence sportive requise en Italie. Un ami et son fils, tous deux traileurs, m’expliquent la nécessité de souscrire une Run Card. Il existe même une Run Card Trail à 10€ [3]. Pour le certificat médical requis,  je charge sur le site de la société ENDU gérant les inscriptions la copie d’un ancien certificat encore valable qui a fonctionné pour d’autres trails. 

Pour l’entraînement, je n’arrive pas à suivre des plans. Cela me fait perdre le plaisir de la course à pied. Donc je fais comme d’habitude, avec environ 100km / mois de course à pied, et puisqu’on a eu un bel hiver, du ski de randonnée (environ 3 sorties /mois).   Le rythme à ski est plus lent, mais chaque jambe doit déplacer plus de 3kg (soulier et ski) à chaque pas.  Il y a aussi le travail des bras avec les bâtons de skis, dont je ne profite en fait que peu, puisque je n’utilise pas de bâtons en trail.

Fin mars, je parle avec mon ami traileur J.-B. que s’est décidé, ainsi que son fils T., à participer aussi à ce trail. Il me parle de son entraînement avec une sortie de 10km quasi chaque jour. En conséquence, j’augmente la fréquence de mes sorties, pour arriver à 130km en deux semaines, et je stoppe toute consommation d’alcool. A ma surprise, je me sens à mi-avril sans force. En me pesant, je découvre que j’ai passé de 66kg à 63kg. Je laisse alors tombé toutes mes bonnes résolutions.  Je réduis mon entraînement  à 10 km/semaine. J’essaye de reprendre un peu de poids en ne négligeant pas un bon verre de vin.

Dix jours avant le départ, la société ENDU refuse mon certificat médical. Il faut utiliser le formulaire de certificat médical associé à la Run Card [4]. A ce propos, un formulaire unique (proposé par ITRA?)  pour toutes les courses simplifierait bien la vie du trailer et réduirait ses dépenses! Je suis donc obligé de rendre visite à mon médecin. Cela n’est peut-être pas vraiment inutile car il me semblait qu’une hernie inguinale était apparue depuis quelques jours sur le côté droit de mon aine. La stratégie pour la visite chez le médecin est d’abord d’obtenir le certificat et seulement ensuite de lui parler de l’hernie.

Je ressors de chez le médecin avec le certificat mais également avec la confirmation que mon hernie devra être opérée dès que possible.

Peut-on courir un trail avec une hernie? C. Fatton dans son dernier livre [5]  donne une liste des multiples pathologies dont il a souffert au cours de sa longue carrière de traileur, dont une hernie inguinale qu’il a fait opérer seulement après avoir couru la Diagonale des Fous. 

J’ai fait simplement l’acquisition d’un cuissard de compression [6] afin de tenir au mieux les intestins en place.


Toute la préparation se termine le dimanche matin, avec le départ à 8heures par beau temps. La neige des jours précédents a blanchi magnifiquement toutes les hautes montagnes environnantes. 

Après moins de 1km à travers les ruelles de Chiavenna (333m) commence le sentier raide qui nous permet de gagner près de 1000m de hauteur sur moins de 5km. 

Je n’ai rencontré aucun bouchon car nous sommes que 128 coureurs sur cette distance. Dans cette montée très raide, on a souvent les yeux à la hauteur des souliers du coureur qui nous précède. J’ai été alors surpris par le nombre de coureurs qui semblait avoir mis une paire de souliers neuves pour cette course.

Sur les 10km suivants s’offre un sentier splendide pour le trail en passant par des sous-bois, traversant quelques torrents, croisant de magnifiques chalets d’alpages bâtis au milieu de jolies clairières. De temps à autre, on peut admirer les hautes montagnes couvertes de neige approchant les 3000m qui nous surplombent. L’alpage le plus haut que le trail nous permet de découvrir se situe à 1296m d’altitude.

L’organisation est parfaite: sur les 15 premiers kilomètres, nous sommes passés près de cinq alpages et chaque alpage offre un ravitaillement. 

Certains passages de torrents sont sécurisés par une chaîne ou par une corde posée spécialement pour la course. Souvent un bénévole se trouve à proximité pour nous rendre attentif sur la difficulté du lieu.

Une descente sur une route forestière nous conduit au village suisse de Bondo.  La technique de descente sur ce genre de route me manque et je me fais dépasser par plusieurs coureurs (-reuses).

Les maisons de Bondo construites en pierres de granite selon une architecture typique de l’Engadine sont splendides.

On ne remarque aucunement qu’au mois d’août 2017, l’effondrement d’un pan de la montagne Cengalo a couvert une partie du village de pierres et de boue.

Après une passerelle aérienne permettant d’accéder à Promontogno (836m), le demi-parcours est atteint. C’est aussi le lieu de départ du trail sur le demi-marathon. Les jambes sont lourdes après la longue descente. Pas moyen de courir alors que le terrain est ici assez plat. C’est le moment pour récupérer un peu en mangeant un gel. 

La montée suivante vers Soglio (1090m) est assez raide. Comme souvent dans cette région, le tracé suit un sentier qui reliait les villages à l’époque où il n’y avait pas de route. De larges plaques de granit font office de marches.  

 

Village de Soglio (1090m) au 23 km.

Soglio, encore en Suisse, est un splendide balcon avec une vue imprenable sur les montagnes du Bergell comme le Badile (3308m) et le Cengalo (3369). Cette vue est à couper le souffle, pour autant qu'il en reste après la montée!


Cengalo (3369m) et Badile (3308m).

Le parcours du trail nous conduit à nouveau vers le bas de la vallée à Villa (636m).  De nombreux bénévoles nous indiquent le chemin, bloque la circulation pour nous permettre de traverser les routes et nous encouragent. Les hommes portent pour la circonstance le chapeau alpin à plume.

Les sentiers se faufilent entre des murs de pierres au-dessus des villages dans des forêts de châtaigniers. La dernière montée nous conduit à Savogno (932m) après 32km. Les jambes suivent encore. Courir est encore possible au plat et à la descente.  Juste après Savogno, c’est plutôt une chute verticale qu’une descente tant le chemin est raide. C’est une succession de marches et une gêne au genou droit me freine (début de TFL?). 

La fin du terrain difficile est atteinte après un passage au pied de la superbe cascade d’Acquafraggia.  

La cascade d’Acquafraggia.

Au ravitaillement de Piuro (432m), les bénévoles annoncent encore 3km. A ce moment, pour la seconde fois durant toute la course, je regarde ma montre. La première fois était à mi-course puisque j’avais indiqué à mon épouse un temps de passage vers 11h et 11h30.  Pour cette seconde fois, la montre ne m’indique d’abord que Low Battery, ensuite la statistique du dernier kilomètre, puis enfin une distance de 40 km parcourue. Le fin de parcours se déroule sur une piste cyclable goudronnée. Cette dernière section se fait un peu à l’usure. L’euphorie revient dans les derniers hectomètres du centre de Chiavenna avec les encouragements des proches et des passants compatissants. Je suis très heureux d’être finisher!  


Arrivée à Chiavenna après 43km.

Le temps et le classement scratch de mes deux amis trailers et moi-même sont les suivants: J.-B. (71 ans) en 7h14 - 118/128 , T. (31 ans) en 5h15  - 29/128  et L. (63 ans) en 6h44  - 107/128.  Le trailer le plus rapide de ces 43km/2750m termine en 3h57.

Un beau projet se termine. La barrière psychologique du marathon en trail a été franchie. Les jambes ont bien résisté et je n’ai pas souffert de mon hernie à l’aine.

Sans attendre, je me suis inscrit pour un prochain trail sur cette distance:  le Bluetrail Maratón sur l’île de Tenerife pendant des vacances sur cette île avec des proches.

 

[1] http://www.kilometroverticalelagunc.it/TrailValBregaglia/

[2] Dave MacLeod,   9 Out of 10 Climbers Make the Same Mistakes

https://www.amazon.com/Out-Climbers-Make-Same-Mistakes/dp/095642810X

[3] http://www.runcard.com/richiedi-runcard

[4] http://www.runcard.com/wp-content/uploads/certificato_inglese.pdf

[5] Christian Fatton, Courir à perdre la Raison 

http://www.jacquesflamenteditions.com/353-courir-a-perdre-la-raison/

[6] https://www.decathlon.ch/ch_fr/cuissard-compression-trail-running-homme-fr-s157552.html

 

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