Récit de la course : Trail des Tranchées - 55.8 km 2019, par vamosplaya

L'auteur : vamosplaya

La course : Trail des Tranchées - 55.8 km

Date : 31/3/2019

Lieu : Douaumont (Meuse)

Affichage : 1858 vues

Distance : 55.8km

Objectif : Se défoncer

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Découpé par le trail des Tranchées 55k

Que cache le trail des Tranchées de Verdun ? Voilà la question qui nous fait sourire alors que nous sommes en route en direction de Verdun. Sur le papier, rien de surhumain. La région n'est pas connue pour ses falaises à escalader ou ses canyons très techniques. Un peu plus de 55 km, un dénivelé très raisonnable. Alors ?

Il y avait bien quelque chose de bizarre. Si ce trail se gagnait avec une moyenne très honorable, s'y projeter avec son rythme habituel pouvait mener assez près du podium. Etrange (pour moi j'entends, mon acolyte lui finira bien près du podium).

Rendez-vous à 6 h pour le retrait des dossards. Tout semble extrêmement bien organisé, et calibré pour accueillir les 3000 et quelques participants aux différentes épreuves.

Le départ est matinal, car il se fait en bus... pour rejoindre l'Ossuaire de Douaumont. Je connais pourtant le site. Mais avec ses 16 000 tombes, ce paysage tellement dément représente toujours un choc. Et l'Ossuaire lui-même renferme les restes de 130 000 soldats. Vertigineux.

7 h 30, le départ est donné après une émouvante minute de silence en hommage aux morts, non loin de l'Ossuaire. Départ tout simple, pas de musique, pas de pistolet, pas de clapping. Le directeur de course lâche sans prévenir un sobre « allez-y » qui surprend tout le monde. Bien.

Départ assez rapide pour moi, d'autant que c'est plutôt descendant dans les premières centaines de mètres. Mais après quelques kilomètres, je sens que je n'ai pas de très bonnes jambes. Dormir à peine 2 h la nuit précédente aurait-il des effets ?

Je suis vite à la peine, pourtant le parcours est joueur et plutôt varié. Ca monte, ça descend, pas trop le temps de s'ennuyer, sauf sur un long faux-plat qui semble interminable après le ravito 1. On alterne chemins forestiers, sentiers, passages dans des zones débardées bien crades, vestiges de constructions, de forts... Les bifurcations sont nombreuses et très bien signalées. Mais l'essentiel du parcours se fait sur... des bosses. Des bosses partout. C'est bien simple, j'en ai rêvé la nuit suivante.
 

Voilà pourquoi la moyenne baisse aussi fort, le secret de Verdun. Impossible de mettre un gros rythme sur ce terrain. Ce n'est pas particulièrement escarpé, ce n'est pas particulièrement technique, c'est du pilotage, c'est exigeant, et ça finit par être dur.

 

En réalité, ce ne sont pas vraiment des bosses. Ce sont les espaces entre les trous laissés par les obus il y a 100 ans. Si on prend le temps d'y réfléchir (j'en suis pourtant bien incapable au bout de 25-30 km), c'est vraiment invraisemblable qu'il y en ait autant. Le paysage a été cassé. Et si la végétation a repoussé (et pas partout), la terre est marquée à jamais.

 Ca fait un drôle de terrain de jeu. Bizarre de venir s'amuser là où tellement sont morts.
Faire revivre ces endroits en y ouvrant des parcours représente-il un hommage rendu aux poilus ? Est ce qu'après 100 ans, la vie reprend ? Voilà les questions qui m'occupent au 35e km.

Non en fait ce n'est pas vrai du tout. Ce qui me préoccupe c'est que n'ai plus envie de courir. La seule motivation c'est de ne pas faire trop attendre mon coéquipier qui j'imagine est déjà arrivé (il finira 8e en 5 h 20...). Les deux premières féminines viennent de me dépasser à un rythme qui me semble énorme. Je m'arrête encore une fois, je ne sais même pas pourquoi... C'est l'arrêt de trop, ça suffit.

L'esprit reprend le pouvoir sur le corps. Je me décide à arrêter de me lamenter sur mon sort et de courir quoi qu'il arrive. Et c'est reparti pour ces kilomètres de bosses qui sont autant de relances successives, d'appuis à gérer, de petits à-coups de changement de direction.

On finit par déboucher. La vue s'élargit, c'est Verdun qui apparaît. Encore un peu de descente, et voilà un chemin blanc, annonciateur de la dernière portion sur les bords de la Meuse.

Bon clairement ce n'est pas le moment le plus sympa. C'est plat, ça dure 4 ou 5 km et surtout il y a plein de coureurs qui marchent. Et de marcheurs nordiques. Ah ça occupe beaucoup d'espace un marcheur nordique. Alors quand ils sont plusieurs... J'ai du marcher sur quelques bâtons je m'en excuse. Moi je continue à courir, même dans les escaliers de la Citadelle, assez violents mais courts. Il reste à parcourir environ 1,5 km dans ces vestiges qui semblent avoir été laissés dans leur état d'il y a 100 ans, incroyable. Il faudra revenir, car je n'ai malheureusement plus trop la tête à admirer le paysage, je suis toujours dans mon état d'esprit « un pied devant l'autre et on recommence ». Enfin la descente vers l'arrivée. Gros sprint-slalom avec un autre concurrent (qui s'avérera être une concurrente) entre marcheurs et puis l'arche.

Alors ? Il ne faut pas sous-estimer Verdun et son gentil profil !
Parfois ça semble plat : aucun GPS ne sait compter autant de trous et de bosses...

 

 Les courses
- 55 km 
- 35 km 
- 14 km, qui malheureusement doit comporter presque la moitié de route
+ courses pour amateurs de bâtons
+ courses enfants

Résultat 
6 h 02, pour une 52e place au scratch.
Dur, loin du temps escompté, pas déçu d'avoir découvert le secret de Verdun.

Couru avec :
Kalenji Kiprace Trail 4, elles ont eu fort à faire !


Les points forts du 55k Tranchées

Un départ très émouvant à Douaumont
La variété des terrains
L'organisation très bien rodée


Passez votre chemin si :
- votre kiff ce sont les longues portions roulantes
- vous voulez découvrir le trail après 3 color run.
- vous cherchiez une promenade de santé

A programmer si vous aimez
- Vous faire du mal
- Les courses qui cachent bien leur jeu
- Les vestiges de l'histoire

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